Politique hôdonne

 

Un article de Livingstone.

Pour une politique basée sur les sciences cognitives

Le projet Hôdo est né en juillet-août 1995 quand fut terminé le premier volume de la « Légende »,

un demi-siècle après le bombardement atomique du Japon, et peu de temps après que s'éteignit Henri Laborit.

Un projet politique s'en dégageait peu à peu découlant de la Charte de Hôdo.

Laborit avait travaillé longtemps sur le comportement de l'homme en situation sociale à partir d'études sur la neurobiologie. Les sciences cognitives dévoilent de plus en plus l'impact du cerveau dans nos relations et pourtant nous restons à l'âge de pierre quant à l'usage pratique et humaniste de cette connaissance. Les rares avancées utilitaires faites dans le domaine ne concernent que les hauts cadres. Les autres, ceux de la masse, dont les privilégiés qui peuvent lire ces lignes, sont engoncés dans des prêts-à-penser, d'origine religieuse ou philosophique comme au moyen-âge. Face aux mouvements politiques basés sur des vérités révélées, divines ou non, mais de toute manière uniques et discriminatoires, il est peut-être temps d'inventer une nouvelle forme de politique baptisée «bio»-politique.

Sommaire

Bio-politique

Pourquoi bio-politique ? Pour bouleverser les prétendues représentations populaires, démocratiques ou non. La politique ne représente in fine que la volonté du gouvernant qui en général et sans doute en toute bonne foi prend ses désirs pour ceux du peuple qu’il dirige.

Le terme bio-politique prend deux sens :

  • le côté analogique, qui veut que l’on compare les sociétés comme étant des organismes vivants au même titre que notre corps et chacune de nos cellules. Chaque organe, chaque cellule, chaque organite, chaque molécule... prennent place dans l’organisation d’un être vivant. Il n’y a pas de valeur morale ou élitiste qui place l’anus au-dessous du cerveau. Si ce dernier consomme plus de sang, ce n’est pas par privilège de Dominant. C’est parce que son activité, qui est au service de tout l’organisme, requiert plus de ressources pour fonctionner.
  • Le côté scientifique, qui veut marquer l’esprit scientifique de cette approche de la politique, c’est-à-dire que toute « vérité » communément admise par la majorité des experts dans le domaine soit vérifiable par tout un chacun. Sinon, il s’agit d’hypothèses, certes, peut-être très intéressantes et très proche d’atteindre un statut de « vérité » scientifique, mais qui ne reste que des hypothèses. La bio-politique est une manière de concevoir la politique comme étant l’art soumis aux contraintes de la nature dont l’humain fait partie, qu’il le veuille ou non. La bio-politique, c’est concevoir la politique d’une manière scientifique, objective et neutre, d’une manière consensuelle entre tous les scientifiques, quels que soient leurs opinions et leurs environnements. C’est avoir une vision humaine d’un comportement humain par des humains en quête de la connaissance des lois de la nature dont ils font partie.

C’est en acceptant les lois de la pesanteur, que cet humain a pu prendre son essor dans les airs.

À l’instar de la physique qui a dû parfois imposer ses observations contraires aux traditions et aux croyances, la psychologie avance tout doucement, mais sûrement. Dire que nous sommes menés par le bout de sexe, reconnaître que nous avons une animalité normale, que les émotions ne sont pas des tares et que nous sommes moins souvent de superhéros de la création que nous le souhaiterions rabaisse notre vanité, et est souvent insupportable. Nous faire admettre qu’en voulant être des anges, nous sommes parfois encore plus (des) bêtes, n’a rien d’évident, car cela va à l’encontre de nos convictions religieuses, philosophiques, politiques... Alors, les frileux se rebellent contre ces fous de labo, ces neuromachins qui décortiquent notre cerveau, ces statisticiens qui nous ravalent à du hasard non voulu par notre superbe volonté libre de choisir, tous ces scientifiques froids et inhumains qui semblent vouloir faire disparaître l’« âme », cette chose indéfinissable qui est censée faire de nous la « première » créature de la Création. Pourtant, le fait de ne pas être des anges ne fait pas de nous des démons, et l’enfer est parsemé de frileux.

Bien sûr, comme toute science, il y a des tâtonnements, des hypothèses, des théories un moment adoptées puis corrigées, voire abandonnées. Ce qui importe, c’est que la méthode scientifique et le protocole expérimental soient dénués d’influences passionnelles, et que finalement ce soit la communauté de ceux qui étudient le domaine qui adopte les voies qui semblent être les plus correctement comprises à un moment donné et approprié à une réalité expérimentale. L’avantage de l’esprit scientifique c’est d’être, en théorie, libre-penseur, même si tout chercheur est humain et donc susceptible de se tromper, mais le savoir est une voie, non un terminus. Vu sous cet angle, il n’y a pas incompatibilité avec toute quête existentielle. Au contraire, car si nous pouvions passer moins de temps à nous nuire parce que nous usons par ignorance de nos capacités de destruction au détriment de celles de la créativité, nous aurions plus loisir à nous interroger sur notre place dans l’Univers.

Nous sommes rentrés dans une ère où les frontières nationales s’estompent grâce principalement aux échanges informatiques. C’est une grande chose, pourtant, l’internet est né de besoin guerrier sous les auspices du DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency). Aujourd’hui, le réseau sert une autre forme de guerre : propagandes, désinformations, indiscrétions, embrigadement... Si nous voulons que ce merveilleux outil ne soit pas monopolisé pour perpétrer la violence, quelle qu’elle soit, il est peut-être opportun d’y semer les fleurs de la synergie constructive plutôt que de parsemer les fruits de la discorde, et d’y ouvrir un rassemblement bio-politique, le Projet Hôdo, sur la toile.

Être Hôdon

Hôdo ne peut pas être un parti. C’est un état d’esprit, une ligne de conduite, ou plutôt une route, une voie. Mais, il faut bien nommer les choses pour en parler. En effet, la notion de parti inclut presque inévitablement la notion de partition dans un ensemble, de partisanerie. Si cela est normal, voire indispensable, pour la gestion de la vie en communauté, cela serait malsain pour l’esprit hôdon qui est uniquement une manière de se comporter pour approcher un humanisme le plus rationnel possible et non une proposition de gestion de vie en communauté comme c’est théoriquement le but des partis.

Toute la nature, et le taoïsme l’a très bien constaté, est un équilibre dynamique et instable entre deux antagonismes. L’univers physique oscille entre forces attractive et répulsive et nous en sommes ses constructions.

Du point de vue hôdon, il n’est pas de parti mauvais ou bons, il y a des décisions à prendre parmi des choix, comme appuyer sur le frein ou sur l’accélérateur ? C’est les circonstances qui imposeront les choix. Être hôdon, c’est accepter la coexistence de ces tendances sans jugement de « valeur » tant qu’elles respectent les lois fondamentales de Hôdo. Être Hôdon, c’est déjà éviter de taxer le frein d’« idiot » et l’accélérateur de « méchant », c’est éviter d’avoir un comportement paternaliste ou démagogique en jouant sur les valeurs éthiques, même si ces dernières sont laïques, car les athées qui se revendiquent comme les défenseurs de la laïcité ont parfois un comportement plus rigide et absolu que les religions qu’ils condamnent. C’est pourquoi il ne peut y avoir de parti « hôdon » puisque son attitude prône non le « centre », mais la neutralité, tant en religion qu’en philosophie.

Le bien et le mal

« Sans jugement de valeur » ne veut pas dire que tout comportement, que tout acte sont « indifférenciés ». Tout d’abord, un acte en soi, n’est ni bon ni mauvais, mais ses conséquences peuvent être bonnes ou mauvaises pour l’individu ou le groupe d’individus qui en subissent les conséquences dans certaines conditions. C’est comme le couteau : outils ou arme ? Ce préambule est important, car il n’est pas rare de voir attribuer une « valeur » qui conduirait à prohiber l’usage du couteau sous prétexte qu’il peut être une arme.

