Moka constata dans la voix du commandant de la station orbitale de Jupiter une intonation inhabituelle. D'après les critères de la personnalité de Nic, il s'agissait d'un embarras, une gêne qui se manifeste quand les humains ne peuvent exprimer ce qu'ils pensent. Elle se tenait sur ses gardes. Soudain elle constata : son tycho-drôme, celui qui devait la ramener sur Hôdo, n'était plus amarré. Il avait disparu. Un sentiment étrange l'envahissait. Il lui était impossible de dire si elle souffrait d'avoir trahi la confiance des hôdons ou si elle craignait ne plus les revoir.
Et puis, la présence de ce milanaute l'inquiétait. Est-ce que cela avait une relation avec la disparition de sa navette? Si elle ne voulait pas tomber dans un danger inconnu il lui faudrait établir des prévisions, comme Nic. Il lui faudrait voir clair ou, plus précisément, avoir une claire voyance.
Quand elle franchit le sas, elle n'avait "vu" aucune solution autre que de se précipiter dans le poste de commandement et d'y obtenir les éclaircissements voulus. Rapidement elle parcourut les coursives et, quand elle ouvrit la porte elle capta une bride de phrase.
"… nous avons acquis la certitude qu'ils transitent par cette station. J'attendrai le temps qu'il faudra mais je mettrai la main sur l'un d'eux."
Moka revivait tout à coup son évasion. L'impression que son horloge cérébrale s'emballait, la submergeait. C'était une sensation de suractivité qu'elle connaissait déjà.
— Salut, Commandant! Je suis de retour. Nous avons de la visite?
Elle avait gardé comme d'habitude son casque, visière baissée. Son apparence humaine était parfaite, mais ses mimiques moins et elle n'était pas sûre de composer avec réalisme un Nic désinvolte.
— Heu! je vous présente Monsieur Tanaka. Il est le chef d'une délégation yakusa…
Le commandant ne savait comment présenter l'hôte, mais, sans se soucier du trouble de l'astronaute, le Japonais pris la parole.
— Enchanté, Madame. Madame…?
— Mademoiselle Moka Biscuit.
Elle se demandait ce qui l'avait poussée à répondre ainsi, avec un tel naturel.
— Vous êtes une scientifique?
Pourquoi cette question? Sans doute connaissait-il tout l'équipage. Une scientifique pouvait être de passage. A la place de Nana, elle aurait sûrement répondu par l'affirmative. Prudence!
— Non, je suis un coursier. Du matériel scientifique. Urgent.
Elle était laconique, prête à interrompre toute ébauche de conversation mais une idée jaillit soudain. Elle avait menti et ses neurones n'avaient pas fondu.
L'inconnu était un yakusa et elle enquêtait justement sur leurs intentions vis-à-vis de Hôdo. Elle devait se jeter à l'eau. Il était plus facile de cueillir des informations en naviguant sur le Réseau que sonder un humain, mais elle voulait le tenter.
— Et vous, vous dirigez une mission scientifique?
— En quelque sorte, oui! En quelque sorte…
Le commandant trouva l'opportunité de prévenir Moka du danger que courrait Hôdo et expliqua :
— en effet, il s'agit de refaire l'expérience du Commandant Porte, celui qui, à bord du Livingstone, devait trouver une autre planète habitable pour l'homme.
— Intéressant, fit Moka. Et comment comptez-vous vous y prendre? Il me semble que vous devriez avoir un vaisseau un peu particulier.
— Le milanaute de Monsieur Tanaka est construit spécialement pour cette mission. Il n'y a qu'un problème, l'homme qui devait le piloter à disparu à bord d'un tycho-drôme.
"Merci! Maintenant, je comprends la situation" transmit Moka en radio comme si le commandant pouvait entendre ses pensées.
— Et que comptez-vous faire maintenant? demanda-t-elle au Japonais.
— Attendre qu'on m'envoie un autre spécialiste. Et peut-être qu'entre temps j'aurai la chance de rencontrer l'un de ces mystérieux voyageurs dont parle la légende. Nous sommes convaincus qu'ils existent et nous croyons qu'ils transitent par cette station. Je ne peux pas tout vous dévoiler, mais je pense que notre pilote déjà est parti là où nous voulons nous rendre.
