Le projet Hôdo

Les groupes sociaux hôdons.

Notions de regroupement d'humains, du foyer jusqu'à la planète, dans l'optique hôdonne.


Table des matières

  1. Biopolitique
  2. De l’ermite au réseau social
  3. La sphère intime
  4. Le clan familial
  5. La cellule sociale
  6. Du cercle intime au voisinage
  7. Les réseaux sociaux
  8. Associations de projet
  9. Contrats et conflits
  10. Les grands Domaines
  11. Associations économiques
  12. Le consensus ou le hasard
  13. Une ONU ?
  14. Une utopie ?

Hôdo, la société hôdonne

Biopolitique

L’esprit hôdon est résumé dans les trois lois de Hôdo1 , conséquence et structure d’une étude d’une nouvelle conception de la politique2 basée sur la biologie plutôt que sur une philosophie. Si la biopolitique hôdonne devait exister dans une société quelconque quelle pourrait être son organisation ?

Tout d’abord, l’esprit hôdon devrait conduire à une sorte d’acratie, c’est-à-dire un système où le pouvoir n’est détenu par aucune oligarchie. Même si elles sont élues, les oligarchies ont toujours tendance à se servir en priorité sur les « subordonnées », et ceci souvent au détriment des deux premières lois de Hôdo.

Quoi qu’il en soit, tout système organisé obéit à plusieurs contraintes fonctionnelles, la toute première étant la survie de l’organisation elle-même qui in fine devrait assurer le bon fonctionnement de chaque élément de l’ensemble. Les contraintes d’une organisation sont essentiellement « cybernétiques » et correspondent à des besoins divers : synchronisation, auto-évaluation, priorité et urgence...

Il est important d’observer le fonctionnement d’une société sans jugement de valeur aveuglant et de l’analyser comme un entomologiste qui se contente de relever les faits. En effet, il est utile de comprendre que la plupart des formes de gouvernance procèdent de la même manière. Ce sont les niveaux de manipulations qui diffèrent au fur et à mesure que les manipulés peuvent accéder à un niveau d’autonomie suffisante pour défendre leur bien-être et imposer leur point de vue. Tous les Dominants ont besoin d’une forme d’obéissance soumise pour atteindre leurs objectifs. L’esclavagisme ou le salariat, par exemple, ont en eux les mêmes mécanismes de bâton et de carotte. L’un utilise la violence, l’autre la menace de l’exclusion. L’un et l’autre peuvent utiliser la récompense, non par générosité, mais par esprit de rentabilité, car un esclave en bonne santé ou un salarié « épanoui » sont plus productifs. Les conquêtes de liberté ou de droits sont le résultat d’une lutte qui pousse le dominant à céder, contraint et forcé, une part de son « bien-être » pour ne pas perdre plus, surtout si la rébellion fait apparaître une concurrence dans la domination. Ce n’est en tout cas sans doute jamais un cadeau tombé du ciel. Après, avec le temps, les uns et les autres vont justifier les « progrès ». Puis les Dominants trouveront une autre manière d’asservir et les cycles de l’Histoire se répéteront, sauf si, conscients des mécanismes en jeu, nous pouvions les maîtriser comme nous le faisons dans de nombreux domaines techniques. L’humain n’est pas fait pour voler, pourtant il vole.

De l’ermite au réseau social

La principale source de désaccord qui fait que les humains se combattent entre eux et qui les pousse à dominer leur terrain de chasse et ceux qui y vivent est l’unicité des ressources non partageables. Paradoxalement, ce qui incite les humains à s’associer est la mise en commun de ressources non partageables pour réaliser un projet censé être plus profitable aux participants que s’ils étaient restés indépendants, chacun pour soi. Il faut noter que dans le pire des cas, le bénéfice du plus faible et plus soumis peut se résumer à rester en vie un peu plus longtemps. Pour cela, des structures sociales établiront les règles de partages qui seront respectées tant que la société les acceptera dans son ensemble, sinon il y aura une scission qui s’installera et qui pourrait dégénérer en conflit. L’art de maintenir cette cohésion est la hantise de tous les Dominants, qui n’hésiteront pas à réduire au silence toutes les oppositions.

Les moyens pour obtenir ce silence sont inépuisables. Les « effacements », assassinats ou bannissements, peuvent se réaliser de manière purement psychique aussi efficacement sinon plus que physiquement. C’est même les méthodes mentales qui sont privilégiées par ceux qui ne veulent pas laisser de traces afin que leur « juste autorité » soit le moins possible remise en cause. Comment se révolter contre un généreux bienfaiteur ?

La synergie impose dès le départ une communication fiable, donc stable, entre les membres du groupe. Or, tout est message : les gestes, les sons, les aspects... L’une des caractéristiques de l’intelligence est l’imitation. Dès les premiers moments de la vie, un humain va imiter celui qui le rassure le plus et avec qui il doit rapidement communiquer ses besoins. Le langage maternel, ou initial, non seulement verbal, prend ainsi bien plus de valeur que tous les autres. De lui dépend instinctivement la survie. Ce mimétisme, qui ne s’arrêtera pas d’ailleurs va instaurer toute une série de lois tacites de comportement. Or ceux-ci, chez les modèles à imiter, sont imprégnés de lois établies cette fois à partir de religions ou de philosophies. Ainsi, la langue et la religion ont une telle importance dans la structure interne et relationnelle d’un individu qu’il deviendra aisément un cheval de bataille pour unir et désunir les groupes, pour signifier son appartenance ou son rejet. La plupart des guerres s’appuient sur la langue ou la religion.

La sphère intime

Les études comportementales observent que l’humain a besoin d’une sphère d’intimité, une sorte de volume qui maintiendrait à l’écart toute possibilité d’agression tant physique que psychique. La ''proxémie'' est très importante pour étudier les sensations de bien-être des humains entre eux en fonction des distances occupées dans les relations. Il ne faut pas la confondre avec l’espace vital.

