Anecdotes de romancier

 

Un article de Livingstone.

Petites anecdotes et «clefs»

de la saga de  Serge Jadot

« Hôdo, la légende »

Hôdo ?

J’utilise beaucoup d’images quand j’écris, et, à l’origine, avant les Google et consort, je n’avais que les divers dictionnaires papier pour enrichir mon vocabulaire. J’avais parmi eux le « Dictionnaire des Symboles » de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, édité chez Robert Laffont — Jupiter.

Je cherchais un nom pour « ma » planète, un nom qui ait un sens qui correspondent aux idées que je voulais coucher sur papier, lesquelles étaient fortement imprégnées de celles de Henri Laborit.

S’agissant d’une nouvelle Terre, je cherchai l’inspiration dans le « Dictionnaire des Symboles » au sujet de « terre ». Là, je trouvai, à la page 942 de l’édition de 1982, le mot Hôdo. Tel que je l’avais compris, c’était une notion assez ésotérique, même pour les bouddhistes, et je l’ai peut-être mal interprétée, mais voici ce que j’avais interprété.

Un moine célèbre du Japon, Shinran, aurait été un peu comme certains prêtres des pauvres et des travailleurs chez les chrétiens. Il s’intéressait à mettre à leur portée le paradis, la Terre Pure, alors réservée aux moines qui renonçaient à la vie du commun des mortels. Pour lui, le paradis devait être accessible à tous et fonction de ses œuvres en ce monde. L’interprétation de Hôdo me convint pour en faire dans ma saga une tentative de paradis construit par et pour les humains.

À qui ressemble ce personnage ?

La saga de la légende de Hôdo contient une centaine de personnages. Un tiers sont androïdes, cyborgs, mutants, clones, ressuscités, nymphes et extra-terrestres. Tous les autres sont « normaux » et représentent le plus large échantillon possible d’humanité, car la légende traite avant tout de la synergie.

Trouver des noms a été un souci fréquent quand je créais mes personnages. Je voulais qu'ils représentent tous les coins de la Terre et toutes les formes de culture, aussi, souvent, je choisissais au hasard avec un dé à dix faces qui me renvoyait dans des pages du dictionnaire. Puis, je fouillais sur la toile pour trouver un nom qui soit porteur de sens. Là, Wikipedia m'a très souvent aidé.

Chacun de ces personnages est une clé en soi, même les petits rôles, allusions discrètes ou non, jeux de mots pour le pur plaisir ou allégories profondes… Mes personnages sont des panachages de personnes connues par les médias, des encyclopédies, des amis, des membres de la famille et moi-même.

Aucun personnage n’est réel, même s’ils rappellent parfois plus ou moins des ressemblances connues qui ont été source d’inspiration. Ce sont des êtres chimériques, des Frankensteins, fabriqués de toute pièce dans mon cerveau. J’assemble les éléments : tenues, activités, trait de caractères, tiques, tocs, noms refabriqués par assemblage, symboles… Et puis, je suis comme le marionnettiste qui tire les ficelles.

Finalement derrière chacun d’entre eux, il y a un peu de moi et souvent des proches ou des amis.

la réalité dépasse la fiction

Je voulais projeter la saga de Hôdo, ce conte pour moi, dans un futur hypothétique, pas trop loin pour rester proche de notre univers, mais pas de trop, pour ne pas tomber dans le faux reportage moralisateur de nos sociétés. Mais je n'étais pas toujours assez « loin ». Avec le recul, je suis parfois surpris, voire frustré, de constater à quelle vitesse, la réalité dépasse la fiction. Ainsi, il m’est arrivé de « prédire » ce qui est arrivé, parfois plus vite que prévu.

