Tradition

 

Un article de Livingstone.

La tradition désigne la transmission continue d'un contenu culturel...

...à travers l'histoire depuis un événement fondateur ou un passé immémorial (du latin traditio, tradere, de trans « à travers » et dare « donner », « faire passer à un autre, remettre »). Cet héritage immatériel peut constituer le vecteur d'identité d'une communauté humaine. Dans son sens absolu, la tradition est une mémoire et un projet, en un mot une conscience collective : le souvenir de ce qui a été, avec le devoir de le transmettre et de l'enrichir. Avec l'article indéfini, une tradition peut désigner un mouvement religieux par ce qui l'anime, ou plus couramment, une pratique symbolique particulière, comme par exemple les traditions populaires.

« Dans son sens le plus large, la culture, selon l'UNESCO, peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.

Sommaire

Le charte de Hôdo

Respecter toute intelligence ainsi que son support (première loi de la Charte de Hôdo) impose de respecter les traditions qui sont en quelque sorte l'héritage d'une société comme les gênes d'un organisme. Cet héritage sert de cadre à toute l'activité mentale des individus, à la fois pour structurer ces propres pensées et pour être capable de communiquer avec ses semblables, d'autant plus « semblables » qu'ils partagent les mêmes protocoles. L'importance de la communication pour un être sociable est telle que la « tradition » est rapidement et profondément ancrée dans l'esprit de chacun. Il est très difficile par la suite d'évoluer en dehors de certains schémas ouverts. C'est ce qui rend la langue maternelle, les mimiques et gestuelles culturelles et les questions existentielles si importantes pour tout un chacun. L'existentialisme ne concerne certes pas l'enfant en bas âge, mais l'adulte en étant imprégné, transmet ses codes.

L'importance des traditions est exploitable par les dominants, car il est très facile de motiver les foules, qui font croire soit qu'ils sont en danger soit qu'il faut porter la bonne parole, afin de reculer les frontières du danger ou d'agrandir le territoire sous domination. Mais, il ne faut pas jeter l'anathème sur les grands dominants cachés dans l'ombre. La domination n'est pas l'apanage des grands, entre voisins de paliers ou de jardins, et même dans le couple le besoin d'imposer son mode de vie peut se faire ressentir avec plus ou moins de poids, de harcèlement, de perniciosité. Nous n’avons pas toujours besoin de l'« aide » d'un grand frère pour envahir le territoire de l'autre.

Alors, dans ce cas, il est fréquent d'essayer d'invoquer des arguments comme l'intolérance ou le « martyr » de l'envahi. Mais pour les deux protagonistes, il est toujours tentant de redéfinir des possessions de territoires occupés dans une certaine chronologie puisque l'antériorité d'occupation semble être un point commun de toutes les civilisations de la Terre. Violer cette antériorité, c'est envahir, c'est agresser. Ce point est capital pour le respect du droit à l'intimité et à l'évitement (deuxième loi de la Charte de Hôdo).

Pour résoudre ce type de conflit, il faut traiter la liberté selon la théorie des ensembles, afin de déterminer qu'elles sont les recouvrements « à problèmes » et Soumettre au hasard toute décision commune n'acquérant pas de consensus (quatrième loi de la Charte de Hôdo). Pour nous, la justice passe par la solution « gagnant-gagnant » et au pire « perdant-perdant », mais jamais par « gagnant-perdant », car le perdant cherchera tôt ou tard à renverser la situation en sa faveur.

Les premiers engrammes

« Le rôle de la mémoire est de favoriser l'adaptation des êtres vivants à leur milieu […] ce qui aboutit à constituer en eux une sorte d'image ou de modèle interne de l'environnement ; l'engramme, si ce mot correspond bien à une réalité concrète, ne pourrait être un simple reflet de la structure du flux d'informations afférentes. »(Alfred Fessard)

On pense que la compréhension se construit sur des représentations plus anciennes d’événements « emmagasinées » dans le passé du vécu. On ne sait pas, si ces briques de mémoires se comportent comme des briques mêlées à l'ensemble de la construction mentale ou en sont des piliers.

