Tribu

 

Un article de Livingstone.

L'homme est tribal


Spontanément, l'humain cherche une communauté qui lui assure la sécurité peut-être même avant de penser à unir les forces et compétences pour plus de confort. Il cherche souvent la protection du groupe ou, à l'intérieur de celui-ci, le protecteur qui organisera la tribu contre les dangers extérieurs.

Pour cela, il a besoin d'un code marquant l'obéissance au protecteur et la collaboration avec les autres membres, ce qui donnera naissance aux diverses formes de politesses.

Le partage est toujours un dérangement, même dans une tribu. En effet, toute action faite pour autrui demande une logique compensation, car un organisme vivant ne peut travailler à perte. La rétribution peut être aussi bien affective que matérielle.

Les sentiments sont plus faciles à partager dans les petits clans et la relation de confiance est très utile pour faciliter le partage, voire le négoce. Il s'en suit que d'instinct, nombre de membres vont tout faire pour être « aimé » dans la tribu, garantie de leur intégration.

Ces échanges d'affections, associés ou non à des rituels plus ou moins complexes et codifiés, renforcent la cohésion du groupe. Toute non-conformité aux règles tribales qui en découlent est ressentie comme une menace ; or le danger potentiel est principalement vu comme étant à l'extérieur du groupe. Il est donc nécessaire de reconnaître rapidement qui en appartient et quelles sont ses intentions, d'où la naissance des différents « uniformes ». C'est sans doute pourquoi l'aspect visuel des gens influe tellement sur les jugements a priori. Il en est ainsi aussi bien pour la couleur de peau que pour le tatouage ou le port de la cravate. L'esprit va mettre dans la case émotive associée à l'« image » la personne avant même qu'elle ait pu entamer le moindre échange d'idées.

L'une des grandes caractéristiques de l'intelligence est de manipuler les connaissances sous forme d'ensembles. Cette capacité à catégoriser conduit à des amalgames. Le comportement n'est en soi pas anormal, car il consiste souvent à regrouper l'ensemble des indicateurs de dangers pour assurer la survie de l'être, puis du groupe. La peur plus que le manque d'intelligence contribue à la xénophobie.

La créativité humaine le pousse à reculer les moyens de satisfaire ses besoins vitaux en imaginant des solutions qui requièrent de plus en plus de matière, d'énergie et d'informations. Les clans sont donc contraints de s'associer entre eux. Comme pour l'individu, l'association a toujours deux choix, non exclusif, la synergie et la domination/soumission.

Un clan a très souvent une structure mixte et antagoniste que l'on retrouve dans les clivages politiques : d'une part, un noyau dur, intransigeant assure le respect des lois qui régissent les rapports, mais d'autres parts des êtres curieux, électrons libres de surface, explorent et s'adaptent facilement au milieu extérieur. Grâce à ces derniers, les clans peuvent s'agglutiner.

Peu à peu, de gigantesques associations de populations se créent, par synergie ou par la contrainte. Ils sont réunis tant qu'ils ont un intérêt commun. Les protocoles sont confondus avec les traditions ancestrales, souvent en faveur des clans antérieurs dominants. Mais l'humain est foncièrement tribal. Noyé dans la masse des mégalopoles, des nations... il reconstitue spontanément des clans à sa dimension, jusqu'à rejeter les surensembles auxquels ils appartiennent.

La diversité de ses activités et des possibilités qui lui sont offertes lui permet d'appartenir à différents groupes simultanément. Mieux, comme c'est un être imaginatif, il est aujourd'hui toujours plus capable de créer des tribus virtuelles.

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