Bien sûr, le plus remarquable est mon allinone qui ressemble aux smartphones et aux tablettes d’aujourd’hui. Heureusement, il est difficile de dire qu’une allégorie ou une métaphore s’est réalisée… Mais il y a des fois…

Parfois, même c’est pendant l’écriture que je me fais rattraper. Tantôt, cela m’inspire et me fait rebondir, mais d’autres fois je suis même obligé de corriger et remanier l’histoire. Je me souviens de deux cas : le traité de Paix israélo-palestinien de 1993 qui a volé en éclat et le changement de nom du Zaïre…

J’ai parfois l’impression que l’histoire va très vite, rendant l’anticipation spéculative quelque peu difficile. Peut-être, aussi, en voulant être intemporel, suis-je toujours dans le présent.

Histoire pluriculturelle

Je voulais que mon histoire soit pluriculturelle. Évidemment, je ne connais pas toutes les cultures et j’ai dû souvent extrapoler dans le futur. Mais je me risquais à plusieurs jeux de mots « translinguistiques », comme le nom des gros vaisseaux, les Seamorgh’N qui rappelle le sîmorgh fabuleux des légendes perses, mais s’écrit à la nordique pour évoquer l’albatros,

Sommaire

Les pionniers de Hôdo et Homo sapiens syntheticus

Ces deux volumes ont les mêmes héros et les deux histoires se passent dans la foulée. On pourrait dire que c’est en fait un « gros » volume, composé de deux parties.

À l’origine, je n’avais pensé écrire que les Pionniers, mais dans les derniers chapitres, j’eus l’idée d’utiliser des androïdes. Comment! Je n’ai pas prévu ça dès la création de mon histoire? Eh bien non! Certes, je sais de quoi je veux parler et j’ai une vue globale de l’histoire à sa naissance. Puis, je planifie une structure dans laquelle je pose les points que je veux développer. C’est parfois du charabia tant je vais vite pour ne pas perdre les fugitives ébauches. Mais au fur et à mesure que j’écris et que mon imagination s’échauffe, certaines nouvelles inspirations germent me poussant parfois à bousculer le plan initial, reléguant même certaines directions prévues. Finalement, seul le sujet central qui ne tient qu’en une phrase reste constant de la première lettre qui rompt la page blanche jusqu’au point final posé en moyenne quatre ans plus tard.

Peu à peu, ces androïdes, nommés les Synths, un autre jeu de mots, prirent un sens plus riche dans mon esprit. Ils devinrent une sorte d’allégorie à « L'homme imaginant » de H. Laborit. Finalement, ils devinrent les gardiens des lois de Hôdo, les piliers de toute la saga.

Le Livingstone

Le nom du vaisseau des pionniers de Hôdo, s’appelle le Livingstone… et ce site de réflexion sur Hôdo en prit le nom. Par la suite, je fis aussi un blog où je voulais traiter de « biopolitique », mais il est en sommeil, car je préfère l'organisation des wiki comme celui de wikipédia.
Voici l’incipit du chapitre 2 dévoilant ce choix :
Extrait du journal personnel du commandant Lucien Porte du Livingstone.
Longtemps, j’ai cru que le nom de mon vaisseau était lié à un conte : Jonathan Livingston Seagull. Cette histoire me séduisait, car elle prônait la liberté, la vraie liberté, celle d’être soi, de se dépasser…
Mais, Jeanne me fit remarquer que ce Livingston-là n’avait pas de « e » final.
Selon elle, il s’agirait peut-être d’un personnage célèbre, sans doute David Livingstone.
Pourquoi pas, d’ailleurs ? Livingstone était un explorateur qui disparut au cœur de l’Afrique.
On dit qu’un reporter du nom de Stanley le retrouva en disant une phrase célèbre (je me demande pourquoi) : « Docteur Livingstone, je présume ? ». Ce docteur ne s’était pas perdu. Il refusait tout simplement de revenir à la « civilisation ».
... comme les Pionniers de Hôdo.