La sphère intime n’est pas qu’un espace de contact plus ou moins rapproché. Il a été observé que ce dernier varie d’une population à une autre et probablement d’un environnement géologique à l’autre. La promiscuité semble une gêne pour tous, mais à géométrie variable, à la fois selon les us et les coutumes, les buts du contact et les opportunités temporelles.

Cette sphère protégeant à la fois le corps et l’intelligence a plusieurs frontières en fonction des interactions et des signaux échangés. Or, qui dit « signaux », dit aussi « intelligence pour les interpréter », donc influence de la culture de la niche environnementale.

Ainsi, les frontières qui délimitent l’espace visuel ou auditif varient-elles fortement. Elles ne sont pas nécessairement délimitées par des surfaces comme des murs statiques. Par exemple, pour le bruit qui est plus ou moins gênant selon les populations en plus des caractéristiques personnelles, c’est le niveau sonore, le rythme, la fréquence, les circonstances... qui délimitent le seuil de l’intrusion sonore. Parfois, les frontières sont purement visuelles et donc peuvent s’étendre aussi loin que la vue le permet. Les vêtements ont souvent ce type de rôle en plus de celui de se protéger physiquement des désagréments de la nature.

La notion de frontière fait aussi apparaître le problème sempiternel, à savoir de quel côté sont tournés les miradors ? Une frontière peut être une protection vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi une prison qui empêche de sortir, tant physiquement que moralement.

Dans l’esprit hôdon, respecter cet espace est indispensable et est lié aux deux premières lois. Tout humain sur la planète devrait avoir ce minimum de sphère d’intimité, complètement personnel et à l’abri de toute intrusion. Chacun devrait être libre d’ouvrir ou de fermer ses portes et personne n’aurait le droit de forcer autrui à changer ses filtres.

De plus, cet espace est absolument nécessaire pour assurer la paix, car il est nécessaire de pouvoir se reposer, faire des trêves, récupérer même en dehors du droit à la fuite et à l’évitement. L’atteinte à ce droit serait viol ou harcèlement.

Il y a deux manières de pourvoir cet espace minimum : la cellule de repos quasi monastique ou l’espace en friche comme les terrains vagues qui permettent de s’évader hors de tout contexte social préétabli.

Le clan familial

À cause de sa nature fragile et de son intelligence lente à développer, car complexe, l’humain est longtemps soumis au partage des sphères intimes de ses parents. Il sera à son tour obligé de se mêler à d’autres sphères intimes lorsqu’il procréera.

Le clan familial est la première source d’information et donc sera à la base de tout le comportement appris dans le futur, même si cette base sera contestée, voire reniée par la suite. D’une part, la contestation semble systématique et plus marquée à partir de certains âges, liés sans doute à une recherche de plus grande autonomie, donc de prise de pouvoir pour changer de main la domination. C’est peut-être un comportement préinscrit pour nous forcer à toujours aller de l’avant vers des solutions inexplorées. Ce qui est remarquable à retenir, c’est que le rejet se fait en opposition à l’acquis, c’est-à-dire qu’il dépend de toute manière de l’acquis précédent. Ainsi, il est beaucoup plus fréquent de voir un anti-quelque-chose être devenu le miroir d’un pro-quelque-chose, n’ayant gagné ainsi aucune liberté. Son droit de faire le contraire est devenu un devoir. Les chaînes ont changé de côté.

Le clan familial est le premier lieu ou s’applique l’usage des règles sociales. Mais c’est aussi le premier endroit où s’applique ce que nous appelons « choc comportemental » au lieu de « choc des cultures », car le choc ne vient pas des cultures en soi, mais des comportements. D’ailleurs, comment pourrait-il y avoir des différences de cultures au sein d’un clan ?

S’agissant d’une zone intime, donc soumise à la deuxième loi de Hôdo, personne ne pourrait s’y ingérer, mais par contre, toute membre d’un clan, même de petite taille comme un foyer ou gigantesque comme certaines sectes, a le droit de pouvoir quitter l’association. Il y a donc des questions à se poser à la racine même des sociétés. Qui pourrait, qui devrait intervenir ? Et comment, s’il était constaté ou déduit qu’un membre d’un clan était retenu en captivité ? Car, dans l’esprit hôdon, si personne ne peut se targuer de détenir la vérité et l’imposer à quiconque, le droit à l’évitement est une règle à observer dans tous les cas de figure.

La cellule sociale

Si le clan familial n’est pas fermé, il doit pouvoir changer au fur et à mesure de l’évolution de ses membres qui peuvent migrer vers d’autres groupes et construire d’autres mini associations.

Il semble que l’humain ait un rapport optimisé avec une huitaine de personnes simultanément dans une action commune. Cela serait entre autres dû à sa structure mentale qui fait qu’il est capable de gérer en parallèle statistiquement ce nombre de relations.

Il semble aussi que l’humain s’enrichit plus, du moins intellectuellement, s’il appartient à plusieurs groupes distincts. Il serait donc profitable que chaque humain, qui n’a pas a priori vocation à être un ermite, interfère avec d’autres cellules.

Les analyses semblent montrer que le rendement cognitif de ces groupes est accru s’il y a au moins un tiers de femmes et un tiers d’homme. Il semble aussi que les organisations sont plus efficaces tant qu’il y a deux membres de ces équipes qui jouent un rôle privilégié : l’un étant le maître de remue-méninge favorisant l’éclosion d’idée et l’autre servant de modérateur. Ces deux rôles qui peuvent paraître semblables diffèrent principalement par leur relation : le premier doit en permanence s’effacer et le second doit souvent s’impliquer.

