Élitisme

 

Un article de Livingstone.

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L’élitisme est ancré profondément dans le cerveau de l'homme qui a un besoin instinctif de satisfaire son narcissisme.

(Rédigé fin 2010 - début 2011)

Il ne faut pas être sorcier ou une élite intellectuelle pour découvrir en grattant un peu que l’élitisme est derrière le racisme, le sexisme, le fanatisme religieux, les monopoles financiers, économiques, intellectuels, et notre superbe science qui, de clones en OGM, veut superviser la planète.

Mais, au fait, vous qui lisez ces lignes, et moi qui les rédige sans vergogne, ne sommes-nous pas déjà une élite avec notre ordinateur personnel ? Que dire alors de l’élitisme surtout « républicain », une forme élaborée de dominance par démocratie interposée dont nous sommes membres ?

En haut de la pyramide, crème d’élite de « sept » pays élites (le huitième n’y est que pour l’image de marque — appelez cela : pardon, intégration, générosité... puis plus pour étendre les faveurs des futurs consommateurs). Ces champions ne sont pas tous républicains, mais qu’importe, les reines et empereurs ne sont plus que des images traditionnelles, sans pouvoir... sans domination. Un simple premier ministre peut, à lui seul, représenter la Nation comme un président.

L’élu d’un jour de démocratie dispose ainsi de quelque deux mille jours pour dominer, démocratiquement, cela va de soi, et surtout pour le bien du peuple, cela va aussi de soi, même pour la majorité des dictateurs. Et si c’est trop long, quelques attaques massivement destructives remettront tout dans l’ordre, surtout quand on est l’élite autoproclamée de la planète (mais cela, c’est une autre histoire).

Heureusement, l’élitisme a peu recours à la violence et préfère une coopération généreuse et paternaliste dont la mission est de faire rattraper le retard à ces pauvres hères qui ignorent les bienfaits de la consommation. Qu’importe les conséquences, depuis l’humble paysan obligé à travailler à l’Occidentale et à commercer en dollars pour acheter l’indispensable boîte d’allumettes qui en fait un civilisé, jusqu’aux grandes nations qui s’effondrent pour obéir aux règles du marché imposé par un grand frère du Nord ! Qu’elles courent donc ces tortues tant qu’elles ne rattrapent pas le lièvre ! Car l’élitisme du lièvre ne laisse pas le temps d’imaginer une autre solution.

Même si vous croyez avoir reconnu certaines ressemblances fortuites dans ce qui vient d’être dit, et que vous ne vous sentiez pas concernés, ne dormez pas sur votre bonne conscience !

Ceux qui sont en haut, sont issus de nos rangs et ont souvent grimpé sur nos épaules complices. Plus près de nous, dans nos chères cités républicaines où il fait bon vivre malgré quelques petits frissons électoraux, nous sommes experts en la matière. L’élitisme s’enseigne à l’école depuis le plus jeune âge et sous la tutelle d’enseignants et de parents d’élèves se revendiquant parfois haut et fort d’un quelconque courant humaniste ! Courant d’ailleurs qui s’étonne aujourd’hui de son rejet des classes populaires à force de confondre moyenne (c’est à dire statistiquement parlant, la majorité) avec médiocrité (c’est à dire insignifiant du point de vue d’une élite morale). Il est vrai qu’il est plus facile d’être grand quand les autres restent en bas ! Les tricoteuses de Jacques Brel, élites morales d’hier, reconverties, distribuent maintenant de la barbe à papa dans les quartiers difficiles.

Mais revenons à l’« appareil » éducatif. Déjà faudrait-il savoir s’il s’agit d’éducation républicaine ou d’enseignement professionnel spécialisé ? Aujourd’hui, c’est le deuxième schéma, celui du « pro » qui a le vent en poupe. D’autant plus qu’il y a une confusion entretenue entre métier et statut social. Expertise est synonyme d’élitisme. Même dans les mouvements dits humanistes, peu nombreux sont ceux qui ont osé proclamer l’égalité de « noblesse » professionnelle (et ne parlons pas de salaire !). Partout, l’élitisme est présent : un parcours du combattant est même communément admis pour acquérir les lettres de noblesse adéquates plus que la compétence d’un savoir ou d’un métier. Vous avez l’âme d’un philosophe : commencez par faire des mathématiques, et si vous êtes matheux, un peu de latin vous fera du bien. Vous aimez les peuples hispaniques ? Étudiez l’allemand ! Le japonais, l’arabe, l’hébreu, l’espéranto ? Faites de l’allemand avant tout, les déclinaisons suffiront à prouver que vous êtes aptes à voir plus loin ! Le grec et la latin sont morts : vive l’allemand ! [*]

