Gouvernance à la Hôdo

 

Un article de Livingstone.

Présenter Hôdo à des élections ?

Ce n’est pas évident, car Hôdo n’est pas un parti en soi et son concept est plus proche de l’anarchie que des autres partis en lice. Alors, pour pouvoir démonter cette démocratie tout en rentrant dans son jeu, faudrait-il élire notre « Lapin Blanc », le candidat « anarchiste » qui symbolise autant la sortie du miroir d’Alice que celui de la « Matrix » ?

Comment serait-ce réalisable techniquement parlant ?

Sommaire

Le lapin blanc Image:TheMatrixAnimated.gif

Tout d’abord, ce « Lapin Blanc » devrait représenter un couple d’administrateurs, car selon l’esprit de Hôdo, toute modération de groupe doit être menée par une femme et un homme, non nécessairement en couple. Ce binôme ne serait pas obligé de partager entre eux une même philosophie ni les mêmes convictions. En plus, ce couple élu, le « Lapin Blanc », devrait s’engager non seulement à mettre en place un système à la Hôdon, mais aussi à se retirer, une fois la mission accomplie ou le mandat démocratique achevé.

Pour mettre en place le « Lapin Blanc », il faut sans doute d’autres moyens pour mettre le pied dans la porte de la démocratie. Mais comme Hôdo est à l’aise sur la Toile, pas besoin d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche, ni de faire la quête, ni de jouer en général avec l’argent, qui, lui non plus, n’a pas vraiment une odeur hôdonne.

Un programme hôdon fera sûrement peur à beaucoup de monde. Il faudra donc bien expliquer comment se ferait cette « révolution ». C’est ce que je vais essayer de faire, par la suite.

Si Hôdo devait présenter à une élection le candidat « Lapin Blanc » — en réalité un couple —, sa mission comporterait deux tâches à réaliser pour mettre en place un système hôdon.

Les affaires de l'État

Les ministères à rendre au peuple

En « politique intérieure », il mettrait en place toute une série de fonctionnalités qui permettraient une mise en place douce, car il n’y a aucune raison de créer non seulement des tensions internes, mais aussi des conflits externes et de risquer de se retrouver comme une sorte de kyste à faire disparaître coûte que coûte. Par exemple, nous sommes pieds et poings liés au commerce international, et même si nous ne partageons pas la même notion de l’argent que les autres, nous ne pouvons nous permettre de vivre en autarcie. Par contre, rien ne nous interdirait à créer à l’intérieur une monnaie qui nous soit propre et qui ait un sens plus proche du concept hôdon.

Pour assurer toutes transitions vers un système Hôdo, il faudrait donc mettre en place une sorte de gouvernement, mais pas l’un de ceux qui existent en démocratie, dépendant d’un premier ministre lui-même d’un président, fut-il le Lapin Blanc.

Ce dernier devrait mettre en place des fonctionnalités autonomes même si elles sont interdépendantes par la force des synergies, quitte à faire intervenir une sorte de « syndic-audit-modérateur » pour améliorer la gestion et l’emploi des ressources. Celles-ci, rappelons-le, seraient basées sur une monnaie ayant l’énergie comme étalon, ce qui ne connaît pas de valeurs négatives, donc de dettes.

Le plus important, serait de faire descendre le pouvoir à la base. Les citoyens demanderaient à leur sphère environnementale leurs besoins, et non plus à un dieu placé en haut de la pyramide-république. Ce serait les citoyens ou les professionnels qui s’associeraient entre eux créant collèges, syndicats, mutuelles, coopératives... pour profiter de la mise en commun des compétences pour résoudre les besoins spécifiques.

Ces communautés sont normalement dirigées par des « experts » dans leur domaine qui œuvreraient de manière consensuelle pour le bien de tous les membres. Ces représentants auront sans doute besoin de traiter avec d’autres domaines de compétences afin que les interactions soient gagnantes/gagnantes pour chaque communauté sociale ou professionnelle. On peut penser qu’ils n’auront pas moins de compétence qu’un ministre.

Il n’y aurait donc plus de ministères « gouvernementaux », mais, par contre, voici un exemple de ministre à la hôdon. Le ministre de la Recherche pourrait être le directeur du CNRS. Il dépendrait de l’appréciation de ses pairs et serait « élu » indépendamment des jeux électoraux tant au point de vue du calendrier qu’idéologiquement puisqu’il ne dépendrait d’aucun gouvernement ni d’aucune élection républicaine. Il va de soi que le CNRS ne serait plus un organisme « gouvernemental » puisqu'il deviendrait un organisme « auto-gouverné ».

Et pour son budget, ce « ministre » aurait à présenter sa requête à d’autres experts, ceux-là en communications, comptabilité, etc. À chacun, sa spécialité. Ce n’est ni les compétences ni les bonnes volontés qui manquent. On oublie qu’une grande partie du tissu social fonctionne avec des bénévoles ou des passionnés de leur métiers, et parfois rien qu’eux. Il est temps que les maîtres des « États » cessent de considérer leurs citoyens comme des « imbéciles » au sens étymologique du terme.

Les ministères hôdons

Les « ministères » dont j’évoquais une possible migration du système démocratique vers le système hôdon, même s’ils n’étaient ni imposés ni figés, pourraient se réduire seulement à trois: un pour chacune des deux lois fondamentales de Hôdo : le respect de toute intelligence et le droit à l’abri. Et une pour faciliter, mais sans ingérence, tous les processus de consensus.