Les « valeurs » se communiquent souvent comme une forme d’héritage expérimenté qui devient avec le temps et la propagation partie des us et coutumes, des traditions tacites qui modèlent une culture, une civilisation.

Les valeurs sont aussi imposées par les dominants du moment, et souvent, trop souvent, n’ont aucune base sérieuse en dehors du fait qu’elles sont gratifiantes pour eux et pour leur cour. Or les dominants ont souvent le charisme et la force de convaincre pour étayer l’importance de ces valeurs et même d’en faire des bannières derrière lesquelles se rangeront des humains pour en combattre d’autres.

Un acte est bon ou mauvais selon ses conséquences, c’est-à-dire s’il améliore ou diminue la qualité de vie. Et là encore, il faut être prudent et peser la part positive des gratifications des dégâts occasionnés par ailleurs, plus ou moins irréversibles comme le font certaines drogues. Le cerveau est susceptible de se tromper par une « faille » qui fait partie de son intelligence : l’accoutumance.

Celle-ci peut être assimilée à un tracé gravé dans un support plastique, comme la rivière qui creuse son cours d’eau, le sculpteur qui cisèle sa figure, ou les ions qui préparent la foudre.

C’est peu à peu que l’information trace positivement ou négativement sa route dans nos pensées. Les manipulateurs savent s’en servir en nous faisant gravir les étages par petites marches là où nous aurions refusé de sauter le mur. Mais n’est-ce pas aussi ainsi que fonctionne l’éducation ?

Non contents de renforcer les acquis par la répétition, nous utilisons la justification pour renforcer nos choix jusqu’à l’assuétude, car la rétroaction fait partie des mécanismes de notre intelligence pour renforcer ce qui est censé être important de son point de vue.

C’est aussi sans doute un mécanisme similaire qui verrouille notre cerveau et qui l’empêche d’acquérir de nouvelles informations, figeant ainsi aussi bien l’accent maternel et les premières mimiques, que les croyances et les leçons de la toute jeune enfance auquel on s’accroche parfois avec l’énergie du désespoir, et pour cause, toute la stabilité de la personnalité s’y repose en général, entraînant ainsi moins de souplesse à certaines réadaptations. Ce mécanisme est logique, car il n’y aurait pas de possibilités de croître dans tous les sens du terme si l’organisme manquait de fondations sur lesquelles construire son univers et le comportement qui lui convient pour y vivre le mieux possible. C’est l’éternel problème soulevé : l’équilibre entre forces antagonistes, entre rigidité et souplesse.

La souplesse est indispensable et elle devrait pouvoir utiliser les retours d’expériences, car ce qui était bon dans certaines circonstances peut avoir évolué non seulement pour tomber dans l’obsolescence, mais parfois aussi pour devenir néfaste.

Toutes ces considérations devraient nous conduire à plus d’humilité quant à la certitude de nos valeurs, et la meilleure parade est l’analyse objective par un collège de scientifiques, même s’ils risquent de trouver que nous ressemblons à des bonobos ou des fourmis.

La méchanceté

Ce n’est pas parce que l’esprit hôdon refuse de tomber dans le piège des valeurs dites morales utilisées par les manipulateurs pour fustiger et pour télécommander qu’il faille basculer dans l’extrême « bisounours » et ne plus voir l’existence de comportement « méchant ». Un acte méchant du point de vue hôdon se définit comme étant un acte sciemment voulu, intrusif et altérant le bien-être de la victime sans compensations équilibrées de point de vue de ce dernier. Et même un « bisounours » est capable de « méchanceté » lorsqu’il blesse autrui en ne respectant ni son intelligence ni son droit à l’évitement.

L’humilité du « scientifique », telle que le propose l’esprit hôdon, c’est de reconnaître que nous ne sommes pas omniscients, et que nous ne sommes pas des dieux pour juger et condamner autrui. Cela devrait aussi nous conduire, non pas à plus de tolérance, mais à plus de respect à l’égard des autres accoutumances, car elles procèdent des mêmes mécanismes que les nôtres.

Plutôt que de culpabiliser, il vaut mieux combattre celui qui nuit, et l’empêcher de poursuivre ses agressions.

Au préalable, l’obligation de réparer les dommages causés par ses actes devrait être une pédagogie permettant de faire découvrir un peu ce qu’a ressenti la victime, mais pas une vengeance.

Dans certains cas, l’isolement devrait s’imposer lorsque la menace semble persistante, voire récidivante. Des soins seraient sûrement bienvenus, mais avec quelle autorité ? Encore faudrait-il accorder le choix entre la réclusion avec ou sans soin, voire accéder à la demande d’euthanasie, non pas comme châtiment suprême ou comme fuite de ses responsabilités pour ne pas réparer les dommages, mais comme la reconnaissance d’un échec irréparable de la nature.

En effet, tout se passe comme s’il n’y avait pas que les psychotropes qui peuvent engendrer des habitudes et des dépendances, et que maints instincts mal maîtrisés agissent comme des drogues avec leur asservissement plus ou moins irrépressible. La sexualité rentre peut-être dans cette catégorie.

Dans l’esprit hôdon, il vaut mieux dire de quelqu’un qui est malfaisant, que ce soit un « ennemi » dangereux ou un malade hostile, qu’un méchant. Ce dernier terme est trop imprégné de valeurs éthiques non fiables, car soumises à des modes de civilisation, et ce qu’on appelle civilisation n’est peut-être en fait que l’art de dominer sans violence.

Empathie

Notre vérité et ses valeurs sont enfermées dans notre boîte crânienne et souvent nous n’en sommes pas maîtres. Notre intelligence passe son temps à trier le bon et le mauvais, mais il lui est tellement plus aisé de gagner du temps en utilisant le savoir des autres. Encore faut-il pouvoir faire confiance à ce savoir. Si une entité plus savante pouvait distiller ce savoir avec certitude, cela diminuerait les risques d’erreurs. Cette entité, si elle était « divine », ne serait pas contestable. Mais de toute manière, ce sont d’autres cerveaux qui interpréteront cette connaissance, et ceux-ci, sont-ils fiables ? Certains se rebellent contre ses messagers, prophètes ou autres, et crée leurs philosophes qui tout compte fait n’utilisent que la vérité enfermée dans son cerveau et modelée à son insu par son environnement. Ces mêmes prophètes remplaceront parfois toute divinité par leur Philosophie, mais il est bien plus difficile de prêcher pour un sans-dieu. Si l’on pouvait, il y aurait autant de schismes qu’il y a de cerveaux.

Le cerveau découvre tant bien que mal une hygiène de vie intrinsèque lui permettant de profiter et de rentabiliser au mieux de son existence. Mais il n’est pas seul. L’humain est particulièrement social, car cette « hygiène de vie » est devenue hautement technique et donc difficilement réalisable par un seul. Dès lors, il lui faut la collaboration d’autres humains qui auront développé les compétences adéquates. Qui dit « adéquates » impose un choix délibéré de spécialisation. Si tout le monde sait allumer un feu, mais que personne ne ramasse du bois, il y aura un problème de réalisation. L’humain développera donc une certaine forme de domestication et de chantage conduisant au commerce.

Le cerveau servira donc à la fois l’individu et ses clans. En effet, il sait qu’il a besoin d’autrui pour survivre et qu’il ne peut pas passer son temps à le combattre et le dominer.

La vie en société lui imposera le respect de certaines règles et ce qui est bien ou mal pour l’autre appartenant au cercle des « amis » deviendra « moralement » bon ou méchant. Le premier cercle de relation est celui du foyer où se développera l’enfant : c’est le premier endroit où on lui dira : « tu es gentil, tu es méchant ». Cet enregistrement le suivra toute sa vie, même s’il se rebelle contre et influencera son comportement.