Ces deux rôles peuvent devoir agir non seulement au sein de leur groupe, mais aussi à l’extérieur, avec les autres cellules, jouant ainsi un rôle de représentativité avec leurs « pairs » des autres communautés.

Ainsi, chaque cellule serait idéalement composée de 8 membres, dont au moins 3 femmes et 3 hommes, ainsi que d’un couple de modérateurs. En portant ce raisonnement sur ces représentants, on pourrait dire que 8 représentants femmes et 8 représentants hommes pourraient représenter 64 personnes. En continuant ainsi, on arrive très rapidement à réunir tous les habitants de la planète sous une forme de démocratie représentative, dont l’unité serait une petite cellule, créant ainsi une sorte de confédérations de confédérations en cascade, donnant le pouvoir de participation local à chaque individu, puis à chaque association.

Chaque cellule serait libre de s’associer ou non avec 7 autres, et ce groupe avec 7 autres, etc. engendrant foyers, associations de colocataires, cités, villes, pays, unions...3 Les représentants de ces cellules ne seraient jamais des chefs de quelque chose, mais des ambassadeurs à l’extérieur et des rapporteurs à l’intérieur. Et chaque huitaine élirait sa paire de représentants.

Bien sûr, il ne faut pas se leurrer : le caractère dominant qui nous habite tous fera que certains de ces délégués s’efforceront de grimper dans la pyramide, mais leur « pouvoir » serait limité à n’être que le relais entre les équivalents des autres associations et ceux qu’ils représentent. Ils seraient dépourvus de pouvoir, d’où le terme « acratie » souvent utilisé dans les schémas de Hôdo ; ils seraient moins directifs, laissant les sociétés, et non la Société, s’adapter de la base vers le sommet, et non l’inverse.

Pour bien comprendre, dans le pire des cas, ce n’est pas celui qui serait quelque part sur les hauts gradins de la pyramide qui déclarerait la guerre à un autre clan. Cette guerre serait faite au niveau des cellules, et les représentants de ces cellules ne seraient que les ambassadeurs ou les délégués des relations extérieures, comme c’est le cas déjà aujourd’hui à une autre échelle. Ils joueraient le rôle d’avocat, mais jamais celui de juge. Ce dernier rôle pourrait être attribué à six autres partenaires modérateurs représentant l’ensemble des communautés en conflit. Encore faut-il que la recherche de consensus ne soit pas univoque comme cela arrive trop souvent derrière une mascarade de démocratie ou de manipulation idéologique.

Les dictatures ne sont pas que celles qui font couler le plus de sang, ce sont aussi celles instaurées par les cellules qui ont acquis le pouvoir d’imposer leur volonté par la manipulation mentale à toutes les autres.

Avons-nous vraiment besoin que des cellules privilégiées dictent leurs lois aux autres ? Au nom de quelle vérité ? La vérité, c’est que tous les Dominants et prétendants Dominants de l’Histoire n’ont toujours eu qu’un seul but : étendre leur territoire de chasse.

Dans l’esprit Hôdo, seuls les contacts proches ont à négocier leur bien-être et les règles comportementales qui leur permettent une cohabitation sereine, respectant toute forme d’intelligence et toute possibilité à refuser l’engagement. La cellule sociale est la brique de la société. C’est elle qui est au contact de sa réalité, c’est elle qui est au contact d’autres cellules, et c’est elle qui trouvera les ciments qu’il faut pour vivre en synergie. Et ce n’est aucun lointain gouvernant comprenant éventuellement ses cellules qui comprendra chaque cellule.

Du cercle intime au voisinage

L’une des caractéristiques de l’apprentissage de l’humain et de nombreux animaux est le mimétisme.

L’enfant mime rapidement ses parents, et le cerveau semble être doté de zones fortement spécialisées pour s’acquitter efficacement de cette tâche. C’est logique vu la complexité de l’information à traiter depuis l’acquisition par les sens, puis la transposition de ces signaux dans le « moi », pour enfin piloter les muscles adéquats. Il arrive même souvent qu’un enfant mime des choses que les parents n’ont pas conscience de porter à la connaissance du petit cerveau.

Ces imitations engendrent toute une série de comportements qui seront des us et coutume d’un clan. Ces coutumes engendreront de véritables règles de savoir-vivre, en dehors desquelles tout non-respect peut conduire à des réactions diverses, neutres, positives ou négatives, xénophiles ou xénophobes. Or ces règles seront rarement édictées sous forme de loi. Elles existaient bien avant l’écriture. Elles paraissent parfois tellement naturelles qu’il ne vient même pas à l’esprit de les noter. Alors, certains auront la maladresse ou l’indélicatesse de considérer que puisque ce n’est pas écrit, le contraire est autorisé.

Et comment se fait-il que parfois la différence engendre une sympathie ou une antipathie ? Il y a peu d’études sur le sujet, mais on pourrait comparer la pensée à un flux, une sorte de rivière circulant entre des monts et des vallées qui seraient dessinés par les évaluations statistiques des résultats positifs ou négatifs. Lorsqu’une brèche s’ouvre, si la « pente » est en faveur de l’individu, la brèche s’ouvre de plus en plus pour laisser passer le courant et parfois même dévier le courant initial. Au contraire si la brèche est négative, non seulement le flux ne passera pas, mais la brèche se cicatrisera, offrant plus plus de résistance qu’avant.

Souvent, c’est le déni qui transformera l’indifférence, voire la curiosité, en rejet, c’est la certitude d’avoir raison contre l’autre qui sera conflictuel, car cette attitude indique toujours un rejet de ce qui constitue les fondements de l’autre. Chacun croit à sa vérité, et dans ce domaine les susceptibilités sont grandes. Ainsi, souvent, trop souvent, le choc de comportement se transforme en « choc de cultures ».

