planète Hôdo
Tome I, Pionniers
Chapitre 16. Le Dévonien.

Jeanne secoua Nic. Elle lui avait préparé le petit déjeuner copieux auquel il était habitué. Il lui sut gré de sa prévenance, mais ne trouva aucun mot pour le dire. Il regrettait parfois d'être si taciturne. Par le passé, s'était-il même violenté pour laisser trahir un peu de son âme profonde. En vain, il avait rencontré immédiatement un mur d'étonnement, une porte scellée sur l'immuable personnalité, et il restait emprisonné dans son mutisme. L'heure était importante pour lui, et méritait encore plus de ce religieux silence. Importante, pour lui l'humain venu de si loin et pour tous ceux qui attendaient impatiemment le moment où le Commandant poserait le pied sur cette planète. Cet espoir, qui soudain devenait l'ultime refuge, cette île lointaine convoitée sur laquelle échoue le radeau d'un navire à l'agonie.

Au moment de sortir de la pièce, Jeanne lui souffla, "tu sais, Gus a verrouillé les portes de communication avec les autres modules pour avoir la paix."

Heureusement! dehors, les trente astronautes patientaient et formaient une haie jusqu'au sas où Katsutoshi attendait: il n'aurait jamais pu rejoindre le tycho-drôme si d'autres étaient venus assister au grand départ.

En traversant le couloir, Nic perçut quelques tapes sur l'épaule ou le bras. Il se rendit compte à quel point les liens qui unissaient ces hommes et femmes du milanaute maître avaient quelque chose de plus sacré que de la pure solidarité. Il le voyait plus dans leur regard que dans les petits gestes qu'ils lui adressaient. "Bonne chance, Commandant" entendit-il. C'était, Gus, le seul qui lui adressa la parole. Nic lui répondit par un clin d'œil. L'ingénieur éprouvait soudain le besoin d'étendre son cercle d'amitié, et le commandant l'y encourageait.

Sacré Gus! Il s'était mis en tête de réunir autour de lui un clan qui serait le fer de lance de sa cause. Makuta accepta sans problème, uniquement intéressé par "son" système solaire, il s'en était remis au hasard: le premier qui lui demanderait de s'associer, serait exaucé. Mais là s'arrêta la complaisance du Tutsi à l'égard de Gus: c'était un anarchiste et les batailles de pouvoir ne l'intéressaient point. Le savant acheva de vexer le chef ingénieur quand il refusa d'apprendre le swahilyankee prétextant qu'il était scientifique et non littéraire et que s'il l'avait été, il eût préféré étudier le tchibemba ou tout autre dialecte bantou, plus riche que le swahili, et a fortiori que celui que proposait Gus, reconstruit artificiellement à base de ketchup. Cela lui suffisait déjà d'être contraint d'utiliser l'anglais, lui, qui s'acharnait avec son peuple à conserver un français puriste, lien indispensable à la naissance Haut Congo lors de son expansion territoriale au delà des grands lacs, vers l'Océan Indien.

Le suivant fut Prosper, qui accepta pour ne pas rester trop à l'ombre de l'impérieuse Adela, mais il avait beau être noir, le Mélanésien ne se sentait aucune fraternité de sang avec l'Américain.

Mais Frans fut le loup dans la bergerie. C'était un pacifiste, arrière-petit-fils d'un grand prédicateur zulu qui prônait que l'ennemi à vaincre était le diable que chacun couvait dans son âme pécheresse. Le diable et ses sept péchés capitaux! Cet aïeul prétendait que c'était l'orgueil qui engendrait le complexe d'infériorité. Chasser le mal intérieur, sermonna-t-il, c'était devenir pleinement soi, libre des chaînes et des boulets infernaux qui empêchent de parcourir les voies du paradis.

C'était ce même parent qui expliquait au petit Frans que dans un lointain passé, un homme blanc, un pionnier solitaire, s'était épris de l'une de ses servantes, et qu'il ne fallait pas croire ce que d'autres, des mauvaises langues, pouvaient raconter: les barrières s'affaissent devant l'amour.

