L’art de la synergie selon Hôdo

Clés pour réussir la synergie dans l’esprit de Hôdo:

Comment espérer qu’un jour l’Homme que nous portons tous en nous
puisse se dégager de l’animal que nous portons également si jamais on ne lui dit comment fonctionne cette admirable mécanique que représente son système nerveux? Comment espérer voir disparaître l’agressivité destructrice, la haine, la violence et la guerre?

N’est-il pas indispensable de lui montrer combien aux yeux de la science peuvent paraître mesquins et ridicules les sentiments qu’on lui a appris à considérer souvent comme les plus nobles sans lui dire que c’est seulement parce qu’ils sont les plus utiles à la conservation des groupes et des classes sociales, alors que l’imagination créatrice, propriété fondamentale et caractéristique de son cerveau, n’est le plus souvent, c’est le moins qu’on puisse dire, absolument pas exigée pour faire un honnête homme et un bon citoyen.

Henri Laborit (1914-1995), L’agressivité détournée, p. 8

Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change.

Dernière phrase dite par H. Laborit dans le film Mon oncle d’Amérique*.

Table des matières

  1. Point de départ
  2. Une nouvelle forme de présidence plus stable et consensuelle
  3. Les trois ministères hôdons
    1. Le ministère de l’Intelligence
    2. Le ministère du Droit à l’abri
      1. Les supports à l’intelligence et la vie
      2. Le domaine, du refuge au lieu de vie
      3. Faut-il allouer des «abris»?
      4. Vers une nouvelle monnaie?
    3. Le ministère de la Synergie
      1. La source des conflits
      2. Le choix du hasard en absence de consensus
      3. Autogestion et gestion de proximité
      4. La domination détournée
      5. Le devoir de réciprocité
      6. Crises et urgences
      7. Réparations
      8. Châtiments
    4. La relation avec les autres États
      1. Rôle du ministère de l’Intelligence
      2. Rôle du ministère du Droit à l’abri et à l’évitement
      3. Rôle du ministère de la Synergie

Point de départ

Sous l’angle de la biologie, l’humain n’est ni ange ni démon et il ne connaît qu’une seule vérité, celle qui est enfuie dans sa boîte crânienne. À chaque instant de notre vie, chacun d’entre nous détient ce que nous croyons être «la» vérité, c’est-à-dire la nôtre. Selon le milieu dans lequel il aura évolué et celui dans lequel il se retrouve, un humain pourrait être classé «à droite» ou «à gauche». Pourtant, à certains moments, sur le même sujet, parfois, l’humain se sentira conservateur ou progressiste, égoïste (écrit sans valeur morale) ou altruiste (toujours, sans autre valeur morale), libre ou engagé, discipliné ou insoumis… Pendant ce temps, le cerveau aura lui-même fluctué en mode consolidation ou assimilation, agression ou fuite… et éventuellement dans le mode indécis, bloqué, sidéré, tétanisé…

La politique n’est donc pas à même de gérer finement et humainement la vie en société pour tous à tout instant. Les politiciens ne voient l’humain qu’à travers leurs yeux. Comme tous les humains, ils sont des êtres biologiques dotés d’une certaine intelligence soumise aux contrôles des sentiments, mélange d’inné et d’acquis. Comme chaque être doté d’une intelligence, ils valident les meilleurs choix du moment parmi les options qu’ils connaissent. Ce savoir, sans cesse enrichi à chaque seconde de vie, est extrapolé à partir de classification, relations et pondérations ajustées par l’expérience et les réflexions acquises précédemment. Ainsi, la politique oscille à tâtons et par approximations en ne satisfaisant au mieux que des majorités parfois bien relatives. Sans le savoir, nous sommes pilotés plus par le hasard que par les rares consensus.

Le projet Hôdo ne propose donc pas une nouvelle variante de socialisme, de libéralisme, et tout autre pan de dualisme politique. Il veut créer un nouveau concept pour le futur, une nouvelle voie de «res publica», une «synergie» issue d’une observation dépassionnée, scientifique, hors «idéologie» subjective. La synergie, c’est l’art de gagner ensemble. Ne soyons pas bonimenteurs: si la synergie peut être une œuvre sociale, elle est avant tout une stratégie sociale.

En effet, l’humain n’est pas expert dans tous les domaines qui sont censés lui apporter du bien-être, et cela le poussera à vivre en société pour réunir toutes les compétences. Mais dès le départ, il a besoin de s’appuyer sur d’autres vies à commencer par les aliments qu’il ingurgite et qu’il domestique éventuellement au préalable. Cette capacité à domestiquer, il est capable de l’utiliser envers lui-même. De l’esclavagisme au prêt-à-penser d’une pensée unique, il n’y a qu’un seul et même processus, se «nourrir» des autres. Cette domination engendre toujours à plus ou moins court terme une révolution, car il existe toujours une frange intermédiaire entre les soumis et les dominants. Parmi les révolutionnaires, se retrouvent pêle-mêle et parfois côte à côte, les bras droits de leurs propres dominants, les concurrents de ces derniers, dont les déchus et les victimes en quête de revanches. Les tenants du pouvoir, quant à eux, essaient d’éviter les conflits, car dans tous les cas de figure cela diminue le rendement. Ainsi s’installent des périodes de «paix». Hélas, la nature humaine étant ce qu’elle est, cette conciliation fait souvent appel à la manipulation, et en politique, à la démagogie, à l’autoculpabilisation… Et, s’il le faut,à l’usage de la force.

Le projet Hôdo n’a pas pour but de se substituer à quelque parti politique que ce soit, mais d’essayer d’apporter quelques règles fondamentales de comportement qui lui semble indispensable pour la progression de l’espèce humaine.

Tout d’abord, tous les mécanismes de la démocratie ne sont pas à mettre à la poubelle, loin de là. En accord même avec l’idéal hôdon, la coexistence de courants de pensée antagonistes est indispensable pour progresser. Par contre, du point de vue hôdon, l’alternance périodique entre les prétendants au pouvoir n’est pas des plus efficaces. Cela pousse finalement ceux qui sont au pouvoir à se comporter en «rois élus» monopolisant le plus possible les rouages de la société pour tenter de poser leur idéal pendant le laps de temps qui leur est imparti. Il faudrait, tôt ou tard, améliorer ce système sans verser dans une forme de dictature.

Comment proposer un équilibrisme dynamique et harmonieux qui n’a rien à voir avec un équilibre statique, alors que déjà, les partis centristes ont toutes les peines du monde d’émerger et d’exister? Comment agir lorsqu’ils sont tirés à chaque nouveau pas à hue et à dia (pour ne pas dire à gauche ou à droite)?

La voie du milieu a toujours été la plus difficile à suivre, surtout en politique.

La voie du milieu devra toujours naviguer entre le «yin» et les «yang», la «gauche» et la «droite». Autrement dit, elle sera toujours statistiquement face à deux tiers de la population qui peut refuser le cap proposé. Or, sans consensus, voire sans la tolérance qui impose le respect de toute intelligence, les choix peuvent se figer et ne convenir qu’à un tiers de la population. Pour s’en sortir, la troisième loi de Hôdo considère qu’il faudrait considérer que si une élection ne conduit pas à une majorité bien marquée, on peut accepter le résultat relatif comme un fruit du hasard. Nous essayerons par la suite de déterminer d’autres voies pour arriver plus facilement à un consensus.

Une nouvelle forme de présidence plus stable et consensuelle

Tout d’abord, il faudrait systématiquement représenter un couple d’administrateurs (présidents ou premiers ministres selon le cas), car selon l’esprit de Hôdo,

toute animation de groupe doit être menée par une femme et un homme.

Ce binôme ne serait pas obligé de partager entre eux une même philosophie ou de mêmes convictions. Ses membres ne devraient même pas être contraint de jouer à tout instant le même rôle manifeste de «pouvoir» ou autres fonctions.

À la fin du tout premier mandat de ce type, le peuple fera deux votes. Le premier désignant qui dans le couple restera un mandat de plus. Le second sera une élection pour remplacer le partant, cette fois-ci, obligatoirement du même sexe que le partant. Ensuite, lors des élections suivantes, il y aura chaque fois alternance. Par exemple, la première fois, Nicole et Lucien, représentant chacun un certain courant politique, sont élus pour 4 ans. Au laps de ce temps, le peuple demande que Nicole continue 4 ans de plus sans questionnement. Par contre, le poste de Lucien sera soumis aux élections. Rien n’interdit que Lucien soit réélu. Par contre s’il est remplacé, ce sera uniquement par un autre candidat masculin. Quatre ans après, sans préalables, ce sera au tour de Nicole d’être réélue ou remplacée, et cette fois par une candidate.

Cette méthode permettrait d’assurer non seulement une parité permanente au sommet de l’État, mais en plus une transition plus souple d’un mandat à l’autre, car il resterait toujours un modérateur sur place pour éviter le rétropédalage de revanche et assurer le suivi des programmes en voie de finalisation ou, en cas d’erreur, un changement de cap sans à-coups violents.

Les trois ministères hôdons

Pour maintenir un système Hôdo, il faudrait introduire trois ministères hôdons dans un gouvernement, quelle qu’en soit sa composition au préalable. Chacun de ces trois ministères supplémentaires aurait en charge l’une des trois lois de Hôdo: le respect de toute intelligence, le droit à l’abri et la synergie consensuelle. Ces ministères cohabiteraient avec les autres requis par les gouvernements en place et les traditions locales. Ils leur serviraient de sources pour aider puis conforter leurs décisions politiques en évitant les «aveuglements» liés aux réflexes cérébraux qui nous enferment tous dans des raccourcis.

Le ministère de l’Intelligence1

Le devoir de respecter toute forme d’intelligence réunirait toutes les compétences du partage des connaissances de l’humanité, et donc de la recherche et de la pédagogie. Comme toute forme d’intelligence s’appuie sur la vie, l’un des pôles principaux serait incontestablement toutes les facettes de la santé, physique, mentale, sociale, ce qui inclurait toutes les formes de secourisme comme les pompiers…

Et comme la vie s’appuie sur celle d’une planète, le respect de la Nature, attitude qui doit transcender toute écologie politico-idéologique, en serait une conséquence.

Ce ministère aurait, donc, la charge d’aider un gouvernant qui a pour mission de permettre une cohabitation à la fois sereine et fructueuse pour l’ensemble des citoyens. Il serait confié à un collège de chercheurs et experts scientifiques. Il aurait aussi à sa tête un binôme femme/homme issu de deux milieux différents, par exemple, le CNRS et un CHU. Tout en étant inclus dans le gouvernement, il ne serait pas dirigé par lui ni par le chef de l’État. Il ne dépendrait que de l’appréciation de ses pairs et serait «élu» indépendamment des jeux électoraux tant au point de vue du calendrier qu’idéologiquement puisqu’il ne dépendrait d’aucun choix politique.

Il faut insister sur TOUTE FORME D’INTELLIGENCE, car trop souvent par le passé, l’intelligence était tour à tour:

À cette liste, probablement pas exhaustive, on pourrait ajouter l’«anthropocentrisme», qui permet de mépriser les animaux comme des objets de consommation. Mais qui peut dire qu’elle est la frontière entre notre «superbe» intelligence et celle des autres êtres vivants? Déjà que nous ne nous sommes pas gênés pour écraser ceux qui étaient jugés souvent à tort comme moins «intelligents», même parmi les «élites» humaines. Quelle serait donc l’attitude hôdonne vis-à-vis des autres intelligences, non seulement celles qui nous agressent, mais aussi celles qui nous alimentent?

Il faut insister sur le fait que le projet Hôdo ne doit être qu’une voie pour améliorer notre «humanitude». Il n’a pas vocation à apporter des solutions toutes faites, et encore moins des lois en dehors de celles qui semblent vraiment établies comme celles de la conservation de l’énergie.

Les êtres vivants, dès l’instant où ils ont besoin de se construire et de se maintenir avec des éléments plus élaborés que ceux offerts par la matière inerte, le font avec l’aide d’autres êtres vivants. Cela peut conduire à toute sorte d’échanges depuis le partage gagnant-gagnant jusqu’à la prédation pure et simple où l’un assimile l’autre en le détruisant sans la moindre compassion.

L’esprit de la première loi de Hôdo est précisément de donner une orientation à ces comportements.

Dès l’instant où nous posons le pied sur le sol, combien de vies avons-nous détruites, sans même nous en rendre compte? Nous vivons, et jusqu’à présent nous ne pouvons pas nous nourrir de non-vie. Cela arrivera peut-être un jour, mais en attendant, il faudrait déjà y arriver. Sans le charbon polluant, point de sidérurgie, et sans sidérurgie point de capteurs solaires.

Certains proposent d’être végétarien pour le respect de l’animal, d’autres considèrent que c’est un risque, car il semble que notre organisme soit omnivore, donc incapable de se contenter que de végétaux, de ferments, de planctons… De plus, qui sait si un jour, nous ne nous poserons pas la question de savoir si une intelligence habite les plantes, voire toutes les cellules vivantes?

L’attitude hôdonne serait donc d’au moins respecter la souffrance animale et donc d’éviter les tortures tant à l’élevage qu’à la mise à mort. D’autre part, il semble acquis qu’il nous faut peu de viande, donc on pourrait se contenter d’en manger moins et ne pas avoir à recourir à l’élevage intensif en batterie. Quant à la mise à mort, tous ceux qui ont pu voir un animal proprement et humainement euthanasié peuvent presque rêver de finir leurs jours dans la même sérénité.

Et que dire de l’inverse, dans le cas où l’agressé, c’est nous, et l’agresseur, un virus, un moustique, un terroriste…?

Comprendre l’autre, même l’ennemi, est un art qui s’apprend, une longue voie qu’il est sage de commencer à l’école et que certains continueront à enrichir dans la recherche.

Le ministère du Droit à l’abri2

Le droit à l’abri est une extension du droit à l’évitement proposé par Henri Laborit et amplement expliqué dans «l’Éloge de la fuite» qu’il convient d’associer à la notion de cité développée dans «l’Homme et la ville».