C’est pour ces dernières raisons que la présence de médiateurs est utile. Les qualités de modérateur ne sont pas données à tout le monde et même dans toutes les circonstances, mais pour assurer l’esprit gagnant/gagnant ou du moins non perdant entre deux camps, il est souhaitable qu’il y ait un nombre identique de médiateurs appartenant à chaque niveau d’association, c’est-à-dire voisinages, villes, peuples...

Cette forme de hiérarchie s’écarterait donc fortement de la hiérarchie politique, car elle deviendrait « fonctionnelle » et dynamique à tous les degrés. Il est important de noter que cette catégorisation sociale ne serait pas chapeautée par un chef, mais représentée par une sorte d’ambassadeur médiateur et modérateur. Il n’y aurait pas de juge suprême non plus, mais il y aurait un nombre beaucoup plus important de « négociateurs » : médiateur, modérateur, psychologue, interprète, avocats... tout un tissu de « travailleurs » sociaux, ce qui nous manque peut-être le plus aujourd’hui pour progresser vers une humanité largement synergique.

Quant aux juges, comme aucun humain n’est à même d’être absolument impartial même avec la meilleure volonté possible parce que nos esprits sont tous enfermés dans nos petites boites crâniennes, leur rôle serait à revoir complètement, d’autant plus que dans le système préconisé, il faudrait toujours respecter une parité représentant les deux parties. Or un chef d’État est un homme seul qui juge seul même s’il est conseillé par une assemblée.

Les réseaux sociaux

« Les réseaux sociaux » est un terme à la mode pour désigner l’outil informatique qui permet d’échanger avec d’autres personnes, mais l’humanité n’a pas attendu l’avènement de l’internet pour créer les réseaux sociaux, aux pluriels.

Certaines études semblent montrer que le nombre de relations efficaces entretenues avec les autres est limité à 150, le « nombre de Dunbar ».

Il est intéressant de constater que ce chiffre correspond à deux fois une huitaine de cellules, ce qui est le nombre d’association préconisée dans ce modèle d’organisation au niveau des cellules de base. En effet si chaque cellule comprend une huitaine de membres, si chacune a un représentant de chaque genre et que chacun de ces représentants s’associe en huitaine, nous avons 2x8x8=128. Évidemment, ce ne sont là que des modèles statistiques et schématiques à ne pas prendre comme une norme rigide ou une préparation pharmaceutique. C’est surtout utile pour comprendre que tout système démocratique qui dépasserait 16 000 personnes n’a plus vraiment aucun sens, la probabilité d’une connaissance mutuelle entre cet élu et la niche environnementale de l’électeur étant pratiquement nulle. Or ce qui intéresse quiconque, c’est principalement son environnement immédiat.

Il y a de nombreux réseaux qui se tissent. Tout d’abord celui du voisinage immédiat, plus ou moins dense selon l’habitat et le voisinage de vie incluant des commerçants quotidiens ou d’autres relations comme celle de son médecin. Ensuite, il y a tous les réseaux d’intérêt commun, hobbies, sport, croyance... Parmi ces derniers, il faut ajouter les cercles professionnels qui eux même entraîneront d’autres relations créées par les transports en commun, les commerces de proximité... Enfin, entre ces réseaux et leurs membres, il y aura souvent un partage de ressources qu’il faudra sans cesse adapter à la fois pour que chaque entité se sente gagnante/gagnante dans la transaction, mais aussi efficace et rentable et cela, dans les limites des moyens disponibles, car si les banques autorisent les découverts et les prêts, la nature au nouveau macroscopique ne brûle jamais plus d’énergie qu’il n’est possible.

De tous ces réseaux on peut en distinguer trois types : les associations sociales qui incluent les protocoles de communication, la gestion des ressources plus rentabilisée à grande échelle et les associations fonctionnelles qui réunissent des compétences autour d’un projet.

Associations de projet

Il faut rappeler et insister sur le fait que le mimétisme fait partie de notre intelligence, que chaque être vivant défend son terrain de chasse, et que chaque liberté est intimement liée à celle de la domination. Le mimétisme compulsif frôle l’envie maladive et la jalousie qui conduit à vouloir s’approprier les possessions d’autrui. Souvent, le partage avec l’autre se résume à une prise de possession transformant la symbiose en parasitisme, voire de prédation. C’est donc là que la domination joue sous toutes ses formes. Violence ou charme sont utilisés avec la même optique : dominer, c’est-à-dire réduire au silence toute résistance au partage, voire au don, même provisoire. C’est pour cette raison que le concept Hôdo ne met jamais en avant l’« amour » comme moyen de pacification et source de sérénité, car aux mains d’un manipulateur le résultat ne sera pas celui idéalisé par le mot « amour » qui sera un miroir attirant et aveuglant dans un premier temps avant de devenir un voile obscur et culpabilisant pour taire tout questionnement. C’est pour cette même raison que le Projet Hôdo préconise plutôt la notion d’associations libres de projets réunissant librement ceux qui partagent effectivement le même but à développer plutôt que de prôner des ensembles ou chacun est « frère », qu’il le veuille ou pas.

En considérant la « liberté » comme un ensemble d’éléments physiques ou cognitifs permettant d’acquérir des satisfactions, on peut comprendre que l’association de deux ensembles différents peut simultanément augmenter de nouveaux éléments de liberté et induire un partage de « liberté »4 . Or certains éléments ne sont pas partageables définitivement ou en simultanéité. On ne peut s’asseoir sur la même chaise au même moment, on ne peut définitivement plus manger le grain de riz avalé et digéré par quelqu’un d’autre. Les associations sont nécessaires pour augmenter l’espace de liberté afin de conquérir de nouveaux éléments. Ces associations qui peuvent aller de la simple « amicale » à la structure complexe d’une entreprise produisant précisément des éléments qui vont contribuer à étendre l’espace de liberté. Ces dernières requerront alors souvent une discipline interne pour mener à bien le projet.