"Pas la peine de jouer à cache-cache! Je sais déjà." pensa Moka. Cette fois-ci, le message ne s'adressait qu'à elle. Etait-ce cette suractivité cérébrale qui la poussait à se parler à elle-même comme à une personne distincte? Son mental généralement calme et serein éprouvait-il un besoin de se réfléchir?
Il est vrai que la situation était délicate. Le secret de Hôdo risquait d'être rapidement dévoilé. D'autre part, elle avait de nouveau un engin pour revenir sur sa planète. Elle estimait qu'elle avait le temps de préparer une stratégie sans précipitation, aussi décida-t-elle d'interrompre là les présentations.
— Je pense que vous trouverez une solution à vos problèmes. Mais permettez-moi de me retirer, j'ai à faire. Commandant, pouvez-vous m'indiquer mes quartiers?
C'était la première fois qu'elle occupait une chambre dans la station. Elle ôta son casque et elle se regarda dans un miroir. Il lui faudrait s'habiller comme une femme astronaute, revêtir la tenue classe numéro deux comme les autres occupants de la station. Serait-elle à la hauteur de cette composition, pourrait-elle donner le change? Elle n'avait qu'un modèle humain, masculin, et qui lui avait fait comprendre qu'elle n'incarnait pas correctement l'âme féminine.
Elle examinait les vêtements qui lui avaient été offerts. Elle y découvrit le moireur qui permettait de nuancer les couleurs de l'uniforme et d'y ajouter de la texture. Puis avec inquiétude elle prit conscience que les détecteurs médicaux que portait tout astronaute, trahirait sa nature non humaine.
Elle passa plusieurs heures à fabriquer dans l'ordinateur de bord une simulation biologique réaliste. Elle en vint à se demander si c'était ce que ressentaient les humains lorsqu'ils composaient des musiques. Pendant tout ce temps, elle s'était allongée sur le lit, car elle savait que le temps de repos d'un véritable humain devait être le double du sien. Le sommeil, celui des androïdes, finit par la gagner. Mais était-ce vraiment celui des androïdes? L'excitation qu'elle avait connu plus tôt laissait place à un état que Nic aurait désigné par "éreinté".
Ses rêves n'étaient pas pour autant reposants. Elle se voyait comme dans une répétition théâtrale où elle jouait des rôles divers, toujours avec le même protagoniste, un dénommé Tanaka. Le metteur en scène ressemblait curieusement à Nic et impitoyablement, il la corrigeait : "Je te verrais plutôt ainsi, ne te tiens pas comme çà, fais attention à ton maintien, ne parle pas de cette manière là, tiens-toi correctement…"
Elle se réveilla en se demandant si elle avait vraiment dormi. Elle se rappelait vaguement que Nic lui répétait : "n'oublie pas! tu es une femme bionique." La sœur de Santa-Cruz lui en avait parlé, des êtres humains munis d'organes synthétiques à défaut de greffes.
Elle jeta un dernier coup d'œil à son allure. Elle avait enfilé la tenue standard, une combinaison moulante et une tunique, blanches comme l'imposait le règlement pour contraster avec sa peau brune. Aucune bandelette ne décorait sa poitrine, insigne manifeste qu'il s'agissait d'un hôte de passage. Quelque chose n'allait pas. Elle faisait un effort pour se rappeler, c'est-à-dire en fouillant dans les archives de Nic. Lorsque enfin, elle trouva un indice : Jeanne, la femme de Nic. Elle ne s'en souvenait pas bien lorsqu'elle était sur Terre. Tout compte fait, il était normal que ce fût une humaine et non elle, une androïde, qui soit la compagne d'un homme. Et pourquoi n'avait-elle pas de compagnon, elle? Elle mémorisa la question pour plus tard, car elle cherchait quelque information qui avait trait avec…Elle trouva : sa chevelure. Elle était ébouriffée et Nic avait dit quelque chose à ce sujet. Moka relut la charte des astronautes. C'était cela, le petit détail, l'anomalie, les cheveux devaient tenir sans problème dans un casque de survie. Elle n'avait jamais eu de soucis jusqu'alors avec sa longue toison, mais il semblait qu'il n'en était pas de même pour les humains. Il fallait que quelqu'un coupât sa tignasse ; elle appela le commandant qui lui dépêcha un astronaute habitué du fait.
