Hôdo, président!

 

Un article de Livingstone.

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Hôdo est le nom d’un projet politique, et non d’un parti, qui veut s’appuyer sur l’objectivité factuelle analysée avec une méthodologie scientifique. L’esprit de la méthode ne doit pas être confondu avec «vérité scientifique», car cette dernière est toujours en évolution. Les scientifiques eux-mêmes sont des humains susceptibles de se tromper et ceux qu’ils veulent prendre la science en otage risquent d’être aussi fanatiques que ceux qu’ils combattent.

Hôdo n’est ni à gauche ni à droite. C’est un concept de société qui prône la «voie du milieu». Pour Hôdo, la gauche et la droite sont comme le frein et l’accélérateur d’un véhicule: on ne peut supprimer une action ou l’autre ni appuyer sur les deux simultanément longtemps. C’est à chaque instant qu’il faut choisir la réponse la plus adaptée à une situation donnée. C’est à chaque instant qu’il faut utiliser l’intelligence pour peser et extrapoler un choix, et à l’honnêteté pour en observer les conséquences imprévisibles. Les alternances politiques ne peuvent pas répondre aux urgences qui demandent de changer une situation courante.

Hôdo est «acratique», ce qui le rend peu «démocrate à la républicaine». L’acratie est une forme de gestion de la vie en commun qui s’organise de bas en haut, et non une gouvernance qui s’impose du sommet vers la base. Néanmoins, l’acratie ne rejette pas la hiérarchie fonctionnelle indispensable pour mener à bien la plupart des projets.

Hôdo ne propose que deux lois fondamentales et une «règle technique» de synergie, plus éventuellement deux consignes pour s’adapter aux règles de n’importe quelle association. En effet, la charte de Hôdo peut être complétée par au plus cinq lois destinées à l’adapter aux coutumes et traditions d’une association quelconque. En aucun cas, elle ne devrait contenir plus de 10 articles.

Sommaire

1re loi : le respect de toute forme d’intelligence 

C’est un devoir plus qu’un dû.

Respect entre humains 

Ne pas juger et encore moins condamner selon des coutumes, des traditions et des convictions d’origines diverses. Chacun a sa vérité et ne connaît qu’elle. L’une des règles principales de l’éducation humaine est d’enseigner dès le plus jeune âge les outils pour acquérir cette notion, par exemple en apprenant à maîtriser du langage non violent.

Ne pas effacer les différences sous prétexte d’égalité : toute différence est source de créativité. Il ne faut ni valoriser ni déprécier selon l’origine ou la nature biologique, ni en fonction des us et coutumes qui rassemblent des populations, ni sur les aléas de la vie qui peuvent modifier, voire handicaper, une personne.

Le respect doit se manifester par le devoir de laisser autrui le droit de s’exprimer et d’expliquer sa vérité sans crainte d’être jugé et condamné. Si une synergie est impossible à un moment donné, si les comportements sont incompatibles, ils seront traités en respectant les seconde et troisième lois. Même un ennemi, et toute personne hostile en général, doit être respecté. Cela ne veut pas dire que l’on doive se soumettre à leur volonté. Selon la seconde loi de Hôdo, toute menace doit être écartée, toute attaque mérite une défense, voire une riposte, mais tout conflit doit commencer avec la ferme volonté de préparer une issue sereine et pacifique, non un écrasement définitif.

Le respect de l’intelligence prime le respect de la vie. Le droit à la fin de vie dans le respect de cette intelligence doit être respecté.

Respect aux non humains 

La nature ne doit pas être considérée comme un supermarché de choses inertes et consommables. Les êtres évolués doivent être d’autant plus respectés qu’ils sont communicants et sensibles à la souffrance.

2e loi : le droit à l’évitement, à l’abri, au « chez-soi »

Respecter autrui et vivre en synergie requiert la possibilité de fuir un contexte lorsque l’effort devient épuisant et de se ressourcer à l’abri de toute sollicitation.

Chaque humain devrait avoir son « chez-soi » et personne ne devrait y être maintenu emprisonné. Il doit être libre de s’y réfugier seul et d’en sortir à sa guise.


Un être humain évolue dans plusieurs espaces sociaux. Pour simplifier et ne pas rentrer dans les innombrables spécificités liées à la vie de chacun, il ne faut considérer que trois sphères :

la sphère intime dans laquelle l’humain veut se couper du reste du monde et ne partager son jardin secret qu’avec un nombre réduit d’« intimes ». Cet espace est son abri, son refuge ; toute intrusion, même indirecte comme le bruit, les lumières, y est plus ou moins fortement ressentie comme une agression et un viol d’intimité. Ce « chez-soi » doit permettre non seulement d’y vivre en sécurité, mais aussi en toute sérénité ce qui implique un minimum de confort personnalisable et d’environnement rassurant.

