Parti Hôdo/Abris temporaires

 

Un article de Livingstone.

Parti Hôdo
Les affaires de l'État
Les ministères hôdons
Le ministère du droit à l'abri et à l'évitement

Sommaire

le logement éphémère ou de secours

La notion de l’hébergement temporaire est très floue. Cela peut aller de la nuitée du voyageur jusqu’à l’étudiant qui suit de longues études pendant des années, en passant par les victimes d’une catastrophe naturelle, la femme et l’enfant qui fuient un milieu devenu nocif ou le SDF qui n’arrive plus à récupérer une place dans la société qui l’a rejeté.

Le temporaire n’est pas une solution qui doit perdurer, c’est logique. Ce n’est qu’une étape pour trouver un refuge stable de longue durée, sinon c’est un attrape-nigaud pour se donner bonne conscience si aucune structure ne permet de basculer dans un mode sécurisé et c’est en plus malsain lorsque cet espace empiète sur des zones non adaptées pour cet habitat. Du point de vue Hôdon, il faut distinguer l’abri éphémère ou de secours par rapport aux autres.

Pour répondre à l’urgence, il faut déjà déterminer quelle est la durée du logement et quelle est la quantité de personnes à secourir. Plus le séjour sera long ou plus il y aura de monde, plus les questions d’hygiènes se poseront. Dans les questions d’hygiènes, il ne faut pas omettre comme c’est trop souvent le cas, celles concernant la psychologie, influençant obligatoirement le rapport avec les autres, donc la société.

Pour une durée très courte de l’ordre de quelques nuits, un hébergement est facilement envisageable avec les moyens de bord quand le nombre de personnes est réduit.

Mais dès que le nombre croît, un lieu abrité s’impose, car la logistique est plus facile à assurer s’il y a concentration de moyens. La question alors serait de savoir comment mettre à profit des espaces adéquats à ce type de secours d’urgence, comme de grandes salles normalement utilisées pour des activités telles que la gymnastique. De nombreux organismes savent gérer ces crises pour répondre efficacement dans de nombreuses circonstances et catastrophes naturelles ou non.

Si en plus du nombre, la durée croît, le besoin d’isolement se fait sentir et cela peut conduire à la création spontanée de bidonvilles sur tout territoire inoccupé par d’autres structures urbaines. Le problème n’est d’ailleurs pas tellement le bidonville en soi, mais d’une part la destruction d’un milieu qui serait éventuellement une réserve verte et d’autre part la surconsommation locale de services incapables de répondre à la demande. Il ne faut pas se contenter de dons financiers pour résoudre le problème : l’espace, la nourriture, les soins... ne sont pas que des valeurs monétaires. L’argent n’augmente pas l’espace, ne protège pas, ne nourrit pas... s’il n’y a rien de concret derrière, il ne remplace ni l’humain ni la nature. Quant à l’envahissement de terrain non exploitable pour quelque raison que ce fut, il ne faut pas l’imputer qu’aux bidonvilles. Beaucoup d’intérêts privés convoitent les terres dites bon marché (inondables, mal desservies...) ou de luxe (vue imprenable, isolements privilégiés...)

le logement des chassés ou fugitif de domicile

L’urgence concerne donc ceux qui ont perdu un abri parce qu’il a été détruit, ou parce qu’ils ont été chassés du leur. Parmi ce dernier cas, la perte du refuge est possible soit par l’expulsion d’un même toit initialement partagé, soit par l’occupation des lieux par un étranger à l’abri qui en chasse l’habitant précédant. Il faut noter au passage que si la deuxième loi de Hôdo était en application, chacun, même dans un foyer, aurait son espace hôdon. C’est loin d’être une généralité.

Dans le projet Hôdo à quoi serviraient des abris éphémères ? Il n’est pas possible de dire « vous avez un abri pour x temps », puis « dehors ! » encore une fois. Il faut donc absolument trouver ou créer un nouvel abri pendant cette période transitoire qui doit être transparente pour ne pas plonger la victime dans le doute ou lui donner l’impression que la sortie du tunnel ne fait que reculer ce qui ne peut qu’accroître le non-espoir en un futur quelconque. Il faudrait pouvoir dire : « Là, vous aurez quelque chose qui est en train de se monter », un peu comme lorsqu’on achète sur plan. L’abri minimum temporaire dans ce cas pourrait être dans le style d’une chambre d’hôtel avec au moins un point d’eau à proximité, mais pas moins.