Le ministère du respect de toute forme d’intelligence

Le respect de toute intelligence ainsi que de son support (première loi de la Charte de Hôdo) réunirait toutes les compétences du partage des connaissances de l’humanité, et donc de la recherche et de la pédagogie. Comme toute forme d’intelligence s’appuie sur la vie, l’un des pôles principaux serait incontestablement toutes les facettes de la santé, physique, mentale, sociale, ce qui inclurait toutes les formes de secourisme comme les pompiers...

Et comme la vie s’appuie sur celle d’une planète, le respect de la nature en serait une conséquence.

Il faut insister sur TOUTE FORME D’INTELLIGENCE, car trop souvent par le passé, l’intelligence était tour à tour

  • morale, associée à une âme plus ou moins divinisée attribuée aux « élus » ;
  • sexiste, qui conduit le sexe dominant à écarter l’autre sexe de son domaine ;
  • raciste, qui mène à des comportements esclavagistes ou paternalistes, ces derniers étant blessants psychiquement et plus souvent pernicieux ;
  • anthropomorphe, qui permet de mépriser les animaux comme des objets de consommation, mais qui peut dire qu’elle est la frontière entre notre superbe intelligence et celle des autres êtres vivants, déjà que nous ne nous sommes pas gênés pour écraser ceux qui étaient jugés souvent à tort comme moins « intelligents », même parmi les humains ;
  • et toutes les autres formes d’élitisme, dont le but est souvent de se garder la meilleure part du gâteau, mais en fait souvent plus une question de lobbying que de véritable prétendue « supériorité » intellectuelle, voire pragmatique.

Quelle serait l’attitude hôdonne vis-à-vis des autres intelligences, non seulement celles qui nous agressent, mais aussi, celles qui nous nous alimentent ?

Il faut insister sur le fait que le projet Hôdo ne doit être qu’une voie pour améliorer notre humanitude et qu’il n’a pas vocation à apporter des solutions toutes faites, et encore moins de lois en dehors de celles qui semblent être vraiment établies comme celles de la conservation de l’énergie.

Les êtres vivants, dès l’instant où ils ont besoin de se construire et de se maintenir avec des éléments plus élaborés que ceux offerts par la matière inerte, le font avec l’aide d’autres êtres vivants. Cela peut conduire à toute sorte d’échanges depuis le partage gagnant/gagnant jusqu’à la prédation pure et simple où l’un assimile l’autre en le détruisant.

L’esprit de la première loi de Hôdo est précisément de donner une orientation à ces comportements. Un ministère apporterait des solutions techniques, des éclaircissements accumulés par la compréhension du phénomène. Il apporterait une sorte de recommandations, mais jamais de lois.

Dès l’instant où nous posons le pied sur le sol, combien de vies avons-nous détruites, sans même nous en rendre compte ? Nous vivons, et jusqu’à présent nous ne pouvons pas nous nourrir de non-vie. Cela arrivera peut-être un jour, mais en attendant, il faudrait déjà y arriver. Sans le charbon polluant, point de sidérurgie, et sans sidérurgie point de capteurs solaires.

Certains proposent d’être végétarien pour respecter l'animal, d’autres considèrent que c’est un risque, car il semble que notre organisme soit omnivore, donc incapable de se contenter que de végétaux, de ferments, de planctons végétaux... de plus, qui sait si un jour, nous ne nous poserons pas la question de savoir si une intelligence habite les plantes, voire toutes les cellules ?

L’attitude hôdonne serait donc d’au moins respecter la souffrance animale et donc d’éviter les tortures tant à l’élevage qu’à la mise à mort. Par exemple, il semble être acquis qu’il nous faut peu de viande, donc on pourrait se contenter d’en manger moins et ne pas avoir à recourir à l’élevage intensif en batterie. Quant à la mise à mort, tous ceux qui ont pu voir un animal proprement et humainement euthanasié peuvent presque rêver de finir leurs jours dans la même sérénité.

Et que dire de l’inverse ? Dans le cas où l’agressé, c’est nous, et l’agresseur, un virus, un moustique, un terroriste... ?

Le ministère du droit à l'abri et à l'évitement

L’agresseur peut s’attaquer à deux choses : la vie et la niche environnementale, ce qui concerne directement le respect du droit à l'intimité et à l'évitement (deuxième loi de la Charte de Hôdo), c'est à dire de pouvoir refuser le combat, et d'avoir droit à un « abri ».

Tendre l’autre joue n’a jamais servi, sauf aux adeptes de l’art de l’aïkido qui savent qu’ils vaincront leur adversaire par ce biais, mais ces maîtres sont rares et peu suivis. Les seules réponses semblent être : la tapette, la moustiquaire ou la domestication du moustique. Cette dernière option est plus souvent une manipulation de dominant qu’un accord de bon voisinage. Le moustique aura plus de chance de terminer en insecte grillé et comestible ou en moustique de combat contre des intrus qu’en animal de compagnie même si son bourdonnement devenait mélodieux. Du moustique à l’humain, il n’y a pas grande différence.

Quant aux virus, en général, ils ne négocient pas... du virus à l’humain, il n’y a pas toujours grandes différences non plus.

Dans l’esprit hôdon, l’idéal est le consensus aboutissant à une synergie et un partage gagnant/gagnant. D’où l’importance dans la société hôdonne des groupes de négociateurs, avocats, médiateurs, psychologue...

Hélas, cela ne suffit pas toujours, car le consensus n’est pas toujours réalisable en peu de temps. De plus, le temps des négociations ne doit pas être utilisé pour instaurer par la ruse et le fait accompli un autre statut non négocié celui-là. L’option de séparation physique des opposants dès que la situation s’envenime semble donc incontournable. Et cela conduit souvent à l’emploi d’une force.