Ce ministère devrait sans cesse s’assurer que chacun a droit à un abri privé, même temporaire, ce qui est indispensable pour respecter toute forme d’intelligence, ainsi que son support. Il devrait aussi étudier et proposer des solutions pour non seulement diminuer, voire bloquer toutes les formes d’agression.

L’agression peut s’attaquer à deux choses: directement à l’individu ou indirectement à sa niche environnementale.

De plus, l’agression peut être physique en utilisant la force ou psychique sans violence notable ou toute combinaison incluant les intimidations et les manipulations, ou le harcèlement, par internet ou autre.

Les supports à l’intelligence et la vie

Toute intelligence sert avant tout son support, c’est-à-dire le corps qui contient cette intelligence. Pour cela, il doit aussi maîtriser un «terrain de chasse», son domaine, l’environnement dans lequel il évolue. Respecter l’intelligence, c’est par conséquent autant respecter la qualité de vie de proximité que l’écologie planétaire. Au niveau de l’environnement immédiat, c’est respecter la demeure et la communauté qui partage le même espace relationnel.

Si l’abri minimum «appartient» à une personne, et si l’on peut logiquement supposer qu’une personne en use comme elle l’entend, il ne faut pas oublier que celui-ci appartient à un ensemble sauf rares exceptions. Il en découle donc une sorte de contrat local de convivialité pour respecter les structures partagées et l’intimité des habitants. Souvent malheureusement, la plupart des contrats relationnels prennent une valeur morale et non pragmatique. Par pragmatique, on entend des réponses empiriques à une situation. Par exemple, la nuisance sonore est un exemple typique de conflit entre le «droit» à l’intimité et le droit à l’évitement. D’un côté, l’un clame le droit de faire ce qu’il veut chez lui accusant l’autre d’intolérance qui revêt une condamnation morale. De l’autre, la victime n’a souvent aucune possibilité de justifier que le bruit la perturbe physiologiquement et psychologiquement. Les traumatismes qui ne laissent pas de traces visibles sont volontairement ignorés ou associés à des valeurs «morales» comme l’intolérance alors que les nuisances sont réelles et non «éthiques».

Même le respect des structures partagées peut tomber dans ce jeu néfaste où ce qui appartient à tous n’appartient à personne, car ce qui n’appartient à personne est parfois monopolisé par un seul au détriment des autres.

C’est la raison pour laquelle, le projet Hôdo parle du droit à l’évitement et non seulement du droit au logement. Toute personne qui ne se sent plus à l’abri dans ce qui peut être considéré comme son refuge à cause d’un comportement envahissant, voire destructeur, est en situation d’agressé ou d’assiégé sans possibilités de fuite.

Il est donc indispensable d’obtenir et de faire appliquer un consensus qui justifie la troisième loi de Hôdo, développée plus bas.

Le domaine, du refuge au lieu de vie

La terre n’appartient à personne ou la terre appartient à celui qui s’en est approprié par la force, l’occupation, le travail du sol, l’achat, l’héritage…? Pour Hôdo, personne n’a vraiment ni raison ni tort.

Dans la nature, les espèces vivantes n’ont aucune limitation pour leur indiquer si elles peuvent ou non s’étendre. Le virus n’a aucune permission pour coloniser notre organisme, le moustique choisit, à ses risques et périls, l’endroit de notre peau qui lui convient… d’ailleurs de manière éphémère, mais marquante.

Les animaux plus évolués ne se battent pas vraiment pour prendre possession de leur terrain de chasse. Mais lorsque la meute devient trop importante pour leur terrain de chasse, en général certains membres, bannis ou explorateurs, la quittent pour chercher d’autres horizons.

Il n’est pas impossible que le début de l’expansion de l’humanité se soit fait sans conflits de territoire tant qu’il y avait de l’espace. Du moins, jusqu’à ce que cet humain découvre que ses congénères faisaient partie du «gibier» du terrain de chasse, un gibier utile et domesticable. Dès lors, même s’il en restait suffisamment de territoire libre, c’était souvent devenu plus rentable de conquérir les espaces déjà habités.

Ainsi, celui qui n’appartient pas à une meute dominante devient un instrument qui fonctionne d’autant mieux qu’on le domestique avec le bâton ou la carotte afin que son comportement soit rentable. Comme les humains à l’instar du bétail occupent de l’espace, conquérir cet espace c’est prendre à la fois les richesses du sol, sa flore, sa faune, et l’humain qui s’y trouve. Le territoire de ce dernier devient alors lui-même enjeu de domination et est soumis aux lois du seigneur. D’où finalement toutes les guerres d’hégémonie, qui en fait ne cachent toujours que des guerres de ressources pour les meutes dominantes, et parmi les richesses convoitées, l’humain vaincu.

Peu à peu, ce sont constituées les nations que nous connaissons, avec leurs alliances et les conflits, à l’intérieur et à l’extérieur de leurs frontières.

Dans l’esprit Hôdo, le respect de la première loi conduit à la notion que personne ne détient à lui seul la Vérité, et que cette vérité correspond à une expérience personnelle. Cette absence de vérité absolue, qui tout compte fait est notre gage de liberté, et donc d’«humanitude», a conduit vers des choix et des options qui a posteriori sont souvent contestés. Mais on n’efface pas le passé à coup de gomme. Il est transmis comme tout ce qui est vivant et adaptable sous forme d’héritage, il façonne les traditions, la culture, les règles sociales comme l’eau qui sculpte le relief. L’Histoire fait partie de l’environnement dans lequel se développe une intelligence, qu’on le veuille ou pas. «Le respect de toute forme d’intelligence et son environnement…»

Pour ces raisons, le projet Hôdo ne s’amusera jamais à détricoter un quelconque héritage. Il ne fondera jamais le comportement social sur une quelconque vengeance. En effet, derrière chaque revanche, il n’y a qu’un seul et unique moteur: l’agressivité du postulant dominant qui veut dominer à la place de ceux qui le dominent.

Le futur se fait en bâtissant du nouveau sur l’ancien, car la création est la principale qualité de l’Humanité. Puisqu’il est impossible de faire disparaître la montagne, c’est l’intelligence enrichie par l’expérience, l’héritage et une éducation efficace qui auront à trouver comment passer les cols ou contourner les obstacles…

Le Projet Hôdo, c’est permettre l’usage harmonieux de l’intelligence.

Faut-il allouer des «abris»?

«Allouer», ce mot contient la notion de don fait par un État. Comment trouver un système réaliste de «prêt», de «dons», de location ou autres pour offrir un abri hôdon à ceux qui n’ont rien aujourd’hui et pour prévoir la place qu’occuperont ceux du futur?

Il ne s’agira pas de dépouiller Pierre pour habiller Paul, et de réécrire l’histoire et de changer de dominance. D’une part, les héritages ne sont pas éternels et de nombreux empires ont fondu dans les scissions d’origines diverses. D’autre part, la redistribution n’apporte par expérience aucune véritable solution si ce n’est d’assouvir une soif de revanche. Pire, trop souvent cela se transforme à vider le tonneau d’un seul pour distribuer des gouttes d’eau à tout le monde: la soif reste après que le tonneau est vidé.

De plus, attribuer un logement ne peut se faire sans tenir compte de l’occupation des espaces techniques, sociaux, biologiques et écologiques qui lui sont directement ou indirectement associés. Ne pas en tenir compte risquerait d’être écologiquement et psychologiquement contre-productif, voire franchement nocif. On ne peut probablement pas recouvrir toute la Terre de constructions ni entasser les gens logés «en batterie».

La question de logement concerne deux grands types de populations: ceux qui n’en ont pas encore et ceux qui n’en ont plus.

Parmi ceux qui n’ont pas encore d’abri, il y a ceux qui seraient nés «hors loi Hôdo» et ceux qui s’installeraient pour la première fois dans un territoire «hôdon» et évidemment ceux qui y naissent. Selon le concept Hôdo, ce tout dernier point ne devrait pas présenter de difficulté, car un État hôdon pourrait statuer qu’à chaque naissance correspond un abri. Construire cette structure n’impose pas de délai court, par contre, les autres cas peuvent avoir besoin de plus d’urgences. Il faudrait donc pratiquement prévoir ces logements pour ne pas être pris à l’improviste et être dans l’incapacité de réagir efficacement.

La seule chose qui serait envisageable c’est d’avoir une sorte de «Plan d’Occupation des Sols» qui serait basé sur une estimation planétaire. Ensuite, il sera nécessaire de s’adapter au niveau des pays et de toutes régions qui réunissent des gens partageant un même protocole de convivialité et de synergie.

Il faut aussi éviter l’entassement des populations et ne surtout pas argumenter que plus une terre est habitable, plus elle peut être peuplée, même si certains endroits sont «privilégiés» pour devenir des mégapoles. L’écologie n’a pas de frontières, et les poumons, les réserves de ressources naturelles, servent toute la planète. Cette pensée doit primer l’ensemble des projets d’exploitation.

A priori, la seule «philosophie» qui ait une chance de pouvoir répondre à cette question serait la notion de zone à urbaniser en priorité. Cela permettrait la création de quartiers nouveaux complets avec leurs logements, leurs commerces et leurs équipements, et ce, en évitant toute spéculation. Ce dernier point associé à l’écologie imposerait donc une supervision compétente par un organisme public multidisciplinaire, neutre et objectif.

Tous ces points conduisent à examiner les cas suivants en tenant compte de l’existant pour l’adapter à la deuxième loi de Hôdo:

«Plan d’Occupation des Sols», ressources et besoins

Combien l’humanité peut-elle prendre sur la Nature sans la dénaturer et la mettre en péril? Comment conserver sa biodiversité et sa possibilité d’évoluer naturellement vers d’autres formes de vie?

Des études préalables semblent indiquer que l’espace minimum d’une chambre pour abriter quelqu’un devrait être de 9m². En fait, le sens «abri» de Hôdo ne se résume pas à «dortoir». Un abri devrait déjà permettre un certain stockage de bien personnel et d’un espace minimum de vie, même cloîtrée, donc l’espace minimum serait plus proche des 12m².

Le besoin d’un «abri» ne se limite pas à une retraite, voire une réclusion, car un humain ne peut rester cloîtré dans une cellule de survie. L’humain est un être social qui peut trouver refuge et réconfort auprès des «proches», famille, clan, tribu, collège et autres associations. Pour cela, il a besoin d’échanges de plusieurs types, donc de plusieurs zones d’espace de partage. Ces zones ne sont pas nécessairement ouvertes à tous et à tout instant, car elles peuvent être des lieux de rencontre pour différentes activités incompatibles entre elles, nécessitant intimité, concentration, etc.

Comme on s’accorde souvent pour estimer qu’une bonne efficacité relationnelle est entre 7 et 12 individus, quel que soit le type de groupe d’activité, familiale, professionnelle, en atelier, en plateau ouvert (open space), etc. Ces groupes se réuniraient dans des locaux adéquats dans lesquels ils s’organiseraient, quand on leur en donne l’opportunité, comme ils l’entendent leur espace de vie, dédié autant à la détente qu’aux activités, professionnelles ou non. À cela, il faut ajouter des espaces de communications et de stockage pour assurer les échanges et les déplacements.

L’espace vert semble indispensable pour le bien-être des humains aussi bien sur le plan physique que sur le plan mental, et donc relationnel. Approximativement, on peut estimer, faute de mesures plus précises, qu’un bon ratio de paysage vert serait que pour chaque mètre carré construit, il y aurait 1m² de «verdure».

Ces espaces verts ne doivent pas être confondus avec celui de terres agricoles pour nourrir cette communauté. Cela aussi rentre en ligne de compte dans les plans de l’occupation des sols. La consommation de chaque humain est le fruit d’une parcelle de terre. Et cela peut s’étendre aux forêts pour la production d’autres ressources. Quant aux autres ressources naturelles moins vertes, il ne faut pas oublier dans les comptes de l’occupation des sols, celles qui ne sont pas nécessairement visibles en surface comme les mines, les nappes phréatiques…

L’important à retenir, est de savoir comment répondre à la question fondamentale: quelle population peut vivre sainement sur Terre sans dénaturer l’espace naturel?

Il ne s’agit pas de découper la Terre en damier. L’objectif de la deuxième loi de Hôdo n’est pas de (re)distribuer les sols, mais de trouver la manière d’assurer le droit au refuge efficace, tout en respectant la Terre. C’est par là qu’il faut commencer. On ne pense jamais assez aux conséquences sur l’environnement et sur la planète lorsqu’on veut aménager l’habitat des humains.

Comme pour tous les dépassements des limites écologiques, c’est souvent tard (trop?) qu’on s’aperçoit des dégâts et de leur irréversibilité. La déforestation est plus facile et rapide que le reboisement. Néanmoins, ce dernier, bien pensé et calculé, peut sauver et entretenir les forêts. L’entretien de la nature comme de toute chose en général est souvent négligé.

Il ne suffit pas d’attribuer à chaque humain un «abri hôdon» réduit à un dortoir. En effet, même si ces abris étaient «empilés» dans des bâtisses tout en hauteur, il faudrait vraiment se souvenir qu’il y aura toujours un espace de vie à maintenir. En effet, chaque humain mange, boit, s’habille, a des besoins physiologiques et psychologiques, de santé, de distraction, d’acquisition ou d’échange de connaissances, de savoirs et de savoir-faire avec d’autres humains… Tout cela prend de la place. Or dans l’esprit Hôdo, l’environnement tant naturel que social doit être respecté. C’est la première loi, incontournable pour pouvoir respecter toute forme d’intelligence.

La question de l’occupation des sols est importante. Si on peut creuser des métros, superposer les habitations, des bureaux, etc., il est impossible de superposer des parcs, des champs ou des forêts. Alors, que faire s’il s’avérait que nous étions en train de surexploiter les ressources de notre planète, ne faudrait-il pas envisager de programmer une décroissance de la consommation, voire de freiner la démographie vers un statut de renouvellement neutre, c’est-à-dire un enfant par adulte? Même si la question choque, il faut peut-être la poser tant que l’on peut y penser sans paniquer et se précipiter vers des solutions draconiennes, voire expéditives.