Lorsqu’un individu ou un groupe s’associe à un projet, il est souvent nécessaire, voire incontournable, d’avoir un ou plusieurs chefs d’orchestre avec leur hiérarchie et leurs règles propres, fonctionnelles et indépendantes des autres structures, car adaptées aux besoins qui leur sont spécifiques. Du point de vue hôdon, il est évident que l’appartenance à un projet est libre, volontaire et consensuelle.

Ses associations de projets peuvent servir une communauté sociale précise, et rien n’oblige à ce que les membres en deviennent la propriété. Le partage, la coopération, la synergie sont toujours utiles et enrichissants, non les dominations et les soumissions, même sous le prétexte de bien-être social. Cela peut même être dangereux dès que ce bien-être se confond avec l’esprit de sécurité.

Parmi les associations de projet, on peut distinguer deux grands groupes selon qu’ils seraient à but lucratif ou non. C’est une distinction qui s’impose tant que l’on ne dispose pas d’une monnaie-énergie et d’une « manne du ciel »5 .

Aucune organisation ne peut vivre de rien, car au moins chaque membre a besoin de vivre. Or, les membres des associations à but non lucratif sont souvent des bénévoles qui donnent en fait de leur propre ressource, dont une essentielle, le temps libre. Ce temps est celui qui ne sera pas utilisé pour « l’entretien » de leur être vivant, et sera même un luxe en réalité quand les temps de crise limitent les temps libres disponibles à offrir aux autres.

Évidemment, on pourra rétorquer que l’individualisme égoïste a vite fait de monopoliser son temps pour sa propre satisfaction. C’est là aussi une erreur d’évaluation toujours influencée par les fameuses balances sociétales du bien et du mal agitées par les dominants pour faire avancer les populations dans la direction qui leur convient. Le cerveau, lui, n’obéit qu’à deux impératifs : aller de l’avant lorsque le bilan satisfaction l’emporte, fuir lorsque c’est le bilan risque de désagrément qui l’emporte. Nous avons tous notre composante altruiste, car la survie de l’espèce est probablement profondément inscrite en nous. Mais elle s’exprime de manière différente pour chacun d’entre nous, car tout résulte toujours d’un bilan. Notre pensée pèse en permanence le poids de tous les événements pour en tirer ses conclusions. L’expérience vécue l’emporte probablement sur la théorie enseignée. Mais cette dernière peut apporter un éclairage utile pour ouvrir d’autres horizons. L’altruisme démontré comme un acte utile à tous comme à chacun prendrait toute sa puissance dans l’exercice pratique que pourraient offrir des services civiques. Dans un système acratique comme celui de Hôdo, on pourrait se poser la question de savoir comment « imposer » une telle formation. Tout d’abord, l’esprit hôdon ne pourrait rien imposer : vous faites partie volontairement de l’orchestre, et non par un hasard comme la naissance. Si le chef d’orchestre vous propose de vous entraîner sur telle pratique, vous pouvez accepter ou refuser, mais dans ce dernier cas, il est logique de ne plus vouloir appartenir à l’orchestre s’il n’y a plus de consensus.

La vie en groupe impose souvent des contraintes. Ces contraintes, tant qu’elles ne deviennent pas définitivement handicapantes, voire létales, ont leurs avantages, car à l’instar des échecs, elles forcent l’esprit à trouver des solutions de contournement, et agit dans le cerveau comme l’épreuve physique qui renforce et assouplit la musculature. Mais il faut, comme dans les sports et les jeux, accepter des règles communes pour cela, sinon l’activité perd de son sens. Ou alors, dans ce cas, il faut soit adapter les règles, soit créer une variante de l’association. Dans tous les cas de figure, la deuxième loi de Hôdo offre la possibilité de toujours quitter une association, car aucune d’entre elles doit se transformer en ghetto ni physique ni mental.

L’éducation joue un rôle essentiel dans l’apprentissage du comportement. Elle permet d’enseigner les règles internes des diverses associations, professionnelles ou sociales. Il semblerait logique dans l’architecture sociale à la Hôdon, de laisser à chaque association le soin d’enseigner son domaine de compétence. Là aussi, la partie sociale serait logiquement parlant sans but lucratif.

D’autres organismes sans bénéfices pécuniaires peuvent naître du besoin de solidarité altruiste, comme celui de la santé, santé qui peut s’entendre au sens individuel ou à celui d’un groupe.

Les organismes gratuits ne peuvent en général pas survivre sans un apport externe de ressources, d’où souvent se pose la question de la contribution.

Avec une monnaie-énergie, le problème ne se poserait sans doute pas, mais nous n’en sommes pas là. Néanmoins, il serait sage de se baser sur l’esprit de cette monnaie-énergie : on ne peut dépenser que ce qu’on a, et on ne peut avoir que ce qui existe. Ainsi, toute contribution ne pourrait jamais dépasser un budget au moins écologique. La seule solution qui semble être à la fois honnête et réaliste serait de confier cette tâche à des « syndics », des associations de mandataires des membres d’une association sociale (comme les copropriétaires d’un immeuble) chargée de l’exécution des décisions de l’assemblée. Comme pour les syndics, ce type d’association pourrait être bénévole ou non.

Contrats et conflits

Toute alliance a des engagements. Certains sont particulièrement simples : on aime ou on n’aime pas, on souscrit à l’association ou pas. D’autres peuvent être très complexes. De toute manière, tous les contrats devraient toujours décrire explicitement la rupture de contrat, et donc la sortie de l’association, car dans l’esprit hôdon personne ne peut se retrouver piégé, pieds et poings liés à une organisation, quelle qu’elle soit. Mais tant qu’un membre appartient à cette organisation, il est tenu de respecter ce contrat, car c’est cela qui détermine la définition même de l’ensemble. En effet, il faut considérer qu’une association de quelque nature qu’elle soit est un ensemble au sens mathématique du terme, c’est-à-dire une entité qui contient d’autres entités qui répondent aux mêmes définitions. Les définitions sont ce qui caractérise les associations. Si une définition change, ce qui est logique pour des entités dynamiques, les éléments peuvent ne plus en faire partie, par définition. Maintenir de force un élément dans un ensemble serait en contradiction avec l’esprit hôdon.