À l’opposé, la sphère de liberté permet à chacun de se projeter au-delà de toute contrainte, sociale ou physique ; du point de vue urbaniste, cela impose le respect de certains espaces non construits et peu peuplés comme les espaces verts, aménagés ou non.

Entre les deux, la sphère sociale est celle ou l’humain évolue pour vivre et faire vivre. Cette sphère est contraignante par ses règles de vie en communauté, d’où la nécessité des deux autres, afin d’assurer le droit à l’évitement. Cette sphère est la trame sociale d’une ethnie nationale.

La politique hôdonne se doit de respecter et de faire respecter les deux sphères, d’intimité et de liberté. Elle doit aussi contribuer au bon fonctionnement de la sphère sociale, garante des deux autres.

Conséquences politiques

Ces lois orientent tous les autres choix et imposent la sortie de tous les systèmes économiques dominants et spéculatifs par l’usage d’une unité monétaire internationale reconnue dans le système international d’unités SI. Sans cette monnaie, il sera impossible de viser à un commerce équitable sur toute la planète, un revenu universel et à la notion de coût écologique. Il sera donc proposé une étude sur le sujet aux différentes institutions scientifiques et bureaux des mesures, nationaux et internationaux. Il faudra sans doute attendre longtemps pour en voir la réalisation, donc il faut prévoir une phase de transition pour d’une part répondre aux urgences nationales et d’autre part oser être une vitrine internationale.

En phase transitoire, un statut spécial sera demandé à la communauté européenne pour ne pas briser irréversiblement les ponts, mais prendre une relative indépendance expérimentale reconductible. En effet, un revenu minimal sera proposé à toute personne résidant en France sans revenus extérieurs ni transferts de ce revenu vers l’extérieur, donc cette période requerra une indépendance de gestion des ressources du pays. Il faut rappeler que dans l’esprit hôdon, le revenu universel est le revenu « énergétique » offert par la nature à l’humain qui ne peut en profiter librement dans l’urbanisme actuel.

Pour minimiser les fuites « économiques » et les spéculations qui en découleraient, une partie, voire la totalité, de ce revenu sera donc fournie en biens immobiliers et en services :

Ces services sont répartis en deux grands groupes :

  • Le bien-être : les soins de santé dont la sécurité sociale, la retraite et les phases de repos physiques et/ou intellectuels, tous les secours et toutes les protections.
  • L’intelligence : l’enseignement et le partage des connaissances, dont la recherche et les services civiques nationaux associés à un apprentissage (service d’initiation, d’insertion et de réinsertion)


L’activité socioprofessionnelle appartient aux deux groupes, car elle est vue comme un bien-être et une source d’échange de connaissances. Toute personne apte à fournir un travail devrait pouvoir œuvrer dans un domaine qui correspond à sa personnalité et ses compétences acquises. Toute recherche d’emploi devrait être accompagnée par une activité civique à horaire souple pour permettre les déplacements, les entretiens et les autres tâches administratives qu’impose le changement de statut. Une formation complémentaire dans ce temps d’activité civique.

Tout organisme requiert pour ses membres une mutualisation pour faire grandir en bien-être l’organisme. Les bénéfices de cette mutualisation doit se reverser sur l’ensemble des membres du dit organisme. Comment faire, surtout pendant une période transitoire sans doute longue vers le revenu universel, lui-même étape vers un revenu universel planétaire ?

Impôt et taxe

Actuellement, deux méthodes sont utilisées pour créer et maintenir certaines fonctions : l’imposition et la taxe.

L’imposition est perverse dans l’esprit hôdon, car il touche indistinctement les revenus du travail actif et ceux de la fructification passive. Cela peut induire une double imposition invisible. De plus, seul le travail actif peut difficilement passer inaperçu. Les règles de calculs sont si complexes que cela permet d’utiliser des moyens de contournement pour réduire l’imposition, mais s’y retrouver dans ce dédale demande une certaine compréhension experte qui n’est pas à la portée de la majorité, c’est-à-dire les classes dites moyennes, modestes et pauvres. Il en résulte un sentiment d’injustice.

Les taxes sur l’achat semblent plus efficaces et plus « visibles », car elles se payent généralement en temps réel.

