Agnôse du Hôdon

 

Un article de Livingstone.

L'athée hôdon
ou l'agnostique humaniste


Sur le site de Hôdo, nous ouvrons les portes aux différentes convictions philosophiques ou religieuses qui souhaitent s'exprimer. Certaines, jugeant qu'elles sont déjà largement connues et représentées, ne chercheront pas à se manifester ici. D'autres, au contraire, profitent de ce petit espace pour promouvoir leurs idées. Nous accueillons leurs textes et liens avec plaisir tant qu'elles respectent notre charte et parce que nous ne souffrons pas de phobie anti-secte.

Parmi les convictions largement répandues qui resteront silencieuses, il faut compter l'athéisme.

Comme dans toute croyance, voire toute religion — et l'athéisme en fait souvent partie — il existe plusieurs courants et toute foi a ses fanatiques. Les intégristes « non-croyants pratiquants » considèrent que les « croyants » sont de crédules idiots. Ils n'ont pas besoin d'expliquer leur conviction qui se résume au refus d'un dieu à visage humain « manageant » un quelconque paradis au profit d'une certaine élite. D'autres — doit-on les appeler agnostiques ? — ne peuvent néanmoins pas s'empêcher de réfléchir sur le sens de la vie et de l'existence. Ceux-là non plus n'écriront pas, cette fois, non par hautaine certitude, mais par excès de doutes.

Pourtant, il est important d'énoncer ses questions et ses ébauches de réponses, car, dans l'optique d'une absence de morale d'origine divine, face à la nudité de notre cerveau, l'abîme d'incompréhension reste insondable. Dans l'hypothèse que nous acceptons d'être réels et que le monde qui nous entoure existe, on ne peut fermer les yeux sur la Vie. Même si cette dernière n'était que le résultat d'un « hasard », il n'en reste pas moins qu'un univers existe avec des lois. Le « hasard » a peut-être mis en contact des éléments de cet univers pour assembler une brique, une étincelle de vie, mais cet assemblage obéit de toute manière à des règles. Des particules les plus élémentaires jusqu'aux plus grandes entités cosmiques connues, tout obéit aux lois de la Nature. Dans cet univers parfaitement bien réglé, la Vie semble venir apporter sa propre organisation. Et quelle organisation ! cette vie semble, dès le départ, dotée d'un minimum d'intelligence pour évoluer vers des structures de plus en plus complexes.

L'une des caractéristiques de l'intelligence est celle de l'apprentissage et de l'élaboration de nouvelles constructions : c'est la Vie qui nous a gratifié de notre cerveau. Il s'agit d'un gigantesque programme de création, de procréation, de survie. Si l'athée refuse de tomber dans le piège de remplacer le dieu créateur de l'univers par le dieu programmateur, il n'en reste pas moins qu'un programme dessert un objectif. Peut-on parler d'un Objectif ? Et si oui, quelle marge de liberté peut nous offrir un tel Programme ? Objectif, liberté, programme sont des concepts humains, qui ne peuvent être divinisés afin de rendre « anthropomorphes » l'Inconnu, la dernière réponse au dernier pourquoi.

Pour ceux qui en douteraient encore, l'athéisme n'est pas une conviction de tout repos, car il n'y a pas de dieux derrière lesquels s'abriter, ni de paradis pour nous consoler d'avoir vécu.

Alors, dans un univers sans dieu et donc sans morale révélée, la place est-elle réservée uniquement aux requins, aux loups et aux faucons ? Et ces derniers, jouissent-ils vraiment d'une liberté qui leur conférerait le zèle d'être prédateurs ? Ou ne sommes-nous tous que des rouages entraînés par d'autres engrenages et dont le ressort qui nous meut n'est que la force qui nous pousse à ne pas être détruits ? Vivre et survivre semble être notre seul programme.

La souffrance est le prix de notre « liberté » : toute erreur qui abîme chaque cellule, du simple végétal unicellulaire jusqu'à l'homo sapiens n'est qu'une marche évolutive pour engendrer un être souffrant moins.