Hôdo

Hôdo est la 2e planète du système Intirayo. Je l’ai imaginée semblable à la Terre, un peu plus petite, aux journées et à l’année un peu plus courtes, car il était intéressant du point de vue de ma fiction de créer un univers humanocompatible sans terraformation dont les principaux critères pour cela sont la pesanteur, l’énergie solaire et la richesse en oxygène de l’atmosphère. « Pionniers » est avant tout un tube à essai de comportements sociaux, donc je ne voulais pas m’appesantir sur des complexes techniques d’adaptation à un milieu trop hostile. De même, pour pouvoir « expérimenter » des idées de Henri Laborit à l’instar du film « Mon oncle d’Amérique », je ne voulais aucun contact avec des autochtones, car l’humanité est déjà assez complexe en soi sans en rajouter. Le plus simple était donc de ne pas avoir de vie intelligente trop évoluée du moins à la surface ce qui m’a conduit à choisir la période géologique correspondant au dévonien.

Intirayo

Intirayo est le nom du Soleil de Hôdo. Ce nom est la concaténation de « Inti », le dieu Soleil des Incas, de « Râ », celui des anciens Égyptiens et de « Yo » (陽, Yō, une variante de soleil en japonais). De plus « rayo » est le mot espagnol pour rayon, donnant l’idée de rayon de Soleil. La même racine se retrouve en anglais « ray ». Ce mot symbolise l’internationalisme de Hôdo.

Lucien Porte

Le commandant du Livingstone a un pseudo : Nic. Une fois quelqu’un dira pour le taquiner : Old Nick (en anglais, un surnom donné à Satan ou à Lucifer). Or Lucifer vient du latin, « porteur de lumière »… quand on sait que le nom du commandant Nic est Lucien Porte… la boucle est bouclée.

Jeux de mots multiculturels et phonétiques

  • Le nom donné au système de voyage « ultra-luminique », le voyage X2-plasmique, est réalisé par l’X2-plasme qui doit se prononcer à l’anglaise : ectoplasme.
  • l'allinone, vient de l'anglais « all in one », mais à l'époque de mon roman le terme est réinterprété en espagnol et devient « allí no necesitamos mas », prononcé en abrégé en français « allinoné ». Celui qui n'a pas cet appareil qui sert à tout et surtout à identifier un individu est un « sans allinone », en abrégé un « none ». En anglais cela évoque « aucun » et en français cela se prononce « non-né ».
  • Le premier androïde de Hôdo, est appelé Nana qui est le chiffre sept en japonais. Ce nom est dû au numéro de série 703 qu'il prononce « nana yaku san » quand les pionniers lui demande son nom.

Le référendum écossais

Souvent je me fais rattraper par la réalité, par exemple cette histoire inventée bien avant le référendum écossais:
Extrait de journal William Hamilton, chef intendant du Livingstone. (incipit du Chapitre 18, la tempête)
Pourquoi certaines sécessions nationalistes sont-elles soutenues par les grandes nations, alors que d’autres sont systématiquement combattues ? Pourquoi ces discriminations ? Au nom de quelle justice géopolitique ?
Quand j’ai été adopté dans le clan des Porte, il ne me restait plus comme souvenirs des miens qu’une paire de kilts au tartan composé de trois larges bandes bleues et d’une fine blanche sur fond rouge. Quand je les revêtais, j’arborais fièrement mon allinone pendu à la ceinture comme un sporran, la traditionnelle bourse écossaise.
À l’époque, je n’aurais jamais pensé que cette tenue que j’emportai avec moi dans le Livingstone deviendrait costume masculin de notre nouvelle civilisation.

Jonhatan Stanley

Jonhatan Stanley, le « monstre », astronaute éboueur qui ramena Moka sur Hôdo avec la complicité de Petit Cheval Blanc et de père Keshavan est l’un des premiers « hérauts » de Hôdo sur Terra et dans le milieu astronautique. Il sera célèbre avec sa phrase :
— Commandant Lucien Porte du Livingstone, je présume ? Stanley, Jonhatan Stanley. On vous croyait disparu.
Il faut noter au passage que je lui ai donné le prénom de « Jonathan Livingston ».
Toute allusion avec la réalité n’est pas interdite ici !