Par la suite, c’est l’« empathie » qui enseignera le déplaisir d’autrui, encore faut-il comprendre ce qu’est l’empathie. Nous ne sommes jamais à la place d’un autre. La seule chose que l’on peut faire, c’est imaginer le ressenti de l’autre en cherchant plus ou moins consciemment des similitudes dans notre expérience. Nous sommes doués, heureusement, pour extrapoler. C’est notre intelligence, dont on blâmera parfois d’autres conséquences « morales » comme l’amalgame. Or, précisément, l’amalgame est une conséquence de l’art de la catégorisation de notre pensée. Notre cerveau semble comprendre mieux que nous la théorie des ensembles. C’est logique, il passe son temps à classer ce qui lui est favorable et défavorable.

L’empathie lui sert autant à répertorier les dangers à éviter que les zones de fragilité d’autrui. La sympathie lui fera éviter de blesser, l’antipathie pourra le conduire, au contraire à exploiter la souffrance de l’autre.

Empathie n’est pas nécessairement sympathie ? Elle peut même servir le sadisme. Mais à force de tout vouloir ranger en valeurs morales on finit par oublier notre animalité, qui n’est ni bonne ni mauvaise, mais seulement le fruit d’une longue évolution de l’intelligence issue de presque rien.

Notre organisme contient des cellules souches prêtes à produire des cellules spécifiques avec leur mission spécifique. De manière analogue, nous avons probablement les germes de tout type de société dans notre esprit et nous sommes probablement statistiquement la représentation interne de la société dans laquelle nous vivons avec ces différentes composantes antagonistes.

L’amour

L’amour n’est pas une émotion simple et banale que l’on peut servir à toutes les sauces. Il faut une très grande confiance à l’autre pour lui livrer ses points fragiles, son intimité, donc son ultime abri. Parler d’amour entre inconnus ou entre populations n’a donc pas de sens ou il s’agit d’un galvaudage du mot, car cela voudrait dire que nous avons l’imprudence de nous offrir sans protection à tout venant.

Donc, clamer l’amour entre peuples, c’est encore plus illogique. On peut aimer des membres d’un autre peuple, ou de n’importe quel groupe humain, et ce n’est pas pour autant que les personnes aimées représentent leur population. Imposer l’amour d’une autre population reviendrait à imposer un mariage forcé entre inconnus.

Bien sûr, on peut avoir des sympathies pour une civilisation dont on partage certaines « valeurs », mais cela n’implique pas de l’amour. C’est un slogan, cache misère, une extrapolation qui sert souvent plus à cacher précisément une déficience de synergie. Là aussi, l’esprit hôdon veut dépasser ces notions de jugement de valeur cette fois entre civilisations. Aucune n’a le privilège de dire qu’elle est meilleure que l’autre, et aucune ne doit se sentir méprisée ou bafouée. Chaque peuple à son histoire, lié à son environnement dans lequel une multitude d’humains, tous semblables en structure et différents en vécu, ont accumulé leur savoir pour vivre ensemble le moins mal possible dans une niche environnementale donnée. Et chaque civilisation au total contribue à sa manière à la grande Histoire de l’Humanité.

Ce n’est pas de l’« amour » qu’il faut entre peuples, mais du respect.

Neutralité

Il s’en suit qu’être hôdon n’implique pas d’appartenir ou pas à une philosophie. C’est un projet comportemental, et s’il y a association de hôdons, ce ne sera que pour améliorer le projet qui ne tient qu’à trois fondamentales, dont le but est de tenter de diminuer de manière rationnelle et non subjective et émotionnelle les tensions entre personnes et populations et au contraire d’en augmenter la synergie créatrice pour le bien de tous.

Être rationnel, c’est déjà avoir la notion de la justesse de la mesure. Cela implique de ne pas avoir d’exception : le respect de l’intelligence et le droit à la fuite et à l’abri ne tolère aucune exception. Il n’y a pas de méchants dominants ni de pauvres petits malheureux à entretenir : il y a des intelligences qui ont évolué de manières différentes dans des contextes différents qu’aucun nouveau-né n’a choisis. Aux politiciens de choisir les outils pour assurer ces notions que sont la solidarité, la liberté... La position hôdonne est que ces choix se fassent toujours en toutes circonstances en respectant l’autre, même si c’est un ennemi, mais que les positions soient toujours claires et non démagogiques et encore moins électoralistes, ce qui est aussi une marque de respect de toute intelligence.

Traiter quelqu’un en ennemi est plus constructif pour les deux partis. Culpabiliser risque de conforter l’impression de victime incomprise, surtout si les critères de jugement ne sont pas identiques et s’ils sont ressentis comme une injustice, voire le résultat du deux poids, deux mesures. Quant à traiter les gens d’incompétents, pour ne pas dire moins, cela ne fera que blesser plus et les conforter aussi dans l’idée qu’il faut faire ses preuves pour prouver le contraire. Cela sera souvent le début de l’enferrage des idées, surtout quand, par malheur pour le méprisé, celui-ci enchaîne maladresse sur maladresse, pris dans l’engrenage du stress.

Traiter quelqu’un en ennemi, c’est lui signaler que son comportement est nuisible à l’individu ou au groupe qui en souffre et donc qu’on le combat. Cette attitude a l’avantage de l’honnêteté, et puisqu’elle est transparente, elle peut permettre la négociation, celle de réciprocité du respect de l’intelligence et celle du droit à la paix, c’est-à-dire à un refuge. Il ne faut pas non plus que ce repli se transforme pour l’un comme pour l’autre en prison qui servirait en fait à soumettre par la force.

Être hôdon, c’est respecter l’esprit amérindien : ni dominant, ni dominé. Ne pas dominer par la violence, par le mépris et toute forme de manipulation.

Moyenne et extrêmes

Les électrons libres et leurs opposés constituent souvent ceux que les dominants dénomment d’extrémistes.

Si l’on considère la répartition d’un tas de sable sur le sol (ce qui donne une courbe gaussienne), il y a toujours des grains qui s’étalent à gauche et à droite. Les enlever ne sert à rien, car automatiquement si l’on touche au tas de sable celui-ci va se restabiliser et faire glisser des grains vers ses nouvelles extrémités. Dans une répartition au hasard dépendant de très nombreux paramètres comme dans notre pensée, il y a toujours cette forme de distribution, qui est normale (dans les deux sens du terme). Ce qui ne le serait pas, ce serait que ce tas de sable ait la forme d’un cylindre droit. Dans ce cas, on se retrouverait dans une situation de pensée unique. Dans l’esprit hôdon, les extrêmes ne sont pas non plus « méchants » tant qu’ils ne sont pas réellement nocifs pour la société. Les éradiquer serait comme si on voulait arracher la peau parce qu’elle démange ou briser le squelette parce qu’il est rigide. Pire, en général la répartition statistique de l’ensemble est la représentation des états statistiques que peut prendre chaque élément, autrement dit, chaque élément peut secréter un extrémisme et devenir lui-même un extrême. Des expériences comme celle de Milgram montrent à quel point on peut basculer vers un extrême. Si ces extrêmes deviennent trop importants en nombre ou en dégâts, ce n’est pas eux la cause. La cause est dans la couche médiane qui glisse vers les extrêmes, ce sont précisément les couches dites « moyennes » avec souvent un certain préjugé derrière le terme, un préjugé précisément en opposition avec le concept hôdon.

Ce qui est vrai pour les balances gauche/droite, conservateurs/progressistes, libéraux/communistes... l’est aussi pour le rapport à la hiérarchie, et donc la balance dictature/anarchie. Dans tous les cas, où les choix peuvent donner à des nuances de gris entre le noir et le blanc, il y aura toujours des extrêmes, et dans tous les cas où ces choix dépendent de très nombreux facteurs, il y aura toujours des valeurs moyennes qui s’imposent en nombre.

