Le projet Hôdo
Serge Jadot, créateur du Projet
et auteur de la saga « Hôdo, la légende »

Serge Jadot

D’aussi loin que je me souvienne, l’Espace m’a fasciné.*

Laboratorio de Chacaltaya

Pour aller plus loin que la Lune, puis au-delà de notre système solaire, il fallait autre chose que des fusées et cela me poussa dans l’étude de la physique, à la recherche d’autres solutions. C’est en fac que je découvris la mécanique quantique et je fus plus attiré par ses étranges puits que par les trous noirs. Je continuai donc en privilégiant cette voie. Plus tard, je rejoignis comme chercheur et doctorant une équipe japonaise en Bolivie étudiant les rayons cosmiques (BASJE). De toute ma vie professionnelle, ce fut ma plus belle expérience, reliant des cultures distantes d’Est en Ouest entre l’infiniment petit et l’infiniment grand.

Je crois que l’on peut tomber en physique comme d’autres en religion. La physique est un monde si enrichissant d’humilité face à l’univers, un monde où l’on peut encore jouer aux aventuriers dans la pénombre des frontières du connu.

Pour moi, la physique est plus qu’une science, c’est un mode de pensée, une sorte de philosophie. La mécanique quantique est une école d’humilité, car à chaque instant elle nous rappelle le principe d’incertitude. Ainsi, la physique nous rappelle à chaque instant que la vérité que nous croyons avoir découverte n’est qu’une étape vers les suivantes. C’est une école où j’ai appris deux choses qui seront les garde-fous de ma pensée. La première, tout dépend de l’énergie et de l’entropie; la seconde, tout est probabilité, et même ce qui paraît être « certitude » peut avoir des failles. À mes yeux, cette omniprésence de l’énergie est la clé de voûte de l’écologie non politicienne.

Mais je ne suis pas un héros, ni un savant, ni un sage, loin de là. Je suis lent et en même temps, par surcompensation, toujours pressé.

Je suis un volcan, stable comme la roche, inamovible comme la montagne, et soudain magma en furie…

Je suis un chercheur, et je suis un élément de mes recherches.

Ce cerveau qui essayait de comprendre l’Univers et qui échappait à ma maîtrise m’intriguait. Je fis mes premiers pas dans la psychologie expliquée par P.Daco, et sans cesse je cherchais à comprendre, jusqu’au jour où je découvris une œuvre de H.Laborit « l’agressivité détournée ». À l’instar de la mécanique quantique, l’intrication des neurones, biologiques ou électroniques, me captiva.

Lentement, très lentement puisque c’est ma nature, une idée germa. « Mon oncle d’Amérique » fut une étape, mais je croyais que le message passerait mieux au travers d’une légende, d’une mythologie…

D&D, peinture de SRJ

En simple amateur désireux d’imiter le talent de son père, je m’étais mis patiemment à peindre avec des pinceaux et de l’huile des univers de fictions. Et j’aimais m’attarder sur les portraits de mes personnages de légende. Sans le savoir, je préparais mon univers de fiction.

Et un jour, je me risquai à écrire une histoire de Star Trek. À cette époque, les fans de ST se demandaient comment faire disparaître le commandant J.T.Kirk, car l’acteur, lui, vieillissait plus vite que le personnage qu’il interprétait. Déjà imprégné par l’esprit de Laborit, et remarquant la naissance de fractures sociales naissantes, j’imaginai une fin héroïque dans un contexte de mutinerie. Mon roman fut apprécié par Jacques Goimard qui dirigeait la traduction des romans de ST dans Fleuve Noir. Mais il me fallait l’autorisation de la Paramount pour être publié. Et je n’avais pas les moyens de la faire.

Les encouragements de ce directeur de collection de SF m’avaient motivé à persévérer. Les rêves de mondes inconnus, lointains ou intimes, convergèrent peu à peu jusqu’à donner naissance à un monde qui se voulait à la fois science-fiction et science cognitive.

Pourquoi écrire de la SF alors qu’en France les statistiques indiquent que la SF est très dépréciée, et dans ce genre, le moins apprécié étant la « spéculative ».

Certes, la SF me permet de glisser de temps à autre des rêves de physicien, mais ce n’est pas le but essentiel. Souvent, la SF conduit une population à évoluer en vase clos. Rien de tel qu’un vaisseau spatial pour jouer un huis clos. Or, les rapports humains et le déroulement de leur pensée sont ce qui m’attire le plus à décortiquer. En effet, j’ai l’intime conviction que la maîtrise de notre cerveau est la voie royale pour tous les futurs progrès de l’humanité.