Moka Biscuit

Moka Biscuit fut l’androïde de secours censé remplacer Nana en cas de panne, ce qui fut à l’origine de son nom : Biscuit, une allusion à la « porcelaine sans glaçure » dont elle avait la pâleur, et au fait qu’elle était le second modèle que les Hôdons découvrirent.
Elle devint par la suite l’une des deux androïdes les plus célèbres de la saga. C’était une androïde de « caractère », la première qui s’attribua un prénom et surtout qui sut surmonter l’angoisse du silence informatique lors de ses voyages.

Clin d’œil à la République du Congo

Je n'ai pas choisi au hasard toutes les communautés de notre planète. Parfois, j'ai lancé des petits clin d’œil à des nations ou à des régions pour lesquelles j'avais une affection particulière. Ce fut le cas pour la République du Congo que j’ai connu et ai aimé.
L’astronome des « Pionniers de Hôdo » est tutsi et congolais. Plus précisément dans la première version du roman que j’ai terminé en 95, il était zaïrois et tutsi.
C’était un personnage que j’imaginais élancé toujours affable et souriant comme un compagnon d’école, Tshibwabwa. Je cherchais un symbole de l’espace et je le trouvai en déformant le nom en Chibwabwa (une citrouille) que j’imaginais pour symboliser un soleil. Il me manquait un prénom. Finalement, je choisis Makuta qui n’est pas un prénom, mais la plus petite pièce de monnaie zaïroise… un sou dirions-nous, un rien, mais une poussière d’étoiles.
Ainsi ce personnage, ce petit rien devant l’infini, pouvait écrire dans son journal mes propres pensées :
Je ne me souviens pas quand les étoiles ont attiré mon regard.
Je me souviens seulement que quelqu’un m’a dit qu’elles étaient loin, très loin, beaucoup plus loin que ça.
Alors, je me suis demandé dans quelle gigantesque sphère elles étaient enfermées avec nous au milieu.
On m’a dit qu’elles étaient enfermées par l’infini.
L’infini ? Difficile à comprendre pour un enfant… je préférais une sphère bien délimitée.
Mais alors, et si la sphère elle-même était enfermée dans une autre sphère… Une infinité de fois !
Mes compagnons ne comprenaient pas mes questions stupides de rêveur qui ne comprenait rien aux jeux de société du foot au flirt.
Alors, je me suis demandé : « Pourquoi ne ressentons-nous pas tous la même chose ?
Qu’est-ce l’intelligence ? Qu’est-ce qui prouve que ce que je comprends est compris par les autres et vice versa ?… »
Questions stupides… je me retournai vers les étoiles. « Et vous là-bas ! Y a-t-il une intelligence pour partager notre solitude dans notre sphère de compréhension ? »
Je savais que je n’aurais pas de réponse même en devenant astronome en quête de lointaines lumières…
Je sais que je n’aurai peut-être pas de réponse en me portant volontaire pour ce voyage.
Mais peut-être que je ferai un petit pas vers la Vérité… Si elle existe…