Ce qui semble pernicieux et donc injuste est la double mode d’imposition. Un seul système serait plus sain, et la taxation pourrait être plus juste et plus supportable à condition de ne pas taxer les besoins de première nécessité, précisément pour compenser l’absence de revenu universel. Dans cette optique, la taxe n’est pas un impôt sur la production d’un service ou d’un bien, mais un impôt sur le capital de l’acheteur qui se manifeste lors de l’achat. Une personne qui achète un bien mille fois plus cher qu’une autre le ferait, est supposée avoir mille fois plus de capital, au moins disponible pour ce bien.

Il y aurait pour cela trois types de taxations :

  • la taxe nulle pour les services minimums ;
  • une taxe « normale » unique et identique pour tous les autres services reçus/donnés et biens achetés/vendus ;
  • une taxe supplémentaire sur les produits menaçant l’équivalent local.


Ces trois taxations, leur taux et leur domaine d’application, seraient évaluées par des organismes contradictoires et indépendants de l’État, ce qui doit être aisément vérifiable par quiconque.

Une autre source de revenus doit être aussi envisagée afin de diminuer au maximum la taxation qui n’est qu’un palliatif. Il s’agirait de réinstaurer toute une série de services publics rentables qui ont été détricotés par l’Europe, d’où la nécessité réitérée de prendre du recul par rapport à certaines règles européennes. Ces services au lieu d’avoir été éliminés auraient pu au contraire devenir européens. Peut-être un jour, mais maintenant l’urgence impose une autre priorité.

La fonction publique

L’intérêt pour ces services ne se limite pas à devenir une source de revenus, car ils permettent de nombreuses actions d’utilité publique :

  • Poids international dans les normalisations pour défendre les intérêts nationaux et les entreprises indépendantes locales.
  • Réactivité en cas de nécessité locale : par exemple, une entreprise de travaux publique nationale ou d’état pourrait se donner des priorités d’intervention non commerciales pour des constructions d’urgences lors d’une catastrophe. Et parmi les urgences, il y a celle du chômage qui est récurrente.
  • Présence équitable sur le territoire, pour éviter les zones délaissées par les services communs.


Les ressources de l’ensemble de ces services (« de l’ensemble », car certains seront déficitaires, ne fut-ce que la santé, l’enseignement, la recherche et les secours) devront alimenter l’ensemble des services et donc devront être rentables.

Dans cette optique, le fonctionnariat prendra un nouveau visage :

  • Il sera un foyer de très haute qualité professionnelle pouvant vendre leurs expertises à des organismes privés ou étrangers ;
  • En même temps, grâce à son excellence, il sera école d’excellence pour les populations désireuses de se perfectionner dans un art sans être soumis au carriérisme ;
  • Par la même occasion, il accueillera les citoyens sans activités rémunérées pour éliminer le chômage et les réorienter professionnellement si nécessaire. En les intégrant en son propre sein pour leur offrir une activité tout en rendant service à la nation il leur conserve un statut de citoyens actifs et coresponsables. Cette période peut soit les préparer à une reprise d’activité privée, soit leur fournir une activité répondant à leurs souhaits et leur permettant d’en vivre. Pour cela, le travail à domicile serait aussi possible. L’ensemble de ces activités pourrait faire partie d’un service civique « obligatoire », dans le même état d’esprit que l’internat d’hôpitaux pour les médecins.


Les spécificités conduisent les membres qui les partagent à se rassembler pour optimiser certaines actions, mais ses services doivent recouvrir l’ensemble du territoire. On peut comparer la « fonction publique » au sang et à la lymphe qui entretiennent cet organisme ainsi qu’au système nerveux qui recueille et distribue les informations utiles à la prise de décision et à la réalisation des tâches.

Un tel organisme peut être sujet de nombreuses affections internes et externes, donc il intégrera à l’instar du système immunitaire ou des griffes des protections pour résorber les agressions internes ou externes.

La résolution des conflits

Selon la loi première de Hôdo, le respect dû à toute intelligence doit être universel. Or chacun croit en sa vérité, et chacun est en droit de demander ce respect. Cela ne pose aucun problème tant qu’il n’y a pas partage concurrentiel de ressources, qu’elles soient physiques ou psychiques. Quelle attitude prendre dans ce cas ?

Tout d’abord, cela a une conséquence directe sur l’application de la deuxième loi, le droit à l’abri qui est, il faut insister, autant psychique que physique. Il est impossible d’avoir une loi purement humaniste, car derrière toute transaction, la loi du plus fort l’emporte implicitement ou non. Quand cette force doit être manifeste dans les regroupements civilisés, elle est attribuée à un service d’ordre qui sera la « force » qui épaulera la « justice », celle-ci déterminant comment départager les différentes « vérités » mises en jeu par les protagonistes. Ces « vérités », la plupart du temps, seront elles-mêmes des héritages du passé, gagnés par une force antérieure, quelle qu’elle fût : armée, chantage, manipulation...