Pourtant, longtemps, la descendance des Cormaek eut à souffrir du métissage. Bannie des deux ethnies, elle était accusée stupidement de cumuler les défauts de chacune. Et voilà que maintenant, l'incident de la première traversée du miroir d'Alice avait joué le même tour de destin à Frans qui s'était jeté dans les bras de Sissel. Il s'était découvert une voluptueuse passion l'un pour l'autre.

Gus faillit s'étrangler, lorsque le cogniticien accepta d'appartenir au clan à condition qu'il accueille la blonde fiancée. Mais l'ingénieur n'était pas au bout de ses surprises lorsqu'au moment de décider qui serait le porte-parole officiel du clan, six voix sur les huit proposèrent la belle écologiste allemande. Pire, il n'y eut qu'une voix en faveur de Gus, lui-même.

Déjà Nic était devant le sas où le pilote l'accueillit avec le salut traditionnel et un laconique "nous sommes prêts, Commandant" incluant dans son "nous", Katsutoshi qui manoeuvrait l'ouverture de la première porte.

Dans le sas, les trois explorateurs enfilèrent leur tenue. Leur casque était l'un des joyaux de la société japonaise qui employait les services de Katsutoshi. Un groupe qui avait le monopole mondial des écrans feuilles et qui avait fabriqué la visière des scaphandres. Grâce à une complexe technique d'affichage holographique, il était possible de lire les indications lumineuses comme si elles s'étaient affichées à une trentaine de centimètres du regard. Mieux, un traitement de l'image permettait de visualiser le monde extérieur en pseudo couleur même lorsque la luminosité était trop faible pour l'œil humain.

Pour la troisième fois, la navette redescendait vers la planète. La descente fut plus rapide, car Roxane avait déjà repéré le site d'atterrissage, et tel un lourd planeur, le tycho-drôme vint se poser sur la dalle de granite. Elle n'était pas aussi plate qu'elle ne le paraissait au premier passage en altitude, mais le coussin de balles, déjà bien éprouvé sur tous les astres à atmosphère et à sol ferme du système solaire, absorberait les imperfections du sol.

La navette s'immobilisa enfin. Lentement, ses trois passagers quittèrent le véhicule et foulèrent ce sol inconnu des humains. Aucun bruit ne venait à leurs écouteurs. Seule la respiration s'amplifiait sous le casque. Roxane se mit en quête des quelques balles qui s'étaient échappées de la jupe électromagnétique du train d'atterrissage. Nic et Katsutoshi, l'encadraient à quelques pas, prêts à intervenir au moindre signe de danger. L'évolution sur la planète était aisée, la pesanteur y étant à peine plus faible que sur Terre. Rapidement, les balles furent replacées et aussitôt, Roxane manoeuvra le tycho-drôme pour le décollage. Pendant ce temps, le commandant du Livingstone envoya le premier message. Rien de grandiloquent, ni de pompeux à inscrire dans les livres d'histoire. "Atterrissage OK. RAS." furent ses seuls mots.

Le ciel paraissait limpide, azur comme sur Terre, avec son soleil quasiment identique. Le trio se mit en marche vers le bord le plus proche de la gigantesque dalle qui semblait émerger du terrain comme une plaque de glace au dégel. Au fur et à mesure qu'ils descendirent la légère déclivité, des tâches de lichens maculaient la pierre qui soudain s'enfonçait lentement sous une couche de terre rougeâtre rappelant le sol martien. Pourtant, plus loin, une timide prairie d'herbes hautes s'enhardissait entre la nudité de la roche et une verdoyante végétation inconnue des trois explorateurs à l'exception d'énormes fougères. S'aventurer au delà de la prairie semblait mal aisé, voire risqué, la forêt baignait dans un marécage. Mais cela suffisait pour la première visite, relever des échantillons, déposer un cobaye synthétique et repérer un endroit pour débarquer. Ils décidèrent donc de rebrousser chemin et de se diriger à l'opposé, vers la chaîne montagneuse dans laquelle, ils avaient pu le constater lors de leur précédent vol, s'érigeaient de nombreux cônes volcaniques, dont certains en activité.