Clin d’œil à la Bolivie

Même si je choisissais au hasard la plupart des groupes humains peuplant Hôdo, je ne pouvais pas m’empêcher de privilégier certains pays et cultures pour lesquels j’avais de l’affection, comme le Congo, la Bolivie, le Japon, et de les mettre aux postes clés.
Ainsi, j’imaginai un héros issu de Bolivie où j’avais eu beaucoup de collègues et amis. Je le choisis Aymara, car on dit qu’ils furent les insoumis des Incas. Or, les Pionniers étaient de fortes personnalités, représentantes de leur « peuple », capables d’une grande autonomie et très adaptables pour partir coloniser un nouvel univers totalement inconnu.
Pour baptiser ce Bolivien, mon idée tournait autour de « Mallku », le Condor. Mais la prononciation en français risquait de provoquer de malencontreuses associations. Je me tournai donc vers « Cóndor » qui est utilisé comme nom. Quishpi Cóndor est une danse très importante dans les traditions andines, et par glissement je pensai un nom existant « Quispe Condor ».
Les Amérindiens ont la réputation de ne pas être sensibles au vertige, et ceux que j’ai connus avaient très souvent un sang-froid extraordinaire devant le danger et la mort. Alors, mon héros bolivien devint l’homme qui n’avait peur de rien : le chef des sapeurs pompiers du vaisseau explorateur.

Cheng-Yi Wu

Cheng-Yi Wu est l’une des héroïnes principales de la saga. Elle est l´une des 7 « mères veilleuses » fondatrices de la civilisation hôdonne. Cheng-Yi signifie (sauf erreur de ma part, car je ne suis pas expert en chinois) « Qui devient un ». Quand à « Wu », c’est par respect et admiration pour la célèbre physicienne Chien-Shiung Wu.

Petit Cheval Blanc

En prenant des cultures et des nations au hasard, j’étais arrivé sur les Amérindiens pour créer un ambulancier.
Dans ma légende, la Terre n’est pas une planète de désolation post-apocalyptique, mais c’est un monde gris, triste et inquiétant, plus proche de celui de « Blade Runner », un film parmi mes préférés. Terra est en proie à du terrorisme endémique et les divisions primaient sur les unions. Même les É.-U. et l’Europe en avaient pâti. J’avais écrit cela bien avant 1995, et j’ignorais mes « qualités » de Cassandre...
Cet Amérindien s’était exilé quelque part en Europe, et portait fièrement son nom que j’ai inventé à partir de la « Complainte du petit cheval blanc » de Paul Fort. Les premiers couplet et refrain traduisaient l’atmosphère de mon histoire. « Il n’y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage. Il n’y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant. »

Dix lois pour le nouveau peuple

À l’origine, le chef des pionniers imagine 10 lois pour le nouveau peuple que constituent les Pionniers.
C’est une allusion assez transparente à Moïse qui conduit son peuple vers la terre promise. On la retrouve plusieurs fois dans le roman et le chef informaticien résumera :
« Qui êtes-vous, finalement, Nic ? Moïse, Salomon, David ? »
Mais l’allusion s’arrête au chiffre 10 seulement, et non au contenu.
En fait, Nic (et moi derrière) voulait très peu de lois afin que tout Hôdon puisse s’en souvenir et que la sentence « Nul n’est censé ignorer la loi » ait un sens.
De plus plus, mathématiquement, pour réunir des ensembles il faut diminuer les contraintes de définitions. Or le peuple hôdon était un mélange d’antagonismes.
Mais, au fur et à mesure de la vie de l’Univers de Hôdo, j’en vins à imiter Isaac Asimov et diminuer le nombre de lois à 3, les trois lois sociales de Hôdo :
1.— Respecter toute forme d’intelligence ainsi que son support
2.— Respecter le droit à l’évitement et à la fuite
3.— Le hasard si non consensus.

Voyager plus vite que la vitesse de la lumière?