Les deux premières choses qui s’observent de toute manière en général sont le manque de structures et de moyens d’accueil. Les États se montrent impuissants à résoudre les problèmes par manque de projection dans le futur ou par simple impuissance, personne n’étant capable de fournir un travail quasi instantané.

En fait, ce sont souvent les organismes privés et indépendants qui prennent le relai et semblent au plus près de la réalité.

En plus, il y a la plupart du temps un grand problème de communication. En effet, le sans-abri se retrouve rapidement hors contexte et donc seul face à ses problèmes. Or, ce n’est pas en « stress » que l’on réfléchit le mieux pour se sortir d’un problème. Là, il n’y a en fait qu’une seule parade efficace : une éducation préventive, complètement négligée dans l’éducation traditionnelle qui n’enseigne même pas les éléments minimums du secourisme ni l’existence de recommandations de sécurité. Ce n’est pas devant le blessé qu’on peut apprendre les bonnes attitudes et les premiers gestes de secourisme ni devant l’incendie encore maîtrisable qu’on découvre l’usage des extincteurs. Même si tout le monde ne sait pas faire un massage cardiaque tout le monde devrait être à même de savoir reconnaître quand une difficulté frappe quelqu’un, savoir lui prodiguer les premiers conseils ou alerter les personnes compétentes. Ce type d’aide pourrait être signalé dans les endroits les plus fréquentés comme les centres d’alimentation et pas seulement les dispensaires et relayé par des centres de police ou de mairies de quartiers.

Puisque le flux de sans-domiciles est régulier, comme celui dû aux accidents familiaux et sociaux qui émaille une société non hôdonne, des structures d’accueil peuvent être construites en dur pour répondre à un besoin permanent au moins pendant une période de mise en place de la deuxième loi de Hôdo, ce qui peut s’avérer assez long. Cela requiert de l’espace, du temps, de diverses ressources et surtout d’humains au service d’autrui. Ces derniers ont besoin de vivre aussi, c’est une autre des raisons qui font que la notion de revenu minimum pour tout le monde fait partie du projet Hôdo. Il n’est pas normal de ne pas subvenir aux bénévoles.

La solution du recyclage des anciens bâtiments ayant perdu leur fonction d’origine semble le plus facile à réaliser en peu de temps, car l’infrastructure et le gros œuvre sont déjà en place. L’utilisation de technologies modernes associée au télétravail et au transport permettrait de se libérer de l’attraction des grandes métropoles censées offrir plus de confort, plus d’activité.

Comme il a été annoncé, le projet Hôdo tenterait de minimiser les interventions d’un État qui se mêlerait de chaque instant de la vie des gens, par contre, il pourrait administrer les ressources de terrains disponibles ou non. Recenser les terrains tombés en désuétude pourrait faire partie de l’une de ses attributions. Il pourrait ainsi renseigner les organismes qui travaillent sur la question des lieux et des sites qui peuvent être adaptés et réaménagés. Ce sont les seules réponses possibles actuellement à toute situation d’urgence. Mais, en parallèle, il existe une voie très souvent inexplorée, voire reléguée avec un certain dédain ou une certaine méfiance : le logement du nomade.

le logement nomade

Nos sociétés et nos villes se sont construites avec des êtres vivants qui à l’origine ne connaissaient pas ces concentrations. Ils n’avaient aucune limite d’expansion, et l’humanité ne reste pas toujours au même endroit, même les sédentaires urbains. Certains ont la bougeotte comme les vacanciers avides de liberté ou de nouveaux horizons, comme ceux qui fuient la cité religieusement en fin de semaine… d’autres déménagent pour leur travail, et parmi eux, certains ne se fixent jamais comme les nomades. On prévoit pour les premiers une place pour les touristes, car ils sont « rentables » et on pense moins aux ambulants comme si le fait de ne pas être sédentaire était une sorte de tare. Pourtant, dans l’esprit Hôdo, les nomades ont droit à leur abri, sauf qu’ils voyagent avec les leurs.