— Tant mieux, parce que, moi, j’aime l’allemand !
— Impossible ! Vous êtes « moyen » ! Vous serez noyé dans une classe de forts ! Faites de l’espagnol !
— Et le chinois ?
— Et encore quoi !

Mettez-vous cela dans la tête : en dehors des voies royales choisies par la République pour la République vous ne serez rien que des médiocres ! Et encore, je n’ai pas évoqué ces « ratés », ceux qui sont obligés de devenir des « artisans » malgré tous les efforts de recyclage prodigués par l’École. Ils sont tellement ignares qu’ils ne savent même pas parfois pour qui voter et n’ont pas compris où était leur intérêt que leur porte la généreuse République.

Le perpétuel flux de nos neurones nous pousse à dominer et écraser... avec tellement de bonté ! Nous nous trompons nous-mêmes sur ce que nous sommes, et ces gens humanistes que je fustige (qui aime bien, châtie bien) n’en sont intrinsèquement pas moins honnêtes dans leurs convictions. Ils sont aveugles sur un seul point, comme dans la rétine. Ils, nous, moi, sommes aveugles sur notre cerveau reptilien. Chassez l’élitisme et il reviendra au galop... Chassez le G8, et un autre Gang viendra, nouvelle élite, s'installer sur les cendres de l'antérieur.

Alors, est-ce sans espoir ? Tout dépendra de ce qui sera ingurgité à l’école. Mais quelle école ? Celle de la République ? Il ne faut pas compter sur celle-là tant que son rôle se bornera à créer des élites. L’enseignement professionnel spécialisé semble incompatible avec l’Éducation, et on n’y enseigne pas la recherche de vérité non partisane (et non athée, qui est une forme religieuse sans divinités). Le « connais-toi toi-même » reste lettre morte pour les hellénisants et la philosophie n’est qu’une fin de trajectoire pour élites avant d’entamer les choses sérieuses de la vie !

Ceux qui veulent changer les choses doivent commencer par se changer eux-mêmes. Il faut se pencher sur notre cerveau. Tout le « mal » de nos sociétés y est engendré. Il ne peut y avoir d’altermondialisation, ni d’humanisme vrai tant que nous serons dirigés inconsciemment par l’esprit de domination. C’est ce que nous devrions chercher, et, peut-être avec une certaine priorité, car, nos lendemains nous sont d’autant plus imprévisibles que nous jouons de plus en plus aux apprentis sorciers.

Comment arriver à débusquer le reptile en sa demeure ? Même si la solution était connue, il serait inutile de la divulguer sans prendre le risque de tomber dans l'un de ses pièges que nous dénonçons et que Henri Laborit nomme : la volonté de dominance. Que vous preniez 300 mg de fluvoxamine par jour, rentriez dans un monastère, vous allongiez sur un divan ou traversiez en solitaire les Andes de Patagonie aux Yungas... à chacun sa solution, car personne ne peut se vanter de détenir L’unique voie qui mènerait à La Vérité.

Le projet Hôdo ne se contente pas de mettre en garde et de dévoiler les forfaitures de notre matière grise. Même si c’est déjà assez présomptueux... Il propose de mettre notre imagination au service de la création, non de la domination. Il propose de canaliser nos instincts pour aller de l’avant comme dans certains arts martiaux où l’élitisme est un combat mené contre soi. Nous sommes chacun une étincelle de vérité, et ce mondialisme-là peut éclairer la planète.

Une luciole n'éclaire pas la nuit. Des milliers peut-être...


[*] L’usage de l’allemand, comme langue barrage est une spécificité de certains régions de France. Il ne s’agit ici que d’un exemple, tiré de la réalité, de barrage n’ayant aucun a priori, ni négatif, ni positif, sur la culture germanique.

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