Toutes les œuvres de science-fiction dont l’histoire se passe loin de la planète mère interrogent l’auteur sur les moyens pour rejoindre le lieu de l’aventure. Habituellement, dans la foulée, vient la question : comment le faire vite pour garder un lien avec ses origines ? Puis, comment garder le contact avec ses contemporains ? Les réponses sont diverses et balayent tous les cas de figure à la fois techniques pour le déplacement, mais aussi pour l’échange d’information. Échecs ou réussites dépendent souvent de ce que l’auteur a dans la tête. Comme il n’y a guère d’indices pour étayer une théorie plus qu’une autre, il n’est pas impossible de faire de la « magie » pour y parvenir.
Personnellement, je pense qu’à l’instar de la mécanique classique invalidée aux limites, il en sera peut-être de même avec les mécaniques modernes. Les équations de Maxwell qui décrivent bien la relativité ne précisent pas l’espace qui les expliquerait. Einstein a choisi un certain modèle basé sur l’espace de Minkowski, mais rien ne prouve qu’il soit le meilleur et qu’il soit compatible avec la mécanique quantique. Je lui préférais une hypothèse de temps imaginaire, énoncée par Dirac, ou un système à plus de 4 dimensions. Ces notions pourraient faire reculer dans le passé, et donc en jouant en zigzag entre passé et futur, naviguer autour d’un plan contemporain. Mais jouer avec des « retours dans le futur » posent énormément de problèmes de causalité, et donc de viol de conservations divers et rendant difficilement gérable toute intrigue. Mes voyageurs alors devinrent une sorte de « bruit de fond » avec une très faible interactivité dans l’espace traversé pendant les périodes de voyage vers le passé. Un tel concept posait un autre problème : celui de la cohérence des objets ainsi transportés. Il ne fallait pas que les passagers, leur vaisseau, leurs équipements, leurs organes, voire chacune de leurs particules, se dispersent pendant ces opérations. Il fallait donc créer quelque chose qui enveloppe l’espace environnemental des voyageurs dans une bulle protectrice qui restituerait non seulement l’objet déplacé, mais aussi son impulsion, l’impulsion de chacun de ses éléments.
Sans vouloir rentrer dans les détails, un conte de SF étant avant tout, pour moi un conte, et non un cours de physique, je brossai rapidement mes propres rêves d’Icare pour répondre à ces questions, et je parsemai des cailloux, comme le petit Poucet, non pour moi, mais pour d’autres... Qui sait ?

Les anges déçus

L'anticipation d'un revenu minimum universel

Jamais je n’aurais osé y croire. C’était pour moi, du domaine de l’utopie, un rêve que je développais dans la première confrontation entre les anges gardiens androïdes et les ambassadeurs des Dominants du 8G.

Les prémices du Projet Hôdo et du «Lapin Blanc»

Sans le savoir, j'écrivais dans ce roman toutes les bases du Projet Hôdo qui donnera naissance au «Lapin Blanc de Hôdo», un «parti» sans président ni normal ni partisan.

Victor-Hugo Paz de Guerra

Ce nom étrange en français est un clin d’œil multiple comme je parsème mes histoires.
Paz et Guerra sont de vrais noms espagnols, comme celui de Paz Estenssoro par exemple, président de Bolivie, ou de Wendy Guerra, écrivaine cubaine.
Mais la juxtaposition de Guerra et Paz, Guerre et paix, fait automatiquement penser à Tolstoï, qui, avec Victor Hugo, fait partie de mes écrivains préférés.
Pourtant, Victor-Hugo est aussi un vrai prénom de l’une de mes connaissances boliviennes.
Ainsi Victor-Hugo, le Mexicain de ma saga, avait toutes les qualités latino-américaine et romanesque pour devenir un Zorro dans mes romans.

Jikogu

Le nom Jikogu m’est tout d’abord venu du Japonais 地獄 じごく jigoku qui veut dire enfer, empire des ténèbres. Mon esprit tournait autour de cette idée, de ce concept, puis, au cours de la rédaction du roman, le hasard et l’inspiration me conduisirent à un nom pour des habitants de la planète, de « gentils kangourou », prononcé par les autochtones « gi kogou » !

