Henri Laborit

 

Un article de Livingstone.

Version du 14 août 2008 à 14:49 par SerSpock (Discuter | Contributions)
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Essences de la pensée de Henri Laborit

S'il est difficile de concevoir dans les rapports humains l'anarchie des comportements instinctifs, par contre l'anarchie des schémas conceptuels est certainement plus apte que le formalisme à déboucher sur des solutions neuves.

Il restera encore à les expérimenter pour choisir le plus efficace, ce qui est souvent possible dans les sciences fondamentales, beaucoup plus difficilement réalisable dans les sciences dites humaines.

L'anarchie conceptuelle pourrait ainsi s'appeler imagination. Elle s'exprime par la multiplicité des modèles.

Comprise ainsi, l'anarchie ne serait absolument pas caractérisée par le chaos, mais bien plutôt par la diversité et la richesse des structures imaginaires. C'est le brain storming des Anglo-Saxons. À nous ensuite de découvrir la structure qui les réunit, les dynamise et les englobe en un niveau supérieur d'organisation.

Savoir que chacune de nos pensées, de nos actions sont commandées par nos motivations inconscientes, n'est-ce pas la seule façon de prendre une certaine distance à leur égard ?

Si nous ne sommes pas responsables de nos actes, nous pouvons faire n'importe quoi, non? Et bien, justement, non : nous ne faisons pas n'importe quoi à moins d'avoir la chance d'être fou : nous agissons toujours selon une raison inconsciente, et selon Laborit, cette raison est la recherche de l'équilibre biologique.

Cette motivation est ensuite maquillée par la raison, qui lui trouvera un alibi.

L'illusion de la liberté repose sur l'ignorance des déterminismes des comportements.

Plus on est conscient et plus on est libre. La conscience nous sort de la prison de nos automatismes. Ce concept est d'ailleurs traité dans les livres d'Henry Laborit. Le bonheur est différent avec la conscience.

Il est plus explicite et superficiel dans la faible conscience mais combien plus intense dans la conscience. Donc la vraie liberté, c'est d'être conscient. Et là, même si on me mettait en prison, je serai toujours libre d'explorer mon intérieur.

Quel que soit le milieu social qui voit naître l'enfant et qui entoure les premières années de son existence, ce qui va organiser cet apprentissage de la vie sociale, ce sont essentiellement les pulsions fondamentales et spécifiques, celles qui résultent de l'organisation de sa matrice biologique, de son système nerveux le plus primitif, de tous ses centres sous-corticaux...

Si l'individu peut parfois avoir conscience de son aliénation au monde de ses semblables, s'il peut souvent souffrir d'un manque de liberté du fait de l'existence des autres, il n'a pas conscience par contre du fait que ce prétendu manque de liberté vient en réalité de sa soumission, de même que de la soumission des autres, aux mécanismes affectifs, c'est-à-dire au fonctionnement de la partie la plus inconsciente du système nerveux.

Ce qu'on nomme liberté, c'est en fait la possibilité de se soumettre au déterminisme inconscient de son cerveau préhumain. Cette possibilité se heurte au déterminisme inconscient du cerveau préhumain des autres, cherchant eux aussi ce qu'ils croient être leur liberté.

Voilà donc la Personne, cette matrice engrammée par le bruit des autres, bousculée entre un déterminisme social et le déterminisme biologique. Elle nomme aliénation le déterminisme social parce qu'il s'oppose à l'autre, le déterminisme biologique inconscient, celui de sa vie affective.

Mais cette matrice biologique, inconsciente de ses pulsions qui ne s'expriment pas dans un langage logico-mathématique et ne se révèlent à elle que sous la forme vaso-motrice et neuro-végétative des émotions, elle souffre de ses aliénations sociales, sans éprouver celles dont elle est victime dans sa structure même. En nous rien n'est à nous, rien n'est de nous. Tout est aux autres, tout est les autres.