Dans ce cas, la question est de savoir comment séparer les entités du point de vue hôdon : bannissement, scission, soumission, emprisonnement ? La scission semble la solution la plus simple et celle qui risque d’offrir un statut gagnant/gagnant, la moins incompatible avec l’esprit hôdon. C’est curieusement l’option la moins choisie par les Dominants qui rêvent toujours d’avoir un grand nombre de sujets ; le bannissement est sûrement préférable à la soumission, car la première loi, le respect de l’intelligence, prime le droit à un refuge. Quant à l’emprisonnement, il peut être indispensable de pouvoir maintenir en « quarantaine » un individu dangereux pour la société, mais il faudrait alors reconsidérer complètement la notion de dangerosité. Cette dernière est trop souvent politiquement et non biologiquement établie. De toute manière, ce type de « mise à l’écart » ne devrait concerner que les ensembles qui ne peuvent bannir un individu « hors normes » sans violer les deux premières lois de Hôdo et qui sont en mesure de le « soigner ». Encore faut-il vraiment savoir ce que signifie « soigner » et « hors normes ». Dans l’état actuel, le flou dû à l’absence de réflexions scientifiques débarrassées de toutes émotions politisées impose une certaine prudence quant à ces concepts. À priori, seule l’exclusion d’une communauté semble susceptible de respecter les deux premières lois de Hôdo, à condition toutefois que l’exclu ait un abri. Or chaque individu et chaque association peuvent appartenir à plusieurs associations, il est donc envisageable qu’il ait quelque part la possibilité d’avoir un refuge.

La notion de refuge de la deuxième loi de Hôdo imposerait que chaque humain dispose d’un territoire qui lui soit propre de sa naissance à sa mort. En fait, il faudrait même qu’il dispose de trois parts. La première part servirait à son domicile pour se retirer. La deuxième serait une zone d’échanges qui permet d’accéder à d’autres domaines et de collaborer parfois dans des endroits communs. Enfin, il aurait la responsabilité de la troisième part qui serait une réserve naturelle, protégée et vierge de toute activité humaine.

Il faut voir dans ce cas que le bannissement à la Hôdon, n’a pas du tout le sens social attribué dans nos sociétés constituées en clans, en nations... Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une attitude irrévocable et surtout pas morale. Il s’agit uniquement d’écarter ce qui est source d’agression tant qu’un consensus convivial n’est pas atteint. Le « banni » ne serait de toute manière jamais privé de ses terres : refuge, échange et écologie, car les lois de Hôdo s’appliquent absolument pour tout le monde.

Les sociétés peuvent tellement être imbriquées et entremêlées que l’exclusion d’un membre peut s’avérer impossible. Alors, à défaut de ne pouvoir offrir un abri dehors, il faudrait se résoudre à offrir un abri dedans, donc en arriver à une sorte d’incarcération ou plus précisément de placement en résidence surveillée en guise de « quarantaine ». Cela aurait plusieurs avantages dont celui de diminuer les risques de contamination d’attitudes hostiles ou malveillantes en rassemblant dans un même lieu des personnes susceptibles de créer une association agressive.

Et qui donc se chargerait de la mission de protéger les gens contre les agressions sous toutes les formes ? Il semble inévitable de penser à l’existence d’une police, mais cette dernière n’appartiendrait à personne et surtout à aucun Dominant. Par contre, il s’agirait là aussi d’organisation d’experts, car ce n’est pas chaque humain qui sait comment se comporter dans des situations de stress auxquelles il n’a pas été préparé. C’est, comme pour la gestion économique, il est plus sage et efficace de confier une tâche précise à des spécialistes. Cela peut surprendre que le concept hôdon préfère confier ce professionnalisme à des « mercenaires », mais cela est précisément dans l’optique de ne pas fournir d’armées internes ou externes à des Dominants qui veulent imposer leur volonté en dedans ou en dehors.

Les grands Domaines

Les grands Domaines — avec majuscules pour rappeler que ces unions sont aujourd’hui faites en général pour et par les Dominateurs — ont leurs avantages. Plus le nombre d’interactions est grand, plus chaque individu a des chances d’enrichir son bien-être par un confort qui devient réalisable en unissant les connaissances et les compétences.

Le premier avantage des grandes associations est celui de la communication. Mais partager sans phagocyter implique de négocier, et c’est impossible sans normes.

Communiquer ne se fait pas seulement au travers du langage et de l’écriture, tout est échanges. La gestuelle, le comportement en général sont eux-mêmes porteur de messages décodés différemment selon les niches environnementales des populations. Ce qui est anodin pour certains peut être obligatoire pour d’autres. Un geste non hostile, voire amical, pour l’un peut être traduit comme une menace agressive par l’autre. Aux comportements, on peut ajouter l’apparition de symboles, comme le vêtement, le tatouage, et la « monnaie » avant que celle-ci ne devînt divinité.

Qu’on le veuille ou pas, la vie dont fait partie l’homme réagit beaucoup plus vite aux dangers qu’aux plaisirs. Une drogue attire par le plaisir qu’elle procure, elle enchaîne par la menace de ne plus avoir de plaisir. Il s’en suit qu’il faut rester prudent quand on parle d’« amour » et garder son sang-froid quand on parle de « menace ». Les Dominants utilisent ces deux leviers pour imposer leur domination. Mais avons-nous besoin de Dominants ? C’est peut-être la première question à se poser. Le fait de choisir un langage, une écriture, une conviction philosophique ou religieuse ne devrait concerner que les cellules, mais ces langages et ces styles de vie pourrait ou devrait être harmonisée comme des projets auxquels adhèrent ou non les gens. Ces « associations de projet » ont-elles besoin d’être obligatoirement réunies en un seul paquet comme l’imposent les Dominants dans leur « style de vie » édicté à leurs sujets ?