Traiter cet organe comme une machine n’est pas pour séduire l’orgueilleuse espèce que nous sommes. Mais, si en plus de cette incongruité, on met sous le microscope des tabous de toutes sortes, non pour critiquer, mais tout simplement pour comprendre afin de grandir l’humanité, alors, il faut jouer à Jean de La Fontaine. Comme lui, il faut créer un univers de fiction pour ne pas nommer ce que la bien-pensance et toutes les dictatures de pensée décident de voiler. Pourtant, il n’y a rien de plus dangereux que de cacher la vipère sous l’oreiller.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai choisi la SF comme support de mes essais.

Comme la pierre précieuse ou le bonzaï que l’on taille tout en suivant leurs règles, mon histoire prit souvent des formes que je n’imaginais pas à l’origine.

Hôdo naquit tout d’abord sur la Toile pour être accessible au plus grand nombre. J’espérais et espère encore, poser les jalons d’une saga qui serait un terreau de découvertes de bio-socio-psychologie humaniste à travers des contes de science-fiction.

Les deux premiers volumes furent présents sur mon site éponyme, puis diffusé entre autres par « copyleft_attitude ».

J’eus l’honneur de voir le deuxième volume sélectionné pour être présenté à « La Villette Numérique 2004 ». On me demanda d’écrire un troisième volume et j’essayai de l’éditer sur papier. Je craignais, en effet, que mes œuvres ne restent pas ad vitam aeternam sur « copyleft_attitude », car les liens et les partages de la Toile me semblent éphémères.

Mon idée était donc de créer un univers de SF à l’instar de celui de Star Trek développé autour de l’honorable concept onusien de Gene Roddenberry. Je souhaitais animer des auteurs de science-fiction à développer des idées de politique fictive. En quelque sorte, il s’agirait d’expériences de la pensée dans des tubes à essai virtuel, pour apporter de nouvelles idées dans les politiques du monde réel. Mais, je ne voulais pas que l’univers de Hôdo soit soumis à une seule entité commerciale et surtout culturelle, comme la célèbre série.

Depuis, j’ai écrit d’autres romans dans l’univers de Hôdo basés sur des idées de Henri Laborit. Elles tournent autour du détournement de l’agressivité, de la domination de l’homme par l’homme et du droit à l’évitement et à la fuite. Et au final, ces idées se cristallisèrent dans les lois de Hôdo qui gouvernent toute la saga.

Ainsi, à l’instar des histoires d’Isaac Asimov tournant autour des trois lois de la robotique, toutes les histoires de Hôdo tournent autour de trois règles sociales :

Finalement, ces trois lois et leurs conséquences « politiques », je les analyse dans de nombreux feuillets d’essais de politique hôdonne, tous en ligne et en Licence Art Libre.

À cela, il faut aussi ajouter que je développais en permanence une préoccupation écologique, mais avec ma double vision. Je suis un physicien qui voit vivre l’Univers et suis passionné de sociopsychologie qui croit à l’intelligence maîtrisant les émotions pour créer une plus grande synergie universelle.

Serge Jadot
sj@hodo.fr

Note

↑*: Cette fascination qui me hanta et me poussa à aller de l’avant, je l’ai exprimée par la bouche de l’un des premiers héros de ce qui allait devenir ma saga.
Journal personnel de Makuta Chibwabwa, astronome à bord du Livingstone.

Je ne me souviens pas quand les étoiles ont attiré mon regard.

Je me souviens seulement que quelqu’un m’a dit qu’elles étaient loin, très loin, beaucoup plus loin que ça.

Alors, je me suis demandé dans quelle gigantesque sphère elles étaient enfermées avec nous au milieu.

On m’a dit qu’elles étaient enfermées par l’infini.

L’infini? Difficile à comprendre pour un enfant… je préférais une sphère bien délimitée.

Mais alors, et si la sphère elle-même était enfermée dans une autre sphère… Une infinité de fois!

Mes compagnons ne comprenaient pas mes questions stupides de rêveur qui ne comprenait rien aux jeux de société du foot au flirt.

Alors, je me suis demandé : « Pourquoi ne ressentons-nous pas tous la même chose? Qu’est-ce l’intelligence? Qu’est-ce qui prouve que ce que je comprends est compris par les autres et vice versa?… »

Questions stupides… je me retournai vers les étoiles. « Et vous là-bas! Y a-t-il une intelligence pour partager notre solitude dans notre sphère de compréhension? »

Je savais que je n’aurais pas de réponse même en devenant astronome en quête de lointaines lumières…

Je sais que je n’aurai peut-être pas de réponse en me portant volontaire pour ce voyage.

Mais peut-être que je ferai un petit pas vers la Vérité… Si elle existe…

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