Et si la situation dégénère en conflit pouvant aboutir à une mise à mort. Il est logique de recourir à la « légitime défense », mais l’idéal dans ce cas serait de confier le plus possible cela à une tierce personne qui aurait l’art et la manière pour limiter les dégâts collatéraux et la violation des deux premières lois de Hôdo. L’existence de police et d’armée peut donc s’avérer incontournable, mais dans l’esprit de Hôdo, ni l’une ni l’autre ne devraient être au service d’un Dominant. Le système immunitaire d’un organisme ne dépend pas d’un cerveau qui dicte ses prérogatives partisanes. Mais encore une fois apparaît le besoin de communication au sein d’un groupe qui partage les mêmes intérêts et souffre des mêmes menaces.

Les ressources

Mais combien l’humanité peut-elle prendre sur la nature sans la dénaturer et la mettre en péril ? C.-à-d. en conservant sa biodiversité et sa possibilité d’évoluer naturellement vers d’autres formes de vie.

Des études préalables semblent indiquer que l’espace minimum d’une chambre pour abriter quelqu’un devrait être de 9 m². En fait, le sens « abri » de Hôdo ne se résume pas à « dortoir ». Un abri devrait déjà permettre un certain stockage de bien personnel et d’un espace minimum de vie, même cloîtrée, donc l’espace minimum serait plus proche des 12 m².

Le besoin d’un « abri » ne se limite pas à une retraite, voire une réclusion, car un humain ne peut rester cloîtré dans une cellule de survie. L’humain est un être social qui peut trouver refuge et réconfort auprès des « proches », famille, clan, tribu, collège et autres associations. Pour cela, il a besoin d’échanges de plusieurs types donc de plusieurs zones d’espace de partage. Ces zones ne sont pas nécessairement ouvertes à tous et à tout instant, car elles peuvent être des lieux de rencontre pour différentes activités incompatibles entre elles, nécessitant intimité, concentration, etc.

Il faut noter au passage que selon les normes françaises un espace de travail est autour de 11 m² minimum. Il faut donc ajouter des espaces de communications à la structure de base pour assurer cohabitation, stockage, déplacements, équipements de toute sorte. Arbitrairement, on pourrait dire que tous ces espaces utiliseraient 100 m² par habitant. Ce qui n’est pas énorme. Cela ne représente même pas 2 % d’un terrain de foot, et, il faut garder en mémoire qu’à l’exception des 12 m² d’abri privés, tout le reste serait partageable, de plus en plus partageable au fur et à mesure que l’infrastructure toucherait de plus en plus de gens. Comme on s’accorde souvent pour estimer qu’une bonne efficacité relationnelle est entre 7 et 12 individus, quel que soit le type de groupe d’activité, familiale, professionnelle, en atelier, en plateau ouvert (open space),etc. Cette superficie représenterait approximativement un terrain de foot dans lequel chaque groupe essaie, quand on lui en donne l’opportunité, d’organiser comme il l’entend son espace de vie, dédié autant au repos qu’aux activités, professionnelles ou non. Si on utilise un algorithme approprié, on constate que ce modèle conduirait à attribuer environ 1ha pour 128 personnes.

L’espace vert semble indispensable pour le bien-être des humains aussi bien sur le plan physique que sur le plan mental, et donc relationnel. Approximativement, on peut estimer faute de mesures plus précises qu’un bon ratio de paysage vert serait au moins de 1/1, c’est-à-dire, pour chaque m² construit, 1 m² de « verdure ». Donc dans notre hypothèse, il faudrait 1ha pour 128 personnes. Par contre, il faudrait 10 fois plus de terre agricole pour nourrir cette communauté. Cela conduirait à une occupation de territoire 12ha.

L’espace occupé par toute la « termitière » française représenterait au total 7 000 000 ha, c’est-à-dire le dixième de la superficie de la France dans laquelle sont inclus les espaces non habitables.

En résumé, dans le modèle « français », à défaut de modèle planétaire, on aurait une répartition de l’espace suivante pour chaque habitant :

  • 10 m² pour un abri minimum (par exemple style chambre pour étudiant en campus universitaire)
  • 100 m² pour l’espace communautaire (zone de travail, d’échange, de commerce, de circulation, etc.)
  • 1000 m² d’espace « vert humanisé » décomposé en 100 m² comme parc, jardin, pelouse... et 900 m² à usage agricole.
  • Enfin, 10 000 m² (1ha) tout terrain confondu.

Pourquoi un tel calcul ? Pour deux raisons :

  • valider la possibilité d’avoir un abri à la Hôdon ;
  • responsabiliser l’entretien de l’espace alloué.

La première raison devrait répondre à la question fondamentale : quelle population peut vivre sur Terre sans dénaturer l’espace naturel ? Il ne semble pas possible de le dire en l’état actuel de nos connaissances.

Il ne s’agit pas de découper la Terre en damier, ce serait opposé à l’esprit Hôdo d’imposer des lois à tire-larigot pour imposer un comportement arbitraire donc dictatorial. L’objectif de la deuxième loi de Hôdo n’est pas de (re)distribuer les sols, mais de trouver la manière d’assurer le droit au refuge efficace, tout en ne cessant de respecter la Terre, car c’est par là qu’il faut commencer. Sans elle, pas d’abri pour l’humanité. On ne pense jamais assez aux conséquences sur l’environnement et sur la planète lorsqu’on veut aménager l’habitat des humains et comme tous les dépassements des limites écologiques, c’est souvent tard (trop ?) qu’on s’aperçoit des dégâts et de leur irréversibilité. La déforestation est plus facile et rapide que le reboisement.

