Bruit

 

Un article de Livingstone.

La nature entière semble obéir à des cycles.

Cette observation est sûrement à l'origine de grandes philosophies comme le taoïsme, mais aussi de grandes découvertes comme la mécanique quantique.

L'homme lui-même obéit à un ensemble de cycles. Certains répondent aux fréquences lentes des saisons jusqu'aux rythmes rapides qui cadencent le cerveau. Même les sociétés sont soumises à de perpétuels va-et-vient.


Parmi la large gamme d'ondes influençant l'être humain, il y a celle transportée par l'air : le son. Le bruit est le résultat d'oscillations. Les cils de l'oreille interne, cette merveilleuse mécanique organique, font l'analyse spectrale des sons qui y parviennent pour les transmettre au cerveau qui après un extraordinaire travail d'auto-apprentissage aura appris à découvrir des évènements, mais aussi, et surtout, pour l'humanité, des mots, des phrases, le langage parlé.

Toujours, même la nuit, l'oreille surveille notre environnement. Un évènement « à risque » fera réagir le cerveau, mais en même temps, ce dernier étant un instrument prédictif, essayera d'y déceler une périodicité (sans doute lié aux différentes horloges de mémoires qui se comportent dans ce cas comme des filtres de fréquences). Car si une perturbation se répète, il peut être utile de prévoir avec plus ou moins de précision la prochaine occurrence. C'est pourquoi l'homme est si amoureux des lois « scientifiques » qui le rassurent puisque l'avenir devient fiable mathématiquement.

L'attente d'une répétition met l'homme en alerte, ce qui perturbe la concentration ou la détente (c'est le cas de la goutte d'eau qui empêche de dormir). Cette méthode est volontairement utilisée dans l'hypnose. Mais la transe hypnotique peut-être engendrée de plus d'une manière et dans divers contextes : prières, incantations, mantras, biorythmes synthétisés... utilisent des sons répétitifs pour induire ceux qui les disent et surtout les entendent.

Mais le pouvoir hypnotique de la musique n'est, hélas, pas seulement employé pour le plaisir (sensuel, psychique, spirituel...). Beaucoup de chansons militaires, militantes, vengeresses utilisent le rythme généralement assez saccadé (comme le rap) pour provoquer une hypnose rapide afin d'instiller courage (ou la haine) dans la psyché de celui qui se laisse bercer ou berner par le message.

Le plus curieux est que le corps entier peut suivre un rythme, musical ou non, comme si le cerveau entier entrait en résonance entraînant toutes ses fonctions dans la danse.

Certaines personnes, parfois en toute bonne foi, croyant que la musique adoucit les mœurs ou donne de l'entrain ne se gêneront pas pour diffuser leur univers sonore. Hélas, le cerveau analyse avant tout l'alerte. Son état de vigilance peut troubler une autre activité en cours, ce qui fait que la musique agréable dans un certain contexte peut devenir une agression dans un autre. La musique non attendue devient alors un poison contre lequel il est difficile de lutter, car notre organisme n'est pas doté de « paupières » acoustiques, ce qui est logique pour un organe dédié à la surveillance.

Ce n'est pas l'oreille qui filtre l'information, mais le cerveau, et donc c'est lui qui est sollicité pour le tri et la transmission à la conscience. Ainsi, la sollicitation du cerveau par des bruits permanents engendre de la fatigue, puis de l'irritabilité. C'est pour cette raison que certaines populations ont intégré dans leur tradition le silence comme marque de courtoisie. Mais la pollution par le bruit n'est pas encore un phénomène bien observé dans la majorité des civilisations contemporaines.

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