La justice

Cette justice n’est donc pas elle-même « Vérité », mais une sorte de contrat adaptable selon l’évolution de la société. Toute personne qui s’oppose à ce contrat devient par définition un « hors-la-loi ». La seule manière pour un contestataire de modifier une loi qui ne lui conviendrait pas sans passer par une révolte plus ou moins violente est de rester « loyal » au contrat et de le changer de l’intérieur en utilisant la troisième loi de Hôdo : le consensus ou le hasard.

La justice assistée par la police aura deux fonctions pour se conformer à l’esprit hôdon : empêcher une action ou forcer une remise en question, notions qu’il vaut mieux opposer à celle de la punition. Le but en effet n’est pas de se venger, même pas d’éduquer, mais d’enseigner, certes avec une certaine contrainte parfois pour écouter.

La « punition » ne devrait jamais être autre chose que l’enseignement de la souffrance de l’autre et la réparation, autant que possible, des dégâts. Elle devrait faire partie du processus pédagogique et d’expériences partagées. Ce qui est utile est d’essayer de grandir ensemble, non de détruire tant qu’il n’y a pas de menace mortelle. Autant la force devrait être confiée à ceux qui savent la maîtriser, autant la réparation par la communication requiert une certaine expertise toujours à la lumière des découvertes scientifiques du fonctionnement de l’intelligence. L’art de la pédagogie est un art complexe qui ne s’improvise pas.

Il n’est pas possible de forcer l’apprentissage à celui qui n’en veut pas écouter du tout. Dans ce cas, c’est comme si la personne se renfermait dans un coma cognitif que seule la « gifle » peut réveiller. Mais une gifle, ce n’est pas un coup de poing létal ! Ce n’est pas un affrontement, le but est de secouer pour passer à l’opération suivante, le dialogue. Et là non plus, il ne faut pas que le dialogue soit un coup de poing, une sorte de « consensus » à sens unique : « si tu n’es pas d’accord avec moi, tu le regretteras ! » Le dialogue, s’il a déplacé le combat physique par le psychique en usant de mots en guise d’armes, n’est pas non plus la solution, car la soumission appelle tôt ou tard à la révolte.

De plus, cette justice devrait avoir une ingérence minimum dans la vie privée des citoyens afin de respecter la notion de refuge qui inclut celle de « jardin secret ». La justice se contente de mettre par écrit les contrats que les citoyens demandent au fur et à mesure du développement de l’intelligence collective. Ce n’est pas l’État qui impose, mais la justice qui est à l’écoute tout au long de ses activités diverses avec les citoyens. La justice est au service uniquement de la société et indépendamment des gouvernants.

Enfin, toute « loi » devrait contenir en elle une close de fin ou de rupture de contrat, car aucune vérité n’est éternelle. Dans cette optique, toutes les lois seront révisées et comparées aux « valeurs » actualisées de la société tout en respectant obligatoirement les deux lois fondamentales de Hôdo. Ce processus sera renouvelé tous les ans.

La protection de l’abri (sphère intime)

En attendant, la seconde loi de Hôdo, puisqu’elle affirme que chacun a droit à un refuge physique et psychique, personne n’a le droit de chasser quelqu’un d’un abri. De même, il ne serait autorisé d’envahir ni de rendre invivable un refuge mental et physique par quelque moyen que ce soit. Donc la justice hôdonne devrait toujours être rendue en fonction de cet impératif.

Si l’espace a été illégalement occupé, la victime doit être indemnisée, car la notion de propriété privée, acquise ou louée participe à l’environnement du refuge d’une personne.

Il semble sage de limiter ce règlement aux contemporains, la vengeance, surtout par procuration, ne faisant pas partie des comportements hôdons.

L’abri étant un dû, il faut dans tous les cas être à même de loger toutes personnes n’ayant pas encore ou ayant perdu son refuge. La gestion des priorités doit être approuvée de manière consensuelle pour ne pas engendrer des envies, des jalousies, ou tout simplement déshabiller Pierre pour habiller Paul. De plus, un refuge s’inscrit dans un environnement qui doit être en mesure d’accueillir le nouveau venu avec des ressources humaines et matérielles suffisantes pour y vivre décemment. Il ne faut pas confondre entre refuge provisoire et logement de longue durée.