Si chaque humain avait un « abri hôdon », et non un dortoir temporaire, même si ces abris étaient « empilés » dans des bâtisses tout en hauteur, il faudrait vraiment se souvenir qu’il y aura toujours une infrastructure, et donc tout un espace associé, qui, lui, dépasse de loin les quelques m² qui abritent la personne. En effet, chaque humain mange, boit, s’habille, a des besoins physiologiques et psychologiques, de santé, de distraction, d’acquisition de connaissances, d’échange de savoir et de savoir-faire avec d’autres humains... Tout cela prend de la place. Or dans l’esprit Hôdo, l’environnement tant naturel que social doit être respecté. C’est la première loi, incontournable pour pouvoir respecter toute forme d’intelligence. On peut creuser des métros, superposer les bureaux, mais il est impossible de superposer des parcs, des champs ou des forêts.

La question est importante, car, s’il s’avérait que nous étions en train de surexploiter les ressources de notre planète, ne faudrait-il pas envisager de programmer une décroissance de la consommation, voire de freiner la démographie vers un statut de renouvellement neutre, c’est-à-dire un enfant par adulte ? Même si la question choque, il faut peut-être la poser tant que l’on peut y penser sans paniquer et se précipiter vers des solutions draconiennes, voire expéditives. Une chose reste sûre au niveau de Hôdo : il n’y aura jamais de lois ni pour favoriser les naissances ni pour les limiter, puisque le système se veut acratique. Quant à responsabiliser l’entretien de l’espace alloué, il faudrait aussi au préalable bien définir ces trois termes : « responsabiliser », « entretien » et « alloué ».

Allouer des « abris » ?

La terre n’appartient à personne ou la terre appartient à celui qui s’en est approprié par la force, l’occupation, le travail du sol, l’achat, l’héritage... ?

Pour Hôdo, personne n’a vraiment ni raison ni tort.

Dans la nature, les espèces vivantes n’ont aucune limitation pour leur indiquer si elles peuvent ou non s’étendre. Le virus n’a aucune permission pour coloniser notre organisme, le moustique choisit, à ses risques et périls, l’endroit de notre peau qui lui convient... d’ailleurs de manière éphémère, mais marquante.

Les animaux plus évolués ne se battent pas vraiment pour prendre possession de leur terrain de chasse. Lorsque la meute devient trop importante pour leur terrain de chasse, en général certains membres, bannis ou explorateurs, la quittent pour chercher d’autres horizons.

Il n’est pas impossible que le début de l’expansion de l’humanité se soit fait sans conflits de territoire tant qu’il y avait de l’espace. Du moins, jusqu’à ce que cet humain découvre que ses congénères faisaient partie du « gibier » du terrain de chasse, un gibier utile et domesticable. Du territoire libre, il en restait suffisamment, mais c’était souvent devenu plus rentable de conquérir les espaces déjà habités.

Ainsi, celui qui n’appartient pas à une meute dominante devient un instrument qui fonctionne d’autant mieux qu’on le domestique avec le bâton ou la carotte afin que son comportement soit rentable. Comme les humains à l’instar du bétail occupent de l’espace, conquérir cet espace c’est prendre à la fois les richesses du sol, sa flore, sa faune, et l’humain qui s’y trouve. Le territoire de ce dernier devient alors lui même enjeu de domination et est soumis aux lois du seigneur. D’où finalement toutes les guerres d’hégémonie, qui en fait ne cache toujours que des guerres de ressources pour les meutes dominantes, et parmi les richesses convoitées, l’humain vaincu.

Peu à peu, ce sont constituées les nations que nous connaissons, avec leurs alliances et les conflits, à l’intérieur et à l’extérieur de leurs frontières.

Dans l’esprit Hôdo, le respect de la première loi conduit à la notion que personne ne détient à lui seul la Vérité, et que cette vérité correspond à une expérience personnelle. Cette absence de vérité absolue, qui tout compte fait est notre gage de liberté, et donc d’humanitude, a conduit vers des choix et des options qui a posteriori sont souvent contestés, mais on n’efface pas le passé à coup de gomme. Il est transmis comme tout ce qui est vivant et autoadaptable sous forme d’héritage, il façonne les traditions, la culture, les règles sociales comme l’eau qui sculpte le relief. L’Histoire fait partie de l’environnement dans lequel se développe une intelligence. « Le respect de toute forme d’intelligence et son environnement... »

Pour ces raisons, le projet Hôdo ne s’amusera jamais à détricoter un quelconque héritage et ne fondera jamais le comportement social sur une quelconque vengeance, car derrière chaque revanche il n’y a qu’un seul et unique moteur : l’agressivité du postulant dominant qui veut dominer à la place de ceux qui le dominent.

Le futur se fait en bâtissant du nouveau sur l’ancien, car la création est la principale qualité de l’humanité. Puisqu’il est impossible de faire disparaître la montagne, c’est l’intelligence enrichie par l’expérience, l’héritage et une éducation efficace qui aura à trouver comment passer les cols ou contourner les obstacles.

Le Projet Hôdo, ce n’est pas une révolution : c’est plus, c’est permettre l’usage harmonieux de l’intelligence.

Alors, allocations ? Ce mot contient la notion de don fait par un État. Comment trouver un système réaliste de « prêt », de « dons », de location ou autres pour offrir un abri hôdon à ceux qui n’ont rien aujourd’hui et pour prévoir la place qu’occuperont ceux du futur.

Il ne s’agira pas de dépouiller Pierre pour habiller Paul, et de réécrire l’histoire et de changer de dominance. D’une part, les héritages ne sont pas éternels et de nombreux empires ont fondu dans les successions. D’autres parts, la redistribution par expérience n’apporte aucune véritable solution si ce n’est d’assouvir une soif de revanche, car souvent cela se transforme à vider le tonneau d’un seul pour distribuer des gouttes d’eau à tout le monde : la soif reste après que le tonneau est vidé.

