planète Hôdo
Tome I, Pionniers
Chapitre 17. La colonie initiale.

Avec un pincement au cœur, Nic et Betty, parcoururent une dernière fois le satellite vide, délabré même. Tout ce qui pouvait être utile avait été descendu sur la planète.

La première partie du Livingstone avait été totalement démontée alors que les deux autres éléments du sea-morgh'N, brilleraient encore quelques années dans le ciel de ce nouveau monde. L'un servirait pour l'observation géologique, et, celui des commandants, mis en orbite géostationnaire, permettrait d'étudier le système d'Intirayo. Il n'y avait plus rien à voir et le tour fut rapidement fait.

Dans le milanaute maître, Condor attendait patiemment le retour des deux officiers pendant que Makuta errait comme une âme en peine, désolé de s'éloigner de son télescope. Mais les autres étaient déjà dans la navette, et, si certains ne semblaient pas pressés de quitter définitivement cet amas de ferraille, Ytzhak, lui, bouillait d'impatience. Enfin, son supplice prit fin quand l'astronome tutsi se glissa dans le véhicule. Quelques instants après, Nic tendit galamment la main à Betty, qui selon la coutume, devait être l'avant-dernière à quitter le vaisseau abandonné. Enfin, le chef des pompiers, verrouilla le sas et articula solennellement à l'adresse de Roxane et Andy qui piloteraient ensemble pour la dernière fois? "il n'y a plus personne à bord du Livingstone. Nous pouvons abandonner le vaisseau."

Lentement, le tycho-drôme glissa le long de la coque vide, puis doucement, comme à regret, piqua vers le globe bleuâtre qui les attendait. Le camp était encore plongé dans l'obscurité matinale qui précède l'aube, mais de loin, dans ce décor sans civilisation de lumières, on distinguait les feux qui balisaient la piste de fortune sur la dalle naturelle.

"Bienvenue at home, déclamèrent ensemble Cheng et les deux fils de Nic et Jeanne, aux derniers membres du clan, qui enfin, venaient s'établir dans leur tente martienne. A part le Commandant qui voyageait en permanence, les autres étaient soutenus par des médecins, à cause de leur long séjour en microgravité. Jeanne qui était restée courageusement à son poste jusqu'à l'ultime message semblait plus souffrir de ce retour à une pesanteur normale que Stella, l'inséparable ordonnance, et William, le discret mais efficace intendant qui avait recensé jusqu'au dernier boulon.

La maison des Portes était déjà aménagée, identique à toutes les autres, composée de quinze cellules, dont trois plus grandes que les autres pour toutes les activités communes. Identique, mais différente, car c'était désormais leur chez soi. Même les lits-sarcophages furent installés et ce fut avec plaisir que les derniers venus s'y allongèrent, toujours revêtus de leur scaphandre. Quelques heures de repos avant l'aube leur feraient du bien, car le voyage venait de se terminer et laissait place à une nouvelle aventure, celle de construire une cité.

Le lendemain, quand le soleil fut au zénith et que Nic grimpa sur la dalle de pierre où étaient rangés les quinze tycho-drômes et qu'un millier d'âmes l'attendaient, il eut l'impression de jouer le rôle principal d'un film qu'il avait déjà vu plusieurs fois dans son enfance, mais dont il ne se rappelait plus exactement le titre, quelque chose comme "les dix commandements".

Au fur et à mesure de l'arrivée des pionniers, Cheng avait pris soin d'expliquer les règles de vie sociale adoptées par les astronautes, fondées sur la représentativité indirecte des clans. Chaque famille élisait un délégué de chaque sexe, ce qui donnait deux cent cinquante-six représentants dont le rôle unique était de trouver des consensus entre communautés. Comme les biosociologues avaient préconisé que huit interlocuteurs étaient le nombre maximum pour rester efficace, ces délégués se réunissaient eux-mêmes en huitaine, mais cette fois-ci sans mélange de sexes, ce qui conduisait à seize collèges de femmes et seize d'hommes. Cette règle permettait de représenter de manière équitable et indépendante la spécificité de chacun. Pendant trop longtemps les lois de l'humanité avaient été non seulement édictées, mais surtout pensées, par le mâle qui, malgré toute sa bonne volonté, ne pouvait objectivement se mettre dans la peau de l'autre à moins d'une "transsexualisation", et encore. Seize était néanmoins jugé trop grand, et donc, finalement il restait quatre collèges, donc quatre leaders potentiels de communauté. Des dirigeants, qui n'étaient que des chefs d'orchestre, des guides de cordées, car là s'arrêtait leur rôle. L'exécutif, pour faire allusion aux vieilles structures démocratiques de la Terre, se développait de la même façon que le "législatif", mais en parallèle, non plus sur la notion familiale mais sur la notion d'entreprise, de mission, et sans critères sociaux comme la distinction de sexe. C'est ainsi que Cheng était le délégué de Diana et que Diana était le patron de Cheng.