A peine eurent-ils rejoint la navette, que le ciel s'obscurcit avec une inquiétante soudaineté. Des orages grondèrent, illuminés par des éclairs feutrés dans leurs épaisses couches nuageuses. L'inquiétude s'empara des astronautes qui craignaient que leur véhicule ne fût pris pour cible par une foudre.

A l'horizon, les géants gris du ciel et de la terre se fondaient en un obscur chaos qui s'effondrait par endroit. La pluie s'abattit avec violence.

Les scaphandres hermétiques protégeaient parfaitement de l'humidité, mais pas du vacarme qui emplissait le casque. Les plus merveilleuses visières des humains devinrent inefficaces. Capables de montrer la moindre image à faible luminosité, elles ne pouvaient rendre clair ce qui était flou sous un déluge. Nic dut hurler pour que ses deux compagnons ne bougent plus tant qu'ils étaient aveugles.

Il ne fallut guère de patience, car rapidement, le mur d'eau perdit de sa vigueur, et même s'il n'avait pas été prévu d'essuie glace, il devint possible de distinguer les silhouettes de ses compagnons.

Mais Nic était perplexe et se demandait si vraiment cet endroit conviendrait pour un campement. De toute manière, leur ballade était compromise, bientôt il ferait nuit, et quatre heures sur ce monde, n'étaient déjà pas si mal pour un début.

Un peu plus tard, le tycho-drôme se fixa sur le milanaute maître. Katsutoshi ouvrit l'écoutille et fut un bref instant surpris de voir que celle-ci ne débouchait pas sur le sas de décontamination, mis sur un boudin translucide. Nic s'aperçut de l'étonnement du Japonais.

— Nous sommes directement reliés à la salle de mise en observation. Surtout ne quittez pas vos combinaisons tant que vous n'en avez pas eu l'autorisation.

Le chef de la sécurité se glissa dans le boyau. Roxane ferma la marche en verrouillant chaque passage derrière elle. Tous trois se retrouvèrent dans une salle aux baies vitrées. Des lits-sarcophages attendaient les arrivants au milieu d'un imposant matériel d'analyse biochimique. En plus de la porte qu'ils venaient de franchir, deux autres ouvertures communiquaient avec l'extérieur. L'une d'elle s'ouvrit, et une sorte d'ours transparent et gonflable en jaillit. Il était relié à la porte par le même tube souple qu'ils avaient traversé en quittant la navette. Une forme s'y glissa. Nic reconnu Adela et lui lança:

— Heureux de vous revoir Adela! Votre fiancé se porte à merveille. J'y ai veillé.

— Entre nous, Nic, je préfère y veiller moi-même. Avouez que c'est une sérieuse garantie pour vous! Je vais commencer par examiner Roxane et je finirai avec vous, car je présume que vous allez vous mettre tout de suite au travail, fit-elle en montrant le grand écran mural qui était installé sur l'un des pans aveugles de la pièce. Mais peut-être désirez-vous vous débarrasser Nic, je vois que vous nous avez ramené une très jolie fougère.

Les explorateurs étaient en effet encombrés d'échantillons divers. Ils les glissèrent dans la lucarne prévue à cet effet. Puis, les deux compagnons de Nic s'allongèrent comme le voulait le médecin après qu'elle eut passé un aspirateur sur leur scaphandre. Adela vida le contenu de l'appareil, une série de petits disques qu'elle plaça sous un microscope.

Sans se préoccuper d'elle, Nic alluma l'écran et appela Jeanne pour lui signaler que tout allait bien, puis lui demanda de passer son alter ego.

— Salut, lâcheur! Tu te débines et me laisses une montagne de boulot.

— Désolé Betty, tu as l'air fatiguée…

— Tu parles, rien que trois heures de sommeil! J'assiste à la réunion puis dodo. Heureusement que ta femme filtre tous les messages qui me sont destinés. A part ça, tout va bien, ou presque. T'as vu! je t'ai préparé un beau cagibi.

Nic regarda autour de lui avec une moue dubitative.