Si les extrêmes augmentent, ce n’est donc pas un hasard. C’est que le choix est poussé vers une solution, un peu comme le mouvement de la dune qui suit le vent. Ce n’est pas l’extrême qui attire, c’est l’environnement qui pousse. Étudier cet environnement permettrait de mieux comprendre pourquoi la dune se déplace. Tout comportement répond à un contexte. Toute cause a un effet. Le problème, c’est quand on se concentre sur l’effet, on oublie souvent la cause, ou les causes, car elles sont souvent multiples. En fait, on se retrouve devant un « système chaotique », car composé de nombreux humains, eux-mêmes dotés d’un très grand nombre de neurones imprégnés d’expériences de tant d’expériences diverses.

Dans toutes organisations vivantes de toute taille, il y a toujours le besoin de protéger sa structure. Certes, il y a toujours des zones périphériques plus sensibles, des indicateurs de dangers en fait, qui sont par nature « xénophobes ». De toute manière, l’organisme se défend toujours contre tout ce qui peut altérer sa structure et par conséquent sa vie. Il se dote en interne de polices, de gens d’armes, à l’intérieur et aux frontières. Tout mélanger pour cacher certaines nocivités sous prétexte de refuser l’amalgame, c’est in fine, favoriser les allergies même devant ce qui n’est pas nocif. C’est comme le patient qui ferme les yeux sur un cancer localisé et curable. Au lieu de faire de l’« approximatif », bon chic bon genre ou électoraliste, il vaut mieux appeler un chat un chat. Autant on doit méditer ce concept : « À tous les niveaux d’organisation du vivant, seuls survivent, et se survivent, les associations à avantages et inconvénients réciproques et partagés. », autant il ne faut pas hésiter à repousser toute nocivité. L’humanisme n’est pas de se voiler passivement la face pour éviter une quelconque sauvagerie, mais d’agir avec respect de l’autre même quand il faut être ferme.

Hostilité

Dans toute organisation vivante, et les sociétés sont des « organismes vivants », on peut trouver ces interactions biologiques :

  • le mutualisme : association bénéfique entre deux espèces vivantes, que l’on dénomme symbiose lorsqu’elle devient obligatoire ;
  • le commensalisme : association entre deux espèces dont une seule tire profit sans pour autant nuire à l’autre ;
  • le neutralisme : absence d’interaction entre deux espèces ;
  • la compétition : interaction directe ou indirecte, de type compétition pour une ressource non partageable ou insuffisante en quantité ;
  • le parasitisme : association étroite entre deux espèces vivantes dont l’une dénommée l’hôte héberge la seconde qui vit à ses dépens ; à l’extrême, la prédation peut conduire à la mise à mort de l’« hôte ».

Que faire dans ce dernier cas ? Que faire lorsque deux ennemis s’affrontent ? Selon la deuxième loi hôdonne, il faut que chacun ait droit à son abri. La solution privilégiée serait donc de renvoyer chaque ennemi chez lui et de ne pas s’ingérer dans les affaires d’autrui, sauf en tant que modérateur impartial, ce qui correspondrait à l’esprit hôdon puisque celui-ci respecte toute forme d’intelligence sans chercher à attribuer de « bons points ». Contrairement à beaucoup de courants, l’esprit hôdon n’est par contre pas pour la réunion forcée des gens et des groupes. La synergie n’implique pas la fusion forcenée de tout. Ce serait comme indifférencier les organes de notre corps. Chaque organe a sa place, son rôle. Certains interagissent en permanence avec les autres organes, d’autres moins ou plus discrètement ou avec des organes précis... Chaque société pourrait être un organe de ce corps qu’est notre planète, et comme chaque organe, être plus ou moins perméable et ouverte aux échanges.

L’esprit de groupe impose souvent le besoin de se réunir. L’humain semble essentiellement tribal. Dans l’esprit hôdon, l’isolement d’un « clan » ne devrait pas être sujet de « conflit » tant que ce clan n’est pas emprisonné ou assiégé et tant que chaque individu d’un clan peut en sortir et y revenir, c’est-à-dire qu’il reste libre. Autant dans l’esprit hôdon il est concevable qu’un clan se referme sur lui-même pour se protéger de l’extérieur, autant il ne semble pas respectueux de l’intelligence de ses membres de les empêcher de quitter le « cocon » protecteur.

Par contre, surtout en période de conflits, il semble nécessaire de fermer les portes ou frontières à une communauté « hostile » tant que dure l’hostilité. Autant l’attitude hôdonne se refuse à toute ingérence, autant elle est en faveur de la séparation des belligérants. La médiation ou l’interposition qui s’en suivrait ne peut avoir comme but de modifier à la place des antagonistes la politique qu’ils combattent ou qu’ils soutiennent. Elle devrait se résumer à éviter les conflits armés, et à faciliter la recherche d’une solution gagnante/gagnante, quel que soit le temps mis pour y arriver.

Peut-être faudra-t-il instaurer une bande neutre pour cela, mais là, seul des gens comme les hôdons de ces régions en conflits pourraient le suggérer et la maintenir, car ce n’est pas aux hôdons des autres régions à imposer leurs conceptions de vie dans un environnement qui n’est pas le leur. Par contre, leur neutralité de ceux qui se revendiqueraient de l’esprit hôdon les prédisposerait à ce genre de médiation.

Le chez-soi

La notion de refuge recouvre toutes les sphères, de la « niche » du solitaire jusqu’aux grands rassemblements de sous-ensembles, tribus, clans, peuples...

Jusqu’à l’avènement du Web et des univers virtuels, ces rassemblements se sont faits exclusivement par occupation territoriale, du nid familial aux États, puis aux associations sous forme de grandes communautés philosophiques, politiques, religieuses ou économiques. Ces prises de possession de terrain de chasse et d’abri sont l’une des attitudes dominantes qui sont présentes dans chaque être vivant. Si le territoire est occupé, l’occupation se fait presque toujours en chassant l’hôte qui y est, en parasitant son espace ou, dans le meilleur des cas, en le partageant. Si ce territoire est inoccupé, mais déjà approprié, il y aura souvent un « loyer » à verser, mais le « vol » existe aussi dans ce cas, que ce soit du « squat » ou de la « colonisation ».

Mais, en réalité, à qui appartient donc un territoire ?

Si le territoire est libre, cela ne pose pas de problème ou presque, car planter un drapeau sur un astre inoccupé veut-il signifier que c’est l’astre entier qui a trouvé son propriétaire ? Ou bien, l’espace conquis est seulement limité à l’endroit précis où il y a la marque d’un pas dans le sol ?

Et si le territoire appartient déjà à quelqu’un, peut-on l’exproprier ? Et si tout appartient à quelqu’un, où aller ? Peut-on même se déplacer d’un point à un autre ? L’expérience et l’observation montrent que finalement, c’est toujours la force qui marquera et délimitera la propriété privée. Mais les plus « rusés » détourneront le pouvoir de la force physique, parfois violente, par de nombreux moyens dont l’argent qui en fait, au lieu de représenter une valeur intrinsèque, représente une valeur que l’on pourrait résumer par : cela m’a coûté autant d’effort pour l’obtenir et j’en désire au moins en récupérer l’équivalent. La force n’est pas que physique, c’est même l’une des raisons probables de notre intelligence : pallier le défaut de force et sûrement en dépenser peu pour en gagner beaucoup, car les êtres vivants sont des « mangeurs » de matière et d’énergie.