Il est indispensable, avant de «promettre» la réalisation d’un tel projet, d’examiner les ressources en fonction de l’objectif. De plus, pour y parvenir, il faudrait absolument d’une manière ou d’une autre apprendre à responsabiliser l’entretien de l’espace alloué. Et il faudrait aussi au préalable bien définir ces trois termes: «responsabiliser», «entretien» et «alloué», car

rien n’est gratuit, surtout pas dans la nature…
C’est pourquoi le Projet Hôdo préconise l’usage d’une monnaie basée sur l’énergie.
Un refuge privé dès la naissance, la deuxième loi de Hôdo

Il faut bien comprendre l’esprit de Hôdo concernant le droit à la fuite intimement lié au respect de l’intelligence.

Le respect de toute forme d’intelligence doit inclure celle de tout enfant: lui aussi a droit au respect de son intelligence au même titre qu’un adulte. Comme l’adulte, il peut, à un moment ou un autre, avoir besoin de ne pas affronter un obstacle jugé par lui comme étant insurmontable, traumatisant, voire définitivement handicapant. Il ne s’agit pas seulement de maltraitance telle que la pédophilie, l’inceste… mais, même dans des environnements plus sereins, l’enfant peut avoir besoin d’intimité, de jardin secret, de tour d’ivoire. Cela est indispensable pour assimiler des épreuves endurées, se ressourcer, se préparer à un effort à venir. Or le jeune des villes modernes ne peut plus le trouver d’espace libre de tension dans l’environnement immédiat puisqu’il est «civilisé»: plus de bois, de terrain vague, de brousse… Il appartient en plus à une société qui lui imposera de se concentrer sur des tâches telles que la lecture pour l’apprentissage, des tâches qui requièrent une certaine concentration, donc du calme pas toujours évident à trouver en fratrie. Les adultes se plaignent parfois de «ghettos» du point de vue de l’adulte, mais jamais du point de vue de l’enfant qui n’a pas son mot à dire.

Enfin, il est logique de penser que l’enfant deviendra adulte et qu’il aura de toute manière droit à cet espace selon le concept hôdon. Alors, pourquoi attendre la dernière minute?

Un refuge «hôdon» serait une sorte de «nationalité» attribuée à la naissance qui aurait une signification matérielle avec sans doute une signification plus profonde qu’un bout de papier. Ce type de «nationalité» conduirait néanmoins à beaucoup plus de devoirs, car dans l’esprit Hôdo le respect de toute intelligence et son environnement conduit à respecter les autres tout autour de ce «berceau». C’est un devoir, non un droit.

Inéluctablement, on devra s’apercevoir qu’il y aura un problème de place et de ressources. Un enfant, ce n’est pas qu’un berceau, qu’une chambre, c’est toute une structure: soins, nourriture, habillage, éducation, distractions, équipements pour les communications, gestion de l’énergie… C’est une «demande» supplémentaire à toute la société et à la planète que les calculs antérieurs essayent de montrer, même si les chiffres restent statistiques et donc approximatifs. Ce n’est pas «rien», c’est une vie.

Même si le concept de superposition de l’habitat gagne en avantage, il demeurera de nombreuses structures indispensables pour l’équilibre psychosocial et écologique qui resteront dans l’environnement plus ou moins proche. Par la même occasion, il faut rappeler que tout n’est pas superposable, chaque capteur d’énergie solaire remplace irrémédiablement un espace équivalent de verdure.

Il faudra donc un jour penser obligatoirement à la limitation des naissances, non plus au niveau national, mais à celui de la planète, et tendre vers un statu quo: un adulte/un enfant. Préparer l’avenir c’est prévenir les accidents qui peuvent survenir quand on en a conscience.

Le logement de longue durée

Il y a trois grands cas où il faut construire ou fournir un logement de longue durée: la naissance, puisque tout citoyen y aurait droit; la reconstruction, après un désastre quelconque pour refaire ce qui a été perdu; et le nouveau venu qui abandonne sa résidence initiale. Il faut aussi inclure à ces derniers le nomade qui devient sédentaire. Le logement de longue durée devrait être la norme pour tout le monde, nomades inclus, même si pour ces derniers, le changement de lieu est plus fréquent et est partagé dans le temps et l’espace. C’est le seul «droit» incontournable de la loi de Hôdo. Il devrait résumer et supplanter les Droits de l’Humain, mais toujours soumis au «devoir» de respect de toute intelligence.

La longue durée doit s’entendre dans le fait que chacun a besoin de se poser dans un environnement maîtrisé, c’est-à-dire, à défaut d’être amical, au moins non hostile. Même les nomades ne vivent pas hors contexte. Et même les ermites savent où ils mettent les pieds. Tout le monde a besoin d’une «tribu» et la pire punition pour la plupart des animaux, dont l’humain est le bannissement du clan. C’est pourquoi tous les «migrants» essayent toujours de voyager avec le leur ou de le refaire là où ils s’installent, même s’ils se fondent dans la population d’accueil.

Il y a du point de vue hôdon deux plans d’administration des ressources: celui des communautés de voisinage et celui de la planète entière, car l’écologie n’a pas de frontières. Ces tâches ne devraient pas être incompatibles entre elles.

Les populations ont leur propre intelligence collective pour résoudre les problèmes d’intendance, sans avoir l’œil omniprésent d’un État. La gestion des ressources implique le développement d’une responsabilité «civique» de chacun dans son environnement. Cela ne se résume pas à se retrancher derrière une «dîme» qui permet d’avoir la conscience tranquille en rejetant le problème sur les «responsables» du système.

Puisqu’un État de type hôdon ne pourrait pas intervenir à coup de lois et de jugements pour donner les sanctions qu’une police ferait appliquer, comment protéger partout le droit à l’abri et assurer le respect de toute forme d’intelligence? Si le droit à l’abri est incontournable, il n’est néanmoins pas possible avec les deux lois de Hôdo d’imposer à qui que ce soit d’héberger, même temporairement, qui que ce soit. En effet, une politique hôdonne est de type «démocratie diluée». On pourra alors reprocher que laisser les rênes aux populations locales peut favoriser la xénophobie. Nous y reviendrons, car cela mérite un thème en soi. Mais, d’ores et déjà, il ne faut pas voir systématiquement rien qu’un manque de charité, là où le partage d’un espace pose de nombreux problèmes psychologiques et logistiques. L’espace à gérer ne se fera pas de la même manière s’il est encastré dans une vallée de montagne, dans une oasis, dans les larges étendues en bordure des rivières, dans des cités surpeuplées… Les protocoles comportementaux seront toujours adaptés au milieu. Même s’ils peuvent et doivent évoluer, ils sont intimement liés à l’expérience de survie locale et cela ne se bouscule pas à coups d’ordonnances.

Le logement éphémère ou de secours

La notion de l’hébergement temporaire peut-être floue. Cela peut aller de la nuitée du voyageur jusqu’à l’étudiant qui suit de longues études pendant des années, en passant par les victimes d’une catastrophe naturelle, la femme et l’enfant qui fuient un milieu devenu nocif ou le SDF qui n’arrive plus à récupérer une place dans la société qui l’a rejeté.

Les urgences requièrent en général un traitement spécifique.

Le temporaire n’est pas une solution qui doit perdurer, c’est logique. Ce n’est qu’une étape pour trouver un refuge stable de longue durée, sinon c’est un attrape-nigaud pour se donner bonne conscience si aucune structure ne permet de basculer dans un mode sécurisé. En plus, c’est même malsain lorsque cet espace empiète sur des zones non adaptées pour cet habitat. Du point de vue hôdon, il faut distinguer l’abri éphémère ou de secours par rapport aux autres.

Pour répondre à l’urgence, il faut déjà déterminer quelle est la durée du logement et quelle est la quantité de personnes à secourir. Plus le séjour sera long ou plus il y aura de monde, plus les questions d’hygiènes se poseront. Dans les questions d’hygiènes, il ne faut pas omettre comme c’est trop souvent le cas, celles concernant la psychologie, influençant obligatoirement le rapport avec les autres, donc la société.

Pour une durée très courte de l’ordre de quelques nuits, un hébergement est facilement envisageable avec les moyens de bord quand le nombre de personnes est réduit.

Mais dès que le nombre croît, un lieu abrité adéquat s’impose, car la logistique est plus facile à assurer s’il y a concentration de moyens. La question alors serait de savoir comment mettre à profit des espaces adéquats à ce type de secours d’urgence, comme de grandes salles normalement utilisées pour des activités telles que la gymnastique. De nombreux organismes savent gérer ces crises pour répondre efficacement dans de nombreuses circonstances et catastrophes naturelles ou non.

Si en plus du nombre, la durée croît, le besoin de se regrouper se fait sentir et cela peut conduire à la création spontanée de bidonvilles sur tout territoire inoccupé par d’autres structures urbaines. Le problème n’est d’ailleurs pas tellement le bidonville en soi, mais d’une part la destruction d’un milieu qui serait éventuellement une réserve verte. D’autre part, il est à craindre la surconsommation locale de services incapables de répondre à la demande. Il ne faut pas se contenter de dons financiers pour résoudre le problème: l’espace, la nourriture, les soins… ne sont pas que des valeurs monétaires. L’argent n’augmente pas l’espace, ne protège pas, ne nourrit pas… s’il n’y a rien de concret derrière, il ne remplace ni l’humain ni la Nature.

Quant à l’envahissement de terrains non exploitables pour quelques raisons que ce fut, il ne faut pas l’imputer qu’aux bidonvilles. Beaucoup d’intérêts privés convoitent les terres dites bon marché (inondables, mal desservies…) ou de luxe (vue imprenable, isolements privilégiés…).

Le logement des chassés ou fugitifs de leur domicile

L’urgence concerne ceux qui ont perdu un abri parce qu’il a été détruit, ou parce qu’ils ont été chassés du leur. Parmi ce dernier cas, la perte du refuge est possible soit par l’expulsion d’un même toit initialement partagé, soit par l’occupation des lieux par un étranger de la demeure qui en chasse l’habitant précédent. Il faut noter au passage que si la deuxième loi de Hôdo était en application, chacun, même dans un foyer, aurait son espace hôdon. C’est loin d’être une généralité.

Dans le projet Hôdo, à quoi serviraient des abris éphémères? Il n’est pas possible de dire «vous avez un abri pour x temps», puis «dehors!». Il faut donc absolument trouver ou créer un nouvel abri pendant cette période transitoire qui doit être transparente pour ne pas plonger la victime dans le doute ou lui donner l’impression que la sortie du tunnel ne fait que reculer ce qui ne peut qu’accroître le non-espoir en un futur quelconque. Il faudrait pouvoir leur dire comme lorsqu’on achète sur plan: «Là, vous aurez quelque chose qui est en train de se monter». L’abri minimum temporaire dans ce cas pourrait être dans le style d’une chambre d’hôtel, de cité universitaire, de camp militaire… avec au moins un point d’eau à proximité.

Les deux premières choses généralement constatées sont le manque de structures et de moyens d’accueil. Les États semblent impuissants à résoudre les problèmes car personne n’est capable de fournir un travail quasi instantané ni de prévoir toutes les catastrophes.

En fait, ce sont souvent les organismes privés et indépendants qui prennent le relais et semblent plus réactifs et au plus près de la réalité.

En plus, il y a la plupart du temps un grand problème de communication. En effet, le sans-abri se retrouve rapidement hors contexte et donc seul face à ses problèmes. Or, ce n’est pas en «stress» que l’on réfléchit le mieux pour se sortir d’un problème. Là, il n’y a en fait qu’une seule parade efficace: une éducation préventive, complètement négligée dans l’éducation traditionnelle qui n’enseigne même pas les éléments minimums du secourisme ni l’existence de recommandations de sécurité. Ce n’est pas devant le blessé qu’on peut apprendre les bonnes attitudes et les premiers gestes de secourisme ni devant l’incendie encore maîtrisable qu’on découvre l’usage des extincteurs. Même si tout le monde ne sait pas faire un massage cardiaque, tout le monde devrait être à même de savoir reconnaître quand une difficulté frappe quelqu’un, savoir lui prodiguer les premiers conseils ou alerter les personnes compétentes. Ce type d’aide pourrait être signalé dans les endroits les plus fréquentés comme les centres d’alimentation ou de transport en commun et pas seulement les dispensaires, les centres de police ou les mairies de quartiers.

Puisque dans une société non hôdonne, le flux de sans-domiciles serait «statistiquement» régulier, comme celui dû aux accidents familiaux et sociaux, des structures d’accueil peuvent être construites en dur pour répondre à un besoin permanent au moins pendant une période de mise en place de la deuxième loi de Hôdo, ce qui peut s’avérer assez long. Cela requiert de l’espace, du temps, de diverses ressources et surtout d’humains au service d’autrui. Ces derniers ont besoin de vivre aussi, c’est une autre des raisons qui font que la notion de revenu minimum pour tout le monde fait partie du projet Hôdo. Il n’est pas normal de ne pas subvenir aux bénévoles et en général à ceux qui aident autrui.

La solution du recyclage des anciens bâtiments ayant perdu leur fonction d’origine semble le plus facile à réaliser en peu de temps, car l’infrastructure et le gros œuvre sont déjà en place. L’utilisation de technologies modernes associée au télétravail et au transport pourrait permettre de se libérer de l’attraction des grandes métropoles censées offrir plus de confort, plus d’activité.

Comme il a été annoncé, le projet Hôdo tenterait de minimiser les interventions d’un État qui se mêlerait de chaque instant de la vie des gens, par contre, il pourrait administrer les ressources de terrains disponibles ou non. Recenser les terrains tombés en désuétude pourrait faire partie de l’une de ses attributions. Il pourrait ainsi renseigner les organismes qui travaillent sur la question des lieux et des sites qui peuvent être adaptés et réaménagés. Ce sont les seules réponses possibles actuellement à toute situation d’urgence. En parallèle, il existe une voie à explorer: le logement du nomade.