Intérieur (ensemble des sphères)

Un immeuble résidentiel, une résidence, un quartier, une région, une nation sont des refuges, chacun étant un ensemble de sous refuges. La nation est censée établir et maintenir des institutions politiques communes pour une population vivant à l’intérieur d’un territoire donné, y partageant une même culture forgée par une même histoire partagée et un même groupe de langues véhiculaires. Cette culture constitue la trame de l’intelligence et du comportement collectif indispensable à assurer un maintien de sérénité pour protéger le refuge et la vie physique et psychique de chacun. Il ne s’agit pas d’une « vérité » en soi, mais d’un liant qui s’adapte lentement en fonction de l’acquisition de nouvelles ressources et connaissances.

Pour maintenir ce « liant », toute personne sur le territoire français, même en transit, est soumise de manière égalitaire à ses règles sans distinctions aucunes. Ces règles sont censées respecter les deux lois fondamentales de Hôdo. Si tel n’est pas le cas, ces règles qui ont été élaborées par le peuple au cours de son histoire devront être remplacées, voire supprimées. Quant aux autres, même imparfaites, néanmoins perfectibles, elles sont des contrats auxquels souscrivent tous les nouveaux habitants à l’instar des anciens.

Le respect des traditions et des coutumes françaises sera obligatoire pour tout long séjour. Cela commence par l’acquisition de la langue parlée. Toute personne qui adhère à cet état d’esprit est de fait française, indépendamment de ses origines. Néanmoins, les modes de vies variant d’une région à une autre, d’une époque à une autre, et n’étant pas nécessairement écrites, ni officiellement enseignés, il sera souvent difficile de déterminer où et comment apparaît un malaise qui peut dégénérer en conflit. Souvent, seul le ressenti peut servir d’« alarme ». Une alarme n’a aucune valeur « morale », mais ne pas en tenir compte contrevient à la première loi de Hôdo.

Les ressources nationales n’étant ni inépuisables ni disponibles à tout instant dans un bref délai, il faudra instaurer trois types de droits de séjours avec leur visa adéquat.

Le séjour touristique ou de transit ne requerrait pas de visa, la durée de séjour est inférieure à un an. Pendant cette période, seuls les secours de première nécessité seront accordés, mais non les autres droits liés à la citoyenneté. La personne devra obligatoirement avoir un visa de séjour long avant l’expiration du droit de visite pour rester plus longtemps sinon il sera reconduit dans son pays d’origine ou par défaut dans le pays de son dernier transit.

Le visa longue durée devrait être renouvelable annuellement. Il accorde les droits français pendant cette période. S’il n’est pas renouvelé, la personne bascule dans la situation de séjour de transit.

Le nombre de visas de séjour de longue durée serait probablement limité et adapté en fonction des ressources de l’État. Il s’en suit que l’attribution répondrait à des priorités. Les étudiants, les réfugiés reconnus et les possesseurs d’un contrat d’activité auraient la priorité.

Après plusieurs visas de longue durée, il sera possible de postuler à obtenir la nationalité. Celle-ci sera obligatoirement présentée par un groupe de parrainage qui évaluera la validité de la requête.

Communautarisme et mixité

« Qui se ressemble s’assemble » dit-on, et c’est vrai en toute circonstance, partout sur la planète et à toute époque. Les populations ont tendance à regrouper ceux qui partagent le même « refuge » psychique dont les fondations reposent sur un « langage maternel ». Ce langage n’est pas qu’une langue parlée, c’est aussi, et peut-être surtout, un ensemble de comportement et de mimiques associés à une culture, à des croyances, à des « complexes » psychiques inconsciemment hérités en même temps que d’autres formatages éducatifs. Le communautarisme selon les deux lois de Hôdo n’est donc pas nécessairement condamnable : il est le besoin de se sentir à l’aise dans un environnement non hostile ou du moins compréhensif (2e loi) dans lequel l’intelligence s’est formée (1re loi).

Par contre, le risque dans un État-nation est la transformation d’une communauté physiquement localisée en ghetto.

Il existe deux notions de ghetto : celle qui refuse la cohabitation avec le reste de la population et celle qui est un confinement forcé, une prison. La seconde notion est incompatible avec la deuxième loi qui dit que chacun a droit à un refuge, mais pas une prison, car la notion d’évitement et de fuite n’est pas respectée.