La possession d’un territoire occupé est donc le résultat d’une conquête, par la force, le marchandage ou la manipulation, sauf dans un cas, le plus nombreux, celui de la naissance. Mais là, on touche un autre problème : celui de la haine et de la vengeance entretenue. Personne n’a pas demandé de naître, alors pourquoi serait-il accusé d’être né quelque part, dans un environnement physique, biologique, culturel, historique... ? C’est en quelque sorte une autre forme de racisme.

La terreur

Si la recherche ou la conservation d’un abri et d’une niche environnementale accueillante concerne tout individu, la domination sur un ensemble d’individus partageant un ensemble d’intérêts communs devient souvent l’enjeu des dominants.

La terreur est le moyen le plus répandu par les dominants pour dominer un territoire.

Terroriser le civil par la terreur ou la guerre, par les bombardements ou les embargos... Terrorisme de masse, ou disséminé, terrorisme sanglant ou psychologique, tout peut être bon pour déstabiliser un peuple qui sera ainsi enclin à accueillir les libérateurs qui se présenteront, du moment que la peur disparaissent.

Certains prétendront que c’est pour protéger le peuple lui-même, mais c’est faux, voire mensonger, car il ne favorise qu’une part du peuple et c’est par contre presque tout le peuple indifféremment qui paye les frais. Autant le divorce a fini par être accepté entre individus, autant il devrait être autorisé entre communautés.

Le terrorisme vise très rarement directement la tête, mais se content de fragiliser ceux dont dépend précisément la tête. Il peut aussi concerner le voisin dont on souhaite voler non seulement son territoire, mais n’importe quel bien, voire tout simplement altérer un modus vivendi jugé incompatible. Les massacres de masse ont éclaboussé l’histoire de l’humanité, sans compter les ostracismes, les censures, les manipulations dans lesquelles sont parfois habilement exploitées les concurrences mémorielles, les séparations de classes, de clans...

Même dans son propre territoire, un dominant peut faire régner de la terreur, ce qui donne souvent des dictatures. Mais pas seulement, car, partout, le bras armé de la justice est là pour châtier celui qui n’est pas dans la loi ou ce qui n’est pas dans le politiquement correct, même en démocratie, et qu’il vaudrait mieux appeler d’ailleurs démocratures.

Le tout est de savoir si l’on porte un collier de fer ou un harnais de velours... On sait souvent qu’on porte le premier, on ignore souvent si on a le second. C’est tout l’art de la manipulation.

Châtiments

Toute justice s’accompagne en général de « punition ». Est-ce utile, est-ce sain ? En l’état actuel de nos connaissances, il n’est pas possible d’y répondre, mais dans l’esprit hôdon, il faut toujours respecter les deux premières lois fondamentales : il ne faut ni briser l’intelligence punie ni la harceler.

Briser pour montrer qui est le plus fort entre le « droit » et le transgresseur est une solution de dominant. Chouchouter sous prétexte que c’est un « pauvre malheureux » n’est pas une attitude plus constructive, elle est démagogique, donc dominante et de surcroît manipulatrice et hypocrite.

Une sanction qui s’étire dans le temps aussi est critiquable du point de vue hôdon, car elle risquerait de violer le droit à la fuite.

L’idéal est la correction au sens euphémique du terme, c’est-à-dire la possibilité d’enrichir l’intelligence du « hors-la-loi » en augmentant son empathie. Souvent, cela peut se faire en compensant les pertes des victimes, en réparant les dégâts, en œuvrant pour se mettre en situation de secouristes, etc. Bien sûr, cela ne déclenche pas toujours de la compassion, surtout si l’empathie nourrit du sadisme.

Lorsqu’un individu ou un groupe a un comportement hostile malveillant et que la psychologie ou la diplomatie ne peuvent aboutir à aucun accord comportemental dans une société quelconque, il n’existe peut-être qu’une seule solution : le bannissement de cette société.

Lex dura sed lex

Le respect de la loi est un sujet délicat qui fait aussi maintenir les hôdons hors système classique. Car les lois, ces « checklists de justice », sont souvent maintenues, voire imposées par une police ou une armée, et le maintien de l’ordre est souvent accompagné de punition physique et de force coercitive.

Dans ce cas, c’est toujours selon les lois fondamentales de Hôdo les choix qui respectent le mieux l’intelligence et le droit à la fuite qui doivent être privilégiés. Le respect de l’intelligence et droit de la fuite de tous les intervenants, et non pas seulement le côté de la victime présumée.

Dans le concept hôdon, la colère fait partie des émotions qui, elles-mêmes, entrent dans l’intelligence. Manifester sa colère est peut-être aussi un droit au respect de l’intelligence. Le problème alors est de déterminer quand cette colère dégénère au point de mettre en péril une intelligence et son abri. Alors, peut-être que dans ce cas, il faudrait la déléguer à un spécialiste de « colère » qui agirait avec la maîtrise requise pour ne pas dégénérer ? Serait-ce un rôle de policier, de gendarme ? Car, il faut le répéter, l’esprit hôdon s’il n’est respectueux de toute forme d’intelligence s’oppose à toute forme de soumission, partageant ainsi le dicton « ni dominant, ni dominé ».

Mais avant d’en arriver à ces extrêmes, le respect de l’intelligence peut conduire à préférer une gifle à une insulte. La première laissera souvent moins de traumatisme que la seconde, elle demandera une réaction immédiate alors que la seconde manipulera en douceur pour longtemps tel un poison. Les punitions psychologiques font plus de dégâts que de traces, comme beaucoup de poison que l’on découvre trop tard.

La vie en communauté impose des règles de communications et de partage des ressources.

Il existe deux sortes de règles : celles qui sont prises par mimétismes et celles qui ont été édictées.

Les premières constituent la trame des us et coutumes. Un choix considéré positif à un moment donné de l’évolution d’un membre de la communauté a été copié par les autres, et est devenu un comportement généralisé. Parfois, cette tradition s’avère à la longue néfaste, mais elle ne relève ni d’une méchanceté ni d’une inintelligence, car la lenteur d’adaptation de l’intelligence collective est liée à la lenteur de celle des intelligences individuelles qui sont irrémédiablement gérées par notre cerveau qui a ses règles de stabilité à respecter coûte que coûte. C’est pourquoi il vaut toujours mieux considérer un comportement « hostile » comme une attitude ennemie et non méchante. L’humilité dans la notion de vérité doit s’étendre à l’humilité dans la manière d’avoir acquis cette vérité. Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’il faille se soumettre et se laisser assimiler, mais la résistance sera d’autant plus efficace pour toutes les parties qu’elle reconnaîtra et respectera l’« ennemi », au lieu de fermer les yeux ou de blâmer le « méchant ». Cela veut simplement dire que chacun à une niche environnementale protectrice qu’il lui est difficile de renoncer. D’ailleurs, qu’il n’a peut-être aucune raison de rejeter ses traditions tant qu’elles ne portent pas préjudice, et même comme ça, notre cerveau peut s’aveugler et engendrer une sorte d’accoutumance hypnotique quasi insurmontable. Le respect, c’est peut-être dans ce cas tout simplement maintenir à distance l’un de l’autre, ne fût-ce que le temps d’une adaptation plus ou moins rapide. Déclarer l’ennemi ne veut pas dire non plus qu’il faille rentrer dans toute sorte de conflits, menace de frontières, embargos, etc. Au contraire, la coopération peut être bien plus salutaire que tout autre moyen coercitif. Ils existent toujours dans chaque communauté, des électrons libres qui permettent justement l’adaptation au milieu environnant de manière pacifique, sereine et constructive pour tous. Mais cela prend souvent du temps.

L’éducation

La vie en société, et même certains aspects d’hygiène et de santé personnelle, passe par l’éducation. Mais le problème est que souvent l’éducation devient l’antichambre d’un enseignement professionnel. Pourtant, il s’agit de deux choses distinctes, quoique toutes deux utiles, et qu’il serait peut-être sage de bien séparer.