Le logement nomade

Nos sociétés et nos villes se sont construites pour accueillir une certaine sédentarité confortable réunissant dans un endroit relativement restreint un grand nombre d’activités gratifiantes et de services jugés importants d’accès facilités. Pourtant, cette situation peut engendrer un sentiment de claustrophobie qui pousse les citadins avides de liberté ou de nouveaux horizons à partir en vacances, ne fût-ce qu’en fin de semaine… Certains déménagent pour leur travail, et parmi eux, il y en a qui ne se fixent jamais comme les nomades. On prévoit pour les premiers une place pour les touristes, car ils sont «rentables», mais on pense moins aux ambulants comme si le fait de ne pas être sédentaire était une sorte de tare. Pourtant, dans l’esprit Hôdo, les nomades ont droit à leur abri, sauf qu’ils voyagent avec les leurs.

Si l’on est capable de réserver des terrains à des campeurs et touristes pour quelques semaines, il devrait être possible de réserver pour les nomades des aires qui pourraient servir aussi pour absorber des sans-abri. Ces espaces pourraient être mutualisés et convenir par exemple d’un agenda entre les différents intéressés pour une occupation optimisée des lieux. Construire de grands chapiteaux est précisément l’une des qualités professionnelles de certains forains.

Et qu’en serait-il de la convivialité, c’est encore une fois aux communautés de faire respecter les règles de bons voisinages. L’État, en plus de ses différents rôles, aurait un rôle de modérateur, car il aurait un certain recul devant les émotions et les ressentis des populations liés à leur éducation, leurs traditions… Le problème de la mixité est compliqué, mais personne n’a le droit de prétendre détenir une vérité et de l’imposer comme étant La Vérité. La mixité et la mutualisation de l’espace méritent une analyse en soi, surtout sur le plan des réalisations synergiques, voire cybernétiques.

L’accueil de migrants

Il y a plusieurs sortes de migrants. En général, il y a ceux qui cherchent à rejoindre le territoire, la ville, le pays… le moins loin possible pour divers motifs. Non seulement pour ne pas parcourir de grandes distances, mais aussi pour ne pas être éloigné du lieu d’origine qu’ils comptent réinvestir dès que l’occasion se représentera. D’autres font leurs adieux quasi définitifs à leur berceau et s’aventurent parfois très loin en quête d’un site pour y reconstruire une nouvelle vie.

Il y a aussi des comportements différents: ceux qui coloniseront un nouvel endroit selon leurs traditions etceux qui cherchent à se fondre dans la population d’accueil espérant une discrète intégration provisoire ou non. Ces derniers de toute manière ne pourront pas effacer les fondements de leur personnalité pendant parfois même une ou deux générations.

Parmi les migrants, il faut considérer les réfugiés qui perdent plus ou moins définitivement un lieu de vie et un abri qu’il faut reconstruire au plus vite.

Dans tous les cas de figure, l’absorption des pics est difficile par surcroît de travail, de dépenses, de disponibilités (médecine, alimentation, éducation, etc.)… Déjà, l’absorption des flux «normaux» internes est souvent insuffisante, voire débordée non seulement après une catastrophe naturelle, mais aussi pour les exclus de la société qui sont, hélas, des situations courantes.

Le drame est identique, qu’il s’agisse d’un réfugié qui vient de la ville voisine inondée, d’un peu plus loin, évacuant une cité rasée par un tremblement ou d’autres catastrophes de grandes amplitudes. À cela, il faut ajouter les disettes, les chasses à la sorcière, les guerres, des génocides… Souvent, les citoyens restent démunis malgré les exhortations des «bons princes» qui se reposent sur leurs sujets. Même si ses bons sujets offraient leur jardin quand ils en ont, leur aide serait dérisoire. En effet, si un logement était rapidement fourni, cela reste insuffisant, car comme nous le disions au début concernant l’abri «complet», celui-ci inclut en plus du refuge, il ne faut jamais oublier, l’environnement vital. Toute personne doit être introduite dans un milieu de vie, pas seulement dans une tente, ni même dans une chambre confortable d’hôtel. Cela alourdit donc la complexité de la tâche de l’accueil.

Il y a donc deux problèmes fondamentaux: l’urgence de construire quelque chose et le choix d’un environnement.

Le problème majeur est donc l’absorption de pics, et c’est vrai dans absolument toutes les circonstances de la vie courante d’un individu ou d’un groupe. La solution pour l’hébergement de secours de masse doit probablement se trouver dans les systèmes de partages par allocation temporaire, incluant les espaces dédiés au déplacement. En plus des espaces d’activités publiques temporaires, comme ceux pour les expositions, le mobile home peut venir compléter l’arsenal de dépannage tout en se rappelant qu’il ne s’agit que d’un abri provisoire en attendant de trouver un espace de vie de longue durée. Cela permettrait de désengorger rapidement les lieux d’arrivée, d’éviter l’agglutination puis la saturation dans des lieux inadaptés à l’accueil même éphémère. Il faut rappeler que les techniques d’abris mobiles sont aussi bien exploitées par les gens des travaux publics et par l’armée, ce qui nous fait penser que l’hébergement nomade est aussi une solution.

L’hébergement nomade est déjà très utilisé non seulement par les forains, les Gitans… mais aussi par les voyageurs touristiques ou professionnels, et une espèce tout à fait quotidienne: les véhicules. Combien de places de stationnement peuvent monopoliser les voitures, et d’autres moyens de transport sans pour autant réellement l’occuper?

Concrètement, il serait possible d’absorber de manière diluée un grand nombre de migrants à condition qu’il n’y ait pas d’engorgements créant des «camps» ou des tribus. Le fait d’être dilué proportionnellement à la taille de la communauté accueillante permettrait une meilleure gestion logistique, et, par conséquent, une intégration plus sereine qui encore une fois ne requerrait pas l’intervention d’un État.

Il serait possible que chaque grande communauté se garde une «dîme» de l’occupation de ses sols qui serait laissée en «jachère» en prévision des urgences, quelles qu’elles soient. Des sols qui retourneraient le plus vite possible à la «jachère», sinon, la répartition de l’espace aurait évolué, changeant l’environnement vital. En effet, la «rentabilité» à outrance peut devenir un handicap pour répondre efficacement à l’urgence si les ressources humaines et matérielles sont au taquet ne permettant plus de marche de manœuvre suffisante.

Les structures peuvent être spontanées pour de toutes petites augmentations de population, préparées et organisées pour des flux comme celles des vacanciers. Mais lorsque le flux devient très important et qu’il doit s’accompagner de structures complètes, cela peut revenir à construire des quartiers voire des villages, ce qui ne se fait pas à coup de baguette magique. De plus, il faut rappeler ici que cela à un impact social supplémentaire qu’il ne faut jamais oublier: l’hébergement d’une personne fait intervenir d’une part un abri physique, mais aussi d’une structure sociale. Comme il a été dit plus tôt dans ce qui pourrait ressembler à un compte d’apothicaire, il faut au moins un champ de un hectare pour alimenter une dizaine de personnes. Et il ne faut pas oublier le traitement de cette production qui ne se résume pas qu’à des légumes frais: boulangeries, minoteries, etc.

En résumé, l’accueil de migrants, s’il ne peut s’effectuer sur place ou à proximité, ne peut se réaliser sainement pendant la phase de l’urgence qu’en étant dilué. Après, le pic étant absorbé, les populations auront tout à loisir de se déplacer cette fois-ci sereinement.

Le changement de logement

Puisque l’emplacement du refuge ne peut et ne doit pas être figé, pour quelque raison que ce soit, comment gérer le changement d’abri sans ajouter des lois, ce qui est contraire à l’esprit de Hôdo?

Le déménagement concerne tout le monde, et non seulement ceux touchés par les «mutations» professionnelles ou l’amélioration de confort. En effet, selon le concept hôdon, dès la naissance un humain aurait droit à son abri, mais il ne restera pas dans son berceau toute sa vie, et ce n’est pas un escargot ou une tortue emportant sur le dos son abri. Il est alors peut-être utile de «virtualiser» l’abri afin de le rendre plus «mobile». C’est un peu ce que fait le système financier aujourd’hui, permettant de louer ou acheter un domicile… quand on en a les moyens!

Le problème majeur est le «quand on en a les moyens». C’est l’une des raisons majeures de l’attribution d’une «manne de Gaïa» à tout le monde sans aucune exception de la naissance à la mort, car tout le monde est identique sur la Terre. Pour nous, c’est la vraie et seule égalité possible. Cette manne serait non seulement l’équivalent des besoins métaboliques de n’importe quel humain, mais aussi la représentation des ressources indispensables pour s’assurer un refuge. Or cela n’a de sens que si cette manne est «normalisée» et surtout non spéculative, d’où la notion de «monnaie-énergie» que nous proposons. Cette manne est la compensation incontournable d’une société où personne n’a plus la liberté de faire son abri, refuge et lieu de vie: regardons les SDF par exemple qui n’ont pas le «droit» de squatter, créer des bidonvilles, etc. ni les moyens de pratiquer la cueillette ou la chasse comme le ferait un homme libre de toute construction civilisée.

Cette monnaie ne serait pas contrôlée par des banques, des États ou des puissances quelconques, mais ajustées par des organismes comme ceux des poids et mesures, et supervisée par une entité neutre, écologique et planétaire comme l’ONU, l’UNESCO… Cette monnaie aurait aussi l’avantage de représenter un prix écologique, c’est-à-dire le coût véritable de toute fabrication, ce qui devrait limiter beaucoup les surenchères, et donc les spéculations abusives sur le logement, ainsi que sur toutes fabrications coûtant cher à «Gaïa».

Il est évident que ce logement n’aura d’intérêt que s’il appartient à un espace de vie, et donc, a contrario, s’il faut permettre la liberté de mouvement, il ne faut pas non plus en faire la norme, et encore moins une obligation. S’il est relativement facile de changer de murs, il n’est pas de même de l’espace de vie. Or la notion de mannes de Gaïa aurait deux conséquences: ne pas être obligé de quitter un espace de vie par manque de moyen, et en même temps ne jamais être sans moyens de quitter un lieu pour un autre.

Pas besoin, dans le premier cas, de trêve hivernale par manque de moyens financiers. Pas besoin, non plus, dans le second de recourir à un abri de fortune lorsque le sien est détruit ou rendu invivable. En effet, cette manne de Gaïa inclurait une sorte de loyer qui permettrait de louer un abri. La question resterait donc la disponibilité physique des logements, car il est impossible de louer ce qui n’existe pas.

Le commerce du logement

Bâtir un abri selon les normes locales du lieu de vie et contemporaines plus ou moins complexes pour satisfaire des critères hygiéniques et psychologiques de plus en plus nombreux et précis tout en respectant ceux de l’écologie n’est vraiment pas «spontané».

Construire à l’avance en prévision d’on ne sait quelle catastrophe n’est probablement pas la bonne solution. En effet, en plus du coût de la mise en service, celui de l’entretien impose de ne pas laisser à l’abandon un bâtiment. Il vaut mieux qu’il se détériore pour et par l’usage d’un occupant que par l’inexorable usure du temps.

Néanmoins, si l’on tient compte des déplacements, et de toutes les duplications de logement pour quelques motifs que ce soit, il peut y avoir la possibilité d’avoir un certain volant d’hébergement de secours disponibles pour des durées plus ou moins longues. Ensuite, ces logements peuvent se transformer en location, ce qui peut être la solution intermédiaire entre le refuge d’urgence et l’acquisition d’un logement «définitif», car ce dernier est forcément lent à mettre en place.

Comme le système Hôdo serait sans impositions étatiques, au sens aussi bien fiscal que législatif, seuls des organismes indépendants peuvent s’investir dans les différents services sociaux et se subvenir à leurs besoins. Il existe actuellement plusieurs sources qui peuvent approvisionner des logements qui en plus sont relativement intégrés à un lieu de vie: l’individu qui possède des biens disponibles, les professionnels des constructions et d’hébergements, comme les hôtels, les HLM, les foyers… Et il y a aussi les communautés qui unissent leurs efforts pour motiver les précédents. Ces communautés qui seraient indépendantes d’un État ont l’avantage de connaître mieux qu’un quelconque lointain «administrateur» de lieux de vie.

Certains propriétaires souhaitent au moins amortir les frais d’entretien de leurs biens, d’autres veulent vendre leurs compétences d’architectes, de gestionnaires de lieux de vie. Mais en général, tout négoce se réalise avec l’idée de bénéfice. Tout effort se fait toujours avec la recherche d’une gratification qui est supérieure à la dépense. La vie tente toujours de s’enrichir à la fois pour produire et pour se prémunir d’une disette éventuelle. Un État hôdon se refuserait toute loi concernant les commerces sauf sur un seul point: il peut être judicieux d’établir une vraie évaluation des coûts énergétiques de fabrication et de maintien opérationnel et pour cela d’utiliser la «monnaie hôdonne».

La mixité sociale

La mixité spontanée est présente partout et le mot «social» qui lui est accolé n’a pas toujours la même signification. S’agit-il de tradition, de moyens financiers, de fonctions ou de classes sociales, d’appartenance politique, religieuse…? Alors, comment interpréter la «mixité sociale»?

La mixité commence avec l’apparition de l’enfant dans le foyer qui n’est pas une entité «éponge» passive aux instructions des parents qui ne sont d’ailleurs pas nécessairement en harmonie entre eux. Par la suite, il est probable que surgiront des crises d’adolescence et les conflits de générations. Si des conflits naissent déjà entre parents, on peut supposer qu’il en est de même avec toute autre personne partageant les mêmes ressources.

Spontanément, des clans, des tribus se forment en général pour assurer une certaine solidarité, une certaine synergie qui permet aux membres de cette communauté de profiter des compétences de chacun et de la force protectrice du groupe. En général, ces communautés obéissent toujours à un protocole partagé, capital pour échanger les informations. Elles sont porteuses de savoirs, mais, aussi, surtout, elles qui expriment les émotions capitales pour exprimer la qualité des relations. Parmi lesquelles priment celles qui doivent assurer la cohésion du groupe indiquant: je ne suis pas une menace, au contraire.

La culture maternelle, dont la langue est l’une des composantes essentielles, exprime le mieux la palette d’émotions. C’est donc autour de cet acquis que s’instaure le protocole de la communauté, sachant que les parents, de génération en génération, l’ont élaboré au cours des siècles. Donc, quoi de moins étonnant que de voir s’établir des communautés culturelles: quartiers juifs, italiens, chinois, français… La langue maternelle est si importante qu’elle est souvent une cause de conflits quand on veut la bâillonner.