De plus, le calcul antérieur a pour but de tenir en compte au-delà de l’abri, de l’occupation des espaces techniques, sociaux, biologiques et écologiques. Ne pas tenir en compte risquerait d’être écologiquement et psychologiquement contre-productif, voire franchement nocif. On ne peut probablement pas recouvrir toute la Terre de constructions ni entasser les gens logés « en batterie ».

La question de logement concerne deux grands types de populations : ceux qui n’ont pas encore et ceux qui n’en ont plus.

Parmi ceux qui n’ont pas encore d’abri, il y a ceux qui seraient nés « hors loi Hôdo » et ceux qui s’installeraient pour la première fois dans un territoire « hôdon » et évidemment ceux qui y naissent. Selon le concept Hôdo, ce tout dernier point ne devrait pas présenter de difficulté, car on pourrait statuer qu’à chaque naissance correspond un abri et que le temps de construire cette structure ne présente pas d’urgence. Par contre, les autres cas peuvent avoir besoin de plus d’urgence. Il faudrait donc pratiquement prévoir ces logements pour ne pas être pris à l’improviste et être incapable de réagir efficacement.

La seule chose qui serait envisageable c’est d’avoir une sorte de « Plan d’Occupation des Sols » qui serait basé sur une estimation de toute la planète, ou, à défaut de vison planétaire, d’un pays si l’on considère que ce dernier est une entité qui réunit des gens partageant un même protocole de convivialité et de synergie.

Il faut aussi éviter l’entassement de population et ne surtout pas argumenter que plus une terre est habitable, plus elle peut être peuplée, même si certains endroits sont privilégiés pour devenir de mégapoles. L’écologie n’a pas de frontière et les poumons, les réserves de ressources naturelles servent toute la planète. Cette pensée doit primer l’ensemble des projets d’exploitation.

A priori, la seule « philosophie » qui ait une chance de pouvoir répondre à cette question serait la notion de ZUP destinée à permettre la création de quartiers nouveaux complets avec leurs logements, leurs commerces et leurs équipements, et ce, en évitant toute spéculation. Ce dernier point associé à l’écologie imposerait donc une supervision compétente par un organisme multidisciplinaire, neutre et objectif, un organisme d’État, mais non étatique.

Tous ces points conduisent à examiner les cas suivants en tenant compte de l’existant pour l’adapter à la deuxième loi de Hôdo :

  • un abri dès la naissance, la deuxième loi de Hôdo ;
  • le logement éphémère ou de secours ;
  • le logement des chassés ou fugitif de domicile ;
  • le logement nomade ;
  • l’accueil de réfugiés ;
  • le logement de longue durée ;
  • le changement de logement ;
  • le commerce du logement ;
  • l’héritage du sol ;
  • et la mixité ?
Un abri dès la naissance, la deuxième loi de Hôdo

Il faut bien comprendre l’esprit de Hôdo concernant le droit à la fuite intimement lié au respect de l’intelligence.

Le respect de toute forme d’intelligence doit inclure celle de tout enfant : lui aussi a droit au respect de son intelligence au même titre qu’un adulte. Comme l’adulte, il peut, à un moment ou un autre, avoir besoin de ne pas affronter un obstacle jugé par lui comme étant insurmontable, traumatisant, voire définitivement handicapant. Il ne s’agit pas seulement de maltraitance telle que la pédophilie, l’inceste... mais, même dans des environnements plus sereins, l’enfant peut avoir besoin d’intimité, de jardin secret, de tour d’ivoire. Cela est indispensable pour assimiler des épreuves endurées, se ressourcer, se préparer à un effort à venir. Or le jeune des villes modernes ne peut plus le trouver d’espace libre de tension dans l’environnement immédiat puisqu’il est « civilisé » : plus de bois, de terrain vague, de brousse... Il appartient en plus à une société qui lui imposera de se concentrer sur des tâches telles que la lecture, des tâches qui requièrent une certaine concentration, donc du calme pas toujours évident à trouver en fratrie. Les adultes se plaignent parfois de « ghettos » du point de vue de l’adulte, mais jamais du point de vue de l’enfant qui n’a pas son mot à dire.

Enfin, il est logique de penser que l’enfant deviendra adulte et qu’il aura de toute manière droit à cet espace selon le concept hôdon, alors pourquoi attendre la dernière minute ?

Un espace « hôdon » serait une sorte de « nationalité » attribuée à la naissance qui aurait une signification matérielle avec sans doute une signification plus profonde qu’un bout de papier. Ce type de « nationalité » conduirait néanmoins à beaucoup plus de devoirs, car dans l’esprit Hôdo le respect de toute intelligence et son environnement conduit à respecter les autres tout autour de ce « berceau ». C’est un devoir, non un droit. C’est un sujet qui sera traité plus tard. Mais dans l’ordre, je préfère examiner ce qu’il faudrait pour être hôdon et ce qu’il y a de disponible.

Inéluctablement, on devra s’apercevoir qu’il y aura un problème de place et de ressources. Un enfant, ce n’est pas qu’un berceau, qu’une chambre, c’est toute une structure : soins, nourriture, habillage, éducation, distractions, équipements pour les communications, gestion de l’énergie... C’est une « demande » supplémentaire à toute la société et à la planète que les calculs antérieurs essaient de montrer, même si les chiffres à ce niveau sont approximatifs. Ce n’est pas « rien », c’est une vie.

Même si le concept de superposition de l’habitat gagne en avantage, il demeurera au sol de nombreuses structures qui resteront à l’air libre et qui sont indispensables pour l’équilibre psychosocial et écologique. Il ne faut pas non plus oublier que chaque capteur d’énergie solaire remplace irrémédiablement un espace équivalent de verdure. Tout n’est pas superposable.