Autant on peut demander à un niveau professionnel de marquer des bons points d’expertise, autant le « savoir-vivre » ne devrait pas être soumis à cette course, car le but n’est pas d’exceller dans un domaine précis, mais d’être bien dans sa peau au sein d’une communauté harmonieuse dans laquelle le respect de toute forme d’intelligence serait la prime loi.

Entre les deux, posséder sa langue maternelle et une langue véhiculaire est aussi une chose indispensable.

La première est celle qui est la plus proche des émotions et donc la plus apte à traduire les ressentis. Elle sert aussi de base pour la représentation des concepts, car notre cerveau a besoin de nommer les choses. Et cette nomenclature s’installe avec le langage qui est donc un outil privilégié à la fois dans le développement de la personnalité et la qualité des échanges avec les autres. Il est à noter que le refus d’un langage commun est un signe de rejet et d’isolement d’un clan par rapport aux autres.

Il existe parfois des activités qui ne sont pas professionnelles, mais qui impacte sur la vie sociale : le savoir conduire un véhicule, le secourisme, etc. Ces savoirs devraient être modulables et non monolithiques afin de valider la compétence de l’action jusqu’à un certain niveau. Un permis de conduire, par exemple, pourrait ne pas être binaire, ou presque, mais modulable en fonction de l’état intellectuel et physique du conducteur. Les progrès de l’informatique pourraient rendre faciles ces évaluations qui ne seraient pas figées une fois pour toutes.

La libre pensée

Le système social est tellement « chaotique » au sens mathématique du terme que les membres d’un groupe, de quelque dimension que ce soit, se soumettent à des règles et des codes pour assurer les échanges entre membres et parfois entre sous-groupes.

Ces échanges concernent aussi bien les aspects physiques que cognitifs, comme le langage, les normes de construction, le négoce, l’hygiène, l’écologie locale... et surtout la paix.

De très nombreuses règles de courtoisie, sinon toutes de manière plus ou moins directe, ont une relation avec la paix, que ce soit en paroles ou en comportements, que ces derniers soient gestuels ou décoratifs. Beaucoup de ses règles sont adoptées de manières mimétiques qui commencent avec le noyau familial et qui s’enrichit par la suite au contact des autres membres de la société par imitations ou apprentissage.

Pour s’assurer que les messages de paix ou d’hostilité soient bien transmis et perçu, il est nécessaire d’en figer les règles, à la fois pour éviter de réinventer la roue à chaque fois et pour avoir un état fiable, car l’esprit à besoins de bases sûres pour avancer.

Ces « lois » sont donc confiées en général aux dominants de la tribu, du clan, d’une région, pour qu’ils aient l’office de gardiens et d’interprètes. De plus, il leur incombera fort probablement le rôle de faire respecter ces règles. Et ils en profiteront aussi souvent pour édicter leurs « lois », car c’est l’une des « qualités » du dominant, celle d’imposer sa volonté, donc ses règles... problème : ses règles ou celle de la communauté qu’il est censé protéger ? De quelle communauté sachant que chaque société a ses répartitions statistiques sur tous les thèmes ? Le dominant choisira presque toujours le clan qui l’a monté au pouvoir et s’arrangera pour transformer sa vérité en Vérité incontournable. Il s’abrite en général derrière des « fois » religieuses ou philosophiques qui, au passage, peuvent avoir en tant qu’idéologie toutes les formes de société : conservatrice ou progressiste, très hiérarchisée ou anarchique... ainsi que ses extrêmes qui peuvent aboutir aux terrorismes.

Tous ces choix sont qu’on le veuille ou pas logique pour ceux qui les font et les imposent, par la force ou par la ruse, c’est-à-dire la manipulation, en générale démagogique ou culpabilisante. Et en face, une communauté qui a besoin de loyauté, de confiance, et donc, qui se soumet volontairement.

L’esprit hôdon prétend que personne ne peut se vanter de détenir la vérité. Aussi, il prône toujours l’humilité scientifique et la libre pensée. La libre pensée ne doit pas être confondue à une volonté de douter systématiquement d’autrui, et encore moins de le contester en permanence, mais d’être capable de remettre en cause ses convections ou habitudes si les faits semblent prouver le contraire, et d’être capable de laisser quiconque réexaminer sans tabous ni préjugés une vérité établie.

L’implication personnelle

Autant la libre pensée est une voie souveraine de non-soumission et de créativité, autant dans l’esprit hôdon la non-participation à l’intelligence et à la sécurité collective peut être nocif pour soi et pour les autres. La libre pensée ne doit pas se résumer à ne vivre que comme on le veut derrière la bannière du « j’ai le droit de... ». La liberté, cette liberté là, à un prix. La synergie, la symbiose, le mutualisme ne sont pas parasitisme et encore moins prédation. Même le commensalisme obéit à des règles sociales s’il ne veut pas devenir parasitisme.

À l’exception de la « manne du ciel » tout est négocié entre humains, tout est donnant/donnant dès l’instant où il n’y a pas vol. Et tant que l’échange est gagnant/gagnant, il n’y a pas d’abus. Le sentiment de justice est maintenu à ce prix et sans ce sentiment, il n’y a pas de sérénité, donc pas de paix.

L’intelligence se développe plus quand elle doit s’affronter à un obstacle et réussir à le surmonter ou le contourner. On se grandit quand la difficulté est vaincue, à condition évidemment que cette difficulté ne soit pas de rabaisser autrui. On se grandit quand on crée et non quand on détruit. S’impliquer, chacun à son niveau et selon ses compétences, grandit la société et chacun d’entre nous sommes cette société, comme les cellules qui constitue notre corps. Lorsque ces cellules font ce qu’elles veulent s’installe le cancer. Lorsque certaines sont abandonnées par l’organisme s’installent les gangrènes.

Il en est de même pour l’éducation du foyer familiale qui n’est pas exempte par l’éducation de la société, et vice-versa, d’ailleurs. Les parents ont pour mission de mettre leurs enfants sur les voies de la société au moins en apprenant le respect de toute forme d’intelligence.

La manne du ciel

Les seules gratuités pérennes, ou non occasionnelles, qui aient un sens, sont celle de revenu minimum de droit à la vie, parce qu’elles correspondent à un état naturel qui se perd derrière le système financier qui rétribue et redistribue. L’univers fournit gratuitement son énergie à toutes les espèces vivantes. Un équivalent devrait être distribué à toute personne depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Chaque enfant devrait recevoir cette « manne » qui devrait ne lui servir qu’à lui et non aux parents. Ceux-ci d’ailleurs recevraient leur « manne » comme tous les humains vivants de la planète. Chaque personne incapable de faire fructifier pour quelque raison que ce soit ses biens acquis devrait pouvoir survivre avec ce « don du ciel » sans avoir à recourir à des « dons de solidarités ».

L’abri que les Hôdons considèrent comme indispensable ne fait pas vraiment partie de cette manne, même si chaque espèce vivante devrait trouver un terrain de chasse et un refuge. En effet, l’occupation d’un lieu, et le partage de toute ressource non divisible, alternée ou multipliable sont le résultat de domination ou de conquêtes. Le respect de toute intelligence devrait conduire à chercher des solutions gagnantes/gagnantes. Dans l’état actuel de nos connaissances, il est impossible de déterminer avec une sagesse scientifique et non « juridique » ce qu’est une « propriété ». Juste peut-on dire que c’est un espace de liberté partagée par ceux qui en sont propriétaires. Peut-être qu’une solution planétaire serait d’attribuer à chacun trois parcelles de Terre : une pour son abri et refuge, une deuxième au service de la communauté dans laquelle on vit et la troisième comme bien inaltérable de la planète. Être responsable dans ce cas, consisterait à entretenir les deux dernières, de rendre utile, ou du moins accessible, le lopin de terre de la communauté, et de protéger celui qui est réservé à la planète et d’y laisser la vie sauvage et naturelle prospérer en paix sans intervention humaine.