La première est plus délicate. En effet, autant la notion de « réserve » pourrait être comprise si telle était la volonté de chacun, autant un État dans l’État peut devenir une source de conflits pouvant se solder en une forme d’« emprisonnement ». Le rassemblement communautaire s’accompagne souvent d’une prise de possession d’un espace déjà occupé en tant que refuge. Si les anciens habitants sont poussés dehors s’ils ne soumettent pas à la nouvelle forme de pensée qui s’installe, la deuxième loi de Hôdo est violée. Autant il est enrichissant pour tous qu’une communauté ajoute son intelligence à celle qui préexiste, autant il est dommageable d’effacer cette dernière en vertu de la première loi de Hôdo.

L’une des parades imaginées pour éviter le problème de la création de « quartiers fermés » serait la mixité sociale, mais il est à craindre que cette solution soit inefficace, car ce n’est pas le mélange de proximité qui résout les problèmes comportementaux qui sont la source des conflits. En effet, le comportement est « le » problème, car ce qui est anodin, voire bénéfique, pour l’un peut être malvenu, voire agressif, pour l’autre. Selon la première loi de Hôdo, personne n’a ni tort ni raison. Le seul critère qui peut donner du poids à un comportement plus qu’à un autre est l’antériorité du domaine occupé, conséquence de la deuxième loi. La difficulté réside essentiellement dans la communication et cette dernière doit être constructive et non conflictuelle. Or il y a un endroit où la communication est synergique : ce sont tous les lieux d’activités, qu’ils soient professionnels ou non, rémunérés ou bénévoles. Il vaut donc mieux privilégier les activités menées en communs que les logements en communs.

Laïcité

Agir ensemble impose souvent une relative homogénéité comportementale, car pour créer ensemble, il faut un certain protocole, un même langage, un certain jeu de normes qui permettent les échanges. Or les protocoles, les normes, les modus vivendi sont fortement influencés par les convictions acquises au cours de la vie, convictions de tout type : scientifiques, philosophiques, religieuses, politiques. Ces modes de pensées peuvent rentrer en conflit pour la raison qui mène le monde, la domination avec ses « certitudes », ses « vérités uniques », et tout simplement pour le maintien des charpentes qui érigent notre personnalité.

La laïcité a été introduite pour privilégier le mode de domination basée sur la politique plutôt que sur celle des religions. La politique peut mieux s’adapter aux desiderata des dominants que les religions plus contraignantes, car on ne change pas de dieux à chaque mort du roi, chaque élection, chaque coup d’État.

La laïcité à l’origine n’était pas prévue pour des conflits interreligieux dans laquelle il faut ajouter comme religion, l’athéisme. Il s’en suit un flou qui laisse l’interprétation libre autour de la notion de prosélytisme ou propagande. Cette notion est d’autant plus floue que chacun essaie de propager ses idées pour étendre son champ de domination. Or la propagation d’idées concerne tous les acteurs de la vie sociale. Il faudrait donc étendre la notion de « laïcité » à celle de « neutralité » en général concernant toutes les propagandes, mais là, on risquerait de tomber dans le travers des censures, un autre outil de domination.

En outre, plus efficace que la propagande, la manipulation mentale qui érige les prisons dans la tête est encore plus néfaste, car non visible, donc difficilement controversable.

Le consensus ou le hasard

Pour pallier à tous ces risques, le projet Hôdo a prévu une loi en appui aux deux précédente : « le consensus ou le hasard ». Cette loi permettrait d’obtenir une neutralité « bienveillante », lors de tous les conflits comportementaux.

Le consensus serait la règle habituelle de tous les contrats. Dans un premier temps, elle tenterait de permettre aux différentes parties en question d’exposer et de défendre leurs conceptions. La présence de médiateurs indépendants ou équitablement représentatifs serait probablement incontournable pour atténuer les réactions purement émotives. Ensuite, un terrain neutre serait défini et serait suivi contractuellement, donc soumis à la justice et sa police.

Il arrivera sûrement des cas où le consensus sera lent à obtenir alors qu’il y ait urgence. Dans ce cas, il sera proposé que chaque élément du contrat n’obtenant pas de consensus stricto sensu soit aléatoirement accepté ou refusé. Cette attitude a pour but de rapidement avancer, permettre une période d’essai et ne pas soumettre le choix à la volonté du plus dominant escamotant ainsi toute émergence de nouvelles solutions.

La médiation

Souvent, les désaccords de cohabitation sont disproportionnés par rapport aux moyens d’interventions policières et juridiques normales. Les conflits peuvent facilement surgir même entre des gens « culturellement proches » pour ce qui peut parfois paraître pour des bagatelles du point de vue de ceux qui ne sont pas concernés par les gênes ressenties. Entre cultures différentes, d’origine ethnique, religieuse, voire de classes sociales, les sources de frictions peuvent être plus nombreuses.