Terra se meurt

Un autre jeu de mots dans les prénoms de ce volume a été celui de Kâlîma, prêtresse vengeresse de Kâlî, qui signifierait « noiraude », et de son espionne qui s’appelle Claire. Mais le jeu ne s’arrête pas là, car Claire a pour compagnon, Chris. Sachant que c'est un couple de « ressuscités », on peut y voir le clin d’œil à « Résident Evil ». En fait, j’avais poussé plus loin la description de ces deux derniers personnages que je n’ai pas détaillée dans le roman (Terra se meurt). Claire était pour moi eurasienne (Clara est un prénom occidental fréquent en Chine), et Chris était amérindien. J’ai d’ailleurs hésité à écrire Cris pour être plus proche de l’espagnol, mais cette écriture perdait en allusion.

La juge noire

Peu après l’édition des « anges déçus », Raphaël, mon fils aîné, me dit, « j’aime bien cette juge transformée en cyborg. Tu devrais en faire une histoire ».

En même temps, j’avais envie d’écrire plus sur ce fameux 8G omniprésent dans la légende de Hôdo.

Le 8G

Tout au long de mes romans, je parle du 8G. Il s’agit évidemment d’un clin d’œil au G8 (dont je précise à un moment donné qu'il ne s'agit que du G7+1). Mais dans la Légende de Hôdo, il s’agit des 8 groupes qui divisent la planète (8, les « informaticiens » auront constaté que Hôdo utilise en général les systèmes binaires ou octals). Géographiquement, ce sont des associations d’intérêts entre nations, tant culturel qu’économique. Les 8G sont dirigés par des inconnus, et seuls leurs ambassadeurs sont connus du reste de la population. Ces inconnus, appelés les Dominants, se partagent le pouvoir comme de grands ministères qui gèrerait toute l’humanité.
La « juge noire » essayera de découvrir les dessous de cette organisation planétaire.

La « Cyborgue »

Il n’est peut-être pas rare en science-fiction de créer des néologismes, mais j’ai été confronté à un autre problème : le genre. Les androïdes et les anges gardiens sont grammaticalement masculins. Dans mes romans, ce sont souvent des êtres « féminins », aussi j’ai pris la liberté d’utiliser ces termes au féminin, j’ai même créé « la Cyborgue », l’héroïne de la juge noire.

Luciole

La coccinelle est parfois un insecte fétiche, la fourmi, une allégorie, ou l’abeille, tout un symbole. Pour moi, c’est la luciole, mon insecte « totem » avec son merveilleux nom lumineux qui fait un clin d’œil à Lucifer, comme ce fut déjà le cas avec le Commandant Lucien Porte qui conduisit les Pionniers sur Hôdo. Dans mes écrits, SF ou essais, ce symbole est souvent présent :
dans mes réflexions :
Il existe de nombreux points obscurs dans notre savoir, à moins que notre orgueilleux savoir ne soit au contraire que quelques lucioles égarées dans la nuit.
Une luciole n’éclaire pas la nuit. Des milliers peut-être…
dans ce haïku de la nouvelle « entre terre et ciel » qui me valut un prix , repris dans « Sim-Orgs »:
Petit ver luisant
Rampante étoile du ciel
rêve de voler.
La luciole est même une allégorie, incarnée par un androïde dans mon roman de SF « La juge noire ou le pouvoir de l’ombre. » :
L'histoire est assez sombre et il lui fallait un peu de lumière dans la nuit, aussi j'ai donné le nom Luciole à l’une des héroïnes, un « ange gardien », qui aura la tâche de ramener la paix dans l’âme torturée de la Némésis en l'aidant non seulement à résoudre les funestes énigmes de cet univers où l’on ne sait plus qui manipule qui, mais aussi et surtout à surmonter sa colère de cyborg.

Poitiers

Adèle-en-Or de Lagardère

Cette femme habite Poitiers… vous ne trouvez pas que son nom rappelle Aliénor d’Aquitaine ?
Mais celle-ci est aussi fantasque et fantastique qu’Adèle Blancsec ! De plus, elle est si riche qu’elle roule sur l’or.
Certes, Lagardère serait plutôt gascon, mais Adèle-en-Or est la patronne de tout ce qui est communication : le réseau, l’espace, l’information. :Petit clin d’œil à l’un des patrons du réseau, de l’espace et de l’information.