Elle se regarda une dernière fois. Le serre-tête et cette coupe qui ne descendait pas en dessous de l'encolure lui donnait un tout autre aspect. Il lui semblait que ce pourquoi elle était née, était définitivement rayé. Elle avait l'impression qu'elle était devenue, elle chercha le mot, adulte, peut-être.
Moka se sentait prête pour affronter le chef yakusa. Ce dernier s'était retiré dans une chambre près du poste de commandement car c'était un invité de marque. Elle annonça son arrivée et demanda un entretien.
— Que me vaut l'honneur de votre visite, astronaute?
— Votre voyage. Je crois être l'astronaute qu'il vous faut pour piloter votre vaisseau.
— Vraiment!
Le Japonais sonda le regard de Moka. Il fut déjà agréablement surpris par la beauté de cet astronaute coursier. Elle devait avoir un sacré caractère pour ce genre de mission, mais ce qui le frappait par-dessus tout était la maîtrise de son visage. Elle était impassible, impénétrable.
— Et pourquoi vous prendrais-je, vous, à mon service?
— Pour pouvoir vous répondre de manière satisfaisante, il faudrait que vous m'expliquiez en quoi consiste votre objectif et vos besoins.
C'était assez inhabituel comme procédé. Ignorait-elle qui il était? Déjà elle avait dénoté une certaine ignorance des bonnes moeurs. Elle s'était contentée du salut des astronautes alors que ces derniers connaissent tous, les bonnes manières élémentaires vis-à-vis des extrêmes orientaux, de surcroît ambassadeur yakusa. Il devait s'agir d'une sauvageonne reléguée dans les missions solitaires de coursier. S'en remettre à une aventurière, l'amusait finalement. Il prendrait de toute manière tout son temps pour la jauger. Et l'écarter de son chemin s'il le fallait.
Il raconta la longue préparation du Livingstone, la construction de ce sea-morgh'N emportant avec lui mille vingt-quatre pionniers vers une lointaine planète supposée habitable, une sélection difficile d'hommes et de femmes représentatifs des différentes ethnies et cultures de la Terre. Cette opération avait coûté une fortune pour le yakusa qui y avait contribué aux trois quarts. Et puis, le silence tomba, plus personne n'eût de nouvelles et ces incapables de bureaucrates de la CIES furent incapables de savoir ce qui s'était passé.
— Je ne suis pas une scientifique, commenta Moka. Mais je suppose que votre planète se trouve si loin qu'il faille plusieurs années pour échanger des messages par voies électromagnétiques.
"Elle était bien tournée la phrase" apprécia mentalement Moka.
— Bien vu, mademoiselle! Nous disposions de "coursiers", comme vous, qui étaient censés faire la navette entre cette planète et la notre.
— Et?
— Non seulement nous n'avons pu obtenir aucune information de l'unique contact, mais en plus nous avons perdu toute relation depuis. Le coursier et la navette se sont évaporés dans la nature. Du moins, jusqu'à ce jour.
— Vous les avez retrouvés?
— Non! Mais, les colons doivent manquer de matériel et il est logique qu'ils essayent de se réapprovisionner. Nous supposions que cette station pouvait être un point de passage, mais nous n'avions aucune certitude. Or à notre arrivée, celui qui devait nous piloter, vole un tycho-drôme et disparaît comme par enchantement.
— Comme par enchantement?
— Bien que le commandant feigne l'ignorer, je suis convaincu qu'il s'agissait de la navette perdue.
— Et l'enchantement? insista Moka qui n'était pas sûr d'avoir bien compris le sens du mot.
— Cette navette dispose d'une machine particulière qui permet de se déplacer plus vite que la lumière, expliqua le yakusa perplexe face à cette femme dont il ne voyait pas de relation entre la question, rusée ou idiote, et ce regard dénué de curiosité.