Il en est de même avec les convictions populaires. En effet, si la langue est le moyen d’étiqueter et de communiquer les savoirs, les croyances sont à l’origine des règles de vie que s’imposent les communautés pour assurer leur stabilité. Elles échafaudent souvent leurs «valeurs» dites morales dans des religions et philosophies parfois même oubliées ou contestées avec le temps, mais enracinées sous forme de traditions intouchables.

La structure des groupes et leurs relations avec les autres varient beaucoup de l’un à l’autre, mais on peut les résumer à deux mouvements: étendre leur terrain de chasse et assurer son intégrité. L’intérieur des groupes est toujours organisé de la même manière en proportion différente selon le cas. Trois groupes s’extrairont toujours de la masse: une hiérarchie qui organise l’ensemble, un noyau dur qui maintient la structure et des électrons libres qui étendront les compétences du groupe. Selon l’intelligence de chaque groupe, résultat d’une longue expérience parfois complètement oubliée et idéalisée, la relation aux autres pourra revêtir plusieurs formes agressives, violentes ou manipulatrices, agglutinantes ou isolationnistes.

La culture ou plus précisément les traditions semblent être le facteur prédominant qui relie les membres d’un groupe. Cependant, cette culture dépend de nombreux facteurs, parmi lesquels le contrôle de la hiérarchie pour définir ses règles. Il n’est pas rare que ceux qui deviennent Dominants se réservent la meilleure part. Dans ce cas, la domination est généralement associée à une certaine hiérarchie sociale de soumission. Ainsi, par exemple, ces maîtres du jeu profiteront de regrouper les classes sociales les plus «humbles» à la base de la pyramide pour «économiser» sur la qualité, notamment en termes de volume, des logements.

Les soucis de survie au quotidien ne permettent pas de partager les mêmes intérêts que ceux du clan qui les domine d’une manière ou d’une autre. Surtout quand ce dernier qui dispose de plus de temps pour s’enrichir non seulement physiquement, mais aussi psychiquement alimentant sa «culture», c’est-à-dire son bagage cognitif.

Il faut noter au passage que le temps est aussi une valeur. Du temps libre, sans contraintes, sans perturbations, sans préoccupations de survie est indispensable à l’intelligence pour s’enrichir en connaissances. A contrario, une intelligence soumise à aucune difficulté ne se développe pas non plus même si elle est «cultivée». Le juste milieu est comme d’habitude un ajustement permanent.

Il semblerait que les tailles des clans soient assez limitées. Or que voit-on dans nos structures modernes? De grands ensembles urbanistes réunissent des milliers de personnes au même endroit en dépit de toutes leurs structures psychosociales. Il ne s’agit plus à ce niveau de mélange d’individus, mais de «tribus». Le rapport de force qui s’installe change d’aspect et les Dominants espèrent qu’en forçant la mixité, les tensions seront absorbées dans la masse. Dans leur optique plus ou moins inconsciente, il est plus facile de satisfaire les «consommateurs» s’ils ne souhaitent que la même chose.

Il semble donc illusoire de vouloir imposer toute mixité dite sociale, car celle-ci dépend de la mixité culturelle qui a établi un protocole de «vie en bon voisinage» gravé dans les traditions des clans. La mixité sociale, si elle ne se contente que de juxtaposer des habitations n’est qu’un leurre qui n’a qu’un but: mieux asseoir une domination. Que ce soit pour fragiliser la dominance d’un groupe par rapport à un autre ou pour augmenter son emprise en distillant une pensée unique. Ce type de mixité de toute manière préservera les groupes dominants et les lobbies qui probablement n’hésiteront pas à user d’arguments démagogiques, voire de tartuferies de l’amour pour tous.

Du point de vue hôdon, le respect de toute forme d’intelligence prime les bidouilles de bonnes consciences des Dominants. Une société peut se comparer à un organisme: ce n’est pas un assemblage d’organes disjoints sur l’étal d’un boucher encore moins d’un mélange haché. Un organisme vivant est un ensemble cohabitant dans une même «soupe» vitale. C’est cela la véritable mixité.

La véritable «mixité» dans ce cas réside dans le respect de l’intelligence de l’autre. Ce respect de l’autre doit obligatoirement obéir à deux nécessités incontournables. Il faut respecter l’intimité de l’individu, qui, toujours, aura tendance à s’associer avec des individus lui assurant cette vie privée. Il faut aussi maintenir la liberté de penser, de créer et de découvrir d’autres formes de pensées, de comportement et d’action. Une liberté ne doit pas se limiter à imposer sa liberté en dépit de celle des autres…

Il y a une énorme différence entre imposer une réglementation de la mixité et favoriser cette dernière en mettant en place un système qui le permette en toute liberté. L’idéal utopique serait de privilégier ce dernier point, mais, la liberté aux mains de dominant est souvent une dictature imposée aux autres. Or chacun d’entre nous avons les graines de dominance en nous. Il est aussi important de ne pas oublier que les abris refuges individuels sont dans des espaces de vie et d’échanges. Il y a donc toujours à résoudre simultanément et en permanence, le logis et l’environnement, la psychologie et l’écologie.

Vers une nouvelle monnaie?

De nombreux argument développé précédemment, écologie, ressource du bénévolat et du service public, solidarité, etc. nous conduisent à inventer une nouvelle forme de rétribution, donc une nouvelle monnaie indépendante des spéculations, une monnaie basée sur un étalon universel. L’énergie semble l’étalon le plus propice, car toute action consomme de l’énergie. Nous-mêmes, nous sommes alimentés par le Soleil et les forces gravitationnelles qui sont des dons de la Nature échappant à la gestion des banques.

Cette monnaie aurait l’avantage de sa «neutralité» politique et commerciale pour tous les échanges dans et hors des frontières. L’un des deux avantages principaux serait de représenter le coût réel de fabrication d’un bien de consommation, ce qui serait une précaution écologique, car plus une élaboration d’un produit serait dispendieuse, moins elle serait achetable et plus vite elle serait écartée par des solutions plus rentables au sens thermodynamique du terme. Visant plus la qualité que la quantité, les modes de travail changeraient peut-être en des systèmes plus «créatifs».

L’autre avantage important serait celui de la rétribution par défaut de tous les humains sans exception. En effet, ce système permettrait de donner un revenu de base à l’instar de la nature s’il n’y avait pas nos «civilisations» qui s’en chargeaient, au travers des salaires, des bénéfices, des taxations, des impositions, des redistributions, d’aides diverses, toutes, prétendument juste selon les «valeurs» de la société. La grande différence par rapport à Dame Nature serait la notion de solidarité planétaire qui attribuerait le même «don de Gaïa» à un Inuk qu’à un Touareg.

Le sujet mérite d’être développé à part dans la page «Monnaie universelle "écologique"».

Le ministère de la Synergie

Ce ministère, comme les deux précédents, n’aurait pas de pouvoir et sa fonction se limite à proposer des recommandations et des solutions. Il aurait en plus une sorte de gestion de l’acquis des connaissances, dans le but de les partager sans réserve. Il aurait aussi dans cette «base de données» tous les experts de la médiation.

La source des conflits

Dès qu’il y a exploitation de ressources non partageables, il y a conflit.

Qu’entend-on par «ressources»? Il peut s’agir d’un bien matériel tangible et localisé, ou d’une notion abstraite et diffuse. Cela peut être les aliments, l’air, les outils et tout autre un objet destiné à un confort quelconque, l’espace à habiter avec leurs différentes sphères d’intimité et d’échanges, ou les connaissances octroyant plus de liberté, de pouvoir, de domination… Les «ressources» sont tout ce qui nous permet de vivre et prospérer. Dès l’instant où l’humain évalue qu’il est ou risque d’être lésé d’une manière ou d’une autre, il y a des réactions soit pour récupérer ce qu’il juge lui être dû soit pour protéger ce qu’il estime être de sa propriété. Autrement dit, presque tout est source de conflits.

Lors d’un conflit, il n’y a en général que quatre attitudes possibles l’agression, la fuite, la tétanisation et la soumission. Mais l’humain est aussi une ressource pour l’humain et la faire fuir est une perte éventuelle, la mort étant évidemment la perte ultime. Il s’ensuit que l’agresseur «adoucira» son attitude pour conserver et exploiter le «capital humain» soumis. Pour ça, souvent, il préférera la discrète manipulation, ne serait-ce que pour éviter une revanche qui peut se retourner en son désavantage. Ainsi, devenu Dominant, il pourra développer une attitude «charitable» qui n’a en fait d’autre but que celui de maintenir son propre idéal, sa bonne conscience.

Ce comportement altruiste, reproduit à toutes les échelles, même s’il est inconsciemment «hypocrite», est pourtant probablement le plus rentable pour tout le monde. Mais, du point de vue hôdon, la prise de conscience et la maîtrise de cette attitude permet de mieux réaliser les deux premières lois de Hôdo, car chacun voit évidemment midi à sa porte et les émotions, les ressentis, les compréhensions, les vécus sont enfermés dans la boîte crânienne de chacun. C’est pourquoi la troisième loi fondamentale de Hôdo préconise le consensus ou le hasard, car elle parie sur la bonne foi de chacun, certes limitée par les capacités naturelles du cerveau. Il n’y a pas de «méchants» au sens moral dans Hôdo: les comportements hostiles et nocifs, sont dus à des ennemis ou des «malades» qui demandent une riposte ou un traitement particulier. Quoi qu’il en soit, la troisième loi nécessiterait la présence de «médiateurs», des négociateurs qui auraient des compétences notariales et psychosociologiques.

Le choix du hasard en absence de consensus3

L’activité en commun impose un contrat respecté par chaque membre du groupe. Cela implique à la fois discipline et loyauté, des comportements qui peuvent être remis en cause et parfois aboutir à la dissolution de l’association.

Le consensus est le meilleur moyen qui permette de trouver des accords qui satisfont chaque parti en lice. En général, on s’attend à ce que la solution finale soit de type gagnant-gagnant pour qu’elle soit pérenne. Il est à noter que le consensus peut conduire à choisir une forme démocratique pour résoudre les prises de décisions. Mais, l’intransigeance peut conduire à des blocages conduisant à l’échec de toute négociation. Aussi, face à cette situation, Hôdo préconise un principe nouveau: le hasard.

Le choix au hasard a plusieurs implications. L’échec d’une négociation peut conduire à la pire décision pour au moins l’un des partis, mais aucun ne sait lequel. Comme chacun peut en être victime, l’état d’incertitude et d’insécurité qui en résulte peut inciter à rechercher plus sérieusement un consensus.

Le hasard résout aussi un autre problème: le respect de l’intelligence. En effet, son non-respect est ressenti comme une agression. Or le hasard met sur pied d’égalité toutes les formes d’intelligence, car, en cas d’indétermination, il ne favorise pas une solution plus qu’une autre, pas même majoritaire. De toute manière, dans tous les cas de figure, seule l’expérience indiquera si le choix était valable. On ne pourrait même pas vérifier s’il est meilleur ou pire qu’un autre puisqu’on ne pourrait pas remonter dans le passé afin de rejouer l’autre solution pour comparer. La vie n’est qu’un pari, elle ne permet souvent qu’un seul choix, car on ne vit qu’une seule fois. Et c’est en ça que l’expérience des anciens est utile, car elle contribue au savoir général qui permet de comparer les expériences et d’affiner sa connaissance, comme le fait tout scientifique dans son métier.

Il est évident que le choix du hasard ne doit porter que sur un point précis, presque binaire, et pas un «paquet complexe». Il s’agit par exemple de décider si l’on fonce de l’avant ou au contraire s’enfuir de l’autre côté lorsqu’on est au milieu d’un pont qui risque de s’écrouler. Mais on ne peut pas choisi au hasard une «constitution». Dans le premier exemple, le choix est «binaire» et répond à une urgence, dans le second, c’est chaque point qui doit être débattu et rejeté ou approuvé de manière consensuelle ou aléatoire.

Si seule l’expérience montre qu’un choix est valable, combien de temps faut-il attendre pour en être convaincu? Tout contrat, quel qu’il soit, doit avoir une durée limite déterminée et des clauses de rupture pour arrêter un processus jugé néfaste ou parce que le courant de la vie rend obsolètes certains choix initialement favorables.

Enfin, lorsqu’une clause de fin de contrat convient à tous, il faut normalement respecter le contrat signé. Que se passe-t-il en cas de violation du contrat?

À cause de tous les conflits qui peuvent surgir pendant la recherche d’un consensus, il faut mettre en place un système qui garantit les contrats entre parties, même s’ils résultent d’un choix au «hasard». C’est ce que propose le système hôdon, tout en respectant en permanence les deux premières lois.

Autogestion et gestion de proximité

La première règle applicable est la proximité de décisions. Plus les personnes sont concernées directement par le contrat et les conflits, plus elles seront motivées pour trouver la solution. Pourtant, elles auront tendance à s’en remettre à un «supérieur» censé chapeauter les divers intervenants. Cette dernière peut être très éloignée du contexte, et cela présente même un avantage si cette «autorité» joue un rôle de modérateur impartial et de garant des contrats sans pour autant devenir un Dominant imposant ses conceptions.

Dans ce cas, la réunion de plusieurs groupes en surensembles partageant un même intérêt et un même mode de vie prend un sens autre. La structure que l’on pourrait appeler agglomération, nation, confédération, etc. serait comme un organisme vivant et complexe partageant en quelque sorte un «sang», une «sève», un «hyaloplasme»… Une entité dans laquelle chaque organe apporte sa contribution pour tous. En effet, vu sous cet angle, bien plus large que la démocratie traditionnelle, chaque sous-ensemble d’un peuple contribuerait au bien de tous en apportant ses compétences selon sa spécificité sans jugement valorisant ou dévalorisant selon cette spécialité.