Les autres formes de gratuités en générales sont mals interprétées par les bénéficiaires qui les accueilles comme un dû et qui se fait au détriment du respect de l’autre, de la collectivité qui participe à ces formes d’assistanat.

L’esprit de corps

Dans l’esprit hôdon, toute société constitue une entité intelligente, l’intelligence collective.

À l’instar du corps, chaque société est composée d’organe, et tous sont composés de cellules. Aucun organe, aucune cellule n’ont de privilège sur les autres et tous ont leur fonction indispensable à l’organisme. Si un groupe de cellules est rejeté, elles peuvent se gangrener et finir par empoisonner tout le corps. Si un groupe de cellules ne veut plus se soumettre aux règles internes de l’organisme, un cancer peut se développer. Les analogies peuvent être nombreuses, mais ce ne sont que des analogies. Néanmoins, l’observation de la nature peut être d’un grand secours pour parfois comprendre ce qui se passe à une autre échelle, ou du moins s’en inspirer. Autant dans la nature, il y a incontestablement des prédateurs qui se développent grâce aux proies, autant à l’intérieur d’un organisme, tous les êtres qui y vivent semblent concourir au bien-être de l’ensemble, sinon l’organisme tombe malade et peut éventuellement mourir. Cela semble toujours se réaliser avec plus d’équité que dans les sociétés animales, car aucune cellule, aucun organe ne peuvent prendre le pouvoir au détriment des autres. Il n’y a pas de critères de choix pour favoriser l’un ou l’autre. Seul le stress peut aiguiller les énergies supplémentaires aux organes sollicités. Et encore, si ce stress persiste, certains organes dépérissent, et c’est l’organisme entier qui dépérit. On peut facilement imaginer que si le « favoritisme » dans nos sociétés, agit comme le stress, l’organisme devra réagir ou mourir. Les humains ont besoin de se regrouper en clan, en tribu, en nation. Cela leur permet de créer un environnement sécuritaire, leur « terrain de chasse », qui leur permettra de vivre plus ou moins sereinement et confortablement. Les clans n’ont pas nécessairement de frontières physiques, les frontières mentales suffisent, parfois représentées visuellement par le port d’un uniforme, de vêtement, de décoration, par des tatouages... ou un comportement particulier.

L’esprit humain est spontanément plus négatif que positif pour la simple raison qu’il vaut mieux pour un être vivant, rester en vie pour profiter du bien-être qu’elle peut offrir. Et donc, il faut prévenir tous les risques qui peuvent réduire le confort et abréger cette existence. Seule l’accoutumance, par les drogues et le formatage, permet d’oublier ses réflexes. Les connaître par contre nous permet de ne pas jouer à l’autruche ni d’être manipulés. Les émotions négatives ne doivent pas être refoulées, mais sciemment et consciemment maîtrisées.

D’autre part, l’une des qualités de l’intelligence est de regrouper les informations dans des ensembles. Catégoriser nous permet de rapidement trouver les éléments par « affinité » et notamment ceux qui sont positifs, indéterminés ou négatifs. Or, dans beaucoup de choix, l’indéterminé est la « moins pire » des options. Elle ne se prend qu’en dernière instance.

Ces caractéristiques nous rendent plus ou moins spontanément xénophobes. Enfouir ce réflexe est aussi néfaste que le laisser débridé. C’est comme si on voulait enfouir toutes les pulsions sexuelles sous prétexte qu’elles peuvent conduire même une offense. Refouler ces comportements, c’est à la fois la porte ouverte à tous les paternalismes infantilisants ou à toutes les revendications manipulatrices qui jouent sur la culpabilité.

Le respect à l’intelligence, c’est reconnaître que les humains ne sont ni anges, ni saints, ni héros... c’est reconnaître que l’autre a la même structure mentale, même si son expérience diverge complètement, et qu’il n’est pas, lui, ni démon, ni monstre, ni mauvais...

Seule l’expérience différencie les gens, les clans et les peuples, et malgré cela les larmes sont salées et le sang rouge pour tous les humains.

L’esprit hôdon

L’idéal serait peut-être que l’esprit hôdon soit celui d’un organisme tel que l’ONU, ou peut-être d’une certaine communauté européenne. Une telle charte est pensée pour être ouverte à toute l’humanité, sans préjugés culturel ou philosophique, mais sans soumissions contraintes et forcées non plus.

Être accueillant ne veut pas dire accepter tout envahissement. Et ne pas être assujetti n’implique pas non plus s’ingérer dans les affaires d’autrui pour prétendument anticiper une invasion.

Il ne faut pas être utopique pour autant. Des agressions, il y en aura toujours, car nous sommes fabriqués pour nous approprier à moindres frais le « confort » auquel aspire notre être et l’agression est une solution de facilité qui nous est offerte dans nos mécanismes. Mais être hôdon, c’est croire qu’il est possible de gérer cette agressivité pour qu’elle soit le plus possible constructive et non destructive, car notre intelligence est prévue pour contourner des difficultés et trouver des solutions. Mais aussi, on ne peut y arriver seul, sans l’aide d’un modérateur dans tous les sens du terme. Ce modérateur peut être aussi bien une personne, qu’un groupe. D’ailleurs, chaque groupe en soi se comporte comme un « modérateur » sur chacun de ses composants. On peut réellement comparer ces modérateurs comme des bains de fluides plus ou moins visqueux au sein de gradient de température plus ou moins marqué. Plus les écarts de températures sont grands, plus le fluide est agité, mais plus il est visqueux, moins c’est violent.

Cette viscosité est souvent maintenue par l’inertie des classes moyennes qui entretiennent des us et coutumes.

Cette attitude conservatrice maintient une paix relative, et freine les évolutions tant qu’il n’y pas de contraintes fortes. Ces contraintes fortes ne sont pas nécessairement scientifiques, loin de là. Ce sont souvent des lois empiriques, voire abstraites, imposées par les couches extrêmes : celle qui veut grimper dans le confort et celle qui veut tout bousculer pour y arriver et celle qui veut garder sa domination et qui fait tout pour la garder envers et contre tous. C’est l’une des raisons pour laquelle l’esprit hôdon ne peut donner naissance à une association au sens classique du terme. Pour respecter ses trois lois fondamentales, le hôdon ne peut se comporter que comme un catalyseur au sein de toutes les communautés existantes. Pour cela, il faut pratiquer une neutralité en religion et en philosophie, sans tomber dans des attitudes militantes et activistes « anti-tout et pro-rien ».

Hôdo, un groupe ?

Être Hôdon est sans doute quelque chose d’incontournable en tant que regroupement.

Mais nous croyons qu’il faut utiliser une autre méthode que celle de la force par l’union. Elle est trop manipulable, les membres d’un groupe ayant spontanément une attitude de suivisme que les dominants les plus habiles savent exploiter.

Sauf que cela devrait être parfaitement acratique, donc sans chef pour éviter la main mise sur les « sympathisants » et la fustigation des « non sympathisants ». Être Hôdon, c’est non seulement adhérer à ces trois lois, mais c’est surtout et avant tout vivre en fonction d’elles, et entre autres, c’est être un libre-penseur. Être libre-penseur n’est pas pensé envers et surtout contre tous. Être libre-penseur, c’est être libre de gérer sa pensée, c’est accorder sans soumission sa confiance à d’autres, car on ne peut vivre sans déléguer surtout le savoir, c’est être capable de faire marche arrière et changer de cap quand les faits montrent que nos choix n’étaient pas des plus judicieux... Être libre-penseur, c’est pratiquement être maître de soi.

Mais c’est aussi être particulièrement humble, car chacun a cheminé dans sa propre pensée avec ces propres interrogations et ses propres réponses.