Il faudra donc un jour penser obligatoirement à la limitation des naissances, non plus au niveau national, mais planétaire et tendre vers un statu quo : un adulte/un enfant. Préparer l’avenir c’est prévenir les accidents qui peuvent survenir quand on en a conscience.

le logement éphémère ou de secours

La notion de l’hébergement temporaire est très floue. Cela peut aller de la nuitée du voyageur jusqu’à l’étudiant qui suit de longues études pendant des années, en passant par les victimes d’une catastrophe naturelle, la femme et l’enfant qui fuient un milieu devenu nocif ou le SDF qui n’arrive plus à récupérer une place dans la société qui l’a rejeté.

Le temporaire n’est pas une solution qui doit perdurer, c’est logique. Ce n’est qu’une étape pour trouver un refuge stable de longue durée, sinon c’est un attrape-nigaud pour se donner bonne conscience si aucune structure ne permet de basculer dans un mode sécurisé et c’est en plus malsain lorsque cet espace empiète sur des zones non adaptées pour cet habitat. Du point de vue Hôdon, il faut distinguer l’abri éphémère ou de secours par rapport aux autres.

Pour répondre à l’urgence, il faut déjà déterminer quelle est la durée du logement et quelle est la quantité de personnes à secourir. Plus le séjour sera long ou plus il y aura de monde, plus les questions d’hygiènes se poseront. Dans les questions d’hygiènes, il ne faut pas omettre comme c’est trop souvent le cas, celles concernant la psychologie, influençant obligatoirement le rapport avec les autres, donc la société.

Pour une durée très courte de l’ordre de quelques nuits, un hébergement est facilement envisageable avec les moyens de bord quand le nombre de personnes est réduit.

Mais dès que le nombre croît, un lieu abrité s’impose, car la logistique est plus facile à assurer s’il y a concentration de moyens. La question alors serait de savoir comment mettre à profit des espaces adéquats à ce type de secours d’urgence, comme de grandes salles normalement utilisées pour des activités telles que la gymnastique. De nombreux organismes savent gérer ces crises pour répondre efficacement dans de nombreuses circonstances et catastrophes naturelles ou non.

Si en plus du nombre, la durée croît, le besoin d’isolement se fait sentir et cela peut conduire à la création spontanée de bidonvilles sur tout territoire inoccupé par d’autres structures urbaines. Le problème n’est d’ailleurs pas tellement le bidonville en soi, mais d’une part la destruction d’un milieu qui serait éventuellement une réserve verte et d’autre part la surconsommation locale de services incapables de répondre à la demande. Il ne faut pas se contenter de dons financiers pour résoudre le problème : l’espace, la nourriture, les soins... ne sont pas que des valeurs monétaires. L’argent n’augmente pas l’espace, ne protège pas, ne nourrit pas... s’il n’y a rien de concret derrière, il ne remplace ni l’humain ni la nature. Quant à l’envahissement de terrain non exploitable pour quelque raison que ce fut, il ne faut pas l’imputer qu’aux bidonvilles. Beaucoup d’intérêts privés convoitent les terres dites bon marché (inondables, mal desservies...) ou de luxe (vue imprenable, isolements privilégiés...)

le logement des chassés ou fugitif de domicile

L’urgence concerne donc ceux qui ont perdu un abri parce qu’il a été détruit, ou parce qu’ils ont été chassés du leur. Parmi ce dernier cas, la perte du refuge est possible soit par l’expulsion d’un même toit initialement partagé, soit par l’occupation des lieux par un étranger à l’abri qui en chasse l’habitant précédant. Il faut noter au passage que si la deuxième loi de Hôdo était en application, chacun, même dans un foyer, aurait son espace hôdon. C’est loin d’être une généralité.

Dans le projet Hôdo à quoi serviraient des abris éphémères ? Il n’est pas possible de dire « vous avez un abri pour x temps », puis « dehors ! » encore une fois. Il faut donc absolument trouver ou créer un nouvel abri pendant cette période transitoire qui doit être transparente pour ne pas plonger la victime dans le doute ou lui donner l’impression que la sortie du tunnel ne fait que reculer ce qui ne peut qu’accroître le non-espoir en un futur quelconque. Il faudrait pouvoir dire : « Là, vous aurez quelque chose qui est en train de se monter », un peu comme lorsqu’on achète sur plan. L’abri minimum temporaire dans ce cas pourrait être dans le style d’une chambre d’hôtel avec au moins un point d’eau à proximité, mais pas moins.

Les deux premières choses qui s’observent de toute manière en général sont le manque de structures et de moyens d’accueil. Les États se montrent impuissants à résoudre les problèmes par manque de projection dans le futur ou par simple impuissance, personne n’étant capable de fournir un travail quasi instantané.

En fait, ce sont souvent les organismes privés et indépendants qui prennent le relais et semblent au plus près de la réalité.

En plus, il y a la plupart du temps un grand problème de communication. En effet, le sans-abri se retrouve rapidement hors contexte et donc seul face à ses problèmes. Or, ce n’est pas en « stress » que l’on réfléchit le mieux pour se sortir d’un problème. Là, il n’y a en fait qu’une seule parade efficace : une éducation préventive, complètement négligée dans l’éducation traditionnelle qui n’enseigne même pas les éléments minimums du secourisme ni l’existence de recommandations de sécurité. Ce n’est pas devant le blessé qu’on peut apprendre les bonnes attitudes et les premiers gestes de secourisme ni devant l’incendie encore maîtrisable qu’on découvre l’usage des extincteurs. Même si tout le monde ne sait pas faire un massage cardiaque tout le monde devrait être à même de savoir reconnaître quand une difficulté frappe quelqu’un, savoir lui prodiguer les premiers conseils ou alerter les personnes compétentes. Ce type d’aide pourrait être signalé dans les endroits les plus fréquentés comme les centres d’alimentation et pas seulement les dispensaires et relayé par des centres de police ou de mairies de quartiers.