Sur le sea-morgh'N, la distinction de collège des femmes et des hommes, était provisoirement remplacée par la nécessité de deux équipes qui oeuvraient vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le voyage terminé, Betty représentait uniquement les femmes, alors que sur le vaisseau, elle représentait les équipes de nuit.

Il n'y avait aucune date prévue pour un quelconque suffrage. Les relations hiérarchiques changeaient d'elles-mêmes, et pour l'instant, implicitement la colonie conservait la structure préétablie dans le Livingstone. Nic était le chef et son homologue féminin était Betty. Les deux autres étaient respectivement Cheng et Katsutoshi.

Mais ce matin était l'exception et il fallait un chef, un seul, un Moïse à la tête des colons. Et personne n'en niait le besoin, même si beaucoup pensaient déjà au futur coup d'état.

Parler à une telle foule, en plein air, eût relevé de l'exploit si les biologistes n'avaient toujours pas autorisé les pionniers à quitter leur scaphandre. Comme chacun disposait d'un interphone, il était aisé de parler à chacun sans hausser la voix. Nic se racla la gorge.

— Je ne suis pas un rhétoricien, aussi, je serai bref. Je n'ai que deux points à dire. Premièrement, le monde qui nous accueille n'est pas des plus hospitaliers, et je suis convaincu que si nous ne nous serrons pas les coudes, nous ne survivrons pas. Aussi, je vous recommande vivement d'essayer autant de nous comprendre mutuellement que de comprendre notre nouvel environnement. J'insiste pour que nous mettions en poche nos diverses intransigeances et que nous développions une société sur le respect mutuel. Je répète qu'il ne s'agit pas là d'un doux rêve utopique mais d'une impérative nécessité. Et puis, le second point, est que je propose que l'on fasse une gigantesque fête dès que nous pourrons quitter ces tenues, à l'occasion, nous baptiserons notre planète. Je suggère que l'on cherche tous un nom, et qu'il soit choisi ensuite au vote. On en profitera pour célébrer les mariages comme plusieurs d'entre vous me l'on déjà demandé. J'ai fini. Bonne chance à nous tous.

Un brouhaha roula dans ses écouteurs où il percevait des hourras qui se mélangeaient à d'autres interjections qui lui étaient inconnues. Il n'était pas politicien, mais il savait qu'il n'y avait rien de mieux pour accueillir les idées que de terminer en proposant une fête.

Maintenant, il restait à Nic, comme s'il était toujours à bord du vaisseau, de faire le tour de ses principaux responsables avant d'échanger ses informations avec Betty qui faisait aussi le tour des siens.

Le chef de la colonie se rendit en premier chez Katsutoshi. Ce n'était pas le responsable le plus important, mais outre qu'il avait sous sa responsabilité les humains les plus redoutables de l'expédition, il était devenu petit à petit l'ami le plus proche de Nic partageant le même goût pour le silence, le même esprit spartiate et le même sens du dévouement et de l'honneur. Le japonais avait déjà adapté la fonction de ses hommes aux nouvelles conditions de vie. Les pompiers aidaient aux tâches d'aménagement et de débroussaillement. Les militaires partaient en éclaireurs et enregistraient les relevés topologiques sur leur allinone. Plus ils étaient occupés à des tâches diverses, et moins ils auraient le temps de fomenter quelques actions révolutionnaires.

A l'exception du dernier tycho-drôme qui ne volerait plus que pour des missions de reconnaissance, les autres resteraient au sol et comme il fallait loger le matériel fragile dans des endroits sûrs, chaque véhicule fut affecté soit à la recherche, soit à la médecine, soit enfin, au matériel électronique tel que le cerveau optronique.

Adela se trouvait dans l'une de ces navettes affectées aux analyses biomédicales. C'était sur ses épaules que reposait la santé de la communauté, un fardeau dans un univers inconnu aux risques imprévisibles. Nic profita de sa visite pour s'enquérir sur l'opportunité de quitter le costume hermétique qu'il gardait nuit et jour depuis sa venue sur cette planète. On y baignait dans sa sueur, obligé de se nourrir, d'uriner et de déféquer avec l'aide de tubes dans des salles de décontamination.

Il n'était pas possible de vivre toujours ainsi et il faudrait tôt ou tard humer l'air de cette planète et y exposer sa nudité. En fait, même, ce fut ce que proposait Adela. L'étude qu'elle et ses collègues menaient, confirmait un risque très probable de mycoses. La principale forme de vie terrestre de cet univers était celle des champignons, dont certaines espèces étaient totalement inconnues sur Terre. Ce que Nic avait d'ailleurs pris pour une savane herbeuse, lors des vols à basse altitude, était en fait un champ d'étranges végétaux, de longues tiges ressemblant à de la paille, surmonté d'un gland protégeant jusqu'à maturation des spores, comme les vesses-de-loup. Avec dégoût, le commandant s'imaginait envahi d'excroissances végétales étranges. Il eût préféré rencontrer de cruels petits hommes verts à moitié tyrannosaure, ou affronter de terrifiantes armes inventées par d'énormes cerveaux maléfiques perchés sur des corps malingres et pourtant inaltérables.