De toute manière, en plus des deux lois concernant l’une le devoir de respecter l’intelligence et l’autre, le droit à l’évitement et au refuge, la troisième loi de Hôdo préconisent le consensus ou le hasard dans toutes les décisions communautaires. L’expérience montre que le consensus est presque impossible à atteindre lorsqu’il y a plus de huit intervenants. C’est pour cette raison que dans l’esprit Hôdo les formes démocratiques actuelles, et surtout les démocraties directes et non proportionnelles, n’ont pas de véritable sens. D’autant plus que les candidats à une dominance proposent un « pack » et en général jamais de référendum pour chaque élément du « pack ». On est donc amené à devoir choisir entre la boule rouge et le cube vert alors que l’on voudrait une boule verte. Et que dire pour un « pack » contenant une centaine de propositions ! C’est aussi pour cette raison que l’esprit Hôdo préconise un consensus par petits éléments d’arborescences fonctionnelles, ce qui n’est pas et ne peut être une forme de hiérarchie au niveau social.

En effet, le système de hiérarchie fonctionnelle hôdon est prévu pour la synergie et non pour la domination de n’importe quel groupe sur un autre, quelles que soient leurs tailles respectives. Le système d’arborescence doit préserver toute minorité et se contenter de ne mettre en commun que le dénominateur commun consensuel.

Associations économiques

Parmi les associations de projets, il y a celles qui gèrent l’économie d’un groupe, voire l’écologie du milieu environnemental local ou planétaire.

De telles associations ont des buts divers, mais qui se résument souvent par la récupération des ressources, leur stockage et leur redistribution.

Ces spécialités ne sont pas « données » à tout le monde, car chacun développe ses compétences au détriment des autres. C’est souvent par exemple un reproche fait par les chercheurs et les créateurs de se voir contraint à une gestion économique, administrative, voire publicitaire, qui s’écarte de leur métier. Cette contrainte a très souvent le double désavantage de leur prendre du temps sur leur véritable talent et d’offrir une moindre qualité dans celui qu’on leur impose.

C’est ainsi que de nombreux organismes confient la gestion de leurs ressources à des experts qui peuvent ou non être extérieurs à l’association qui les emploie. Il faut préciser que le terme ressource ne se résume pas qu’à la notion financière.

Actuellement, ce type d’organisation au niveau d’un grand domaine comme une nation peut faire partie d’un ministère, alors qu’au niveau plus humble d’une petite communauté, comme une résidence, cette mission sera confiée à un syndic, bénévole ou non.

Quand il s’agit d’un ministère, le pouvoir de gérer les ressources est directement aux mains des Dominants. C’est pourquoi, du point de vue hôdon, le syndic offre un système plus adapté à l’acratie.

En effet, un syndic peut apporter conseil et modération, mais il ne fait qu’entériner les décisions d’une copropriété et se limite à gérer un budget en fonction des stratégies adoptées. Dans ces conditions, les « ministères » ne seraient pas sous la tutelle d’un Dominant.

Les stockages sont très importants dans la notion d’économie. En partageant les interfaces, voire en les supprimant, et en concentrant les potentiels emmagasinés, ils diminuent les déperditions dues aux échanges entre plusieurs entités, quelles qu’elles soient. En même temps, cela réduit les dépenses inhérentes au maintien à l’état opérationnel de ce qui est en attente d’utilisation.

Le syndic n’a pas pour vocation d’imposer ces désidératas comme un gouvernement de Dominants. Il ne peut pas vouloir que vous ayez les murs de votre cuisine peints en rose, sa couleur préférée, pas plus qu’il ne peut vous obliger d’avoir un toit de pagode chinoise pour montrer l’admiration (ou les intérêts) qu’il a pour la Chine.

Ce n’est pas non plus le conseil syndical qui imposerait quoi que ce soit en « pack » de parti politique, car chaque point est voté par l’assemblée des copropriétaires.

Quant aux appels de fonds, les « impositions » d’un État, elles seraient remplacées par des dons, des rétributions, des mutualisations et non par des prélèvements sans visibilité.

Il est important du point de vue hôdon que les gestions ne soient pas opaques sous prétexte que ceux qui la subissent sont incompétents. Il n’est pas besoin de savoir jouer d’un instrument ni de savoir lire une partition pour apprécier une musique ou fuir une cacophonie.

Le consensus ou le hasard

L’un des principaux défauts de la gestion politique est d’offrir des « packs » pendant une durée déterminée. Ceux qui ont promis ces « programmes » ne peuvent alors s’empêcher de les faire passer au forceps, non qu’ils soient « obtus » voire « méchants » ou « incompétents », mais parce que notre intelligence est telle qu’elle change d’autant plus difficilement de cap qu’elle s’y est investie. C’est notre nature et les Dominants n’y échappent pas.

Le « pack », terme utilisé par dérision pour les projets politiques, car ils ressemblent à certains produits de vente forcée, est un ensemble de propositions qui s’inscrit dans une ligne politique. Or là aussi, il y a une erreur réductrice très répandue. En effet, tout est présenté comme s’il n’y avait qu’un axe de comportement allant de « gauche » à « droite ». Or ce qui gère notre comportement n’est heureusement pas un seul et unique axe, sinon notre intelligence serait bien réduite. Nos réponses comportementales sont évaluées sur plusieurs axes qui pourraient non aller de « gauche » à « droite », du « bien » vers le « mal », mais de manière plus neutre du « yin » vers le « yang ». Seul le résultat final est mesuré en « plaisir » et « déplaisir ».