S’il faut un regroupement, ne fut-ce que pour se rassurer et s’encourager mutuellement à croire un quelque chose que nous ne voudrions pas qu’utopie, il ne faut surtout pas que cela devienne une organisation standard avec une hiérarchie de pouvoir. La meilleure image d’organisation qui correspondrait à un tel groupe serait celle du cerveau. Aucun neurone n’est « chef », et le cerveau n’est pas monolithique. Il est partagé en zones plus ou moins spécialisées qui coopèrent avec les autres.

L’acratie comme modèle politique

L’acratie hôdonne est une forme d’anarchie, en ce sens qu’elle ne dispose pas de chefs exécutifs dans le domaine social.

Pourquoi ce mot à la place d’anarchie : parce que l’acratie, absence de pouvoir, ne s’oppose pas aux hiérarchisations fonctionnelles ni représentatives. Par contre, elle s’efforce de diminuer le plus possible les effets pervers, c’est-à-dire dominants, du pouvoir.

Nous utilisons les mots « s’efforcer de », car nous sommes par nature tous dominants. L’esprit hôdon est avant tout une attitude humblement scientifique, donc réaliste et non idéologique. Il ne prône pas une « morale » catégorisant les « bons » d’un côté et les « méchants » de l’autre. Elle propose une méthodologie de coexistence sociale synergétique pour le bien de tous et de l’humanité sans tenir compte de ses catégorisations.

Qu’on ne se leurre pas, tous les pouvoirs, utilisent la force, physique ou psychique, et toute force sert à contraindre pour imposer sa loi, et donc, réduit la liberté des opposants. Il est même impossible d’éliminer la force par la force... Mais il est sans doute possible d’en atténuer la violence en la contrebalançant par la « compassion ». C’est dans cet esprit que furent créées les trois lois de Hôdo.

La compassion ne semble pas être un attribut spécifiquement humain, même s’il est mis en exergue par certaines religions, philosophies ou politiques. Il semblerait en fait que le comportement altruiste et l’empathie sont des « attitudes » ou des émotions proportionnées par le cerveau, probablement pour assurer la survie de l’espèce. S’il s’avère que la compassion, l’empathie, l’amour... sont inscrits au plus profond de notre programmation comportementale. Dans ce cas, la première loi de Hôdo est plus qu’une obligation, elle est un fait à cultiver et à développer, non une attitude à conquérir sur des instincts antagonistes qui nous poussent à l’égoïsme dont la domination est une manifestation. C’est une voie, un chemin sur lequel on s’avance ; ce n’est pas le terminus.

Cette compassion, « ce respect de toute forme d’intelligence », devrait éviter d’abuser de certains pouvoirs acquis par les hasards de la naissance et de la vie. C’est cela le véritable égalitarisme du « socialisme » du point de vue hôdon. Ces hasards renforcés par l’apprentissage adéquat nous favorisent ou nous orientent vers certaines fonctionnalités utiles à la vie en commun. Il n’y a pas et il ne devrait pas y avoir de « valeurs » attribuées aux spécificités, toutes peuvent avoir leur place honorablement. Certains « défauts » dans certains contextes peuvent donner ou devenir des « qualités », et vice-versa.

Un « socialisme » à la hôdon ne consisterait pas à redistribuer la part du lion, mais à égaliser le droit au respect et à la reconnaissance. Ce n’est pas le partage des avoirs, mais le partage des « être bien dans sa peau » qui établirait un certain bien-être social. Combien ne voit-on pas dans l’enseignement « socialisant » la promotion des métiers nobles, des écoles nobles, des filières nobles, à croire que les socialistes sont parfois plus aristocrates que les autres courants qui ont au moins l’honnêteté d’être cohérents avec leur conception inégalitaire de la société. Pointer l’autre comme étant l’objet à envier n’est pas la solution idéale pour cultiver le respect de tous, car indirectement, il pointe le reste comme étant « indigne ».

Derrière la démocratie se cachent combien d’aristocraties, d’oligarchies, de ploutocraties... ? La démocratie est un leurre que les dominants servent pour imposer leur conception de république. L’anarchie est la seule forme qui soit capable de réunir l’esprit de liberté, et, en respectant les trois lois de Hôdo, de le faire de manière humaniste.

Dans notre corps, notre cerveau n’a pas de place « dominante ». Cet organe est gourmand en énergie parce que son fonctionnement l’impose. Il occupe une place stratégique parce que la nature lui a concédé l’emplacement le plus approprié : proche des centres d’informations, l’œil, l’ouille, l’odorat, eux-mêmes localisés pour voir, entendre et sentir de loin, donc en haut de l’organisme, comme le capitaine d’un vaisseau. Ce n’est pas un trône pour regarder le monde à ses pieds.

Dans la nature, certaines fonctions requièrent plus de ressources que d’autres, c’est inévitable. La reine des insectes sociaux ne s’empiffre pas en ne faisant rien, elle engendre les ruches.

Il existe en effet deux formes de hiérarchie : l’une sociale et l’autre fonctionnelle. La dernière est obligatoire pour réaliser des travaux en commun. Il faut souvent un chef d’orchestre, un chef de pompiers, un chef de cordée, un maître d’œuvre, etc. pour mener à bien une action collective. Il existe aussi un besoin de « gestion » sociale, qui pourrait être une « spécialité » fonctionnelle, mais qui, en fait, fait intervenir souvent plus des relations de hiérarchies de dominations que des normes de synergie. Cette hiérarchie a trop souvent tendance à utiliser la force pour imposer ses normes qui sont toujours à son avantage. Cette force n’est pas nécessairement armée, mais pas loin, car souvent elle est policée par une loi coercitive. Cette dernière peut même prendre un visage pacifique en manipulant la notion de culpabilité. L’œil qui poursuit Caïn jusque dans sa tombe remplace efficacement toutes les polices et les espionnages de « Big Brother ».

Et avec cette notion de culpabilité, il est même possible de punir celui qui n’aime pas le « culpabilisateur », car il suffit d’associer une valeur morale à la non-soumission, par exemple, en accusant de racisme celui qui ne se soumet pas à la loi édictée par le « culpabilisateur ». Autant on peut observer que l’amour est pardonnant, autant l’inverse est faux ou faussé. Le pardon n’entraîne pas l’amour, mais les dominants assouvissent souvent leur désir de paix en rejetant leurs malaises sur ceux qu’ils dominent, n’hésitant pas pour cela à les traiter comme des chiens de Pavlov.

Ce n’est pas à eux de définir le bien et le mal au sens moral, car la morale n’aurait de sens que si l’on connaissait la vérité. Est-ce à dire que tout est équivalent ? Ce qui est bien ou mal correspond à un résultat d’une suite d’actions/pensées qui porte avantage ou préjudice à un individu ou une communauté. Ce n’est pas moral, c’est biologique. La nuisance peut être involontaire, la bienfaisance aussi, d’ailleurs. Mais la volonté de nuire ne définit pas un être « méchant » : elle correspond à une maladie ou à une hostilité. L’une comme l’autre se combat, car toute victime devrait avoir la possibilité de se défendre, mais sans valeur morale. Soigner une maladie et comprendre un adversaire apporte sûrement plus de fruits que la diabolisation.

Ces « chefs » ne devraient être que les représentants d’un groupe, et serviraient d’ambassadeurs entre groupes et d’animateur au sein de leur groupe aidant à réaliser des synthèses et des consensus. Ces chefs ne devraient jamais se mêler de « moral », car il n’engage jamais que la leur en s’abritant derrière celle des autres. Cet « idéal » n’est donc pas réalisable par la plupart des démocraties puisque ces dernières sont l’expression de la « force » d’un groupe sur les autres, par le nombre ou toute autre forme de pouvoirs modelant visiblement ou non les comportements de masse.

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