Le médecin estimait que l'aération du corps permettait de mieux se préserver contre la prolifération de ces champignons. Adieu pantalon, veste et bottes! Des rectangles de toile vaporeuse, sans couture, ainsi que des sandalettes, étaient à son avis le seul mode vestimentaire que les colons pourraient adopter. Quant à quitter ou non le scaphandre, elle ne pouvait se prononcer, et elle se demandait même, s'il ne valait pas mieux laisser choisir chacun plutôt que de donner des directives. Finalement, elle conseilla de consulter Diana qui dirigeait toute la recherche, et dont les activités rejoignaient souvent celle de la santé. La Brésilienne ne pouvait pas plus se prononcer sur la survie que les médecins. Jusqu'à présent, les planètes explorées par les Terriens, à l'exception de Mars, étaient toutes impropres à la vie et ne représentaient que des dangers chimico-physiques. Mais ici, la situation était différente et elle demanda qu'on lui laissât encore une semaine d'étude du milieu naturel avant que les deux espèces vivantes n'en viennent à se perturber l'une et l'autre. Déjà, elle regrettait que le site ait été débroussaillé, car la structure de la savane de champignons l'intriguait. Elle y trouvait une curieuse ressemblance avec le système neural, peut-être une déformation professionnelle de la neuromiméticienne.

Encore sept jours dans cette combinaison, ce fut un délai raisonnable, et Nic se promit qu'il serait l'un des premiers à quitter sa tenue. D'un pas allègre, afin de diffuser l'information aux pionniers, il se dirigea vers le tycho-drôme qui l'avait ramené et où Jeanne et William installaient tout le matériel de communication. C'était l'opportunité de voir si sa femme s'était bien remise à la pesanteur. En fait, comme à l'accoutumée, elle ne manquait aucune occasion pour se plaindre de la routine fastidieuse de la tâche, pourtant capitale, qui l'incombait. Chaque fois, Nic lui proposait alors de déléguer un peu de son travail. Elle était le patron d'une petite équipe, certes, mais suffisante pour permettre des rotations de mission. Mais c'était prêcher dans le désert, elle voulait toujours tout faire elle-même.

Nic sortit du tycho-drôme en haussant les épaules. Une goutte d'eau vint s'écraser sur la visière de son casque. La pluie? déjà! Jusqu'à présent, elle tombait aux environs de quatre heures de l'après-midi. A vue d'oeil, évidemment, car personne n'avait prévu de créer des horloges adaptables aux longueurs de journées différentes sur chaque astre.

Sous l'averse quotidienne, à quelques pas de Nic, Gus surveillait avec inquiétude les navettes immobilisées et les panneaux solaires déployés. Le climat humide et pluvieux volait souvent les rayons du soleil et la climatisation consommait beaucoup plus d'énergie que prévu. L'ingénieur ébaucha une moue que masquait le casque dégoulinant. Il fallait rapidement trouver une nouvelle source d'énergie. De plus, si les tycho-drômes étaient suffisamment adaptés pour les pires conditions atmosphériques, il n'en était pas de même pour les composants des astro-labs destinés soit au vide spatial soit aux environnements artificiellement acclimatés. La contrariété du patron des ressources énergétiques stimulait Nic, qui sentait croître en lui, depuis le début du périple, un don pour la synergie. Il proposa à Gus de collaborer avec Jeanne et Katsutoshi afin que les éclaireurs transmettent en temps réel leurs explorations et incluent dans leurs inspections du terrain avoisinant, tout ce qui pouvait présenter un intérêt comme la possibilité de construire des barrages ou de trouver des sources géothermiques.

Avec le sentiment d'avoir accompli sa BA du jour, Nic n'avait plus que deux responsables à voir, Cheng et Stella, qui en dehors d'un vaisseau, avaient la tâche de défendre le droit à l'intimité, un ministère que les astronautes avaient établi dans leurs règles sociales, car ils avaient rapidement constaté que la vie communautaire empiétait souvent sur ce que la biosociologue appelait le refuge individuel. Une théorie, d'ailleurs ancienne, mais rarement mise en application, qui expliquait que, face aux agressions, les êtres avaient impérativement besoin de l'option de fuir, de refuser un affrontement, de se ressourcer dans un jardin privé, voire secret. Sans cette intimité, la tolérance à l'égard des autres finissait par disparaître au profit du rejet.