Puisque le flux de sans-domiciles est régulier, comme celui dû aux accidents familiaux et sociaux qui émaille une société non hôdonne, des structures d’accueil peuvent être construites en dur pour répondre à un besoin permanent au moins pendant une période de mise en place de la deuxième loi de Hôdo, ce qui peut s’avérer assez long. Cela requiert de l’espace, du temps, de diverses ressources et surtout d’humains au service d’autrui. Ces derniers ont besoin de vivre aussi, c’est une autre des raisons qui font que la notion de revenu minimum pour tout le monde fait partie du projet Hôdo. Il n’est pas normal de ne pas subvenir aux bénévoles.

La solution du recyclage des anciens bâtiments ayant perdu leur fonction d’origine semble le plus facile à réaliser en peu de temps, car l’infrastructure et le gros œuvre sont déjà en place. L’utilisation de technologies modernes associée au télétravail et au transport pourrait permettre de se libérer de l’attraction des grandes métropoles censées offrir plus de confort, plus d’activité.

Comme il a été annoncé, le projet Hôdo tenterait de minimiser les interventions d’un État qui se mêlerait de chaque instant de la vie des gens, par contre, il pourrait administrer les ressources de terrains disponibles ou non. Recenser les terrains tombés en désuétude pourrait faire partie de l’une de ses attributions. Il pourrait ainsi renseigner les organismes qui travaillent sur la question des lieux et des sites qui peuvent être adaptés et réaménagés. Ce sont les seules réponses possibles actuellement à toute situation d’urgence. Mais, en parallèle, il existe une voie très souvent inexplorée, voire reléguée avec un certain dédain ou une certaine méfiance : le logement du nomade.

le logement nomade

Nos sociétés et nos villes se sont construites avec des êtres vivants qui à l’origine ne connaissaient pas ces concentrations. Ils n’avaient aucune limite d’expansion, et l’humanité ne reste pas toujours au même endroit, même les sédentaires urbains. Certains ont la bougeotte comme les vacanciers avides de liberté ou de nouveaux horizons, comme ceux qui fuient la cité religieusement en fin de semaine… d’autres déménagent pour leur travail, et parmi eux, certains ne se fixent jamais comme les nomades. On prévoit pour les premiers une place pour les touristes, car ils sont « rentables » et on pense moins aux ambulants comme si le fait de ne pas être sédentaire était une sorte de tare. Pourtant, dans l’esprit Hôdo, les nomades ont droit à leur abri, sauf qu’ils voyagent avec les leurs.

Puisqu’on est capable de réserver des aires pour quelques semaines pour les campeurs touristes, il devrait être possible d’avoir des aires pour les nomades, lesquelles aires pourraient servir aussi pour absorber un brusque trop plein de sans refuges. Ces espaces pourraient être mutualisés et convenir par exemple d’un agenda entre les différents intéressés pour une occupation optimisée des lieux. Construire de grands chapiteaux est précisément l’une des qualités professionnelles de certains forains.

Mais encore une fois, c’est aux communautés de déterminer l’usage et la transformation de terrain et non à l’État qui s’assurerait uniquement du respect de l’écologie, car cette vision est à grande échelle.

De même, quant à la convivialité, c’est encore une fois aux communautés de déterminer et de faire respecter les règles de bons voisinages. L’État n’aurait qu’un rôle de modérateur car il aurait un certain recul devant les émotions et les ressentis des populations. Le problème de la mixité est compliqué, mais personne n’a le droit de prétendre détenir une vérité et de l’imposer comme étant La Vérité. La mixité, ou la mutualisation de l’espace, mérite une analyse en soi, surtout sur le plan des réalisations synergiques, voire cybernétique, et non sur des considération

l’accueil de réfugiés

Il y a plusieurs sortes de réfugiés. En général, il y a ceux qui cherchent à rejoindre le territoire, la ville, le pays… le plus proche possible non seulement pour ne pas parcourir de grandes distances mais aussi pour ne pas être éloigné du lieu d’origine qu’ils comptent réinvestir dès que l’opportunité se représentera. D’autres font leurs adieux quasi définitifs à leur berceau et s’aventurent parfois très loin en quête d’un site pour y reconstruire une nouvelle vie.

Il y a aussi des comportements différents : ceux qui coloniseront un nouvel endroit selon leurs traditions, ceux qui cherchent à se fondre dans la population d’accueil espérant une discrète intégration provisoire ou non. Ces derniers de toute manière ne pourront pas plus que les premiers effacer les fondements de leur personnalité pendant probablement deux générations.

S’il n’est pas possible de généraliser les comportements des réfugiés, ils ont néanmoins tous un point commun qui les distingue des autres migrants : la perte plus ou moins définitive d’un abri qu’il faut reconstruire au plus vite.

Dans tous les cas de figure, l’absorption des pics est difficile par surcroît de travail, de dépenses, d’activités…, alors même que l’absorption des flux « normaux » internes est souvent insuffisante voire débordée non seulement après une catastrophe naturelle, mais déjà pour les exclus de la société qui sont, hélas, des situations courantes.

