Serge Jadot
Un article de Livingstone.
Quelque part sur la toile, on me demandait dans mon profil mes options philosophiques, religieuses et politiques. J’ai écrit que j’étais physicien, agnostique, hôdon.
Je crois que la sagesse (philosophie) vient en respectant la nature (physique) elle-même. Cela requiert une observation objective et humble soumise à l’approbation des collègues. Humble est le mot clé de cette philosophie, car tant que le physicien (ou tout autre chercheur) se trouve dans la pénombre du savoir, il échafaude ses solutions et parie sur le choix qui lui paraît le plus logique. Peu à peu, une majorité se dégage confortée par l’expérimentation confirmée par ses pairs qui validera ou non à terme ses théories. C’est très loin des attitudes idéologiques rigides. Un chercheur de vérité propose ce qu’il croit être « logiquement » correct, mais n’est pas la vérité. C’est un libre-penseur prêt à perdre ses idées si la réalité se révèle opposée à ses croyances.
Je clame un agnosticisme, car c’est une attitude d’humilité qui considère que les questions existentielles ne trouvent souvent (toujours ?) de réponses qu’au fond de soi en épousant certaines convictions que personne n’est en mesure de prétendre être meilleures ou pires que d’autres. Nul ne devrait être obligé ni obliger autrui à croire et à pratiquer des rituels liés aux croyances. Et nul ne devrait condamner ceux qui ne partagent pas les mêmes croyances tant qu’ils respectent les autres dans leur intimité.
Tout cela me conduit à être politiquement hôdon. Il faut refuser l’esprit partisan qui classent d’un côté, le leur, les bons ou les intelligents, et de l’autre, ceux qui ne sont pas de leur bord, les méchants ou les stupides. Il faut briser ces prisons que l’on veut mettre dans la tête des humains, leur faisant croire que l’autre est le mal ou l’imbécillité en personne. Ce n’est pas ces divisions artificiellement imposées qui engendreraient l’union et le respect de tous les humains. La notion de gauche et de droite n’a plus ou pas de sens. Il n’y a pas le clan des anges ni des monstres. Nous sommes tous un peu de chacun, ou plus précisément, ni l’un ni l’autre : nous sommes humains. Et ça, c’est la politique hôdonne : chercher la voie de l’humain dans notre humanité, le reste n’est que gestion et on ne devrait choisir que des gestionnaires comme on choisit un syndic, et ces gestionnaires seraient comme des pilotes sachant quand user des freins ou de l’accélérateur. Combien de maires sont choisis malgré leur couleur politique, tout simplement parce que les citadins jugent son action bénéfique pour la cité ? Ça, c’est la république acratique, une république qui ne serait plus aux mains d’idéologues, mais d’hommes qui constituent cette société et qui ont suffisamment de maturité pour choisir des chefs de projet mieux que des politiciens qui ne voient que leurs projets.