Puisqu’on est capable de réserver des aires pour quelques semaines pour les campeurs touristes, il devrait être possible d’avoir des aires pour les nomades, lesquelles aires pourraient servir aussi pour absorber un brusque trop-plein de sans refuges. Ces espaces pourraient être mutualisés et convenir par exemple d’un agenda entre les différents intéressés pour une occupation optimisée des lieux. Construire de grands chapiteaux est précisément l’une des qualités professionnelles de certains forains.

Mais encore une fois, c’est aux communautés de déterminer l’usage et la transformation de terrain et non à l’État qui s’assurerait uniquement du respect de l’écologie, car cette vision est à grande échelle.

De même, quant à la convivialité, c’est encore une fois aux communautés de déterminer et de faire respecter les règles de bons voisinages. L’État n’aurait qu’un rôle de modérateur car il aurait un certain recul devant les émotions et les ressentis des populations. Le problème de la mixité est compliqué, mais personne n’a le droit de prétendre détenir une vérité et de l’imposer comme étant La Vérité. La mixité, ou la mutualisation de l’espace, mérite une analyse en soi, surtout sur le plan des réalisations synergiques, voire cybernétiques, et non sur des considérations morales qui ne sont que la représentation idéales, idéalisées, et donc idéologiques, des Dominants.

l’accueil de réfugiés

Il y a plusieurs sortes de réfugiés. En général, il y a ceux qui cherchent à rejoindre le territoire, la ville, le pays… le plus proche possible non seulement pour ne pas parcourir de grandes distances mais aussi pour ne pas être éloigné du lieu d’origine qu’ils comptent réinvestir dès que l’opportunité se représentera. D’autres font leurs adieux quasi définitifs à leur berceau et s’aventurent parfois très loin en quête d’un site pour y reconstruire une nouvelle vie.

Il y a aussi des comportements différents : ceux qui coloniseront un nouvel endroit selon leurs traditions, ceux qui cherchent à se fondre dans la population d’accueil espérant une discrète intégration provisoire ou non. Ces derniers de toute manière ne pourront pas plus que les premiers effacer les fondements de leur personnalité pendant probablement deux générations.

S’il n’est pas possible de généraliser les comportements des réfugiés, ils ont néanmoins tous un point commun qui les distingue des autres migrants : la perte plus ou moins définitive d’un abri qu’il faut reconstruire au plus vite.

Dans tous les cas de figure, l’absorption des pics est difficile par surcroît de travail, de dépenses, d’activités…, alors même que l’absorption des flux « normaux » internes est souvent insuffisante, voire débordée, non seulement après une catastrophe naturelle, mais déjà pour les exclus de la société qui sont, hélas, des situations courantes.

Qu’il s’agisse d’un réfugié qui vient de la ville voisine inondée, d’un peu plus loin évacuant une cité rasée par un tremblement, ou encore plus loin à cause des irradiations d’une explosion atomique ou d’un accident nucléaire, voire au-delà des frontières suite aux disettes, aux guerres, aux génocides… souvent les citoyens restent démunis malgré les exhortations des bons Princes. Même si ces bons sujets offraient leur jardin quand ils en ont, leur aide serait dérisoire. En effet, si un logement était rapidement fourni, cela reste insuffisant, car comme nous le disions au début concernant l’abri « complet » celui-ci inclut en plus du refuge, il ne faut jamais oublier, l’environnement vital. Toute personne doit être introduite dans un milieu de vie, pas seulement dans une tente, ni même dans une chambre confortable d’hôtel. Cela alourdit donc la complexité de la tâche de l’accueil.

Dans tous les cas, le problème majeur est l’absorption de pics, et c’est vrai dans absolument toutes les circonstances de la vie courante d’un individu ou d’un groupe.

Que fait la nature dans ce cas ? L’être vivant bascule en mode « stress ». Ce processus va orienter toutes les ressources de l’organisme vers les « zones » utiles provoquant selon le cas fièvre, pâleurs, rougeurs, tétanie, fuite éperdue, agressivité colérique… L’organisme passe en mode défense avec rejet plus ou moins violent, plus ou moins extériorisé. Lorsque ce phénomène se déclenche, il ne peut durer que peu de temps, car il se réalise aux dépens d’autres activités normales provoquant par exemple la suspension de certaines fonctions digestives. Or, la plupart des animaux sont en mode « activité moyenne », ne requérant pas un effort particulier : broutage, sieste… Ils sont capables de rapidement accélérer leur activité pour fuir une menace, comme un incendie, un prédateur, qui lui-même ne s’éternisera pas dans son attaque, préférant abandonner une proie peu aisée. Mais l’homme, contraint dans un univers de productivité à rentabilité maximum, au sens économique du terme, n’a souvent plus beaucoup de réserves disponibles. Il est déjà souvent au taquet, aux limites de ses capacités. Il aurait fallu pour cela apprendre à gérer le repos non seulement comme un droit individuel à l’abri et à se ressourcer, mais aussi comme une réserve disponible en cas de nécessité pour donner un coup de fouet.