Qu’il s’agisse d’un réfugié qui vient de la ville voisine inondée, d’un peu plus loin évacuant une cité rasée par un tremblement, ou encore plus loin à cause des irradiations d’une explosion atomique ou d’un accident nucléaire, voire au-delà des frontières suite aux disettes, aux guerres, aux génocides… souvent les citoyens restent démunis malgré les exhortations des bons Princes. Même si ces bons sujets offraient leur jardin quand ils en ont, leur aide serait dérisoire. En effet, si un logement était rapidement fourni, cela reste insuffisant, car comme nous le disions au début concernant l’abri « complet » celui-ci inclut en plus du refuge, il ne faut jamais oublier, l’environnement vital. Toute personne doit être introduite dans un milieu de vie, pas seulement dans une tente, ni même dans une chambre confortable d’hôtel. Cela alourdit donc la complexité de la tâche de l’accueil.

Dans tous les cas, le problème majeur est l’absorption de pics, et c’est vrai dans absolument toutes les circonstances de la vie courante d’un individu ou d’un groupe.

Que fait la nature dans ce cas ? L’être vivant bascule en mode « stress ». Ce processus va orienter toutes les ressources de l’organisme vers les « zones » utiles provoquant selon le cas fièvre, pâleurs, rougeurs, tétanie, fuite éperdue, agressivité colérique… L’organisme passe en mode défense avec rejet plus ou moins violent, plus ou moins extériorisé. Lorsque ce phénomène se déclenche, il ne peut durer que peu de temps, car il se réalise aux dépens d’autres activités normales provoquant par exemple la suspension de certaines fonctions digestives. Or, la plupart des animaux sont en mode « activité moyenne », ne requérant pas un effort particulier : broutage, sieste… Ils sont capables de rapidement accélérer leur activité pour fuir une menace, comme un incendie, un prédateur, qui lui-même ne s’éternisera pas dans son attaque, préférant abandonner une proie peu aisée. Mais l’homme, contraint dans un univers de productivité à rentabilité maximum, au sens économique du terme, n’a souvent plus beaucoup de réserves disponibles. Il est déjà souvent au taquet, aux limites de ses capacités. Il aurait fallu pour cela apprendre à gérer le repos non seulement comme un droit individuel à l’abri et à se ressourcer, mais aussi comme une réserve disponible en cas de nécessité pour donner un coup de fouet.

Comme Hôdo ne ferait pas de lois (nombre d’heures de travail, congés, etc.), il ne pourrait encore une fois que se limiter à donner des recommandations, lesquelles seraient établies de manière pluridisciplinaire par des gens de métiers concernés tant par la logistique que par la biologie. Il existe déjà beaucoup d’enseignements, de coaching, quant à la gestion du temps. Ce savoir ne devrait pas être réservé aux Dominants. Il faudrait même l’enseigner très tôt dans la vie et être utilisable à bon escient déjà au cours des études tant professionnelles que socioculturelles.

Le second problème est celui de l’emplacement temporaire qui devrait permettre d’absorber les pics. L’organisme de nombreux êtres vivants est capable de stocker momentanément la nourriture en ingestion, les rejets de déchets, les toxines… mais il ne peut en aucun cas vivre longtemps sans mettre à jour ces stocks. Certains de ceux-ci sont par contre très dilués, transportés dans le sang ou la sève et répartis dans tout l’organisme, ce qui nous fait penser que l’hébergement nomade est aussi une solution.

L’hébergement nomade est déjà très utilisé non seulement par les forains, les Gitans… mais aussi par les voyageurs touristiques ou professionnels, et une espèce tout à fait quotidienne : les véhicules. Combien de places de stationnement peuvent monopoliser les voitures, et d’autres moyens de transports sans pour autant réellement l’occuper ?

La solution pour l’hébergement de secours de masse doit probablement se trouver dans les systèmes de partages par allocation temporaire, incluant les espaces dédiés au déplacement. En plus des espaces d’activités publiques temporaires, comme ceux pour les expositions, le mobile-home peut venir compléter l’arsenal de dépannage tout en se rappelant qu’il ne s’agit que d’un abri provisoire en attendant de trouver un espace de longue durée. Cela permettrait de désengorger rapidement les lieux d’arrivée, d’éviter l’agglutination dans des lieux inadaptés à l’accueil même éphémère et offrirait une opportunité d’absorption, exactement comme les aliments répartis dans l’organisme. Il faut rappeler que les techniques d’abris mobiles sont aussi bien exploitées par les gens des travaux publics et par l’armée. Il y a donc là un savoir-faire à développer et à mettre à profit.

Concrètement, il serait possible d’absorber de manière diluée un grand nombre de réfugiés à condition qu’il n’y ait pas d’engorgements créant des « camps » ou des tribus. Le fait d’être dilué proportionnellement à la taille de la communauté accueillante permettrait une meilleure gestion logistique, et dans la foulée une intégration plus sereine car à dimensions humaines, ce qui ne requière pas encore une fois d’une intervention d’un État. Il serait sage que chaque grande communauté se garde une « dîme » de l’occupation de ses sols qui serait laissée en « jachère » en prévision des urgences, quelles qu’elles soient.

Les structures peuvent être spontanées pour de toute petite augmentation de population, préparée et organisée pour des flux comme celles des vacanciers. Mais lorsque le flux devient très important et qu’il doit s’accompagner de structures complètes, cela peut revenir à construire des quartiers voire des villages, ce qui ne se fait pas à coup de baguettes magiques. De plus, il faut rappeler ici que cela à un impact social supplémentaire. Il faut rappeler que l’hébergement d’une personne fait intervenir d’une part un abri physique qui doit bien être construit à un moment donné et d’une structure sociale. Comme il a été dit plus tôt dans ce qui pourrait ressembler à un compte d’apothicaire il faut au moins un champ de un hectare pour alimenter une dizaine de personnes, non seulement en légumes, mais par voie de conséquence, en boulangerie, donc en minoterie, etc.

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