— Il manque les vases de fleurs, critiqua-t-il finalement. Bien! c'est quoi ton "ou presque…".

— Oh! pour ce qui est des astronautes et du vaisseau, il n'y a pas de problème. Beaucoup de travail, mais ça nous change de l'inactivité désopilante du voyage. C'est plutôt pour les rampants que… mais le plus sage serait que tu contactes Cheng. Elle t'expliquera.

L'écran afficha une seconde fenêtre où la Chinoise apparut. Elle expliqua les raisons pour lesquelles elle était soucieuse.

Pendant tout le voyage, les voyageurs avaient mis en veilleuse les revendications des groupes dont ils étaient les représentants. Déjà beaucoup voyaient enfin "leur" Paradis. Un éden évidemment où, seuls, les bien pensants, les bons croyants, les bien colorés peupleraient cette terre promise par leurs prophètes. Un univers d'où il faudrait, dans le plus bref délai, arracher l'ivraie avant qu'elle n'étouffe la juste moisson: les incroyants, les croyants et tous les mécréants, ceux qui n'ont rien compris à la vérité. Et surtout, il fallait être libre dans ses inaltérables convictions, et détruire toute tyrannie même au prix de la dictature, ou vice versa. Déjà, les rêves des futurs héros se peuplaient de poings tendus aux couleurs et aux emblèmes de leur foi. Ils entendaient les cris de leur peuple les encourageant dans leur sainte guerre, les vivats qui les montaient aux nues, ou, les pleurs sur les tombes fleuries et décorées de ces sauveurs qui avaient livré leur sang pour que la juste cause soit.

L'impatience grandissait et l'exploration préalable de Nic était un supplice. En tout cas, certains ne s'étaient pas gênés pour "fouiller" les mémoires du vaisseau, ou pour les diffuser avec l'intention de troubler l'équipage. En effet, Cheng se rendait compte que son agenda était lu par d'autres yeux que les siens. N'y voyant aucune confidentialité, elle n'avait pris aucune mesure de sécurité. Pourtant, chaque fois qu'elle mettait à jour sa liste, pourtant provisoire, de débarquement, elle notait des réflexions qui à force d'être de curieuses coïncidences devenaient présomptions.

Mettait-elle les astronautes en dernier dans la liste pour quitter le Livingstone, qu'aussitôt, Gus venait se plaindre en prétendant que ce n'était pas juste qu'ils soient les derniers, et que Ytzhak se demandait s'il n'y avait pas anguille sous roche, c'est-à-dire si les astronautes ne retourneraient pas sur Terre une fois que tous les autres auraient été livrés à bon port et abandonnés à leur destin de cobayes.

Décida-t-elle de vider en premier le satellite qui contenait le plus de scientifiques qu'une remarque perverse lui fit remarquer que sa race lui ferait sûrement favoriser "China Town".

Et la liste pouvait continuer…

— Cheng, comment sens-tu la situation?

— Pour l'instant, de l'effervescence sans risque d'explosion. J'estime qu'il n'y a rien à craindre tant que nous serons en orbite, les directives des différents représentants sont de créer un monde, non de le détruire, plus tard, peut-être, en cas d'échec de certains missionnaires. Les divergences nombreuses qui foisonnent dans le Livingstone nécessitent une phase de coalition, d'autant plus malaisée que le vaisseau est séparé en trois parties. Dans l'immédiat, une explication de mes choix pourrait fortement calmer les esprits, mais je ne suis pas habilitée à en faire l'annonce.

— Ni moi, Nic, enchaîna Betty, c'est toi le chef de l'expédition, même si tu m'as confié le commandement du Livingstone.

— D'accord, je m'en charge, Cheng. Prépare-moi les arguments de tes décisions, nous les étudierons ensemble, avec toi aussi, Betty, puis je donnerai le dossier à ma femme qui se chargera de la diffusion en son nom. Autre chose?

— Une affaire mineure. Condor, en tant que chef des pompiers, est le dernier à devoir quitter le vaisseau avec le Commandant. Sans vouloir offenser Betty, il voudrait que tu sois aussi présent à ce moment, car c'est la tradition et un honneur pour lui.