Mais ces deux femmes s'étaient introduites trop intimement dans la vie de Nic et avaient perturbé son petit équilibre à la limite de la sclérose. Chacune d'elles avait mis le doigt sur un point sensible de l'âme du commandant et celui-ci, de plus, n'était pas indifférent à leurs charmes. Finalement, il se décida à rendre visite tout d'abord à la Chinoise. C'était elle qui avait le plus de responsabilité, car elle devait assurer le bien être de toute la communauté, et avait même sous ses ordres, Sissel pour l'écologie et William pour l'intendance.

Il était bien commode ce casque dont la visière affichait toutes les informations d'un allinone. C'était peut-être la seule partie du costume hermétique à conserver plus tard. En attendant, Nic pouvait visualiser instantanément l'endroit où se trouvait Cheng qui passait le plus clair de son temps à rencontrer les colons. La biosociologue était revenue dans la tente martienne du clan des Porte. C'était prévisible, car les pluies diluviennes rendaient les promenades assez incommodes, même avec leur combinaison.

Il fallait le prévoir, la Chinoise n'attendait pas son chef dans les pièces communes. Elle s'était retirée dans sa chambrette de deux mètres sur deux afin d'accueillir l'homme. Comme il le redoutait, Cheng le reçut avec une effusion sans retenue. Nic n'osa pas s'imaginer quel peignoir de soie orientale l'eût drapée au lieu de ce costume qui ne leur permettait même pas un échange de baisers. Rapidement, Nic tenta d'élever la barrière futile des rapports entre chef et subordonnée. En fait, c'était plutôt la Chinoise qui se prêtait facilement à ce rôle, car elle sentait à quel point l'embarras envahissait l'amant de ses rêves. Elle faisait état de ses observations tout en se demandant si Nic l'écoutait réellement quand elle lui expliquait que les clans s'étaient formés par affinité et que bon nombre de ceux qui se voulaient fortement homogènes contenaient le germe des contraires du yin et du yang. Elle citait pour l'exemple le clan de Gus qui avait accueilli Sissel, mais aussi celui de Ytzhak qui avait enfin rencontré sa perle rare en son médecin, une coréenne fortement intriguée par la circoncision. Elle évoqua aussi le désappointement des islamistes en apprenant que leur passionara s'était acoquinée avec un incroyant et faisait partie du clan de Katsutoshi.

Nic en savait suffisamment et il était pressé de terminer sa tournée. Stella, au contraire de Cheng, sortait peu, il la trouva donc dans l'une des pièces de l'abri. Elle n'avait rien à signaler, mais elle profita de cette première journée sur la planète pour reparler à Nic de psychologie.

— As-tu réfléchi à ce que je te proposais sur le vaisseau? Je t'assure que tu devrais éliminer les sources d'angoisses qui entravent ton esprit. Je peux t'aider, mais l'idéal est la psychothérapie des profondeurs et là, je ne suis pas la mieux placée.

— Je croyais que c'était ta spécialité.

— Ca l'est, mais nous sommes trop proches l'un de l'autre, et c'est toi qui dois faire la démarche, pas moi.

— Et si j'acceptais, qui me proposerais-tu?

— Pourquoi pas Adela?

— Adela! Pour que je devienne membre de sa secte?

— C'est un médecin avant tout. Un excellent médecin qui cumule toutes les compétences de la neuropsychiatrie à la psychanalyse. J'aurais pu aussi te proposer Cheng, mais tes relations vis-à-vis d'elle sont encore plus ambiguës qu'avec moi.

— Mais que me trouves-tu d'anormal? Je ne me sens pas mal dans ma peau.

— Evidemment, tu souffres du complexe du Vulcain.

— Du vulcain? quel rapport avec ce dieu forgeron?

— Il ne s'agit pas de la mythologie grecque, mais de la mythologie de la fin du deuxième millénaire. On appelait cela de la science-fiction comme on connaît aujourd'hui les contes parapsychologiques, surtout depuis la renaissance des mangas.

— Ah! Et ce Vulcain donc?

— Il représente l'obsession du perfectionniste, qui, redoutant la moindre erreur, source d'angoissants rejets, devient un modèle de rigueur logique et une caricature de stoïcisme insensible à toute émotion, toute sensation. Et même, suprême luxe, tu es comme un Diogène, cynique, détaché du qu'en-dira-t-on, en apparence libre, mais enchaîné à ton tonneau.

— Est-ce un mal?

— Oui, car ce n'est qu'une façade qui coûte cher en ravalement quotidien. Tu ne dis pas oui parce que tu le veux réellement, mais parce que tu ne sais dire non. Notre colonie a besoin d'un chef hors du commun, et c'est toi, implicitement, qui l'es. Tu te dois d'en être à la hauteur.

C'était paradoxalement par perfectionnisme que Nic décida sur-le-champ de revoir Adela.