Dans le premier cas, il est presque impossible de savoir comment un flux d'information sera altéré, mais dans le second, on imagine souvent que les piliers les plus anciens ont déterminé toute la psyché. C'est pourquoi de nombreux thérapeutes se sont penchés sur l'étude et la correction de ces mémoires « primaires » souvent associées à des « cicatrices ». Les techniques vont de l'« éradication » à l'acceptation, et utilisent souvent l'« écoute » du souvenir.

Sachant que peu de personnes ont recours à ces techniques, et qu'aucune d'entre elles n'offre un taux de réussite incontestable, il est probable que le nombre de personnes vivant sur ou avec un passé lié à l'enfance est une très grande majorité.

L'héritage

L'éducation dès les premiers instants de la vie est faite par des personnes porteuses de mémoires anciennes. Tout se passe comme si la transmission de ces mémoires initiales était « génétiquement » héréditaire. Le respect de l'intelligence devrait nous conduire à respecter cette source de pensée chez autrui (et pas seulement chez nous qui lisons ces lignes). Nous devrions nous rappeler que personne n'a le choix des fondations de son esprit. Un choix qui souvent va nous guider dans des traditions familiales puis communautaires.

Souvent, les conflits et les incertitudes tisseront dans l'esprit des zones d'ombres sortes de protections de l'équilibre interne. Même s'il y a un grand risque que ces points aveugles deviennent des piliers de fanatisme (ne dit-on pas que le fanatisme est la surcompensation du doute ?), au lieu de croire que nous n'avons pas le droit d'ébranler une intelligence pour lui apporter notre vérité faisons un devoir d'échanger nos connaissances pour le bien de chacun sans préjuger de qui détient la vérité.

Conventions oubliées

L'origine et la cause des traditions se perdent fréquemment. Il n'est pas rare de voir alors apparaître des explications qui ressemblent plus à des justifications. En effet, les traditions sont acquises très tôt dans l'enfance. Or, ce qui est acquis tôt, non seulement est plus profondément mémorisé, mais surtout, est la base des structures de pensée et du comportement social. Pour assurer sa stabilité, le cerveau « crée » des réponses acceptables pour la conscience donnant l'illusion d'un choix logique.

L'évolution des coutumes

Si l'humain apprécie copier les idées d'autrui qu'il juge enrichissantes, il ne peut s'empêcher de les interpréter en fonction des siennes qui sont elles-mêmes influencées par l'environnement social et géographique. Parfois même, s'agit-il d'une copie en « négatif » de l'original lorsque celui-ci ne convient pas. Ainsi, peu à peu les coutumes évoluent pratiquement à chaque transmission de connaissances.

Respecter l'intelligence, c'est non seulement respecter les croyances, c'est aussi respecter leurs évolutions.

Des bases communes d'échanges

Les langages subissent les mêmes déviations, sources de conflits entre les conservateurs et les réformateurs. Les niches géographiques et l'absence de traces stables comme l'écriture accélèrent les évolutions et créent de nouvelles langues. Pour éviter la mésinterprétation, l'humain rêve parfois d'un langage universel comme l'espéranto et à défaut de langues unificatrices: anglais, arabe classique, latin... Mais les langages universels souffrent des mêmes interprétations que tout autre concept. Même en informatique, alors que les grammaires et lexiques sont relativement figés, connaissent ces perpétuelles évolutions. Les nombres, puis les mathématiques semblent apporter ces bases communes.

La religion

Souvent l'humain se réfère à quelque chose de non humain comme référence : des divinités ou la nature (les sciences). Les religions sont censées apporter une vérité qui étant vérité ne s'altère pas. Ainsi, les traditions sont-elles fortement imprégnées de l'esprit des religions locales même lorsque ces dernières ne sont plus pratiquées, d'autant plus que la religion rythmant toute la vie s'enseigne très tôt. Pourtant, les religions sont aussi fragiles dans la matière grise que les autres concepts, et l'interprétation des textes sacrés va du « strictu sensu » (qui perd de son sens puisque les traditions liées au texte se sont perdues) aux analogies ésotériques qui prennent un relief différent avec chaque maître. C'est pourquoi certaines « religions » (comme certaines écoles de Zen) n'enseignent que par « questions sans réponses ». Mais même là, le cerveau a sûrement interprété la question et la fait poser autrement que quelqu'un d'autre.

 Tous les sites de Hôdo