Aussi, pour pallier à ces problèmes récurant dans le milieu hétérogène, il serait proposé la création de services de médiations à la fois en patrouille, comme la police circulant dans les villes, et une résidente, comme les dispensaires qui pourraient être par ailleurs, si possible localisée dans les lieux d’habitation. Pour cela, deux entités auraient cette mission : l’une serait associée à la fonction publique avec une formation adéquate, et l’autre, proche des serre-files ou des secouristes du travail, qui seraient des résidents bénévoles, disposant éventuellement d’un local dans un immeuble ou une résidence importante.

Police et gens d’arme

sIl y a des cas où la médiation n’est pas immédiatement possible, et les personnes en situation de conflits ou de danger sont obligées de recourir à plus fort qu’eux pour interrompre et maîtriser les agressivités.

La police n’a pas un but répressif, mais elle légalise et maîtrise l’usage de la force pour ramener une certaine sérénité permettant de revenir rapidement aux traitements des conflits par la discussion.

Dans l’esprit hôdon, sa mission est double :

protéger l’intelligence de chacun contre toute forme d’agression. D’une part, l’intelligence de chacun s’appuie sur la vie, d’autre part l’agression peut-être aussi bien psychique comme l’insulte publique ou physique comme la conduite dangereuse d’un véhicule.

Protéger le refuge de chacun : cela implique le refuge en soi, son contenu et son environnement. Toute personne doit pouvoir se sentir en sécurité et en liberté dans tout l’espace habité partagé par la communauté que constitue une nation.

L’armée quant à elle a la mission de protéger cette nation contre toute forme d’agression. Même en étant pacifiste et en se refusant toute ingérence, cet organisme est indispensable et doit être toujours prêt.

Cette préparation est très utile en temps de paix, car sa structure la rend efficace pour intervenir en cas de catastrophes. Cette notion de service dans les pires conditions pourrait servir d’école de citoyenneté.

Éducation

La clé de voûte pour gérer le conflit et pour améliorer le vivre ensemble réside dans l’enseignement qui en soi fait partie des objectifs de la première loi de Hôdo mettant en avant le respect de l’intelligence et donc son éveil.

Tout le monde semble être d’accord sur ce point, sauf qu’il y a de très nombreuses conceptions d’enseignements. Il faut tout d’abord distinguer les deux aspects de l’enseignement qui prépare dans tous les cas un humain à un certain futur dans un certain contexte.

L’une des missions de l’enseignement est celle de faire acquérir une certaine expertise dans un art, une technique, une science... Ce type d’enseignement est souvent sanctionné par des diplômes. Il est vain d’attendre que cet enseignement dispense d’un savoir de qualité correspondant aux nouveautés. En effet, lorsqu’un nouveau domaine d’expertise naît, seuls les pionniers découvrent le métier et seuls eux peuvent l’enseigner, parfois sans être pédagogue. Il faut un certain temps pour que s’installe un système éducatif qui « fabriquera » les spécialistes en question.

Cela peut être compensé si l’humain apprend à utiliser au mieux son intelligence. H. Laborit a décrit le type d’enseignement qui correspond à cet objectif :

Enseigner sans imposer, donner le goût de jouer à la vie, c’est-à-dire à comprendre puis à découvrir le monde, est sans doute le seul moyen de faire disparaître l’injustice sociale. Montrer les faits sans les déformer, sans leur adjoindre un jugement de valeur, les faits nus, non revêtus par l’épais manteau moralisateur, ne pas surtout présenter la solution temporaire adoptée par une société comme si cette solution était elle-même un fait, un fait indiscutable, alors qu’elle n’est que le camouflage du problème qui pourrait être résolu plus efficacement de façon différente.

Bien sûr, cela s’accompagnera de l’apprentissage de vivre ensemble, donc de la maîtrise d’un langage commun obéissant aux mêmes normes. Il faut rappeler que ces normes ne sont que des normes, et qu’elles englobent toutes les règles des non-dits et des protocoles de courtoisie dont il faut au moins signaler l’existence. Être factuel impose de ne jamais cacher la vipère sous l’oreiller.

Cela aussi s’accompagnera d’exercices pour stimuler l’intelligence et ses différentes composantes : mémoires, logique, créativité... sans viser à ne vanter que le côté « abstrait » de l’intelligence. Peut-être faut-il aussi inclure par la même occasion dans cet enseignement celui de s’occuper activement de l’autre : aperçu de secourisme, de réaction aux accidents, des conséquences de l’incivisme, etc. Enfin, l’apprentissage du langage non violent et d’autres techniques comme la gestion du temps, du stress et toutes les techniques permettant d’améliorer la qualité de vivre ensemble devront être enseignées.