Cette sève commune prend sous l’angle hôdon une signification différente loin des impositions de toutes sortes émanant d’une entité unique et centralisée. Il faut effectivement parfois unifier certains comportements au moyen de normes. Par exemple, un code de la route est indispensable pour se déplacer à travers toute une région et il obéit à la première loi de Hôdo, car le respect de toute intelligence inclut le respect de la vie. Mais un tel processus serait établi par un collège d’experts en la matière. Il ne s’agirait pas de lois «morales», mais pragmatiques liées à un certain contexte technique. Reste alors la question: comment les mettre en application? Quels types gouvernance, de contrôles, etc.? Y a-t-il au moins une réponse à cette question, ou serait-ce un perpétuel tâtonnement pour tenter d’améliorer un existant?

La domination détournée4

Toute activité complexe a besoin d’un chef d’orchestre et donc instaure s’il le faut une hiérarchie fonctionnelle.

En même temps, l’humain a une tendance innée à étendre son domaine de vie, donc d’activité, et, comme tout ce qu’il fait dans tous les domaines, il passe son temps à conquérir et à capitaliser.

La conquête ne se traduit pas nécessairement par une emprise sur autrui, et elle n’est pas nécessairement physique. Il ne s’agit pas toujours d’envahir le territoire d’autrui, mais par contre il peut s’agir de l’extension d’un modus vivendi quelconque: langues, convictions religieuses ou philosophiques. Ces formes de propagations s’accompagnent aussi souvent de conflits plus ou moins armés. Il peut aussi s’agir de commerces, de finances… Là, ce ne sont pas les armes qui jettent les humains par terre…

Il faut noter qu’en général une conquête s’effectue contre un «capital» qui ne se résume pas qu’en biens financiers. Il existe d’autres capitaux comme les connaissances qui permettent de mieux comprendre l’univers, et qui sont parfois tenues secrètes pour mieux dominer. Et il y a aussi d’autres formes de conquêtes, à commencer par celle sur soi-même à l’instar du champion sportif.

Dominer est incontournable dans nos «instincts», mais comme l’«amour», il peut être sublimé. Marcher, courir, nager, se battre à mains nues… est instinctifs, pourtant comprendre leur mécanisme permet de mieux marcher, courir, nager, se battre à mains nues… et même avoir des champions. Il faut pour cela faire en sorte que la domination quand il s’agit de maîtriser un sujet de compétence soit au moins aussi gratifiante qu’être maître d’un sujet «vassal». Faut-il encore permettre l’éclosion de ce type de «domination» qui devrait être possible dès que l’on respecte toute forme d’intelligence sans distinguo.

Cela n’empêchera pas les compétitions et les concurrences qui ne sont pas nécessairement néfastes, au contraire. Il est fort probable que cela fasse partie de nos comportements instinctifs et que cela réponde à un besoin de la Nature qui essaye de sans cesse s’améliorer. Donc, une pédagogie qui ne flatte ni la facilité ni l’excès élitiste en mettant la barre très bas ou trop haut dès le départ et identique pour tous serait un plus pour le respect de l’intelligence.

En même temps, dans ces mêmes instincts, l’esprit de solidarité est toujours présent, car il semblerait que pour la nature l’espèce est plus importante que l’individu et que l’intelligence collective prime sur une intelligence individuelle. Or l’intelligence collective est d’autant plus grande qu’elle offre plus de variété de savoirs et donc de solutions. Ces savoirs sont alors non seulement souvent motivés par la compétition, mais aussi par le besoin de reconnaissance du groupe.

Profitant de ces deux caractéristiques, le besoin de «dominer» quelque chose, une expertise, et celui de contribuer à un groupe, une synergie, il est possible de briser tout monopole de dominant en appartenant à plusieurs groupes. Cela transforme l’adage «Diviser pour mieux régner» afin de mieux soumettre en «diviser un règne pour ne pas être soumis». En quelque sorte, le soumis se libère du poids que lui impose un dominant tyrannique lorsque plusieurs dominants se partagent le pouvoir. C’est un peu le rôle qu’auraient les «partis» dans les divers organismes de gouvernance d’un État. Évidemment, si les dés ne sont pas pipés… Savoir jouer la partie avec ce que nous sommes, sans nous voiler la face, c’est nous rendre libres et égaux, car c’est en cachant notre nature que nous devenons manipulables par et pour des dominants néfastes.

Un groupe de travail est optimum autour d’une huitaine de personnes comprenant pour chaque sexe au moins un tiers de représentation. Il semblerait donc judicieux que tout organisme à tous les niveaux et dans toutes les fonctions d’un État soit géré par de tels groupes. Chacun de ces groupes aurait une activité précise, et serait indépendant les uns des autres, libre ou non de se réunir sous la direction d’un regroupement. Dans ce dernier cas, les contrats de l’association seraient obligatoirement à durée prédéterminée même s’ils sont reconductibles.

Dans l’esprit hôdon, l’idéal est le consensus aboutissant à une synergie et le partage gagnant-gagnant, d’où l’importance des groupes de négociateurs, d’avocats, de médiateurs, de psychologues, d’ambassadeurs… Ces professions s’harmoniseraient entre elles, et pourraient constituer le troisième ministère, donnant ainsi à cet organisme une position de «sage» comme il était pratiqué dans les anciennes tribus.

Il faut bien distinguer les trois sortes de structures «hiérarchiques». La gestion des ressources (les «syndics»), la direction des ouvrages (les «chefs d’orchestre») et la recherche de consensus (les «sages»). Sous peine de perdre leur indépendance et donc leur objectivité et leur efficacité, ces missions ne peuvent être mélangées même si elles doivent travailler ensemble.

Il ne faut pas se leurrer et se bercer d’illusions utopiques, malgré les lois de Hôdo, il existera probablement toujours des dominations néfastes, et dans ce cas, parfois la «sagesse» devient difficile à trouver et appliquer.

La domination se fait de nombreuses manières, mais d’une manière ou d’une autre elle porte sur l’espace vital en essayant de le réduire ou de se l’approprier, même temporairement. Les moyens sont innombrables: le pique-assiette qui s’installe comme un parasite, celui qui rend la vie impossible aux autres par son comportement, les enfermements physiques ou psychiques, les sièges… et jusqu’aux meurtres.

Le devoir de réciprocité

Souscrire à un contrat pour créer une symphonie sous la baguette d’un chef d’orchestre impose presque toujours le besoin de reconnaissance et, entre collègues, le besoin d’égalité de traitement entre ce qui est comparativement équivalent. Pratiquement, du foyer familial, jusqu’aux jeux de la géopolitique mondiale, tous les conflits naissent dès l’instant où une entité se sent lésée par une autre. Combien de guerres se sont déclarées en prétendant qu’elles étaient justes? Au nom de quelle égalité ou de quelle liberté ont été versés les larmes et le sang? L’un des rôles d’un ministère de la synergie est d’assurer le devoir de réciprocité et d’écarter l’esprit de vengeance. Mais, combien de fois, le mal est-il resté insoupçonné en toute bonne foi? Car même un excellent chef d’orchestre ne peut tout percevoir et tout résoudre à chaque instant.

La première loi de Hôdo porte en soi un dilemme. Le devoir de respecter toute intelligence est en effet symétrique. Deux antagonistes peuvent revendiquer ce devoir de la part de l’autre. L’aide au consensus doit toujours tenir compte de cet aspect de l’«égalité» hôdonne. Or cette égalité est fréquemment mise à mal par les favoritismes aussi bien instinctifs que calculés qui conduisent à «deux poids, deux mesures». C’est entre autres pour éviter ce type de problème qu’il est très important à résoudre les conflits de manière consensuelle, sinon au hasard.

Il n’en est pas de même avec la deuxième loi qui, elle, n’est pas symétrique. Le droit à l’abri n’est pas le droit à s’approprier ni à spolier.

S’il n’y avait pas de conquêtes de territoire occupé par d’autres humains, on pourrait dire que la découverte et l’occupation de terre vierge sont «naturelles». Les naissances engendreraient une extension du territoire, et les trop grandes populations locales migreraient vers d’autres horizons libres de toute occupation humaine. Mais l’humain ne peut s’empêcher de convoiter aussi ce que l’autre a de meilleur que lui. Il n’y a pas encore de surpopulation qui justifie le besoin d’envahir un espace déjà occupé. Mais souvent, l’envahisseur, considère que l’espace qu’il convoite est meilleur que le sien et veut donc soit en chasser l’occupant précédent soit l’assimiler pour en conserver l’avantage.

Si l’on respecte les deux premières lois de Hôdo, on pourrait supposer que l’occupant actuel d’un espace a le droit de maintenir son espace de vie. Par conséquent, tout nouveau venu a le devoir de respecter cette intelligence et son environnement. C’est d’autant plus vrai que l’occupant a pu y apporter beaucoup d’aménagement et d’effort divers de l’acquisition à la maintenance donnant une valeur ajoutée à l’espace. Tout ce travail fait partie de «l’intelligence» d’un individu qui en général gère son territoire pour en accroître le rendement. Les facilités de la vie libèrent plus de temps, non seulement pour le bien-être, mais aussi pour l’imagination et la créativité. En plus, chaque espace n’offre pas les mêmes ressources, et ces dernières ne sont pas toujours connues lors de l’acquisition et ne sont mises en valeur qu’après. Or, c’est souvent ces conforts et ces richesses qui sont jalousés plus que l’espace en soi.

Il faut préciser que les deux lois fondamentales de Hôdo concernent l’occupant et non le propriétaire. Pour ce dernier, on pourra dénoncer que l’acquisition d’un bien immobilier s’est réalisée de manière malhonnête en chassant l’occupant précédant par la violence, l’escroquerie, voire des accords contestés. Le cas devient plus complexe si les améliorations et les rendements du territoire occupé l’ont été par les nouveaux occupants. Un «retour à la normale» est encore plus difficile à rétablir si les occupants à la source du conflit ne sont plus contemporains.

Si le conflit est immédiat, et si quelqu’un a perdu son abri-environnement, selon les lois de Hôdo c’est lui qui aura une priorité dans la recherche d’une solution qui peut même être urgente. S’il y a urgence, il est fort probable qu’il faille recourir à des solutions «contraignantes».

Si la source du conflit est ancienne, il est parfois difficile, voire impossible, de faire marche arrière, et rien dans les concepts hôdons n’indique une quelconque «culpabilité» transmissible à la descendance surtout si l’héritage est passif.

La prime occupation ne concerne pas uniquement la position physique d’un individu, mais tout l’environnement qu’il y a établi. Par exemple, si le premier occupant d’un espace y mettait des coqs chantant à tue-tête sans gêner personne, il semble indélicat qu’un voisin nouvellement arrivé le lui reproche. Bien sûr, rien n’interdit non plus de discuter et de chercher un consensus gagnant-gagnant. De plus, les deux premières lois de Hôdo devraient systématiquement prendre en compte les ressentis. Même s’ils ne sont pas «logiques», ils font partie des mécanismes de l’intelligence. Ce thermomètre qui indique la qualité de vie psychique de l’environnement et peut-être un blocage important dans toute recherche de consensus.

Crises et urgences

Une catastrophe naturelle qui surgit ou est en train de s’installer ou un conflit qui éclate peuvent engendrer une urgence. En général, il n’est pas possible de résoudre dans un premier temps par le consensus, car cette dernière méthode est en général très lente. De plus, le temps raccourci des négociations ne doit pas être utilisé pour instaurer par la ruse et le fait accompli un autre statut, non négocié, cette fois-ci. Il faut donc choisir une solution qui dans le pire des cas serait aléatoire. Mais il y a mieux que le pur hasard! S’en remettre à plus sage et savant que soi. Il faut donc donner sa confiance à un comité d’experts et accepter que les décisions ne soient plus débattues de manière consensuelle pendant la période de crise.

Hélas, ces situations peuvent engendrer des conflits. L’option de séparation physique des opposants dès que la situation s’envenime semble donc incontournable. Et cela conduit souvent à l’emploi de la contrainte, voire d’une force d’interposition.

Si la situation dégénère en combat, cela peut aboutir à des mises à mort. Il est logique alors de recourir à la «légitime défense». Mais l’idéal dans ce cas serait de confier le plus possible cela à une tierce personne qui aurait l’art et la manière pour limiter les dégâts collatéraux et la violation des deux premières lois de Hôdo. Dans la colère, l’action est souvent maladroite, disproportionnée, voire nocive. Il ne faut surtout pas confondre colère et haine! Cette dernière transforme une émotion souvent aveugle en froid, calcul hostile et destructeur.

Si les tentatives par le dialogue ne sont pas suffisantes pour réinstaller la sérénité, il faut user de contraintes fortes pour arrêter toute nuisance et parfois rendre inefficaces les agressions. Sans cela, aucune recherche de consensus ne pourrait aboutir. Cela implique la présence de «force de l’ordre». Elle peut être du type des «sept Samouraïs» d’Akira Kurosawa ou une police d’État avec ses différentes spécialités, ou encore l’un des rôles attribués à des organismes comme l’ONU.

Il est logique de réunir les compétences d’un territoire, mais, s’il peut et doit exister un rassemblement de tous les gens d’armes au service d’une société, celui-ci doit être le résultat d’un consensus. S’il n’est évidemment pas possible d’être consensuel et de tâtonner dans l’urgence, son mode d’action peut être, lui, défini ou redéfini en périodes calmes.

Réparations

Lorsqu’il y a eu des dégâts ou des pertes, il est souvent nécessaire de réclamer, voire d’imposer une réparation, pour participer aux maintenances des biens utilisés. Il ne faut pas pour autant tomber dans l’application pure et simple de la loi de talion. Le but de la réparation n’est pas un jeu de miroir. Prendre une dent pour une dent perdue ne la rendra pas… Et que dire d’une vie perdue?

Le but de la réparation est de réparer ce qui peut être réparé et ainsi d’apprendre par la même occasion l’implacabilité de l’entropie qui fait qu’il est plus facile de détruire que de construire. Ce n’est pas une simple vengeance, c’est une remise en état accompagné d’une «tentative» d’apprentissage à l’empathie pour comprendre ce qu’il en coûte à autrui.