Sim-Orgs

Le septième roman que j’écris sera sous le signe de la Russie. En effet, trois de mes personnages principaux ont des noms russes. Oleg, un Cyborg jeté au milieu d’un conflit intergalactique, Mir, un androïde de Hôdo, et Sputnik, un être d’une espèce baptisée « Sim-Org ».

Évidemment comme d’habitude, tous ces noms sont allégoriques : Oleg le Sage, Mir, la paix, Sputnik, le compagnon. Avec ce trio, il y a aussi les deux secouristes de l’espace, Tomoé, Harmonie en japonais, et Cocon, un autre Sim-Org. Quant à « Sim-Org », il s’agit bien entendu d’une allusion au Sîmorgh, un pur hasard par rapport à l’actualité. Mais, écrire de la SF c’est peut-être aussi ressentir les vibrations de la toile qui s’étire vers le futur.

Un des Sim-Org

Les couvertures de la Saga

Les deux premiers volumes ont été édités 3 fois. La première a été diffusée sur ArtLibre.org et a même été présentée comme travail « pionnier » à la Villette. Cette version est encore à ce jour présente sur mon site originel, et à l’époque, j’utilisais le pseudonyme SerSpock. Hé oui, j’aime aussi Star Trek, et mon nom de plume était un jeu de mots en espagnol. D’ailleurs, mon tout premier roman, « la Déchirure », est une aventure de Star Trek que l’on retrouve sur la toile en Belgique. Pour les deux premiers romans de ma saga, j’avais fait une couverture numérique, d’ailleurs adaptée aux écrans de l’époque, c’est-à-dire plus large que haut.

Je m’étais rendu compte à l’époque que la Toile avait plusieurs défauts : la fugacité de ce qui y est diffusé, le plagiat numérique, etc. Aussi lorsque je trouvai un éditeur partageant les mêmes idées que moi sur la « liberté » de lire je lui confiai mes deux manuscrits. Malheureusement, malgré toute la sympathie que j’avais pour lui et son projet, son travail était de mauvaise qualité, et finalement, les livres ressemblaient plus à de l’impression en série de manuscrits qu’à de l’édition avec les mises en pages adéquates digne d’un éditeur. Or j’étais très chatouilleux sur le domaine de la typographie, car mon travail de traducteur bénévole de Mozilla m’avait conduit à en apprendre beaucoup sur l’art typographique et sur celui spécifique à la francophonie très « saboté » par nombre de logiciels que je ne nommerai pas.

J’avais écrit un troisième volume que je comptais lui confier, mais déçu, je m’en suis arrêté là. Pendant ce temps, je travaillais sur les volumes IV et V et périodiquement je jetais des bouteilles à la mer en écrivant aux maisons d’édition. L’une d’elles me proposa de rentrer dans sa collection « coup de cœur ». J’étais plus que flatté. Donc, je lui confiai toute mon œuvre, et le travail était très bien fait. Pour l’éditeur-imprimeur précédent, j’avais moi-même composé les couvertures recto verso et je ne me sentais pas le courage de recommencer, aussi je laissai à cette nouvelle maison d’édition la pleine liberté pour réaliser la couverture.

Mais le temps a passé, et l’illusion que je me faisais s’est dissipée définitivement quand je confiai le volume VI. Je ne jette la pierre à personne et je vante même le travail du graphiste, mais... c’est la vie. Aussi, le dernier volume, je décidai qu’il serait vraiment le dernier et je l’autoéditai volontairement. C’est à ce moment que j’ai refait par pur plaisir de graphiste mes six couvertures précédentes pour avoir à la fois une homogénéité visuelle correspondant à la saga et une synthèse graphique de l’aventure ou du message de chaque volume. Voilà, l’aventure de ces images.

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