Hors toute morale, il serait tentant à mettre tout en oeuvre pour satisfaire égoïstement notre fuite de la souffrance. Il serait apparemment plus facile de détruire tous les obstacles. Ne sommes-nous pas d'ailleurs programmés pour cela ? Combien de fois des pacifistes ont dû clamer en vain : « plus jamais ça » ? Mais combien de va-t-en-guerre ne sont-ils pas de bons « croyants pratiquants » ? La sacro-sainte morale ne semble pas indispensable pour créer un monde meilleur et au contraire est bien responsable de jérichades, croisades, djihad et autres guerres saintes.

La Nature nous a aussi programmés pour collaborer. Nos corps eux-mêmes sont un exemple de collection d'organes, eux-mêmes composés de cellules, travaillant en commun pour une identité unique, le Moi.

Bien sûr, là aussi, le choix peut être de créer des « organes » asservis à un « maître », maître qui peut être n'importe qui parmi nous, puisque la dominance fait partie de notre programmation. Le problème est que ces organes asservis peuvent se révolter et ne plus fonctionner comme ils le devraient, risquant d'entraîner la nécrose des maîtres.

Le maître se voit contraint de concéder des faveurs à ses domestiques. Ces échanges sont codifiés dans une morale souvent bien autoadaptable. Il suffit pour cela d'étendre ou non le groupe des infidèles ou le camp d'un dieu, avec ses âmes élues ou éligibles, et, en un mot, d'attribuer le titre de collègue, de confrère... voire, d'humain. L'inhumanité ne semble pas être le privilège d'une foi, et en tout cas pas de l'athéisme.

Quelle que soit l'option choisie, entre un monde élitiste et un communautaire, l'athéisme agnostique a au moins une qualité : sa morale ne leurre personne. C'est un pari, entre plusieurs options philosophiques dont aucune ne semble répondre à toutes les questions.

Le pari de l'athée hôdon est de croire à une évolution globale, non seulement de l'espèce, mais de l'univers. Son pari est de croire que toute forme de vie y contribue, que toute forme de vie est dotée d'au moins une étincelle d'intelligence, et que du mélange de ces intelligences émerge à chaque instant le monde de demain. Son pari est de croire qu'il dispose de suffisamment de liberté pour agir en ce sens. Pour l'athée hôdon, son credo est pari, non une révélation divine par l'intermédiaire d'un quelconque porte-parole. Un pari sur lequel il mise et non une vérité à imposer.


Notes :

1.— Athéisme et doctrines apparentées

Le terme athéisme est parfois utilisé dans un sens large pour désigner toute attitude autre que la croyance en une religion. Dans ce sens, il recouvre aussi l'agnosticisme, le rationalisme, l'incroyance ou encore, le rejet de toute religion. Extrait de Wikipedia.

2.— Athéisme et agnosticisme

L'agnosticisme (du grec a, privation, et gnosis, connaissance) est l'attitude selon laquelle ce qui dépasse les apparences sensibles (c'est-à-dire ce qui relève d'une connaissance des réalités dites métaphysiques) est inconnaissable, et qui, de ce fait, refuse de prendre position quant à ces questions. La nuance entre athéisme et agnosticisme est parfois plus floue : celui qui ne croit pas que les dieux existent comme conclusion d'une démarche intellectuelle était, au début de cette démarche, incertain quant à leur existence. Selon que l'on se réfère à tel ou tel moment de son parcours philosophique, on le considèrera agnostique ou athée. Extrait de Wikipedia

3.— Phobie des sectes

... Différentes organisations spirituelles (et certains juristes et sociologues) trouvant les termes du débat médiatique apparu dans les années 1990 sujets à la méprise et à l'amalgame, plaident le fait que certains courants spirituels minoritaires fonctionnant sur le mode associatif regroupent des citoyens aussi « sains » et inoffensifs que les citoyens dont la croyance est soit athée soit affiliée à des religions ou philosophies plus établies. Extrait de Wikipedia.

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