Il faut ne pas oublier que nous ne répondons qu’à des motivations gratifiantes ou pénibles, voire douloureuses. Nous sommes attirés vers l’un et combattons ou fuyons l’autre. La seconde motivation l’emporte sur la première, car pour profiter d’un plaisir, il faut être vivant et autant que possible valide. La situation devient anormale lorsque le manque de plaisir, voire la menace de privation, est plus pénible que la détection de nocivité elle-même. C’est le cas dans toutes les formes de dépendances, et non pas seulement celles dues aux drogues.

Le respect d’un contrat ou la réparation d’un dégât ne se fera toujours que d’une seule manière la plupart du temps inconsciemment: éviter un déplaisir. Perdre l’estime des autres pour soi peut être aussi douloureux qu’un coup de poing… et coup de poing psychologique a des effets beaucoup plus longs. Il faut donc être prudent à ne pas détruire la psyché du «puni». De plus, il vaut mieux qu’il ait une forme de mise en garde avec menaces précises de la «punition» avant d’appliquer cette dernière afin de ne jamais prendre en «traître». Ensuite, il faut éviter les menaces en l’air qui discréditent précisément l’avertissement.

Il faut bien voir que dans l’esprit hôdon il n’y a pas de «morale». Un acte «malveillant» est une erreur ou une agression. L’erreur est due à un vécu, ses expériences et ses dysfonctionnements biologiques et psychiques divers par rapport à une «normale» courante et jamais définitive, qui conduit à certains choix désagréables pour l’environnement social et écologique. L’agression, quant à elle, est de l’hostilité justifiée ou non. Dans l’esprit hôdon, un agresseur est donc un adversaire, voire un «ennemi», mais pas un «méchant». Cette dernière classification, à prendre avec des pincettes, serait une «maladie». Dans tous les cas de figure, le respect de l’intelligence reste un devoir. Il n’y a donc pas de place pour la haine et son cortège de revanches inassouvies. Il ne faut pas non plus confondre la haine qui est un état d’esprit avec la colère qui est une émotion qui affiche la «force» qu’on est susceptible de déployer si l’agression continue. Cette émotion a beaucoup de signification physique dans le monde animal, mais le développement intellectuel et technique de l’humain en change considérablement son signifié et sa portée.

Face à un «ennemi», le respect de l’intelligence imposerait pratiquement l’usage de l’aïkido, car la compréhension de cet ennemi permettrait de retourner contre lui sa violence. Certes, il peut être difficile de pratiquer l’aïkido avec un projectile filant à la vitesse du son.

Face à un «malade», il faudrait pratiquement «imposer» des soins ou du moins un isolement clinique. Autant de problèmes qui n’ont peut-être aucune réponse unique et optimum. Pourtant, le ministère de la Synergie et du Consensus hôdon ne devrait pas imposer de solutions pour régler les conflits. Son rôle se limiterait à proposer des ressources en réunissant les médiateurs et toutes les personnes compétentes pour trouver des remèdes à une crise. Ce ministère ne devrait donc pas s’emparer de la direction des armées, de la police, de la justice, ni même de l’enseignement et des médias. Quant à la justice, elle devrait avoir son propre organisme interne de contrôle comme il en existe dans d’autres organismes, tels que la police, la recherche, la médecine, etc. Tout fruit de l’humanité est toujours entaché de défaillance et aucun organisme n’y échappe. Et s’il fallait l’avis du ministère tel que celui de la synergie, cela ne resterait qu’un avis.

Châtiments

Il existera des cas où la réparation ne sera pas possible.

Trouver des compensations sera peut-être toujours impossible avec une rigueur «mathématique». Jamais aucune justice ne pourra peser avec exactitude le poids d’une perte ou d’une lésion qui seront toujours différentes pour chacun. Jamais aucun juge ni juré n’aura assez d’empathie et d’équité, de maîtrise de la psychologie et de la rigueur scientifique pour comprendre les deux parties. Sans compter que personne n’est à l’abri d’aucune manipulation, à commencer par les siennes inconsciemment sur soi-même.

Pourtant l’agressé a le droit de se défendre en fonction de la deuxième loi de Hôdo. Il faut rappeler que dans l’esprit de Hôdo le devoir du respect de toute forme d’intelligence n’est pas un droit, mais un devoir. On ne peut donc logiquement clamer «j’ai le droit de…», mais par contre il est possible de dire: «vous n’avez pas respecté mon intimité, mon refuge, mon espace vital». À noter aussi que le respect de l’intelligence et de son environnement inclut toutes les dimensions de l’intelligence. Il faut commencer par le propre corps, puis l’habitat, le lieu de vie avec ses règles locales, coutumes et traditions, et ses règles associatives avec d’autres ensembles. Et cela doit aller jusqu’aux surensembles de communautés et à l’extrême, l’écologie qui ne connaît pas de frontières.

Et il n’est pas rare d’entendre le même genre de plainte simultanément des deux opposants. En effet, il n’est pas rare qu’il y ait une escalade de tensions, suivis de menaces, qui poussent l’un des deux protagonistes à manifester physiquement sa colère. Or la colère est un signal fort qui consiste à crier «je vous empêcherai, coûte que coûte, de continuer à me nuire». La notion de modérateur représentant chaque parti est donc incontournable dans l’esprit de Hôdo.

Le modérateur qui pourrait être juge, avocat, policier, psychologue, aide sociale… devrait être étranger au conflit au moins pour ne pas lui être émotivement lié. En même temps, il ne peut pas appartenir à un clan de dominants, un «lobby», sinon son jugement sera influencé par les intérêts de ces derniers, même malgré sa bonne volonté tant humaine que professionnelle. Pire, il arrive pour vouloir être libre dans ses choix que quelqu’un aille à l’encontre du dominant par effet miroir, ce qui est, hélas, tout aussi rigide. Bien sûr, un système hôdon ne s’amuserait pas à détricoter les organisations préexistantes, mais il les détacherait de toute autorité non fonctionnelle et ayant une position de monopole de décision non experte en la matière. Cela est d’autant plus vrai quand il s’agit de déployer une certaine force coercitive pour arrêter une agression naissante, récurrente ou avérée.

L’usage de la force semble parfois incontournable. Certes, elle peut être discrète, retranchée derrière des effets secondaires. Par exemple, licencier un employé va le mettre au chômage, donc réduire le pouvoir d’achat. Cela agira comme un frein qui l’empêchera de vivre comme avant, donc la menace d’une telle éventualité peut suffire à soumettre le personnel. La moindre punition fait intervenir la notion de force: interdire à un enfant de toucher à un dessert est aussi une force indirecte. Et finalement, la punition, peut engendrer la révolte… et donc encore une fois un jeu de forces. Fermer les yeux devant toutes ces réalités à la fois biologiques et physiques est hypocrite. Et surtout, dangereuse. Si la force de l’inconscient individuel ne laisse plus de doutes, l’«inconscient» d’une société a la même puissance et est même dangereux aux mains d’un dominant «éclairé».

La force sera parfois indispensable pour revenir à une situation sereine ou pour la maintenir. Dans cette optique, son usage peut même être «prêt» à l’emploi, une contre-menace en quelque sorte dans l’espoir qu’elle soit dissuasive. Mais il ne faut pas pour autant transformer cette «prudence» en état de fait ni en agression camouflée.

Il faut réaffirmer que l’esprit de vengeance est totalement à rejeter dans l’esprit hôdon.

Alors, quelle punition pourrait appliquer cette force? Selon les deux premiers principes de Hôdo, aucune «punition» ne devrait altérer l’intelligence et son support de celui qui est puni ni le priver d’un refuge intime.

Cette loi interdit toute forme d’invalidation physique par mutilation ou psychique comme l’humiliation.

Parmi les punitions pratiquées dans les diverses cultures, l’exclusion de la communauté est très fréquente: cette exclusion peut revêtir l’internement, le bannissement de certaines sphères sociales et la peine de mort.

L’internement, s’il peut offrir un refuge «intime» hôdon, serait une solution provisoire. Cela répondrait éventuellement à une urgence, pour maintenir hors d’un environnement une personne qui risquerait d’avoir un comportement nocif, comme un violeur ou meurtrier en série, un terroriste fanatisé… En effet, il est parfois urgent de calmer des ardeurs de colère, des agitations maladives, mais, contrairement à ce qui est souvent fait, chaque cellule devrait être obligatoirement individuelle, comme des cellules monastiques adaptées à l’autoanalyse. Un individu pourrait choisir d’y rester enfermé et seul s’il se sent menacé en en sortant. Les réclusions n’imposent pas de promiscuité au moins dans l’espace refuge. La deuxième loi de Hôdo reste inaltérable, même pour un dangereux prisonnier. Pendant la période d’internement, il devrait être possible d’avoir des contrats de soins psychosociaux pour une réintégration sereine.

Le bannissement est l’inverse de l’internement en ce sens que le «banni» reste libre, mais n’a plus le droit de faire partie de certains groupes et donc de profiter des avantages de ce groupe. Là, la seconde loi imposerait de ne pas laisser le banni sans-abri. Autrement dit, avant d’expulser d’une communauté un membre qui n’en partagerait pas le modus vivendi, il faudrait pratiquement s’assurer qu’il a un refuge où aller en paix, ne fût-ce que provisoirement.

Selon la première loi de Hôdo, ces deux «punitions» ne devraient jamais être entachées de valeurs «morales». La première consisterait en une solution de mise en quarantaine, la moins longue possible, mais nécessaire pour éviter une dégradation de situation. Quant à la seconde, il ne s’agirait que d’un divorce. À l’exception de l’urgence dans le premier cas, tous les autres cas devraient être le plus possible contractuel. Et ce contrat devrait toujours avoir une clause de fin.

Il existe une exclusion particulière: la mort. Donner cette dernière est contraire à la première loi de Hôdo puisqu’elle entraîne la destruction d’une intelligence. Par contre, il est aussi dans la logique du respect de toute forme d’intelligence d’accepter le suicide et l’euthanasie. Lorsque la souffrance morale ou physique sans espoir d’amélioration devient intolérable à l’intelligence qui la subit, permettre d’accéder dignement à cette conclusion, c’est aussi respecter l’intelligence.

Enfin, il ne faut pas croire que faire souffrir ce qu’autrui a souffert est bon pour augmenter l’empathie. Du moins dans le bon sens couramment accepté. Cet argument peut être exploité par le sadisme et la revanche. Il en est de même pour l’effort de conquête de soi. Si l’effort est incontestablement source de créativité, car il oblige à trouver au moins une solution de contournement, s’il devient exagéré, au-dessus de ses forces, il est inhibiteur et destructeur. À l’opposé, le manque d’effort est aussi nocif pour la créativité puisqu’il n’y a plus de stimulation pour dépasser les difficultés et créer de nouvelles solutions, en un mot «développer son intelligence». Tout est toujours question d’équilibre.

La relation avec les autres États

Un organisme est toujours enfermé dans une sorte de peau, même si, physiquement parlant, aucun atome n’appartient plus à un assemblage qu’à un autre. La respiration en est un exemple remarquable. De plus, un organisme aussi complexe que notre corps est une association d’organes, de tissus et même d’êtres étrangers dont certains comme ceux de la flore intestinale sont indispensables à notre santé.

Les sociétés à tous les niveaux sont comme des organes, ce sont des assemblages d’entités vivantes. Les divers «clans» ou «tribus» qui constituent une population, par associations successives, finissent par engendrer de grands regroupements comme les nations, puis des fédérations, etc.

Ce qui unit fondamentalement un peuple, c’est son protocole de communication qui est absolument indispensable pour échanger avec l’autre dans tous les domaines: relations sexuelles, alimentaires, commerciales… Ce protocole inclut aussi toute une série de règles qui indique le statut d’amitié-inimitié.

À la base, il y a tout un codage en sons, en graphiques, en gestes et en d’autres techniques pour transmettre des informations: ce sont les langages avec toutes leurs structures adaptées aux médias et aux interlocuteurs. Associés à ce protocole, de manière complètement indissociable, il existe toute une symbolique qui n’a pas de rapport direct avec la réalité expérimentale, mais qui a un poids émotionnel souvent très important. Or l’émotion est un moteur de l’intelligence et de la vie. Ce codage d’information est le résultat de générations partageant un même environnement qui impose ses règles biologiques. Les us et les coutumes, puis les contrats, leur contenu et leur formulation, dépendent du milieu où l’on évolue.

Ces usages prennent l’allure de règles souvent explicitées par des «sachants» et imposées par des chefs. L’un et l’autre essayent de tout temps de s’appuyer sur des arguments de poids pour avancer leur propre concept. Il s’efforce pour que leur idéal ne dépende pas que de la «sagesse» humaine, car il est susceptible d’être contredit. D’où le recours aux dieux, aux sciences… à toutes preuves irréfutables.

Parmi ces règles s’instaure une hiérarchie, qui fait que l’on va pouvoir essayer de répondre efficacement aux urgences et en général aux choix multiples. Ainsi naît la notion de «valeurs».

Cet ensemble de connaissances de groupe constitue le lien qui forme une «nation». Chaque population a son lien qu’il est impossible de décrire en quelques mots puisqu’il s’agit de la contribution de milliers de citoyens génération après génération. Certes, les nations ont été en général formées par des dominants. Certains étaient conquérants, d’autres des négociants utilisant les territoires comme une marchandise. Tous, par la force, la douceur, voire l’inertie, imposaient leur conception de «peuple». Qu’importe, dans l’esprit de Hôdo le respect de toute intelligence s’arrête aux générations contemporaines, sinon, ce n’est pas la «démocratie» qu’il faudrait améliorer, c’est la planète qu’il faudrait redessiner. Par contre, dans le même état d’esprit, il semblerait logique de reconsidérer les requêtes des régions qui refuseraient de continuer à cohabiter sous une même bannière. Il fut un temps où le mariage forcé était admis, aujourd’hui, non seulement il n’est plus toléré, mais le divorce est devenu une procédure normale. Les liens d’amitié n’ont pas toujours besoin de contrat pour être heureux et créatifs. Pourtant, dans tous les cas de figure, le partage d’une même ressource justifie l’établissement d’un contrat pour limiter la «liberté» d’empiéter sur celle du partenaire et assurer une «égalité» gagnant-gagnant.