Il y a l’axe égoïsme – altruisme auquel on assigne une valeur morale souvent inappropriée. L’égoïsme est le besoin de survie de l’individu et l’altruisme celui de l’espèce. La survie de l’individu se prolonge par celle de l’espèce, mais cet individu ne peut agir en ce sens que s’il est en état de le faire. Pour être un héros, il faut déjà être vivant. Ce qui est néfaste, c’est toute exagération, toute sclérose, dans un sens comme dans l’autre. Il faut parfois être égoïste comme il faut être à d’autres moments altruiste, biologiquement parlant. Et même dans ce domaine, il faudrait ajouter un sous-axe : la portée de l’altruisme. En effet, l’altruisme ne s’applique pas n’importe quand à n’importe quel groupe. Parfois, l’altruisme se concentre sur le milieu familial, parfois sur des groupes d’intérêts plus ou moins étendus. Imposer un comportement unique, plaqué sur des mesures « moralisatrices » est une manipulation à l’usage des Dominants pour étendre leur zone de pouvoir. Par contre, il serait bien plus utile à tous de savoir comment et pourquoi gérer ces comportements de manière efficace et non désorganisée, soumise au seul éclairage de l’instinct. Quelqu’un qui a appris par exemple les premiers gestes de secourisme ou des bases de sauvetage serait plus porté à aider, car il saurait comment se comporter en situation de crise. Sinon, il aura tendance à fuir, ce qui est presque une bonne chose quand les actes risquent d’être pires par leur inadéquation.

Il y a l’axe domination – soumission. Nous sommes tous dominants dès qu’on le peut, et nous sommes aussi souvent soumis, volontairement quand nous ne sommes pas manipulés par les Dominants qui nous font croire qu’il n’y a qu’un seul bon choix possible.

On peut facilement accepter une « autorité » à laquelle on prête allégeance, loyauté et obéissance, car souvent nous sommes conduits à faire confiance à des compétences qui complètent les nôtres et qui sont mises en symbiose par des chefs d’orchestre. Mais là aussi, un choix unique pour tous les cas de figure et à tout instant est contre-productif. Il vaudrait beaucoup mieux enseigner à tous comment être fier de ses compétences, et laisser à chacun l’opportunité d’apporter sa pierre à la contribution de l’humanité plutôt que de ne viser et de ne flatter qu’un élitisme hiérarchique soumis d’ailleurs à des modes. Il est inutile de vouloir n’avoir que des chefs d’orchestre s’il n’y a plus de musiciens, inutile de brimer le premier violon s’il a tendance à être électron libre, inutile de passer sous silence le cymbalier qui ajoute pourtant sa note indispensable.

Il y a l’axe de l’évolution : conservatisme et progrès. Le premier étant indispensable pour asseoir et lancer le second. L’un et l’autre font partie de notre intelligence et très souvent à tour de rôle au cours de notre vie. Il est nécessaire d’asseoir les connaissances acquises pour évoluer à partir d’elles comme les ossatures qui soutiennent tout mouvement.

Tous ces choix sont extrêmement liés aux circonstances. Il semblerait insolite d’assigner à un pilote de conduire son véhicule sans utiliser les freins, et en ne s’autorisant de ne tourner qu’à droite pendant un jour, et l’inverse le demain sous prétexte d’alternance.

Une ONU ?

On pourrait penser que dans l’esprit hôdon une association rassemblant la planète n’a pas de sens, car elle ne respecterait peut-être pas la deuxième loi de Hôdo qui permettrait de sortir d’une organisation qui ne convient pas. C’est pour ce type de question que la troisième loi de Hôdo existe : le consensus ou le hasard. En effet, il semble logique que des problèmes, tels que l’écologie, concernent la planète entière, car la nature n’a pas les frontières des humains. Il pourrait en être de même si on uniformise une monnaie comme celle de Hôdo, car ce serait une monnaie naturelle et non spéculative.

Une utopie ?

Pas vraiment.

Le concept Hôdo de par sa nature acratique ne cherche pas à instaurer un parti politique qui prendra un quelconque pouvoir.

De plus, il faut compter avec l’internet. Les associations n’ont plus besoin d’être uniquement géographiquement proches ! Mais pas seulement : les sas calfeutrés de la hiérarchie peuvent être contournés, voire ignorés. La parole de chacun peut ne pas être perdue dans le silence, même si l’excès de bruit revient parfois au même.

Enfin, le Bitcoin pourrait être un point de départ de la monnaie-énergie.

Il faut donc en permanence préserver ce nouveau territoire même si les Dominants essaient de nous l’enlever, ou de le minimiser en prétendant que ce n’est que du virtuel. Tout compte fait, toute notre intelligence est virtuelle car elle n'est qu'une timide compréhension au travers du prisme de notre entendement du monde dans lequel on vit. Elle n'est ni plus ni moins virtuelle que celle des Dominants.


Notes

: La Charte de Hôdo
: Pour une biopolitique
: Schématiquement, le nombre de personnes appartenant à des huitaines de huitaines d’ensembles donnerait : 8 pour une cellule, 64 pour huit cellules, puis 515, 4096, 32 k, 262k, 2M, 16M, 134M, 1G, 8G, 68G. Il suffit donc de 12 couches d’organisation horizontale pour représenter la Terre entière.
: Du point de vue ensembliste, l’augmentation des éléments de libertés correspond à l’union des deux ensembles, et le partage, à l’intersection de ces ensembles.
: Concept de monnaie étalonnée sur l’énergie, proposé comme modèle mondial.

Remarque : il existe un Opuscule au format PDF, mais moins rapidement à jour que cette page qui sert de référence.
Serge Jadot
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