— Dois-je comprendre que votre milanaute dispose d'un système identique à la navette pour partir à la recherche de la planète mystérieuse. Mais je ne comprends pas pourquoi ce pilote serait parti avec cette navette plutôt qu'avec vous? La destination me semble identique.
Le Japonais expliqua que le pilote avait voulu prendre un peu de temps libre avant sa mission. L'astronaute avait promis de se rendre dans la station de Jupiter avant le départ de ma délégation et qu'il y attendrait l'arrivée du milanaute. Le yakusa n'avait pas pensé qu'il s'agissait en fait d'un stratagème pour s'éclipser. Il ne comprenait d'ailleurs pas son attitude puisqu'il serait, tôt ou tard, rejoint et que la traître serait fatalement châtié.
— On dirait qu'il a fui dès qu'il a su que nous approchions, conclu amèrement le yakusa, comme si nous étions une menace. Il est vrai que nous sommes arrivés avec une semaine d'avance sur notre programme. Peut-être craignait-il autre chose, une autre visite.
L'homme se tut. Il réfléchissait sur ce qu'il venait de dire, réalisant d'un coup qu'il venait sans doute de trouver la pièce manquante au puzzle. Soudain il pris son allinone et lança deux fois le même message, l'un en japonais vers son milanaute, et l'autre pour le commandant de la station. A tous deux, il demanda qu'on le prévint de l'arrivée de tout vaisseau.
Moka le laissa ranger son allinone avant de lui poser toujours sur le même ton détaché : "mais vous êtes bien venu avec un pilote jusqu'ici?"
Le Japonais s'amusait : elle n'arrêtait pas de tout vouloir comprendre. Elle aurait pu être policière.
— Bien sûr! Mais celui qui devait nous conduire est un pilote d'essai. Il sait manoeuvrer dans les pires conditions, il a subi un entraînement en simulateur et il possède quelques notions indispensables du fonctionnement de notre machine à voyager plus vite que la lumière.
Comment pouvait-elle convaincre cet homme qu'elle était à la hauteur de la tâche sans dévoiler sa véritable identité? Elle n'était pas pilote d'essai, les conditions de vol ne présentaient rien qui vaille la peine d'être un expert, quant au générateur X2-plasme, qu'il refusait de nommer, il fonctionnait sans problème tant qu'il avait assez d'énergie et s'il tombait en panne, il n'y avait plus rien à faire que de se laisser dériver. Pilote d'essai! elle ne pouvait tout de même pas dire que Ang ne savait pas piloter en manuel et à vue un tycho-drôme. Elle préférait faire celle qui ignorait tout. Elle se sentait obligée de mentir et elle se contenterait de pécher par omission.
— Pourtant, je pense que je ferais l'affaire.
— Vous m'êtes sympathique jeune fille, mais quelle expérience avez-vous?
— J'ai été formée par le commandant Porte lui-même.
Le yakusa sourit. Cette femme était vraiment candide, au lieu d'afficher un curriculum vitae époustouflant qu'il se serait empressé de vérifier d'ailleurs, elle n'avançait qu'un pauvre et unique argument.
L'allinone émis un son, le Japonais l'ouvrit pour prendre connaissance du message. Moka connaissait déjà le contenu : un milanaute se dirigerait vers Jupiter. Il s'agissait d'une expédition scientifique, or aucune n'était attendue, ni même programmée pour les semaines à venir.
L'homme plissa les yeux, concentrant son regard noir sur celui de Moka. Il ne s'amusait plus. Il décida de brusquer le cours de la discussion et percer l'âme de cette femme hermétique, une merveille de maîtrise de soi. Trop.
— J'ai l'impression que vos amis vont bientôt débarquer.
— Mes amis? Vous êtes sûr?
Etrange! pensa Moka, ce n'était pas ce qui était prévu avec Stanley, Petit Cheval Blanc et Père Kashavan.
Etrange! pensa le japonais, elle n'a même pas sourcillé. Elle a des nerfs d'acier.