Tous ces souhaits seront confiés à des pédagogues, des psychologues et évidemment des enseignants. Or il est rare que tous pensent de la même manière et il est même utile qu’il y ait des divergences. L’État se dégagerait donc de la main mise sur le contenu et le modèle pédagogiques de l’enseignement. Par contre, cet enseignement étant un devoir de l’État pour respecter toute forme d’intelligence serait soutenu par tous les moyens techniques possibles.

Même le « formatage » par une quelconque organisation ne serait pas interdit à la condition que les deux premières lois de Hôdo soient respectées, c’est-à-dire que toute personne est libre de sortir d’un contexte pour aller vers un autre sans intention de l’envahir.

La recherche et les normes

La recherche n’est l’apanage de personne ni d’aucun regroupement. Entreprises et particuliers investissent souvent dans la recherche pour améliorer leurs productions. Mais il existe trois domaines particuliers dans la recherche : celui qui n’est pas immédiatement rentable, en général la recherche fondamentale ; celui du bien-être collectif, incluant la santé physique et psychique, la sociologie et l’écologie associant les branches annexes telles que l’urbanisme, l’ergonomie... ; et un troisième, non directement relié à la recherche, mais très important pour faciliter l’échange des savoirs et des techniques : la métrologie et les normalisations.

La recherche fondamentale est un trésor du savoir de l’Humanité, et, en tant que telle, ne devrait avoir ni frontière ni limitation de budget. Elle est intrinsèquement liée à l’éducation. Mais à l’heure d’aujourd’hui, seul le « mécénat » d’État lui permet de vivre et de briller. Cette recherche s’inscrit dans la droite lignée du respect de l’intelligence, car elle l’ouvre vers une meilleure compréhension de l’univers.

Il en est légèrement différent pour la recherche du bien-être collectif qui peut intéresser certains organismes qui en vivent et donc qui peuvent contribuer à ce budget. Mais l’expérience montre qu’en général le bien-être ne motive que ceux qui en sont plus ou moins directement privés. Donc, même si l’entraide est mutualisée pour unir les efforts de soin il est indispensable de lui associer une notion de prévoyance, une technique connue des entreprises qui en vivent comme les assurances. Cette recherche s’inscrit aussi dans l’esprit de la première loi de Hôdo, car l’intelligence dépend de la qualité de vie qui la soutient, donc il semblerait que cette mission soit aussi dévolue à l’État, même si ce dernier partage ses compétences avec celles d’organismes privés.

Enfin, les normes ont un but essentiel : celui de pouvoir travailler en synergie et de permettre d’interfacer des unités distinctes issues de productions diverses. Elles ne sont pas des lois, ni même des « contrats », mais des recommandations assurant la compatibilité des créations de producteurs distincts. Dans la même optique, il est nécessaire d’avoir un bureau de mesures fiables et partagées par tous. Le projet Hôdo compte y inclure l’unité de monnaie internationale qui serait reliée à étalon-énergie qui remplacerait celui de l’or.

Dans un système sans cesse concurrentiel, il est bon d’avoir des organismes neutres, disponibles et compétents dédiés à ces normalisations réunissant des compétences et des intérêts différents afin d’éviter tout monopole. Les décisions strictement consensuelles sont à privilégier et le taux d’approbation indiqué pour chaque norme en plus du statut « draft » ou « approuvé ». L’État doit pouvoir y prendre part pour garantir cette neutralité.

Grands projets

Ce ne serait pas un président de grands projets, car il ne se substitue pas aux acteurs de l’État.

Gauche ou droite ? Le président n’est ni l’une ni l’autre, mais il s’entoure de tous et représente tout le monde. Dans le système actuel, le gouvernement, le parlement et le sénat représentent équitablement c’est-à-dire proportionnellement la population. Le président n’a qu’une fonction, qu’un seul projet : appliquer et faire appliquer les deux lois de Hôdo.

Il n’intervient directement dans aucun conflit, mais s’assure que les personnes en situation de conflit puissent toujours se réunir autour d’une table de discussion pour mettre à plat les divergences, faire appel aux médiateurs et aux experts pour trouver un consensus gagnant/gagnant.

Il s’arrange pour que la voix des chercheurs soit accessible à tous pour que la société s’améliore en permanence.

Il assure aussi la présence de la France au sein des entités internationales pour promouvoir la synergie entre toutes les nations en usant des mêmes lois de Hôdo. Il s’en suit qu’il est toujours proactif en ce qui concerne l’écologie planétaire.

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