Bonne cause

 

Un article de Livingstone.

Pour la bonne cause.

Nous venons de signer une pétition pour la bonne cause alors dans notre conscience émerveillée, se lève le petit drapeau « applaudir »... Non ! au lieu de m'esbaudir, je surgis, sabre de bambou au poing, et je frappe, un coup sur l’occiput, ici, un coup sur l'épaule, là, plus efficace et précis que les cailloux de Diogène.

Réveillons-nous ! Compatir, c'est bien, c'est plus que très bien. Presque tous les grands maîtres à penser ou à prier le proclament... Compatir, c'est le début de la voie. Le début.

Rien que le début.

Vous vous jetez par la fenêtre du 5e et vous écrasez. Auriez-vous honte de vous rappeler que vous êtes matière, et que vous obéissez aux lois de la physique ? Auriez-vous honte de vérifier que votre nature biologique est approvisionnée en nutriments et protégée des risques incapacitants, voire mortels ? Alors, pourquoi avoir honte d'être un animal au point de se laisser berner par lui et les dresseurs de tout genre qui profitent de notre candide ignorance ? Notre animalité est dotée d'un merveilleux cerveau dont le but est de vivre et survivre. Tout cela pour abriter une âme, où pour suivre une voie inconnue de l'Univers, que sais-je, qu'importe. Ce merveilleux cerveau peut tout mettre en œuvre pour acquérir l'indispensable et éliminer les obstacles. Il est fait pour cela. Et tant que nous rêvons être des anges, nous pouvons à tout instant sans y prendre garde nous réveiller bêtes.

Impossible ! Parce que vous croyez que vous êtres à l'abri de la violence ? Parce que le sourire ironique sur cette stupide collègue fait moins « violent » qu'une gifle, que traiter un enfant d'incapable laisse moins de traces qu'une fessée... que les blagues sur les blondes ou les Belges sont d'innocents relents de sexisme et de racisme ? Nous refoulons nos instincts en croyant les faire disparaître derrière des masques de civilisation. Mais ils sont là. Il ne s'agit pas de la colère qui déferle sur la raison. Non, ils sont des tripes retournées aux cris entendus pour défendre la liberté, la sienne évidemment, pour s'attaquer à celui d'en face qui a reçu les mêmes consignes pour préserver la paix. Vous n'y croyez pas ? alors que, plus que jamais, en période dite de crise, nous pouvons nous surprendre à dire « c'est pas juste, pourquoi lui et pas moi (ou l'inverse selon les circonstances) ? » Petite question qui incite à faire quelque chose, n'est-ce pas... et le cerveau de chercher comment faire pour vous satisfaire !

Il n'y aura aucun progrès de société si nous ne jetons pas bas les masques pour commencer à vraiment étudier ce qui ne tourne pas rond dans nos sociétés construites par et pour nos cerveaux qui ne cherchent qu'à dominer un terrain de chasse. Il ne suffit pas de demander que les autres ne soient pas violents. Celui qui jette des fleurs aux héros est complice, et il y a tant de manières de couper l'herbe sous les pieds d'autrui avant de pousser une arme dans les mains d'un enfant.

Mais cela fait tellement peur ! Tout de suite, combien diront : « mais, en nous assimilant à des bêtes, nous perdons toute spiritualité ! » Allons donc ! on connaît la combinaison chimique du parfum de la violette : sent-elle moins bon pour autant ? On connaît les mécanismes de la sexualité : est-ce que cela en a ôté tout charme ? Pas même la perversion. Oui, le savoir peut déranger, mais il n'y a pas de liberté sans savoir.

Alors, la bonne cause, c'est le combat que l'on mène en soi pour éviter de répandre la souffrance ne fut-ce qu'à partir de sa lâcheté. La seule violence qui nous grandit, c'est celle contre nous-mêmes pour enrichir l'humanité et l'aider à tendre vers cet Horizon qui nous échappe. La voie commence en chacun d'entre nous.

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