— Je commence à tout comprendre, finit par dire le yakusa. Notre pilote a eu vent d'une manière ou d'une autre que les Mésopotamiens voulaient s'emparer de notre X2-plasme et plutôt que de les servir, il a préféré éviter toute confrontation. A moins que ce ne soit vous qui l'ayez évincé. Mais si vous croyez que vous aurez notre milanaute, vous vous trompez! Je le ferai sauter en personne s'il le faut, même au péril de ma vie.
— Les Mésopotamiens? Mais pourquoi?
— Voyons, ne faites pas l'idiote! Si vous pouvez vous déplacer plus vite que la lumière, vos attaques deviennent imparables.
— Et vous croyez que les Mésopotamiens vont venir vous attaquer ici.
— Notre projet était secret. Il y a eu des fuites, mais eux aussi veulent que cela reste un secret. Pas pour les mêmes raisons. Ils ont dû apprendre notre projet de nous rendre ici, loin de la Terre et, sachant que nous serions isolés, donc sans protection, ils ont envisagé de nous cueillir ici.
— Mais que vous apporte à vous le X2-plasme?
— Mais le commerce, ma chère, le commerce! Le commerce avec d'autres mondes, peut-être aussi des terres d'accueil, nous commençons à nous sentir un peu à l'étroit sur notre bonne vieille planète et sur nos îles.
Le Japonais s'était soudain détendu. Il n'arrivait pas à considérer Moka comme un danger. Elle, de son côté, n'appréciait pas cette gymnastique qu'elle s'imposait. Elle avait peur de la moindre parole qu'elle prononçait craignant toujours en dire trop ou d'être mal à propos. De plus elle n'arriverait pas à convaincre le Japonais de la prendre à son bord tant qu'elle continuerait à jouer le rôle d'une humaine. Elle ne savait pas comment s'y prendre, aussi, décida-t-elle de brusquer les événements.
— Ecoutez, je n'ai rien à avoir avec les Mésopotamiens. Je n'ai aucune raison logique de sympathiser pour vous ou eux. Je ne sais pas quels sont les aboutissants de votre conflit et je ne suis pas sûre de vos intentions avec la planète perdue, pourtant je vais encore vous offrir mon aide.
— Et pourquoi, donc? Rien n'étant gratuit, c'est que vous avez des chances de gagner une contrepartie.
— Je me suis permis d'analyser le contenu et l'équipage de votre vaisseau et je sais que vous ne disposez que du minimum de défenses : pas d'armes lourdes ou à énergie ni de troupe de guerriers, juste une garde rapprochée…
— Comment savez-vous çà?
— Plus tard… L'important, pour l'instant, est d'évaluer avec qui je me rallie. Vous avez l'avantage, mais je ne peux me permettre un mauvais choix.
— Attendez! Vous ne parlez plus comme quelqu'un qui sollicite un job. Vous avez inversé les rôles, et maintenant c'est à moi de justifier que je mérite votre concours. Laissez-moi le temps de mener ma petite enquête, je ne sais même pas qui vous êtes.
— En avez-vous vraiment le temps? Nous sommes loin de la Terre et les communications sont très, trop lentes.
— Quelles seraient vos conditions?
— Je commande votre expédition.
— Rien que cela!
— Je veux que vous remplissiez votre milanaute du matériel de maintenance entreposé dans l'astro-lab M4. Ensuite, nous emmenons le commandant de cette station.
— Et pourquoi?
— Il est désormais en danger ici.
— Cette idée vous honore. Ensuite?
— Toutes vos armes seront sous scellés.
— En quelque sorte, vous voulez que nous nous confions pieds et poings liées à un pirate de l'espace? A moins que… Ce matériel de maintenance…
— Avez-vous vraiment le choix?
— Je dois prévenir l'équipage.
— Faites, mais je vous préviens que je comprends le japonais. Vous pouvez aussi avertir vos chefs que vous continuez la mission, que vous anticipez même votre départ à cause d'un danger imminent. Mais vous ne parlerez pas de moi. Etes-vous prêt à me laisser le commandement? Je connais la route!