— Et bien tu lui répondras que je ne pourrai pas m'empêcher de venir jeter un dernier coup d'oeil au Livingstone. Et il faudra bien que quelqu'un ramène le dernier tycho-drôme, ce sera pour moi, un plaisir d'aider la gente dame Betty Brown à monter dans la dernière chaloupe pour rejoindre la terre ferme.

BB ne tenta aucune réplique. Elle ressentait une émotion pénible à l'idée d'abandonner le sea-morgh'N, et elle savait ce que ressentait Nic, qui avait coutume de cacher ses sentiments derrière quelque stratagème, telle que l'ironie ou l'emphase théâtrale. Cheng fit mine de vouloir quitter la vidéo conversation mais Nic lui indiqua qu'elle pouvait rester car le premier débarquement aurait lieu dans onze heures. C'était maintenant que la liste de débarquement commencerait vraiment à avoir un sens.

— Qui as-tu prévu parmi les premiers élus?

— J'avais pensé, comme j'y avais fait allusion plus tôt, qu'il valait mieux envoyer en premier temps les scientifiques pour deux raisons. La première, c'est qu'il serait sage et prudent de bien étudier notre nouvel environnement, et le second, est qu'ils sont dans le satellite le moins équipé en survie.

— C'est un bon choix, mais, pensais-tu vraiment débarquer les astronautes en dernier?

— Oui. J'imagine bien sûr qu'il y aura des exceptions.

— Tout à fait, il faut qu'il y ait grosso modo la moitié de pilotes ici et là. De plus, pour avoir la paix, je ne vois aucun inconvénient à ce que Gus soit en bas. Mieux, c'est un bon ingénieur spécialisé en maîtrise d'énergie, et nous en aurons besoin rapidement pour le campement. Quant à Ytzhak, il prendra la place de Gus, dans le milanaute maître. Il sera ainsi parmi les derniers à descendre avec l'ordinateur. En règle générale, ce que je vous conseille de faire, c'est de descendre tout d'abord ce qu'il faut. En revanche, je retiens de votre idée que chaque fois qu'il y aura de la place disponible, il faudra accueillir les passagers de ce satellite. Pour ne plus avoir de soucis à l'avenir, sois imprévisible et agis au coup par coup. Il ne reste plus qu'un détail, les bâtisseurs descendent quand?

— En même temps que les premiers scientifiques. J'ai d'ailleurs pensé que les biologistes seraient aux premières loges.

— Sûrement, mais je préfère que les spécialistes se concertent entre-eux après avoir analysé les échantillons et vidéo que nous avons ramenés. D'ailleurs, j'appelle sur-le-champ Diana, car je suis curieux de savoir quelles sont les premières observations.

Puis se retournant vers Adela toujours penchée sur ses appareils, il l'invita à se joindre à la conférence qui continuait avec le patron des scientifiques.

Ce qui étonnait le médecin fut la proportion de cellules animales et végétales recueillies dans l'aspirateur. La vie animale était plus faiblement représentée que sur Terre. En revanche, la poussière foisonnait de spores.

Diana, elle, avait appris ce à quoi ressemblait leur nouvelle planète: la Terre au Dévonien, c'est-à-dire au début de la vie sur le sol. C'est pourquoi les premiers vols ne répertorièrent des zones de végétations qu'à proximité des étendues d'eau et dans un climat tropical chaud et humide. Elle conseilla même d'envoyer dans le premier groupe de scientifiques, le paléontologue du Livingstone.

La communication s'arrêta. Méditatif, Nic resta planté silencieusement devant l'écran.

"Pauvres idiots! Une Terre promise pour leur stupide idéologie, sans le moindre morceau de viande ni de fruit à se mettre sous la dent, sans cuir ni coton, sans abeilles ni oiseaux dans le ciel… A peine un début de vie! Et les seuls extra terrestres qui risquaient de les mettre en péril, ne se voient que sous un microscope. Tant mieux finalement, il n'y aurait pas de malheureuse confrontation avec l'indigène, ni soumission, ni extermination."