Toutes les règles de Hôdo applicables à l’intérieur seraient identiques à l’extérieur. À l’extérieur des frontières, l’activité d’un État hôdon serait essentiellement écologique et diplomatique.

Rôle du ministère de l’Intelligence

Les peuples et les nations pourraient être comme les organes de l’Humanité s’ils ne tentaient de se phagocyter les uns les autres. Pour éviter cela, dans l’esprit hôdon, il faut respecter le principe de non-ingérence dans les affaires des autres nations. L’obligation de respecter toute intelligence nous impose une certaine humilité, même si à nos yeux, dans l’optique de notre intelligence collective, ces autres nations étaient dans l’erreur par rapport à nos concepts. Il faut accepter que ce que nous croyons être une vérité, même partielle, puisse ne pas être vu et vécu pour tout le monde de la même manière. Non seulement ce qui est considéré comme «vérité» pour une nation ne l’est pas nécessairement pour tout le monde en dehors des frontières, mais déjà à l’intérieur de celle-ci. Même s’il s’agit d’une société hôdonne. En effet, s’il est donné à dix personnes de lire les trois lois de Hôdo, il est certain qu’il y aura dix interprétations différentes, et pourtant il n’y a que trois lois.

Toute société a son chef d’orchestre et son équipe de management. Parfois, on peut être en opposition à leurs comportements. Dans l’esprit de Hôdo, il faut dans tous les cas éviter de nuire au peuple. Surtout il ne faut pas créer une forme de terrorisme pour faire basculer le pouvoir, qui de toute manière, pourrait être pire que le précédent.

Les divergences de la pensée sont une richesse de créativité. Il faut donc apprendre à vivre avec et à utiliser l’intelligence constructive pour résoudre les difficultés qui surgissent.

Rôle du ministère du Droit à l’abri et à l’évitement

Il y a deux cas de figure de victime dépossédée: celle qui est squattée d’une manière ou d’une autre et celle qui est agressée dans son «domaine» physique, culturel ou autre. Il faut donc autant que possible séparer dans un premier temps les opposants tout en s’assurant que chacun conserve un «domaine refuge» adapté avant de trouver la meilleure solution. Quand il est difficile de déterminer au préalable qui est la victime, on peut supposer que l’actuel résident habituel a toujours la priorité. En effet, il est peut-être arrivé sans agression ni violation dans un abri-lieu de vie, soit en premier occupant, soit par naissance, soit par acquisition contractuelle et librement consentie entre les différents intervenants. Il peut aussi occuper discrètement des lieux comme le squat.

L’occupant actuel pourrait avoir hérité du fruit de ses ancêtres. Si ces derniers sont contemporains, il semble normal de faire appel à une justice pour examiner et rétablir les droits. Mais si les ancêtres de l’occupant actuel ne sont pas contemporains, la situation peut requérir la présence de modérateurs neutres. Quoi qu’il en soit, l’emploi de la revanche est en désaccord avec l’esprit hôdon. En effet, le respect de toute forme d’intelligence et de son soutien inclut ce que l’on a hérité passivement ou inconsciemment. La dette et le dédommagement sont eux-mêmes difficilement évaluables dès que la rivière du temps a remodelé le lit de son histoire à partir de cet évènement. Et surtout, personne ne peut rejouer l’Histoire, car personne ne peut deviner ce qui se serait passé si son déroulement avait été autre. Qu’importe, le respect du droit à l’abri et à l’évitement doit aboutir tout d’abord dans la sérénité et la paix, ce qui sera toujours la première mission diplomatique d’un État hôdon.

Un État hôdon aurait aussi la mission de veiller à la protection de la planète (l’abri de tous les humains et être qui la partage) de concert avec tous les homologues. Premièrement, un pourcentage objectivement évalué de la planète sera toujours réservé à «Gaïa», «Pachamama»… sous forme de parcs nationaux sous contrôle d’une sorte d’organisme international. Ce serait sa prime mission. En résumé, il devrait s’assurer qu’un habitat = refuge + lieu de vie + nature. Pour cela, il pourrait fournir des listes de logements et des terrains vacants disponibles pour devenir des lieux bâtis. En effet, il est plus commode d’avoir des organismes qui centralisent l’information recueillie toujours dans l’optique de maîtriser l’écologie planétaire.

Rôle du ministère de la Synergie

L’écologie n’a pas de frontières, et une nation n’est pas isolée. Cette dernière partage directement ou indirectement toutes les ressources de la planète. Plutôt que vouloir l’écrasement des sociétés qui ne conviennent pas, ne vaudrait-il pas mieux partager les cerveaux des différentes communautés pour construire un monde plus écologique avec sagesse et surtout humilité?

Le ministère de l’Aide au Consensus aurait au niveau des conflits entre territoires un important rôle. Et principalement celui de faire respecter les deux premières lois de Hôdo, à l’intérieur de l’État non seulement par ses membres, mais par les autres «nations».

Si les Lois de Hôdo sont peu nombreuses, elles sont aussi plus faciles à défendre vis-à-vis de toute autre position.

Le respect de toute intelligence inclut l’intelligence collective, celle d’une nation notamment. Cela impose de rester humble et de ne pas proclamer «moi, et moi seul, j’ai raison». Le droit à l’abri comprend le droit à l’environnement vital dans lequel baigne l’intelligence collective. Cette dernière, si elle n’est pas «mieux» qu’aucune autre, est néanmoins le creuset dans lequel se développe l’intelligence individuelle de chaque citoyen. Les us et coutumes sont des automatismes de ce qui semble avoir marché jusqu’à maintenant et qui sont censés permettre une plus grande liberté à la réactivité donc à la créativité. À ce titre, l’environnement psychique est un bien, supérieur à l’espace physique délimité par un quelconque découpage géographique. Il semblerait que l’un ne va pas sans l’autre. Aussi, les frontières, gardent-elles un certain sens, mais peut-être faut-il revoir cette notion, non plus avec un sens économique, mais avec un sens culturel et écologique. Peut-être serait-ce l’occasion de marquer un territoire, non en l’enfermant derrière des grilles et des murs au tracé arbitraire, mais en utilisant des éléments paysagers comme des haies là où c’est possible. De toute manière, les attaques d’aujourd’hui et du futur se moquent bien des barrières.

Les questions au niveau des rapports entre nations sont d’autant plus complexes dans l’esprit hôdon qu’aucune structure ne serait étatique. Il n’y aurait ni ministère de l’Intérieur ni ministère des Armées et celui du consensus ressemblerait plus à un ministère des relations publiques et des affaires étrangères. Seule serait logiquement acceptable dans l’esprit hôdon la notion de recommandation d’emploi de normes afin de faciliter les relations de tout type aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il semble aussi logique qu’il y ait au sein d’une «nation» une solidarité spontanée avec toute région membre qui serait en difficulté. Cette solidarité ne serait pas imposée, mais les moyens seraient mis en œuvre pour collaborer avec une région voisine ou appartenant au même groupe. Dans tous les cas de figure, locaux ou internationaux, selon l’esprit hôdon, tout devrait se réaliser par contrat mutuellement accepté, sans pression, sans chantage, mais gagnant-gagnant avec une clause de fin de contrat, par délai et rupture.

Le refus de pression et de chantage conduit immanquablement à une grande neutralité et à une solide sérénité. D’un point de vue international, à l’instar de l’attitude interne, il serait toujours obligé d’avoir une force d’interposition, mais pas interventionniste, car toute solution forcée conduit toujours à la revanche.

Quant au consensus, il n’est techniquement réalisable que sur des points précis dans un petit groupe. Ce dernier détail explique aussi pourquoi les Dominants ne se concertent qu’entre eux. Il leur serait difficile d’arriver à un consensus en faisant intervenir plus de personnes et a fortiori le peuple. Il en résulte que les guerres se décident dans un petit groupe qui conduira des populations entières au carnage.

Les moyens de communication participent à l’embrigadement même s’ils ne sont pas soumis aux Dominants. En effet, les «suivants», c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de pouvoir exécutif, délèguent celui-ci à leurs champions dont ils vantent les choix. Les médias favorisent d’une manière ou d’une autre la diffusion de leur vérité. Même en croyant être de bonne foi, ils induisent la population à croire une certaine vérité tronquée, car la vérité proposée par le parti opposé sera plus ou moins involontairement étouffée. Ce comportement aussi n’est pas «méchant»: notre cerveau à la fâcheuse tendance à n’accepter que ce qu’il croit déjà. Pour éviter ces aléas, le système hôdon tente de ramener le pouvoir à la base. Chaque clan de taille efficace aura, c’est incontournable, son dominant, mais celui-ci n’en serait que le porte-parole puisque de toute manière les décisions de son groupe auraient été consensuelles. Il ne pourrait changer la stratégie de son clan sans que ce dernier l’avalise.

Le système des trois lois de Hôdo devrait empêcher que n’importe quel Dominant n’impose ses desiderata aux populations et dispose de ces derniers, n’hésitant pas à faire couler le sang et les larmes. Il serait intéressant aussi pour faciliter la synergie entre tous les humains d’avoir une monnaie commune n’appartenant à aucun groupe dominant et qui serait un moyen d’assurer une justice sociale universelle respectueuse de l’écologie.

Serge Jadot
sj@hodo.fr

Notes, annexes et articles en relation

Annexes

↑*: Séduit par le concept de «mon oncle d’Amérique», je voulus réaliser quelque chose qui y ressemble, mais au niveau social, donc politique. Henri Laborit fut mon premier maître à penser dans ce domaine. D’autres suivirent comme Robert Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, et d’autres comme Pierre Daco, bien avant, avaient ouvert en moi la soif de comprendre l’«intelligence naturelle». Bien sûr, comme dans toute recherche scientifique, le savoir évolue et ce qui était considéré comme vérité à une époque ne l’est plus à une autre. Mais l’esprit de tous ces humanistes et chercheurs qui n’ont pas voulu écrire de «Livre de Vérité absolue» reste comme une lanterne sur la route, quitte à signaler humblement: «Voie sans issue».

Je ne voulais pas philosopher ni m’arroger un quelconque titre de «sage» que certains n’hésitent pas à brandir comme bannières de guerres éternellement dites justes. Le hasard de la vie m’a fait connaître de nombreuses aventures et remous sociaux dans lesquels je pouvais puiser mon apprentissage du monde. J’ai vu trop de souffrances inutiles qui se répètent inlassablement, toujours sous d’autres formes, mais toujours avec le même état d’esprit de détenir seul La Vérité qui transforme un dominant en tyran. C’est ainsi que j’ai écrit «Hôdo, la légende». C’était une œuvre de science-fiction «tube à essai» comme je me plais à la définir dans laquelle, les allégories me permettaient de rompre des tabous sans vouloir ne blesser personne.

Je désirais confronter mes ressentis à la réalité et partager mes réflexions comme un scientifique avançant ses hypothèses, espérant qu’elles décrivent le plus fidèlement les lois de l’Univers. Car si l’on me demande quelle est ma philosophie, je répondrai, «je suis physicien». C’était mon métier, mais aujourd’hui c’est mon «art de vivre et de penser». Et contrairement à celle de nombreux philosophes qui font de leur arrogance une devanture commerciale, l’attitude du chercheur est censée être toujours empreinte d’humilité. En effet, une seule expérience peut leur montrer qu’ils se sont trompés. C’est très éloigné de l’attitude des Dominants qui s’accrochent même à leurs erreurs les plus flagrantes tant ils veulent se cramponner à leur pouvoir.

J’imaginais donc un monde où la gestion du quotidien et du relationnel ne serait pas aux mains d’idéologues puissants par leur force, leur richesse matérielle, la maîtrise de l’information et toute autre manipulation mentale de masse.

Mais, comment sortir du tube à essai un concept qui, je l’espère, sera à mains multiples et sans frontières, ni physiques ni «morales», comme dans la recherche scientifique. Comment faire pour que Hôdo ne soit pas une planète éloignée, hypothétique et utopique, à l’abri des folies de la Terre, mais bien sur Terre avec la richesse de tous les libres penseurs coopérants?

Comment lui donner naissance dans la vie active et rester «incorruptible»?

Comment faire pour ne pas être étouffé par les opposants qui voudront garder leur main mise sur leurs peuples sans tomber dans le piège du remplacement des têtes, sans vouloir «devenir calife à la place du calife»5? Comment faire pour ne pas engendrer des chaos propices à la naissance des dictatures en faisant semblant comme c’est souvent le cas de parler au nom du peuple, peuple qui se veut d’ailleurs, dominant par procuration?

Comment créer de nouvelles structures sociales, favorisant une synergie gagnante/gagnante, plus respectueuse des humains, de toutes formes d’intelligence et de notre planète, mais aussi les rendre réalistes et applicables envers et malgré tous les Dominants?

Et, plus compliqué encore, comment ne pas confondre Dominants et dominants, celui qui veut le pouvoir pour le pouvoir, et celui qui est mis face au gouvernail pour que le navire affronte l’océan et ses tempêtes? Car, comme le disait H. Laborit, si la hiérarchie dominante est à écarter, on ne peut éliminer la hiérachie fonctionnelle.

Comment? En se faufilant dans la politique? En essayant d’y glisser des idées issues de l’esprit de la Charte de Hôdo?

Ou en créant nos propres pionniers?

Notes

↑1: «Le respect de toute intelligence ainsi que de son support» est la première loi de la Charte de Hôdo, sa pierre angulaire.
↑2: «Le respect du droit à l’intimité et à l’évitement» est la deuxième loi de la Charte de Hôdo, car sans elle la première loi serait irréalisable.
↑3: Le consensus fait partie de la troisième des trois lois fondamentales de Hôdo.
↑4: Clin d’œil au livre de H. Laborit, «L’agressivité détournée: introduction à une biologie du comportement social», Volume 527 de Collection 10-18, ISBN 2264003707, 9782264003706
↑5: «Je veux devenir calife à la place du calife!» était une phrase récurrente du personnage de bande dessinée Iznogoud créé en 1961 par René Goscinny et Jean Tabary. Cette formule est passée depuis lors dans la langue courante en raison de la popularité de la bande dessinée, puis du film qui en a été tiré.
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