Comme Hôdo ne ferait pas de lois (nombre d’heures de travail, congés, etc.), il ne pourrait encore une fois que se limiter à donner des recommandations, lesquelles seraient établies de manière pluridisciplinaire par des gens de métiers concernés tant par la logistique que par la biologie. Il existe déjà beaucoup d’enseignements, de coaching, quant à la gestion du temps. Ce savoir ne devrait pas être réservé aux Dominants. Il faudrait même l’enseigner très tôt dans la vie et être utilisable à bon escient déjà au cours des études tant professionnelles que socioculturelles.

Le second problème est celui de l’emplacement temporaire qui devrait permettre d’absorber les pics. L’organisme de nombreux êtres vivants est capable de stocker momentanément la nourriture en ingestion, les rejets de déchets, les toxines… mais il ne peut en aucun cas vivre longtemps sans mettre à jour ces stocks. Certains de ceux-ci sont par contre très dilués, transportés dans le sang ou la sève et répartis dans tout l’organisme, ce qui nous fait penser que l’hébergement nomade est aussi une solution.

L’hébergement nomade est déjà très utilisé non seulement par les forains, les Gitans… mais aussi par les voyageurs touristiques ou professionnels, et une espèce tout à fait quotidienne : les véhicules. Combien de places de stationnement peuvent monopoliser les voitures, et d’autres moyens de transport sans pour autant réellement l’occuper ?

La solution pour l’hébergement de secours de masse doit probablement se trouver dans les systèmes de partages par allocation temporaire, incluant les espaces dédiés au déplacement. En plus des espaces d’activités publiques temporaires, comme ceux pour les expositions, le mobile-home peut venir compléter l’arsenal de dépannage tout en se rappelant qu’il ne s’agit que d’un abri provisoire en attendant de trouver un espace de longue durée. Cela permettrait de désengorger rapidement les lieux d’arrivée, d’éviter l’agglutination dans des lieux inadaptés à l’accueil même éphémère et offrirait une opportunité d’absorption, exactement comme les aliments répartis dans l’organisme. Il faut rappeler que les techniques d’abris mobiles sont aussi bien exploitées par les gens des travaux publics et par l’armée. Il y a donc là un savoir-faire à développer et à mettre à profit.

Concrètement, il serait possible d’absorber de manière diluée un grand nombre de réfugiés à condition qu’il n’y ait pas d’engorgements créant des « camps » ou des tribus. Le fait d’être dilué proportionnellement à la taille de la communauté accueillante permettrait une meilleure gestion logistique, et dans la foulée une intégration plus sereine car à dimensions humaines, ce qui ne requière pas encore une fois d’une intervention d’un État. Il serait sage que chaque grande communauté se garde une « dîme » de l’occupation de ses sols qui serait laissée en « jachère » en prévision des urgences, quelles qu’elles soient.

Les structures peuvent être spontanées pour de toutes petites augmentations de population, préparées et organisées pour des flux comme celles des vacanciers. Mais lorsque le flux devient très important et qu’il doit s’accompagner de structures complètes, cela peut revenir à construire des quartiers voire des villages, ce qui ne se fait pas à coup de baguettes magiques. De plus, il faut rappeler ici que cela à un impact social supplémentaire. Il faut rappeler que l’hébergement d’une personne fait intervenir d’une part un abri physique qui doit bien être construit à un moment donné et d’une structure sociale. Comme il a été dit plus tôt dans ce qui pourrait ressembler à un compte d’apothicaire, il faut au moins un champ de un hectare pour alimenter une dizaine de personnes, non seulement en légumes, mais par voie de conséquence, en boulangerie, donc en minoterie, etc.

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